đâđš Des documents officiels montrent que le gouvernement australien ne fait rien pour libĂ©rer Assange
Rien n'indique que le sort de M. Assange sera évoqué lors de la rencontre Albanese-Biden. Le voyage est plutÎt centré sur le soutien total au déchainement de violence militariste menée par Washington.
đâđš Des documents officiels montrent que le gouvernement australien ne fait rien pour libĂ©rer Assange
Par Oscar Grenfell@Oscar_Grenfell, le 23 octobre 2023
Rien n'indique que le sort de M. Assange sera évoqué lors de la rencontre Albanese - Biden. Le voyage est plutÎt centré sur le soutien total au déchainement de violence militariste menée par Washington.
Alors que le Premier ministre Anthony Albanese se trouve à Washington pour des entretiens de haut niveau, les illusions selon lesquelles son gouvernement travailliste ferait tout pour libérer Julian Assange, éditeur de WikiLeaks et citoyen australien, se sont évanouies.
Rien n'indique que M. Albanese évoquera le sort de M. Assange lors de sa rencontre avec le président américain Joe Biden. Le gouvernement américain poursuit sa tentative d'extrader Julian Assange de Grande-Bretagne et de le poursuivre en vertu de la loi sur l'Espionage Act, qui prévoit une peine maximale de 175 ans d'emprisonnement.
Au lieu de cela, le voyage d'Albanese est centrĂ© sur le soutien total au dĂ©chainement de violence militariste menĂ©e par Washington. Cela inclut un soutien total au gĂ©nocide israĂ©lien en cours Ă Gaza et aux menaces amĂ©ricaines associĂ©es contre l'Iran, un soutien continu Ă la guerre de Washington contre la Russie en Ukraine, et un engagement agressif dans les prĂ©paratifs menĂ©s par les Ătats-Unis en vue d'une guerre catastrophique contre la Chine.
Il est Ă©vident que cet agenda est diamĂ©tralement opposĂ© Ă la lutte pour garantir la libertĂ© d'un Ă©diteur anti-guerre, qui a exposĂ© les crimes de guerre des Ătats-Unis et de leurs alliĂ©s en Afghanistan.
Jeudi dernier, l'ancien sénateur indépendant Rex Patrick a apporté une nouvelle preuve du refus des travaillistes de défendre M. Assange. Dans un article coécrit avec Philip Dorling et publié par Michael West Media, Patrick a rendu compte des résultats des récentes demandes de liberté d'information (FOI) pour les documents du gouvernement australien relatifs à Assange.
Le titre de l'article rĂ©sume bien ce que ces documents ont rĂ©vĂ©lĂ© : âJail, then jail, and more jail (La prison, la prison, et encore la prison). La stratĂ©gie du parti travailliste Ă l'Ă©gard d'Assange mise Ă nuâ.
Patrick et Dorling notent que le procureur général du parti travailliste, Mark Dreyfus, s'est posé en défenseur de la liberté des médias, mais qu'il n'a pratiquement rien dit sur le sort d'Assange pendant son mandat de plus d'un an.
Ils rapportent ce qui suit :
âLa premiĂšre chose qui ressort de la derniĂšre divulgation de la loi sur la libertĂ© de l'information concernant les poursuites pour espionnage engagĂ©es contre Julian Assange par les Ătats-Unis est peut-ĂȘtre le peu d'intĂ©rĂȘt que le premier magistrat d'Australie a portĂ© Ă cette affaire.â
âUne demande de tous les briefings et soumissions fournis Ă Dreyfus par son ministĂšre entre juin 2022 et septembre 2023 n'a permis de recueillir que cinq documents : une seule soumission ministĂ©rielle, deux sĂ©ances de questions parlementaires, une sĂ©ance d'information sur un sujet d'actualitĂ© et une autre sĂ©rie de points de discussion. Cinq documents en quinze moisâ.
L'autre aspect frappant de cette liste de documents est qu'ils semblent n'avoir que peu ou pas de rapport avec les subtilitĂ©s juridiques complexes associĂ©es Ă la tentative de libĂ©ration d'un Ă©diteur accusĂ© d'infractions pĂ©nales majeures aux Ătats-Unis. Ils semblent tous avoir trait, principalement, aux relations publiques, c'est-Ă -dire Ă une apparente action du gouvernement, par opposition Ă une rĂ©elle action du gouvernement.
Les documents ne contiennent aucune indication d'une activitĂ© diplomatique substantielle visant Ă encourager les Ătats-Unis Ă mettre fin aux poursuites Ă l'encontre d'Assange. Il en va de mĂȘme pour les documents FOI obtenus auprĂšs de l'ambassade australienne aux Ătats-Unis.
Patrick et Dorling Ă©crivent :
âLes platitudes du Premier ministre Albanese, selon lesquelles l'affaire nâa que trop durĂ© et devrait ĂȘtre close, sâavĂšrent n'ĂȘtre que cela, des platitudes. L'un des points de discussion habituels du gouvernement lors des briefings de Dreyfus est de dire que 'toutes les affaires Ă©trangĂšres ne sont pas mieux menĂ©es Ă coups de haut-parleurs'. Dans ce cas, cependant, les documents ne fournissent aucune preuve que des conversations discrĂštes aient eu lieu.â
Le document interne du gouvernement le plus substantiel à avoir été publié, concernant Assange, reste une note d'information ministérielle de Dreyfus datant de juin 2022.
Les seules rĂ©fĂ©rences de ce document Ă une action du parti travailliste concernent la pĂ©riode qui suivra l'extradition d'Assange vers les Ătats-Unis, son procĂšs devant un tribunal fantoche chargĂ© de la sĂ©curitĂ© nationale, et sa condamnation. Dans ces conditions, le document Ă©voque la possibilitĂ© d'un transfert qui pourrait voir Assange envoyĂ© d'une prison amĂ©ricaine Ă une prison australienne.
La famille de M. Assange, ainsi que des experts mĂ©dicaux, ont prĂ©venu qu'il ne survivrait pas Ă une extradition vers les Ătats-Unis. L'aboutissement des poursuites engagĂ©es contre le fondateur de WikiLeaks pour avoir publiĂ© des documents authentiques rĂ©vĂ©lant des crimes de guerre porterait un coup fatal Ă la libertĂ© de la presse et Ă la libertĂ© d'expression, non seulement aux Ătats-Unis, mais aussi dans le monde entier. Cela crĂ©erait un prĂ©cĂ©dent pour les Ătats-Unis et d'autres rĂ©gimes autocratiques, qui pourraient inculper des journalistes par contumace, et chercher Ă les poursuivre pour avoir simplement publiĂ©.
La note d'information du parti travailliste est indiffĂ©rente aux vastes implications de l'extradition d'Assange, Ă la fois pour le fondateur de WikiLeaks lui-mĂȘme et pour les droits dĂ©mocratiques en gĂ©nĂ©ral.
MĂȘme dans ce cadre, le document est misĂ©rable - ses prĂ©visions de transfert ne valent mĂȘme pas le papier sur lequel elles sont Ă©crites.
âNous ne connaĂźtrons pas les circonstances, le verdict ou les conditions de transfert proposĂ©es par les Ătats-Unis avant la condamnation d'Assange par un tribunal amĂ©ricainâ, prĂ©cise le document.
Le document n'indique mĂȘme pas que le procureur gĂ©nĂ©ral serait nĂ©cessairement d'accord avec un tel transfert. Il fait remarquer que son approbation serait nĂ©cessaire, puis dĂ©clare qu'il serait âdĂ©placĂ© d'anticiper cela par une quelconque dĂ©cision informelle de principe...â.
Comme l'indiquent Patrick et Dorling, rien n'indique que la position du gouvernement travailliste, qui accepte essentiellement l'extradition d'Assange et son inévitable condamnation, ait le moins du monde évolué.
Au lieu de cela, ils déclarent :
âCe que les briefings du procureur gĂ©nĂ©ral rĂ©vĂšlent, c'est la position ferme de ne pas s'engager dans l'affaire Assange tant qu'il n'aura pas Ă©tĂ© extradĂ© vers les Ătats-Unis, jugĂ©, reconnu coupable, condamnĂ©, et qu'il n'aura pas Ă©puisĂ© tous ses droits de recours. Ce n'est qu'Ă ce moment-lĂ que le gouvernement australien envisage de jouer un rĂŽle. Ce n'est qu'Ă ce moment-lĂ que le procureur gĂ©nĂ©ral envisagera la possibilitĂ© qu'Assange soit transfĂ©rĂ© pour purger une peine d'emprisonnement en Australieâ.
MĂȘme si tout cela devait se rĂ©aliser, les documents indiquent toujours qu'Assange arriverait en Australie en tant que prisonnier, et qu'il le resterait.
Des leçons importantes doivent ĂȘtre tirĂ©es de cette nouvelle confirmation de la complicitĂ© du gouvernement travailliste dans la persĂ©cution d'Assange.
Patrick et Dorling Ă©crivent :
âMalgrĂ© 15 mois de lobbying de la part des dĂ©putĂ©s et sĂ©nateurs australiens de tout l'Ă©chiquier politique [...] les rapports publiĂ©s montrent que le gouvernement n'est engagĂ© dans aucune action de fond sur l'affaire Assange [...]â.
Ce qui est révélé, c'est la faillite d'une posture censée garantir les droits démocratiques, y compris la liberté d'Assange, par le biais d'efforts de lobbying dans les coulisses des gouvernements et des parlementaires capitalistes. Cette approche, qui a dominé les efforts officiels de défense de WikiLeaks au cours des cinq derniÚres années, a échoué, précisément parce que les gouvernements du monde entier, y compris en Australie, se précipitent vers un autoritarisme et une répression toujours plus grands.
Le gouvernement travailliste, par exemple, poursuit le lanceur d'alerte David McBride, qui risque la prison Ă vie pour avoir dĂ©noncĂ© les crimes de guerre australiens en Afghanistan. Alors qu'il prĂ©tend ne pas pouvoir intervenir plus directement dans l'affaire Assange, parce que celui-ci se trouve en Grande-Bretagne et qu'il est recherchĂ© par les Ătats-Unis, aucune contrainte similaire, rĂ©elle ou imaginaire, n'existe dans le cas de McBride. Dreyfus pouvait mettre fin aux poursuites quand il le souhaite.
Patrick et Dorling déclarent également :
âCurieusement, les liens extrĂȘmement Ă©troits de l'Australie avec les Ătats-Unis, aujourd'hui renforcĂ©s par le partenariat AUKUS, semblent inhiber plutĂŽt que faciliter l'action dans l'affaire Assange. La partie australienne ne veut pas aller au-delĂ des platitudes, et la partie amĂ©ricaine, plus rĂ©cemment par l'intermĂ©diaire du secrĂ©taire d'Ătat Antony Blinken, a publiquement refusĂ© d'envisager un changement de cap...â
La rĂ©fĂ©rence Ă cette curiositĂ© reflĂšte l'illusion, chez certains partisans d'Assange, que l'alliance de l'Australie avec les Ătats-Unis aurait pu ĂȘtre mise Ă profit pour obtenir la libĂ©ration du fondateur de WikiLeaks.
Cependant, l'alliance entre les Ătats-Unis et l'Australie se caractĂ©rise par un Ă©tat de conspiration contre la population, Ă la fois en Australie et, de plus en plus, dans l'ensemble du monde. Sa fonction principale Ă l'heure actuelle est de faire avancer la confrontation massive de Washington avec la Chine, Ă laquelle l'impĂ©rialisme australien et le gouvernement travailliste sont pleinement attachĂ©s.
Un tel programme militariste et pro-guerre est incompatible avec la dĂ©fense d'Assange. En fait, il suppose un nouvel assaut contre le sentiment anti-guerre, comme l'ont rĂ©cemment montrĂ© les tentatives des gouvernements travaillistes fĂ©dĂ©raux et d'Ătat de rendre illĂ©gales les manifestations contre le gĂ©nocide israĂ©lien Ă Gaza.
La leçon Ă retenir est que la libertĂ© d'Assange ne sera obtenue que par un mouvement insurrectionnel venant d'en bas. La lutte pour sa libertĂ© doit ĂȘtre liĂ©e au dĂ©veloppement d'un puissant mouvement international anti-guerre. Comme le montrent le dĂ©chainement de la violence impĂ©rialiste et la rĂ©pression des libertĂ©s civiles, un tel mouvement doit ĂȘtre dirigĂ© contre l'ensemble de l'ordre social capitaliste, qui plonge l'humanitĂ© dans la barbarie.