👁🗨 Des chiens errants dévorent des cadavres à l'hôpital al-Shifa sur fond de blocus total
Au 38e jour de l'attaque israélienne sur Gaza, les médecins et les patients du plus grand hôpital de Gaza appellent à l'aide alors que la nourriture, l'eau et le carburant viennent à manquer.
👁🗨 Des chiens errants dévorent des cadavres à l'hôpital al-Shifa sur fond de blocus total
Par Rayhan Uddin à Londres & Lubna Masarwa à Jérusalem , le 13 novembre 2023
Un médecin palestinien de l'hôpital assiégé al-Shifa dans la ville de Gaza a averti lundi que les bébés prématurés sont en danger de mort imminente après une panne de carburant dans l'établissement, plusieurs nourrissons étant déjà morts en raison du manque d'électricité.
"Malheureusement, cette situation implique que nous attendons qu'ils meurent l'un après l'autre", a déclaré à Middle East Eye Ahmad Mukhallati, chef du service de chirurgie plastique de l'hôpital, ajoutant que cinq bébés prématurés sont déjà morts au cours des derniers jours.
Al-Shifa, le plus grand complexe médical de Gaza, a été mis à l'arrêt au cours du week-end, les forces israéliennes ayant intensifié leurs bombardements à proximité et les troupes terrestres continuant à l'assiéger depuis qu'elles l'ont encerclé vendredi.
Munir al-Bursh, fonctionnaire du ministère de la santé, s'est effondré lundi matin sur la chaîne Al Jazeera en expliquant que des chiens errants mangeaient les corps des civils dans la cour de l'hôpital, car personne n'était en mesure d'enterrer les morts au beau milieu des bombardements.
Mukhallati a appelé à l'arrêt du “massacre” et à la mise en place d'un “passage sécurisé et garanti” pour permettre aux patients d'être évacués de l'établissement.
Mais ces trois derniers jours, personne n'a pu entrer ou sortir de l'hôpital, les tireurs d'élite et les chars israéliens tirant à quelques mètres de l'établissement.
Mukhallati a expliqué à MEE qu'il n'y avait ni eau ni électricité dans l'hôpital, et que la nourriture et le carburant étaient presque épuisés.
“Nous n'avons qu'une seule prise de courant pour brancher le matériel d'anesthésie”, a-t-il déclaré. “Nous ne pratiquons plus que les interventions vitales”.
Mukhallati a ajouté que les couveuses, qui “reproduisent les conditions in utero”, requièrent des puissances électriques considérables.
“Les bébés doivent être totalement protégés des risques d'infection, car leur immunité n'est pas suffisamment développée”, a-t-il ajouté.
Mais en raison de la panne d'électricité, les bébés ont été placés dans des lits normaux, des conditions dans lesquelles ils ne peuvent pas survivre.
Il ajoute qu'il n'y a aucun endroit où entreposer ou enterrer les corps.
“Les corps seront vraiment la principale source d'infection et de toutes sortes de bactéries ainsi que d'autres affections, et nous ne pourrons plus rien faire”, a-t-il déclaré.
Le directeur du complexe médical a déclaré à Al Jazeera plus tard dans la journée de lundi que huit patients étaient décédés au cours de la matinée.
Un chirurgien de Médecins sans frontières (MSF) présent à l'hôpital a réitéré les mêmes inquiétudes lundi.
“La situation est très grave, c'est inhumain. Nous sommes dans une zone interdite, personne ne nous voit”, a-t-il déclaré dans un message vocal envoyé à 8h10.
Il a précisé que 600 patients hospitalisés et 37 bébés se trouvent dans l'établissement, et que les médecins ne peuvent pas les évacuer, ni les abandonner.
“Nous n'avons plus d'électricité ni d'eau dans l'hôpital. Pas de nourriture non plus. Les gens mourront dans quelques heures si n'y a plus de respirateurs en état de marche”.
Les forces israéliennes attaquent également les ambulances qui tentent d'amener les blessés à l'hôpital, a-t-il ajouté. De nombreux cadavres et blessés gisent devant l'hôpital, mais il est impossible de les transporter à l'intérieur de l'établissement.
“Nous avons besoin d'un passage sécurisé, car nous avons vu des gens essayer de quitter Al-Shifa, ils ont été tués, bombardés, abattus par les snipers”, a-t-il ajouté.
“À l'intérieur de l'hôpital Al-Shifa, il y a des patients blessés et les équipes médicales. S'ils nous donnent des garanties et évacuent les patients en premier, nous les évacuerons.”
Les troupes israéliennes arrêtent les hommes aux abords de l'hôpital d'al-Quds
Ailleurs dans la bande de Gaza, un porte-parole du Croissant-Rouge palestinien à Gaza, Mahmoud Basal, a déclaré que l'hôpital al-Ahli était le seul hôpital encore en service dans l'enclave assiégée.
Selon lui, près de l'hôpital Al-Quds, les forces israéliennes ont séparé les hommes et les femmes, avant d'arrêter tous les hommes.
Mahmoud Basal a ajouté que les communications étaient coupées dans la bande de Gaza, et que les médecins se fient au bruit des explosions pour localiser les morts et les blessés.
“Nous ne sommes plus équipés pour faire face à la nature des blessures des survivants”, a-t-il déclaré. "Nous vivons une réalité douloureuse et difficile. Nous avons plus de 100 blessés dans nos équipes, et perdu la moitié de notre équipement”.
Par ailleurs, selon l'agence de presse Wafa, le journaliste palestinien Ahmad Fatima a été tué lundi lors d'une frappe aérienne israélienne à Gaza.
Dimanche, le Comité de protection des journalistes a déclaré qu'au moins 40 journalistes avaient été tués depuis le début de la guerre, le 7 octobre, dont 35 Palestiniens, quatre Israéliens et un Libanais.
Les bombardements israéliens sur Gaza au cours des 38 derniers jours ont tué 11 240 Palestiniens, dont 4 630 enfants et 3 130 femmes, a déclaré lundi le bureau des médias du gouvernement à Gaza. [Chiffres en date du 13 novembre à 16h50 GMT]
Environ 29 000 personnes ont été blessées, dont 70 % sont des femmes et des enfants.
Plus de 3 000 personnes sont toujours portées disparues, dont au moins 1 500 enfants. On pense que la grande majorité de ces personnes sont mortes,,coincées sous les décombres.
En Israël, les attaques menées par les Palestiniens le 7 octobre ont fait environ 1 200 morts, dont au moins 31 enfants, selon les autorités israéliennes.
Les bombardements israéliens au Liban font des victimes parmi les civils
Au Liban, des journalistes ont été visés lundi par des frappes israéliennes dans le village de Yaroun, dans le sud du pays, selon des informations locales. Al Jazeera a déclaré que son photographe Issam Mawasi a été légèrement blessé, et que son véhicule a été endommagé à la suite de l'attaque.
La chaîne libanaise Al Jadeed News diffusait en direct de Yaroun lorsqu'une bombe est tombée à quelques mètres de son reporter.
La chaîne a déclaré qu'il s'agissait d'une “attaque israélienne intentionnelle visant à cibler un certain nombre de journalistes”.
Une nouvelle frappe aérienne israélienne dans le sud du Liban a tué deux civils, en blessant plusieurs autres, selon l'Agence nationale de presse libanaise.
La frappe aérienne a visé une maison à Aynata, un village situé le long de la frontière méridionale avec Israël.
L'armée israélienne a déclaré plus tôt ce lundi que dans plusieurs villes du nord d'Israël, des sirènes ont retenti après le tir de deux roquettes depuis le sud du Liban.
Elle a ajouté que les deux projectiles avaient atterri dans des zones dégagées, et qu'Israël avait riposté en tirant vers le site où avaient eu lieu les tirs.
La veille, le Hezbollah a revendiqué la responsabilité d'une attaque au missile guidé qui, selon Israël, a blessé au moins deux employés d'une compagnie d'électricité. Une attaque au mortier a également blessé sept soldats israéliens.
“Les forces de défense israéliennes se concentrent sur Gaza, mais nous sommes très bien préparés dans le nord du pays”, a déclaré Daniel Hagari, porte-parole de l'armée israélienne. “Les citoyens libanais feront les frais de cette imprudence et de la décision du Hezbollah de défendre le Hamas-ISIS.
“L'armée israélienne a des stratégies opérationnelles pour rétablir la sécurité dans le nord du pays. Il n'est pas question que les habitants du nord ne se sentent pas en sécurité lorsqu'ils rentrent chez eux”.
Au moins 70 combattants du Hezbollah et plusieurs civils libanais ont été tués par les forces israéliennes depuis le 7 octobre.
ROYAUME-UNI : Suella Braverman limogée, les libéraux appellent à un cessez-le-feu
Au Royaume-Uni, la ministre de l'intérieur Suella Braverman a été limogée par le Premier ministre Rishi Sunak lors d'un remaniement ministériel lundi.
Cette décision fait suite à un article qu'elle a publié la semaine dernière dans le Times au sujet de manifestations pro-palestiniennes non autorisées par Downing Street, et à un week-end de violences commises par des groupes d'extrême droite qui se sont heurtés à la police dans le centre de Londres, violences qui, selon les critiques, ont été attisées par les commentaires de Mme Braverman à l'encontre de la police et des manifestants.
Dans l'article, Mme Braverman critique la manière dont la police a géré les manifestations, l'accusant de pratiquer une politique de “deux poids, deux mesures” par rapport aux manifestations d'extrême-droite.
Elle a qualifié les manifestants pro-palestiniens de “marcheurs de la haine” et les a comparés aux groupes sectaires d'Irlande du Nord - des commentaires qui ont suscité l'indignation dans tout le Royaume-Uni.
Entre-temps, les libéraux démocrates britanniques ont appelé à un cessez-le-feu immédiat dans la guerre israélo-palestinienne.
“Plus d'un mois après l'attaque du Hamas, il est de plus en plus clair qu'une solution militaire pour éliminer le Hamas est impossible. Il n'est pas non plus envisageable qu'Israël réoccupe Gaza”, a déclaré Ed Davey, chef du Parti libéral démocrate, dans la nuit de dimanche à lundi.
“Seule une solution politique et diplomatique viable permettra de résoudre ce conflit et d'instaurer une paix durable. Il est urgent d'avancer vers cette solution”.
Le Parti national écossais tentera d'utiliser un amendement au discours du roi pour forcer un vote parlementaire mercredi exigeant un cessez-le-feu à Gaza.
La position des libéraux démocrates accentuera la pression sur le chef du parti travailliste, Keir Starmer, qui a été critiqué pour ne pas avoir soutenu un cessez-le-feu.