👁‍🗨 Depuis sa prison, Assange déplore que WikiLeaks ne puisse plus dénoncer de crimes de guerre

“Vous êtes pâle”, a dit M. Glass à M. Assange. Et avec un “sourire malicieux”, Assange a ajouté en plaisantant : “Ils appellent ça la pâleur carcérale” - on peut dire qu'il est d'une pâleur mortelle.

À l'extérieur des murs de la prison de Sa Majesté Belmarsh, où Julian Assange est incarcéré (Photo : Alisdare Hickson)

👁‍🗨 Depuis sa prison, Assange déplore que WikiLeaks ne puisse plus dénoncer de crimes de guerre

Par Kevin Gosztola, le 2 janvier 2024

"WikiLeaks n'est plus en mesure d'exposer les crimes de guerre et la corruption comme par le passé", selon Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks

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Le journaliste Charles Glass a rendu visite à Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, à la prison Belmarsh de Sa Majesté à Londres, où il est incarcéré depuis plus de quatre ans et demi, le gouvernement des États-Unis cherchant à l'extrader.

Dans un article publié dans The Nation sur sa visite à la prison, M. Glass a interrogé M. Assange sur l'invasion de l'Ukraine par la Russie et sur l'assaut et le siège de Gaza par Israël. “C’est le moment pour les lanceurs d’alerte d'envoyer des documents à WikiLeaks.”

Toutefois, M. Assange a regretté que “WikiLeaks ne soit plus en mesure de dénoncer les crimes de guerre et la corruption comme par le passé”. Il estime que la guerre du gouvernement américain contre WikiLeaks a considérablement contribué à dissuader les lanceurs d’alerte d'éviter de soumettre des documents à l'organisation. M. Assange craint également que “d'autres médias ne comblent pas ce vide”.

M. Assange fait l'objet de 18 inculpations pénales aux États-Unis, dont 17 relèvent de l’Espionage Act. Tous les chefs d'accusation concernent la publication de documents classifiés du gouvernement américain en 2010 et 2011.

Le gouvernement américain a associé WikiLeaks à la Russie, à la Chine, à l'Iran, à la Corée du Nord et à divers groupes terroristes. Un document de stratégie de contre-espionnage signé [PDF] par le président Donald Trump en 2020 a désigné des “entités à motivation idéologique, telles que les hacktivistes, les fuyards et les organisations de divulgation publique” comme des “menaces significatives”.

Les procureurs de la Couronne, qui insistent sur le fait que M. Assange devrait être extradé pour s'être livré à des actes de journalisme, considèrent WikiLeaks comme une entreprise criminelle qui “encourage les individus à pirater des ordinateurs”.

“L'objectif même de WikiLeaks était de recruter pour enfreindre la loi en contournant les restrictions de classification, d'accès et d'utilisation des ordinateurs”, selon les procureurs.

M. Glass a lui-même fait l'expérience de ce que les États-Unis étaient prêts à faire pour rendre WikiLeaks inopérant. Il est l'un des quatre Américains qui ont poursuivi la CIA pour les avoir pris pour cible lorsqu'ils ont rendu visite à M. Assange alors qu'il vivait dans l'ambassade de l'Équateur à Londres.

Sous la direction de Mike Pompeo, la CIA a qualifié WikiLeaks de “service de renseignement hostile non étatique”. Qualifier WikiLeaks de service d'espionnage rival a permis à la CIA de monter des opérations de “contre-espionnage offensif” sans aucun contrôle.

Comme l'a rapporté Yahoo ! News en 2021, les attaques ont notamment visé l'“infrastructure numérique” de WikiLeaks. Les agents avaient le feu vert pour provoquer des “conflits internes au sein de l'organisation en introduisant des informations douteuses”. Selon d'autres sources, la CIA aurait été autorisée à voler les appareils électroniques du personnel de WikiLeaks et des responsables de l'agence auraient esquissé des plans pour kidnapper ou empoisonner Assange.

C’était la première fois que M. Glass rendait visite à l'ancien rédacteur en chef de WikiLeaks à la prison de Belmarsh, avant Noël. Sa dernière visite à Assange remonte à six ans.

“Vous êtes pâle”, a dit M. Glass à M. Assange. Et, avec un “sourire malicieux”, Assange a ajouté en plaisantant : “Ils appellent ça la pâleur carcérale”.

L'article de M. Glass décrit plus en détail l'état de santé de M. Assange. “On peut dire qu'il est d'une pâleur mortelle”, et s'il est si pâle, c'est parce qu'il n'a pas été exposé à la lumière du soleil depuis qu'il est arrivé à la prison, le 11 avril 2019.

“Les gardiens l'enferment dans une cellule 23 heures sur 24. Son unique heure de promenade se déroule entre quatre murs, sous surveillance”, a ajouté Mme Glass.

Les repas servis à Belmarsh consistent en “du porridge pour le petit-déjeuner, une soupe maigre pour le déjeuner, et pas grand-chose d'autre pour le dîner”.

Il est difficile pour les prisonniers de se procurer des aliments sains, même lorsqu'ils reçoivent de la visite. M. Glass a essayé d'acheter un sandwich à M. Assange, mais le stand qui vend de la nourriture et des boissons aux visiteurs n'en avait plus.

“Julian pensait que la prison était synonyme de repas en commun autour de longues tables, comme dans les films”, se souvient M. Glass. “Les gardiens de Belmarsh passent la nourriture dans les cellules pour que les prisonniers mangent seuls. Il est difficile de se faire des amis de cette façon. Il est là depuis plus longtemps que n'importe quel autre prisonnier, à l'exception d'un vieil homme qui a purgé sept ans de prison, contre quatre ans et demi pour Assange.”

La prison n'a permis à Assange d'avoir une radio qu'après que Glass se soit préparé à rendre public le fait que le Hezbollah permet aux otages d'avoir des radios.

M. Assange n'a eu droit qu'à 12 ou 15 livres au cours de sa première année en prison, et les administrateurs ne permettront plus aux visiteurs de lui apporter des livres.

Cela ressemble à une nouvelle cruauté de la part de Belmarsh. Mais au fil du temps, la prison a accédé à la demande d'Assange de conserver une bibliothèque. Il dispose actuellement de 232 livres, une petite victoire alors que le fondateur de WikiLeaks continue de se battre pour sa liberté.

https://thedissenter.org/assange-regrets-wikileaks-can-no-longer-expose-war-crimes/