👁🗨 Des enfants palestiniens meurent de malnutrition alors qu'Israël bloque l'aide à Gaza
L'aide larguée à Gaza est décrite comme de la “foutaise” dont “personne n’est dupe”. Le Hamas est arrivé au Caire pour négocier un cessez-le-feu, alors que le ramadan doit commencer dimanche prochain.
👁🗨 Des enfants palestiniens meurent de malnutrition alors qu'Israël bloque l'aide à Gaza
Par Mustafa Abu Sneineh, le 3 mars 2024
Nombre de victimes
Plus de 20 410 morts* et au moins 71 700 blessés dans la bande de Gaza.
Plus de 380 Palestiniens tués en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est.
Israël revoit son estimation du nombre de morts du 7 octobre de 1 400 à 1 147.
585 soldats israéliens tués depuis le 7 octobre et au moins 3 221 blessés**.
* Le ministère de la Santé de Gaza a confirmé ce chiffre sur sa chaîne Telegram. Certains groupes de défense des droits de l'homme estiment que le nombre de morts est plus proche de 35 000 si l'on tient compte des personnes présumées mortes.
** Ce chiffre est publié par l'armée israélienne et indique les soldats dont les noms “ont été autorisés à être publiés”.
Principaux développements
Au moins 15 enfants palestiniens sont morts dimanche matin de malnutrition et de déshydratation alors qu'Israël bloque l'entrée de l'aide à Gaza.
Selon CNN, les forces israéliennes ont établi des “critères arbitraires et contradictoires” concernant les articles autorisés à entrer dans la bande de Gaza, bloquant ainsi la livraison d'appareils d'anesthésie, de bouteilles d'oxygène, de ventilateurs et de systèmes de filtration d'eau.
En février, Israël n’a autorisé que la moitié du nombre de camions d'aide à entrer dans la bande de Gaza par rapport à janvier.
Selon un fonctionnaire des Nations unies, “le seul moyen de mettre fin à cette famine ou de la prévenir est un cessez-le-feu immédiat. Et le seul moyen d'obtenir un cessez-le-feu est de sanctionner Israël”.
Les critiques affirment que les États-Unis devraient forcer Israël à autoriser l'entrée d'un nombre suffisant de camions d'aide dans la bande de Gaza au lieu de procéder à des largages aériens “dramatiques”.
Les forces israéliennes attaquent la ville de Hamad, au nord-ouest de Khan Younis, menaçant 5 000 habitants d'évacuer les lieux.
Amihai Eliyahu, ministre du patrimoine d'extrême droite qui a appelé à “bombarder Gaza”, déclare : “Le soi-disant mois de Ramadan doit être proscrit, tout comme notre peur de ce moment.”
Le porte-parole des Brigades Al-Quds, Abu Hamza, appelle les pays arabes et musulmans disposant d'armées, d'avions et d'artillerie à “mobiliser leurs armes, en suivant les traces des peuples libres du Yémen, du Liban et de l'Irak”.
Les forces israéliennes abattent Muhammad Khaled Zaid, 13 ans, dans le camp de réfugiés d'Al-Jalazoun, au nord de Ramallah.
L'hôpital Kamal Adwan annonce que 15 enfants sont morts de malnutrition
Au moins 15 enfants palestiniens sont morts dimanche matin de malnutrition et de déshydratation, les forces israéliennes ayant bloqué l'accès de l'aide humanitaire à l'enclave.
Le ministère de la Santé de Gaza a déclaré que les enfants sont morts à l'hôpital Kamal Adwan, dans le nord de Gaza, tandis que six autres, souffrant de malnutrition et de diarrhée, sont toujours dans l'unité de soins intensifs et que leur vie est en danger.
La capacité de l'hôpital à faire fonctionner les générateurs électriques et les bouteilles d'oxygène a été réduite au cours des cinq derniers mois de bombardements israéliens, qui ont endommagé les équipements médicaux et les ambulances tout en mettant hors service des dizaines d'hôpitaux et de centres de soins de santé à Gaza.
Les forces israéliennes ont toujours refusé l'entrée à Gaza de matériel médical indispensable pour faire fonctionner les services hospitaliers et sauver la vie des patients.
Dans la nuit, des secouristes ont apporté les corps de 20 victimes palestiniennes à l'hôpital Kamal Adwan à la suite d'un bombardement israélien sur deux maisons du camp de réfugiés de Jabalia et de la zone de Saftawi, au nord de la ville de Gaza.
Israël bloque l'entrée de matériel médical et de respirateurs cruciaux
CNN a rapporté que les forces israéliennes ont établi des “critères arbitraires et contradictoires” concernant les produits autorisés à entrer à Gaza, bloquant la livraison d'anesthésiants et d'appareils d'anesthésie, de bouteilles d'oxygène, de ventilateurs et de systèmes de filtration de l'eau.
“D'autres produits sont restés bloqués par la bureaucratie, notamment des dattes, des sacs de couchage, des médicaments contre le cancer, des comprimés de purification de l'eau et des trousses de naissance”, ajoute le rapport.
Depuis 2007, le blocus israélien de la bande de Gaza a empêché les Palestiniens, à diverses périodes, d'importer des produits tels que du cumin, des boissons non alcoolisées, de la mousse à raser, du café instantané et des biscuits. Parmi les autres produits, citons les fauteuils roulants, les ballons de football, les lentilles et le concentré de tomates. À l'époque, les Palestiniens contournaient ces interdictions draconiennes en utilisant des tunnels qui servaient principalement à des fins commerciales.
Des responsables des Nations unies et des organisations humanitaires ont mis en garde contre une famine dans la bande de Gaza, favorisée par le blocus des forces israéliennes et les tirs sur les Palestiniens qui se rassemblent près des camions d'aide, cherchant à obtenir une part de la nourriture.
L'agence de presse Wafa a rapporté que depuis jeudi, les forces israéliennes ont tiré et tué des Palestiniens qui attendaient l'arrivée de l'aide au rond-point de Nabulsi, et ce à deux reprises en moins de 48 heures, à l'ouest de la ville de Gaza. Au moins 117 personnes ont été tuées et des centaines d'autres blessées.
Le seul moyen d'obtenir un cessez-le-feu est de sanctionner Israël
Les fonctionnaires de l'ONU estiment qu'Israël mène délibérément une politique de famine à l'encontre des 2,5 millions de Palestiniens vivant dans la bande de Gaza, où un enfant de moins de deux ans sur six souffre de malnutrition aiguë.
David Cameron, le ministre britannique des affaires étrangères, a déclaré qu'“Israël a l'obligation de veiller à ce qu'une aide humanitaire nettement plus importante parvienne à la population de Gaza”.
“Nous avons identifié des barrages qui doivent être levés : Israël doit de toute urgence permettre davantage de passage vers Gaza, éliminer les obstacles bureaucratiques et faciliter les opérations d'aide à Gaza”, a-t-il ajouté.
En février, Israël n'a laissé entrer à Gaza que la moitié du nombre de camions d'aide autorisés en janvier. Michael Fakhri, rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l'alimentation, a appelé à sanctionner Israël pour sa politique de famine dans la bande de Gaza.
“Israël affame intentionnellement le peuple palestinien de Gaza depuis le 8 octobre”, a écrit M. Fakhri sur X.
“Il se pourrait bien que la famine soit déjà installée. Le seul moyen de mettre fin à cette famine ou de la prévenir est un cessez-le-feu immédiat. Et le seul moyen d'obtenir un cessez-le-feu est de sanctionner Israël”, a-t-il ajouté.
Le largage de l'aide américaine par avion est “de la foutaise dont personne n'est dupe”.
Les États-Unis ont été le dernier pays à effectuer un largage d'aide humanitaire le long de la côte de Gaza, samedi, en larguant 38 000 repas dans le cadre d'une mission conjointe avec leur petit allié, l'armée de l'air jordanienne.
Des observateurs ont dénoncé cette action comme une manifestation de l'hypocrisie des États-Unis, qui livrent à Israël des bombes parmi les plus perfectionnées au monde tout en larguant de l'aide au compte-gouttes à ceux qui sont touchés par leurs armements.
Charlie Herbert, un major-général de l'armée britannique, a décrit le largage de l'avion sur X comme de la “véritable foutage de gueule”.
“D'un côté, les États-Unis larguent 38 000 repas... tandis que de l'autre, ils continuent à fournir à Israël les armes, les munitions et les fonds nécessaires à la poursuite de ce conflit. C'est de la foutaise. Personne n'est dupe”, a-t-il ajouté.
Les détracteurs des États-Unis ont également souligné que l'acheminement de l'aide par voie aérienne est une opération lourde et inefficace, mais aussi que l'administration Biden doit contraindre Israël à laisser entrer les camions d'aide dans la bande de Gaza par les checkpoints frontaliers.
La semaine dernière, la Jordanie a largué sept tonnes de nourriture à la population de Gaza, alors qu'un seul camion peut transporter 20 à 25 tonnes de nourriture et d'aide de première nécessité.
“Les largages aériens sont le pire ou presque des moyens d'acheminer l'aide”, a déclaré Jeremy Konyndyk, président de Refugees International, à Al-Jazeera.
“C'est très cher, et c'est dangereux parce que les risques d'accident sont élevés et que les volumes d'aide livrés sont très limités”, a-t-il ajouté.
Une partie de l'aide larguée par la Jordanie la semaine dernière a fini dans la mer, poussant les Palestiniens à entrer dans l'eau froide pour la repêcher.
Tamara Nassar et Ali Abunimah ont décrit ces largages dans Electronic Intifada comme une “mascarade d'aide humanitaire”, tout en ne faisant rien pour mettre fin aux bombardements israéliens et à la famine qui affecte la population de la bande de Gaza.
Ils ajoutent que les pays qui participent à ces opérations, comme l'Égypte et les Émirats arabes unis,
“mais surtout la Jordanie, avec ses forces aériennes, fournissent aux pays directement impliqués dans le génocide israélien des Palestiniens de Gaza”,
à savoir les États-Unis, une couverture médiatique.
Les forces israéliennes attaquent la ville de Hamad pour évacuer 5 000 résidents
Au cours des dernières 24 heures, les forces israéliennes ont commis neuf “massacres” dans différentes zones de la bande de Gaza, selon le ministère de la santé de Gaza sur Telegram, tuant au moins 90 personnes et en blessant 177.
Wafa a rapporté que les forces israéliennes ont lancé une attaque militaire sur la ville de Hamad, au nord-ouest de Khan Younis, intimant l'ordre aux habitants par haut-parleurs d'évacuer la zone vers les villes d'Al-Mawasi et de Deir al-Balah.
Les forces israéliennes ont déclaré Hamad City zone militaire de combat. En décembre, Israël a lancé des frappes aériennes sur des immeubles résidentiels de la ville, les détruisant les uns après les autres.
Les Palestiniens se préparent maintenant à être à nouveau déplacés de Hamad City, où vivent 5 000 personnes qui fuient à pied ou s'entassent dans des voitures.
Les forces israéliennes ont lancé 50 frappes aériennes sur la ville d'al-Qarara à Khan Younis. Le bombardement de trois maisons dans la ville a tué 6 Palestiniens, a rapporté Wafa.
À Deir al-Balah, une frappe aérienne israélienne a tué huit Palestiniens qui fuyaient vers Rafah, le district le plus au sud de Gaza, près du bureau de “Force 17”. À Rafah, le bombardement israélien de la maison de la famille Abu Anza dans le quartier d'al-Salam a tué 14 personnes, dont six enfants et nourrissons.
Les forces israéliennes ont également bombardé les camps de réfugiés d'al-Bureij et d'al-Nuseirat, ainsi que les villes d'al-Mughraqa et d'al-Zahra. Dans la ville de Gaza, Israël a bombardé les quartiers d'al-Zaytoun, Tal al-Hawa et Sheikh Ejleen. Les ambulanciers palestiniens ont retrouvé les corps de 29 victimes dans les rues d'al-Zaytoun au cours des dernières 48 heures.
Le Croissant-Rouge palestinien (CRP) a déclaré que 14 membres de son équipe étaient détenus par Israël depuis 23 jours, à la suite d'un raid sur l'hôpital al-Amal à Khan Younis.
“Le Croissant-Rouge palestinien exprime sa profonde inquiétude quant à la sécurité de ses équipes détenues, dont le sort demeure indéterminé”,
a écrit le Croissant-Rouge palestinien sur X.
Le soi-disant mois de Ramadan doit être annulé
L'avenir de l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas semble en jeu alors que le Ramadan doit débuter dimanche prochain. La violence des colons et la probabilité d'une offensive contre l'enceinte d'Al-Aqsa devraient provoquer une escalade des tensions en Cisjordanie occupée.
Amihai Eliyahu, le ministre du patrimoine d'extrême droite, qui a appelé à “bombarder Gaza” au début du mois de novembre, a déclaré que “le soi-disant mois du ramadan que nous redoutons devrait être annulé”.
La remarque d'Eliyahu est relayée dans les couloirs du gouvernement ultranationaliste de Benjamin Netanyahu, qui semble vouloir mettre de l'huile sur le feu.
Itamar Ben-Gvir, le ministre de la Sécurité nationale, est allé plus loin en insultant le Shin Bet, le service de renseignement intérieur israélien, pour avoir libéré quelques Palestiniens en détention administrative à l'approche du ramadan, dans un souci d'apaisement en Cisjordanie.
Pour Avigdor Liberman, le leader de la faction d'opposition Yisrael Beiteinu, le
“gouvernement de Netanyahou a fait son temps, il n'est plus capable de nous diriger ni de nous unir... ce gouvernement ne devrait plus être là”.
“J'ai fait confiance à ce gouvernement pendant cinq mois, mais ces dix derniers jours, le gouvernement a perdu tout droit à l'existence et nous devons organiser des élections”, a-t-il ajouté.
M. Netanyahou doit faire face à une pression croissante de la part des Israéliens qui ont manifesté et marché sur Jérusalem pour demander la libération des otages détenus par le Hamas et la tenue d'élections.
Une fracture importante entre M. Netanyahou et son ministre de la guerre, Benny Gantz, commence à être palpable. M. Gantz prévoit de se rendre à Washington pour rencontrer des responsables américains. Kan news a rapporté que le gouvernement a demandé à l'ambassadeur d'Israël à Washington “de ne pas prendre part à la visite programmée [de M. Gantz]”.
Une délégation du Hamas arrive au Caire pour un nouveau cycle de négociations
Dimanche, Osama Hamdan, porte-parole du Hamas, a déclaré qu'une délégation était arrivée en Égypte pour “un nouveau cycle de négociations [qui] débutera au Caire, et nous espérons parvenir à un résultat qui puisse satisfaire notre peuple”.
Un haut responsable du Hamas a déclaré à l'AFP que si
“Israël accepte les demandes du Hamas, qui incluent le retour des Palestiniens déplacés dans le nord de Gaza et l'augmentation de l'aide humanitaire, cela ouvrirait la voie à un accord [de trêve] dans les 24 à 48 heures à venir”.
Les derniers termes de l'accord proposé entre le Hamas et Israël ne sont pas clairs, mais un cessez-le-feu, l'entrée de l'aide humanitaire, le retour des Palestiniens déplacés dans le nord de la bande de Gaza, le retrait des forces israéliennes et la libération des otages et des prisonniers restent des éléments essentiels des pourparlers.
Abu Hamza, porte-parole des brigades Al-Quds du Jihad islamique, s'est adressé aux Arabes, aux musulmans et aux Palestiniens dans une déclaration enregistrée samedi : “Que le Ramadan soit un mois de panique et de crainte pour l'entité israélienne”.
“Nous disons aux Arabes et aux musulmans : Tout comme vous vous tournez vers Allah par la prière et le jeûne [pendant le mois sacré du ramadan], mobilisez-vous et tournez-vous vers la Palestine par les armes et le devoir du djihad”, a ajouté M. Abu Hamza.
Il a également appelé les pays arabes et musulmans possédant des armées, des avions et des pièces d'artillerie “à mobiliser leurs armes, en suivant les traces des peuples libres du Yémen, du Liban et de l'Irak”.
Les forces israéliennes tuent un enfant palestinien dans le camp de réfugiés d'Al-Jalazoun
Les forces israéliennes ont abattu Muhammad Khaled Zaid, 13 ans, dans le camp de réfugiés d'Al-Jalazoun, au nord de Ramallah. Zaid a succombé à ses blessures samedi soir à l'hôpital de Ramallah. Les forces israéliennes ont également arrêté 12 Palestiniens des villes de Naplouse, Bethléem et Ramallah.
A Qasra, au sud de Naplouse, les Palestiniens ont dû subir une nouvelle attaque des colons israéliens, qui ont démoli une serre agricole appartenant à Thaer Adel Hassan, à 150 mètres du centre du village, selon Wafa.
Dans un nouveau rapport, le Wall and Settlement Resistance Committee a recensé 1 195 attaques par les forces israéliennes et les colons en février.
Les forces israéliennes ont mené 1 066 attaques en prenant d'assaut des villes et des quartiers et en vandalisant des propriétés palestiniennes. Jénine a été attaquée 212 fois par les forces israéliennes, Hébron 174 fois et Jérusalem 16 fois.
Les colons israéliens ont mené 129 attaques contre des Palestiniens en Cisjordanie, a ajouté le Comité de résistance.