đâđš De nouveau sans abri
âMieux vaut mourir dans mon propre quartier que dans un lieu inconnuâ, a dĂ©clarĂ© Ahmad. âJe prĂ©fĂšre mourir avec mes amis et ma famille plutĂŽt qu'avec des gens qui ne me connaissent pasâ.
đâđš De nouveau sans abri
Par Salma Yaseen pour The Electronic Intifada, le 22 mars 2024
Il était minuit passé lorsque Samir Abu Shamala a entendu frapper à la porte.
Des voisins lui ont annoncé une attaque imminente. Israël a ordonné à tous les habitants de la tour Burj al-Masri d'évacuer les lieux.
Samir et sa famille ont quitté précipitamment l'appartement qu'ils louaient dans la tour.
En descendant les escaliers de l'immeuble, ils ont vu de nombreuses familles porter leurs enfants. D'autres résidents n'avaient que des sacs contenant l'essentiel.
Beaucoup d'enfants pleuraient. Ils avaient été réveillés en plein sommeil.
Peu aprÚs l'évacuation, les Israéliens ont tiré plusieurs missiles sur la tour Burj al-Masri.
C'est ainsi que l'un des plus grands immeubles d'habitation de la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, a été détruit.
âJ'ai posĂ© mes mains sur les yeux et les oreilles de mes enfants aprĂšs le premier missileâ, raconte Samir. âTout autour de moi, on entendait les cris des femmes et les pleurs des enfants, de plus en plus forts. J'Ă©tais sur le point de me mettre Ă pleurer moi aussi, mais je me suis retenuâ.
L'obscurité avait déjà envahi les environs lorsque l'évacuation a eu lieu. Mais l'attaque israélienne sur l'immeuble de 12 étages a illuminé le ciel d'effrayantes nuances de rouge.
âJamais je nâoublierai ce spectacle horribleâ, a dit Samir.
De nouveau sans abri
L'attaque a fait de Samir et de sa famille des sans-abri.
Ils vivaient auparavant dans le quartier al-Rimal de la ville de Gaza. Mais ils ont dû le fuir au début de la guerre génocidaire d'Israël.
Al-Rimal a été soumis à des bombardements incessants de la part d'Israël. Les maisons, les magasins et autres commerces ont été réduits en poussiÚre.
AprÚs avoir déménagé à Rafah, Samir et sa famille avaient pris un appartement dans la tour Burj al-Masri. La location de cet appartement leur coûtait 700 dollars par mois.
L'appartement ayant Ă©tĂ© dĂ©truit, la famille s'est rĂ©fugiĂ©e dans un hĂŽpital. Mais il Ă©tait tellement bondĂ©, rien quâavec les personnes dĂ©placĂ©es, qu'il n'y avait pas de place pour eux.
De nombreux autres bùtiments publics - y compris des mosquées - dans la région étaient également saturés.
Faute d'avoir pu trouver un autre abri, ils vivent désormais dans leur voiture.
âUn miracleâ
Wasim Afana et sa famille ont été parmi les derniers à évacuer la tour Burj al-Masri. Ils ont appris l'imminence de l'attaque plus tard que les autres habitants.
âQuand nous sommes sortis de la tour, un missile a percutĂ© le bĂątimentâ, a dĂ©clarĂ© Wasim Afana. âC'est un miracle que nous en soyons sortis vivantsâ.
Les enfants de Wasim n'arrĂȘtaient pas de pleurer en regardant la tour dĂ©truite. Il a tentĂ© de les calmer en rĂ©citant des versets du Coran.
Ils s'étaient installés à Rafah aprÚs avoir quitté leur maison de Sheikh Radwan, un autre quartier de la ville de Gaza dévasté par Israël.
Ils ont d'abord séjourné chez des proches à Rafah avant de trouver un appartement dans la tour.
C'était un tel soulagement pour la famille d'avoir son propre appartement, car la maison de leurs proches était surpeuplée. Une cinquantaine de personnes y avaient trouvé refuge.
AprĂšs la destruction de la tour, cette famille a dĂ» rejoindre la maison de leurs parents. âNous n'avions pas le choixâ, a dĂ©clarĂ© Wasim.
Ahmad Abu Hassanien et sa famille sont retournés au camp de réfugiés de Nuseirat, dans le centre de Gaza, aprÚs la destruction de la tour Burj al-Masri.
Ils avaient quitté Nuseirat il y a quelques mois aprÚs qu'Israël a ordonné son évacuation.
Se dirigeant vers Rafah, ils ont emménagé dans l'appartement d'un membre de leur famille dans la tour al-Masri.
Une soixantaine de personnes dĂ©placĂ©es sâentassait dans cet appartement de deux piĂšces.
Bien qu'ils n'aient pas d'espace Ă eux, la famille a trouvĂ© du rĂ©confort en voyant les enfants jouer entre eux. C'Ă©tait moins stressant qu'Ă Nuseirat, oĂč les enfants entendaient constamment le fracas des explosions.
AprÚs l'attaque de la tour Burj al-Masri, la famille est restée dans sa voiture jusqu'à l'aube. Ils ont alors décidé de retourner à Nuseirat.
âMieux vaut mourir dans mon propre quartier que dans un lieu inconnuâ, a dĂ©clarĂ© Ahmad. âJe prĂ©fĂšre mourir avec mes amis et ma famille plutĂŽt qu'avec des gens qui ne me connaissent pasâ.
* Salma Yaseen est étudiante en littérature anglaise à l'université islamique de Gaza.
https://electronicintifada.net/content/homeless-all-over-again/45311