👁🗨 Des propositions de cessez-le-feu américano-israéliennes délibérément absurdes
Nous devons cesser de qualifier ces manœuvres diplomatiques de “pourparlers de cessez-le-feu”, car par définition, il ne s'agit pas de de cessez-le-feu, et l'intention n'est pas non plus d'y parvenir.
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👁🗨 Des propositions de cessez-le-feu américano-israéliennes délibérément absurdes
Par Robert Inlakesh, le 7 novembre 2024
Le point de départ de toute analyse des propositions sionistes de « cessez-le-feu » est de comprendre qu'elles ne sont destinées à s'appliquer qu'à une seule partie.
Ce que les Etats-Unis et leurs partenaires israéliens qualifient d'accords de “cessez-le-feu” sont, en fait, des propositions pour que le Liban et Gaza déposent les armes et leur monnaie d'échange, permettant ainsi à l'armée sioniste de faire une pause, pour lui permettre à nouveau de tirer à volonté sans avoir besoin de se défendre.
Pour comprendre le sérieux avec lequel les États-Unis et l'entité sioniste travaillent ensemble pour parvenir à un cessez-le-feu à Gaza et au Liban, il suffit d'observer le succès remporté au cours des 13 derniers mois et la façon dont les objectifs se déplacent constamment.
Les exigences du Hamas, qui dirige les négociations au nom de toutes les factions de la Résistance palestinienne, n'ont pas changé depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023. En fait, le mouvement palestinien s'est montré plutôt souple dans ses exigences, demandant à l'origine un échange de prisonniers pour la totalité des prisonniers, point qu'il a revu à la baisse par la suite.
Pourtant, du côté israélien de la table des négociations, la longue liste d'exigences grotesques ne cesse de s'allonger et ne vaut même pas un effort diplomatique digne de ce nom. En fait, le simple fait d'entretenir ces soi-disant négociations de cessez-le-feu ne fait que nuire à ce stade, puisqu'il permet à l'alliance américano-israélienne d'atteindre ses objectifs.
Aucun accord de cessez-le-feu n'est sur la table
Le point de départ de toute analyse des propositions sionistes de “cessez-le-feu” est de comprendre qu'elles ne sont censées s'appliquer qu'à une seule partie. Dans le cas de Gaza, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré à plusieurs reprises qu'il ne peut accepter aucun accord l'obligeant à mettre fin à la guerre. En outre, l'entité sioniste souhaite désormais conserver la capacité de maintenir ses effectifs dans les couloirs dits de Philadelphie et de Netzarim, tout en établissant une “zone tampon” à la périphérie de Gaza, constituant le vol d'au moins 16 % du territoire.
Bien que les hauts fonctionnaires israéliens fassent parfois des déclarations sur leur désir de conclure un échange de prisonniers et un accord de cessez-le-feu, ils ont tous clairement indiqué que leur objectif de “victoire totale” sur le Hamas doit être atteint. Ce genre d'artifice linguistique fournit aux sionistes la couverture parfaite pour que le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, puisse se placer périodiquement devant les sunlights et mentir au monde entier en prétendant que les Israéliens acceptent un cessez-le-feu.
En réalité, le régime sioniste veut juste un accord pour récupérer ses prisonniers, un accord qui pourra ensuite être rapidement violé au nom de la “destruction du Hamas”. En outre, pourquoi les Israéliens n'arrêteraient-ils pas à nouveau tous les détenus palestiniens qu'ils libèrent, comme ils l'ont fait pour nombre de ceux qui ont été libérés en novembre dernier à la suite de la trêve temporaire ? Qui interviendra pour punir les sionistes pour cela ? Certainement pas les États-Unis.
Netanyahu jure qu'il conclura un cessez-le-feu après avoir atteint l'objectif de détruire le Hamas, ce qui n'a aucun sens, car s'il devait atteindre cet objectif en guerre, avec qui conclurait-il le cessez-le-feu ?
Passons ensuite au Liban, où les Israéliens veulent atteindre leurs objectifs de guerre - un conflit qu'ils ont déclenché en envahissant le territoire libanais - en modifiant la résolution 1701 des Nations unies. Leur objectif est de faire en sorte que le Hezbollah se retire au nord du fleuve Litani et désarme, incluant un éventuel embargo sur les armes sur le territoire libanais, tout cela avec régime sioniste conservant le droit de bombarder le Liban chaque fois qu'il le souhaite, et sans conséquences.
En d'autres termes, les Israéliens demandent à la Résistance libanaise de cesser de défendre leur pays afin de pouvoir bombarder le Liban quand bon leur semble, sansêtre inquiétés. Il ne s'agit pas d'un cessez-le-feu, mais d'un accord entre les deux parties pour mettre fin aux actions offensives et défensives, tandis que l'autre partie continue d'attaquer.
Par définition, un cessez-le-feu est un accord entre deux parties pour mettre fin à des actions offensives par le biais d'une médiation. Il faut donc cesser d'appeler les demandes israélo-américaines en cours “pourparlers de cessez-le-feu” : ce sont les termes d’une capitulation.
Pourquoi les Israéliens et les Américains mentent-ils ?
Par définition, il n'y a pas de pourparlers ou d'accords de cessez-le-feu présentés publiquement pour Gaza ou le Liban. Il s'agit plutôt de conditions de reddition. Cependant, il est clair que la Résistance palestinienne n'est pas vaincue et, dans le cas de la Résistance libanaise, que celle-ci a réussi à repousser la tentative d'invasion terrestre de l'entité sioniste pendant un mois entier. Par conséquent, ni l'une ni l'autre n'acceptera de telles propositions absurdes.
Ce qu'Israël cherche à imposer au Hezbollah au Liban s'apparente aux exigences formulées en 1982, après le blocus de Beyrouth qui a conduit à la reddition de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). Aujourd'hui, c'est tout le contraire : la Résistance libanaise a empêché les sionistes d'occuper un seul village libanais, bien que les Israéliens aient rassemblé plus de 50 000 soldats pour ce faire.
Les Israéliens ne sont pas stupides à cet égard, ils comprennent bien que ce type de diplomatie ne fonctionnera jamais, et que ce n'était d'ailleurs pas le but recherché. Alors, à quoi servent ces propositions de capitulation ?
Plusieurs facteurs entrent en ligne de compte dans le raisonnement des dirigeants sionistes lorsqu'ils présentent des exigences aussi excessives, le premier étant qu'ils cherchent à imposer un point de départ fort pour toute future négociation sérieuse d'un cessez-le-feu indirect avec le Liban. Psychologiquement, cela a le même effet que de fixer un certain plafond pour un produit vendu aux enchères : on tente d'appâter les enchérisseurs en leur faisant croire que tout ce qui est inférieur à ce qui a été proposé à l'origine est une bonne affaire.
Il s'agit ensuite d'un stratagème psychologique cherchant à faire croire aux Libanais et à l'opinion publique régionale que les Israéliens sont en train de gagner la guerre, ou du moins qu'ils sont en position de force. Bien que les événements sur le terrain présentent des arguments convaincants quant à la solidité du Hezbollah dans la bataille, ces demandes insensées de cessez-le-feu veulent semer le doute.
En outre, le gouvernement américain subit des pressions internes et internationales pour conclure la guerre, pressions transférées au régime israélien, qui doit lui aussi faire face à ses propres pressions. Par conséquent, le simple fait d'entamer des pourparlers en vue d'un cessez-le-feu permet de détendre un peu la pression croissante.
De même, en ce qui concerne la guerre dans la bande de Gaza, une pression énorme est exercée sur le gouvernement américain pour qu'il mette fin au génocide. Certes, tout ce qui ne sera pas une défaite totale du Hamas sera considéré comme une défaite majeure de Washington et de Tel-Aviv, mais aucun des deux régimes ne veut permettre une telle éventualité. Cependant, lorsque la poussière retombera après la guerre, sans que les objectifs aient été atteints, et lorsque les prisonniers israéliens encore en vie seront échangés contre des détenus palestiniens, on commencera à se demander pourquoi la guerre a duré si longtemps.
C'est pourquoi l'alliance américano-israélienne cherche à poursuivre indéfiniment la guerre à Gaza, à moins qu'elle ne soit contrainte d'y mettre fin en raison de la pression exercée par un autre front dans le conflit régional actuel. Ils s'engagent donc périodiquement dans des activités diplomatiques absurdes destinées à réduire la pression, en recourant à des pourparlers de cessez-le-feu risibles pour prétendre qu'ils travaillent à une solution et gagner ainsi du temps dans l'espoir que le Hezbollah abandonnera Gaza, ce qui permettrait à la guerre de se poursuivre aussi longtemps qu'il le faudra pour achever le Hamas.
En conclusion, nous devons cesser de qualifier ces manœuvres diplomatiques de “pourparlers de cessez-le-feu”, car par définition, il ne s'agit pas de propositions de cessez-le-feu, et l'intention n'est pas non plus d'y parvenir.