👁‍🗨 De Wikileaks à l’agneau Vindaloo, ou l'ironie de la justice des temps modernes.

Alors que les diseurs de vérité encourent la vengeance & que les traîtres bénéficient d'indulgence, la justice s'en trouve pervertie, ce qui résume bien les priorités tordues de l'establishment.

👁‍🗨 De Wikileaks à l’agneau Vindaloo, ou l'ironie de la justice des temps modernes.

Par Paul Knaggs, le 7 septembre 2023

Un ancien officier de l'armée britannique, soupçonné de terrorisme, est sorti de prison mercredi habillé en chef cuisinier, parce que, bien sûr, il a réussi à s’évader. Le jeune Daniel Khalife - qui mesure apparemment 1m90 lorsqu'il ne se baisse pas pour se faufiler entre les gardiens - est simplement sorti du congélateur de la cuisine et s'est accroché joyeusement au châssis d'un camion de nourriture avant de disparaître dans la nature.

On imagine la tête des surveillants lorsque l'alarme a retenti : “Il s'est échappé ? Déguisé en quoi ? Mais non, nous n'avons pas fouillé le sous-chef qui préparait l'agneau vindaloo, nous en sommes vraiment désolés”. C'est la panique dans tout le pays : une chasse à l'homme est lancée pour colmater les brèches de sécurité que Khalife a franchies avec tant d'aisance.

Les autorités nous assurent que ce présumé poseur de bombe coupable de trahison ne représente qu'un “minime risque” pour le public. Bien sûr, quel mal y aurait-il à ce qu'un ex-soldat devenu radical se promène sans surveillance ? Les gardiens chargés de sa détention sont sans doute du même avis, puisqu'ils parcourent la campagne en espérant qu'il n'a pas fui la Grande-Bretagne en utilisant une ruse diaboliquement brillante, comme un camion de livraison.

Selon une hypothèse en cours, M. Khalife se trouvait dans la cuisine lorsqu'il a tenté de s'évader du HMP Wandsworth, une prison de catégorie B située dans le sud-ouest de Londres, vers 7 h 50 HNB.

Il mesure 1,90 m et a été vu pour la dernière fois portant un vêtement de cuisinier fourni par la prison, à savoir un T-shirt blanc, un pantalon à carreaux rouges et blancs et des bottes marron de sécurité à embout métallique, a indiqué la police.

Les questions (et froncements de sourcils appropriés) abondent sur les raisons pour lesquelles un problème de sécurité aussi manifeste a été négligé dans une prison de sécurité modérée au lieu d'être définitivement placé dans une prison de sécurité maximale. Mais il est clair que les accusations de tentative de terrorisme et d'espionnage ne justifiaient pas beaucoup de prudence - ou de compétence.

Aujourd'hui, la police s'agite au milieu du chaos, implorant l'aide du public pour rectifier les bévues de la bureaucratie. L'aéroport d'Heathrow est paralysé afin que les autorités puissent retrouver un peu de leur crédibilité. Mais la crédibilité s'évanouit lorsque les prétendus terroristes qu'elles s'engagent à maîtriser se glissent aussi facilement à travers les mailles du filet.

Photo : Julian Assange, Daniel Khalife - L'ancien soldat Daniel Khalife, suspecté de terrorisme, est recherché après son évasion de la prison de Wandsworth.

Assange contre Khalife : Des destins contrastés dans un système judiciaire défaillant

Alors que les cloches résonnent autour de l'évasion effrontée de ce terroriste présumé, l'incarcération de Julian Assange ne manque pas de susciter l'ironie. Contrairement à Khalife, le fondateur de Wikileaks n'est pas incarcéré dans une prison de catégorie B du sud-ouest de Londres, située non loin de sa propre adresse. Il est incarcéré à Belmarsh, une prison de catégorie A généralement réservée aux détenus les plus dangereux. La raison de son incarcération ? Pas pour un quelconque complot extrémiste à la bombe, ni même pour un acte criminel, mais pour l'acte non criminel d'exposer les agissements injustifiables d'un gouvernement.

Alors qu'une personne accusée d'avoir fomenté un attentat à la bombe pour trahison est en liberté en raison de l'incompétence de l'administration pénitentiaire, M. Assange dépérit dans un établissement de haute sécurité simplement parce qu'il a publié des vérités difficiles à admettre. La juxtaposition d'un traitement extrême et de la surveillance laxiste de Khalife met en évidence les failles d'un système inversé, davantage ébranlé par la transparence des lanceurs d'alerte que par le terrorisme au sens propre du terme.

Assange risque l'extradition et la prison à vie pour son travail de pionnier numérique, qui a révélé les crimes de guerre et une corruption avérés que les puissants veulent désespérément dissimuler. Pendant ce temps, un ancien soldat accusé d'avoir commis des actes de trahison peut franchir la porte de sa cellule sans se faire remarquer. Il semble que les autorités soient plus soucieuses de museler la dissidence que d'endiguer la radicalisation.

Oui, il est vraiment incroyable qu'un terroriste présumé ait pu échapper à l'enfermement avec la facilité déconcertante digne d'un schetch de Benny Hill, alors qu'un journaliste qui a rendues publiques des vérités embarrassantes subit un châtiment orwellien, ce qui résume bien les priorités tordues de l'establishment. Alors que les lanceurs d'alerte encourent la vengeance et que les traîtres présumés bénéficient de l'indulgence, la justice s'en trouve pervertie.

Le contraste grotesque entre le sort cruel réservé à Assange et la balade tranquille de Khalife sur le chemin de la liberté en dit long sur la véritable menace qui pèse sur les institutions - et ce n'est pas celle qui pèse sur ceux qui complotent pour commettre des actes de violence.

Y a-t-il des postes de cuisiniers à Belmarsh, pourrait être la question…

Les évasions sont peut-être rares, mais les gros titres révélant des procédures bâclées sont suffisamment fréquents pour ébranler la confiance en la capacité des autorités à gérer les détenus dangereux. À moins qu'ils n'améliorent les uniformes des cuisiniers de prison pour y inclure des bracelets de cheville, bien entendu. Par la suite, les fouilles par palpation obligatoires des sous-chefs qui quittent la prison pourraient s'avérer judicieuses. L'escapade de Khalife a fait passer le MI5 pour des Keystone Cops*.

* Les Keystone Kops sont des policiers de fiction, vulgaires, hystériques et incompétents, qui apparaissent dans de nombreux films burlesques de la compagnie Keystone entre 1912 et 1917].

* Paul Knaggs est rédacteur en chef, fondateur de Labour Heartlands, membre et militant du parti #EXLabour. Journaliste citoyen, ancien combattant de l'armée britannique. Réfugié politique de l'aile gauche. Lutte constante contre la dyslexie qui est surmontée par un désir brûlant de s'exprimer contre le système politique corrompu et les injustices sociales qu'il crée. Défenseur de la liberté d'expression et d'une démocratie ouverte et responsable. #GTTO

https://labourheartlands.com/from-wikileaks-to-the-lamb-vindaloo-the-irony-of-justice-in-modern-times/