👁🗨 Donald Trump, le renard viking dans la basse-cour
Avec de tels amis, qui a besoin d'ennemis ? Le Danemark découvre ainsi à quel point il compte pour du beurre face aux ambitions géopolitiques des États-Unis, son soi-disant “plus grand allié”.
👁🗨 Trump, le renard viking dans la basse-cour
Éditorial pour Strategic Culture Foundation, le 10 janvier 2025
Avec de tels amis, qui a besoin d'ennemis ? Le Danemark découvre ainsi à quel point il compte pour du beurre face aux ambitions géopolitiques des États-Unis, son soi-disant “plus grand allié”.
Le président élu Donald Trump fait figure de renard dans la basse-cour. Les pays voisins, les alliés et les membres de l'OTAN sont tous en émoi à la suite de ses récentes remarques sur les annexions forcées de divers territoires par les États-Unis.
L'ancien magnat de l'immobilier, qui prendra ses fonctions à la Maison-Blanche pour la deuxième fois le 20 janvier, présente son programme présidentiel comme une course à l'acquisition de biens immobiliers. Il veut faire du Canada son 51e État, reprendre le contrôle du canal de Panama, rebaptiser le golfe du Mexique “golfe d'Amérique” et annexer le Groenland, qui appartient au Danemark.
Il est facile de qualifier les propos du futur président républicain de forfanterie et d'ego surdimensionné. Il a une propension à l'hyperbole, en particulier lorsqu'il fait la promotion de ses talents. Trump a parlé de ramener la paix en Ukraine “dans les 24 heures”. Il s'est également qualifié de “génie des affaires”. Au cours de sa première administration, il a parlé de conclure “l'accord du siècle” entre Arabes et Israéliens, mais cette initiative s'est soldée par le désastre du génocide à Gaza et de l'invasion du Liban.
Ainsi, la rhétorique de Trump sur la conquête de nouveaux territoires pour les États-Unis ne doit sans doute pas trop être prise au pied de la lettre. Elle est loufoque et hautement spéculative. L'ancien président russe Dmitri Medvedev l'a qualifiée de “stupidité cosmique” dont l'intention réelle est de faire office de diversion.
Diversion pour quoi ? L'analyste géopolitique Gilbert Doctorow estime que Trump et ses conseillers attisent délibérément les rumeurs d'annexion pour détourner l'attention de la communauté internationale de la débâcle en Ukraine. La guerre par procuration de l'OTAN menée par les États-Unis en Ukraine contre la Russie est un désastre absolu pour Washington et ses alliés. Le régime de Kiev est confronté à une débâcle alors que les forces russes progressent rapidement pour en finir avec cette guerre de trois ans.
Trump sait que les États-Unis doivent s'extirper de cette déroute en acceptant les conditions de la Russie. D'où les propos apparemment délirants de Trump, qui envisagerait de s'emparer du Canada et de ravir le Groenland au Danemark. Cela n'arrivera peut-être pas, mais cette velléité de nouvelles possessions a en tout cas fait la une des médias du monde entier.
Néanmoins, on peut craindre que Trump n'envisage sérieusement d'exproprier le Groenland. Lors de la conférence de presse qu'il a donnée cette semaine à Mar-a-Lago, en Floride, lorsqu'il a présenté sa doctrine Monroe 2.0, il a mentionné que les États-Unis ont les yeux rivés sur le Groenland depuis plusieurs années. En d'autres termes, il ne s'agit pas simplement d'une initiative personnelle de Trump.
Il a qualifié l'île arctique - la plus grande île non continentale du monde - d'intérêt vital pour la sécurité nationale des États-Unis. Trump a notamment fait référence aux intérêts russes et chinois qui augmentent dans la région arctique, et au fait que les États-Unis doivent s'en mêler. Le changement climatique crée de nouvelles voies navigables et un accès à d'abondantes ressources naturelles dans l'Arctique. La Russie, en tant que plus grande présence nationale dans la région, a bien sûr des revendications légitimes et lucratives.
Le jour même où Trump établissait sa liste de souhaits territoriaux, son fils Donald Jr s'est envolé vers le Groenland à titre privé pour un petit coup de pub. Le jeune Trump n'a été accueilli par aucun officiel à Nuuk, la capitale, mais il est évident que la “fête de bienvenue” des Groenlandais n'était que pure mise en scène.
Pendant ce temps, de retour à la conférence de presse en roue libre en Floride, Trump a déclaré :
“Les gens ne savent même pas si le Danemark détient un droit légal sur le Groenland, mais si c'est le cas, ils devront y renoncer parce que nous en avons besoin pour notre sécurité nationale”.
Le futur 47e président n'a pas exclu le recours à la force militaire pour s'emparer du territoire.
Les hommes politiques danois et européens ont vivement réagi, tels des poules découvrant le chat en train de rôder autour de la basse-cour. Le Premier ministre danois, Mette Frederiksen, a déclaré, sur un ton plein de défi : “Le Groenland n'est pas à vendre”. L'Allemagne et la France ont mollement prévenu que la souveraineté européenne est inviolable et que Trump ne peut pas modifier les frontières unilatéralement. On a même parlé d'invoquer un pacte de défense commune de l'UE pour protéger le territoire danois. Et qu'en est-il du pacte de défense mutuelle de l'OTAN ? Les membres de l'OTAN défendront-ils le Danemark contre le leader de facto de l'OTAN, les États-Unis ?
Trump est peut-être incontrôlable et arrogant. Mais l'une des qualités de son style - au moins involontairement - est qu'il met à nu l'hypocrisie et la faillite morale des États-Unis, et de leurs alliés de l'OTAN.
Depuis trois ans, les États-Unis et l'OTAN ont déclenché un bain de sang en Ukraine qui risque de se transformer en une troisième guerre mondiale nucléaire - sur l'autel prétendument sacré de la défense de la souveraineté et des frontières de l'Ukraine contre une prétendue agression russe.
Puis arrive Trump qui menace de supposés alliés d'annexer leurs territoires.
L'absurdité de la situation expose l'imposture des prétentions occidentales à défendre le droit international et le respect des frontières. Et le plus absurde, c'est que le nouveau président américain affiche crânement son agressivité et son mépris pour les “alliés” dont les États-Unis prétendent être les protecteurs.
Dans une récente série d'articles, Ron Ridenour a critiqué le Danemark pour son abjecte servilité à l'égard des États-Unis. M. Ridenour souligne que l'année dernière encore, le Premier ministre danois, M. Frederiksen, a signé un “accord de coopération de défense” avec les États-Unis, déclarant que ces derniers étaient l'allié le plus fidèle du Danemark.
Le Danemark est aujourd'hui l'un des pays les plus favorables aux États-Unis, et l'un des membres les plus virulents de l'OTAN. Il a été l'un des premiers à fournir des avions de combat F-16 à l'Ukraine.
Que les membres de l'OTAN soient aujourd'hui davantage menacés par les États-Unis qu'ils ne l'ont été par la Russie est tout à fait grotesque.
En piétinant la souveraineté du Danemark - et par extension, celle de l'Union européenne - Trump en fait la démonstration brute. Comportez-vous ainsi, et vous serez traité comme un paillasson.
Quel personnage fantasque! Quelle morgue et quel mépris assumés et claironnés à l’égard de ses plus fidèles « alliés », esclaves devrais-je dire!
Non, non! , il est parfaitement capable « d’organiser » l’indépendance du Groenland vis à vis du Danemark, puis de….l’acheter, ou de l’annexer tout simplement, aux yeux et à la barbe des populations autochtones, avec lesquelles les USA nous le savons bien, savent très bien composer.
N’oublions pas que, depuis 1941, les Américains disposent de la Thule air force base rebaptisée Pituffik Space Base en 2023! Qui l’empêche d’étendre la base et d’y stationner des F35 vecteurs d’armes nucléaires? ….Noter tout de même que Moscou se trouve à 4441km de Pituffik….donc, petit casse-tête logistique….enfin, doté d’un appétit insatiable et d’une mégalomanie exubérante, notre rusé compère lorgne avec envie vers les richesses minières inexploitées du sous-sol Groenlandais…
Si l’on va jusqu’au bout de ce délire expansionniste et devant l’intérêt croissant des grandes puissances pour les régions arctiques, pourquoi ne pas proposer au Danemark et à la Norvège de devenir les 52e et 53e états de la confédération, le Canada étant devenu le 51e?
Et voilà que , après le Grand Israël, nous découvrons les Grands….États Unis….du monde! United States of the World!….
Et après ces délires oniriques, osera t-on encore prétendre que les dirigeants de la planète ne sont pas de Grands malades?