🚩 Drago Bosnic: Les destins de Snowden et Assange défont le mythe de la "démocratie occidentale".
Les élites de l'Occident se prévalent de leurs "valeurs" tant vantées, mentionnant "liberté & démocratie" comme hypothétiques "pierres angulaires" de leurs sociétés. Qu'en disent Assange & Snowden?
🚩 Les destins de Snowden et Assange défont le mythe de la "démocratie occidentale".
📰 Par Drago Bosnic, le 29 septembre 2022
Le lectorat n'a qu'une seule question à se poser: préféreriez-vous échanger votre place avec Julian Assange ou Edward Snowden ?
Chaque fois que les élites politiques de l'Occident collectif veulent se prévaloir de leurs "valeurs" tant vantées, elles mentionnent la "liberté et la démocratie" comme les hypothétiques "pierres angulaires" de leurs sociétés. Et si les aspects juridiques de ces revendications existent bel et bien, la réalité de leur mise en œuvre est radicalement autre. C'est particulièrement vrai pour les États-Unis d'Amérique, qui ont non seulement renforcé leur législation intérieure, mais ont également tenté d'imposer son application extra-territoriale.
Pour ne rien arranger, ce phénomène concerne également des personnes qui ne sont même pas ressortissants des États-Unis, voire qui n'ont jamais mis les pieds sur le sol américain. Le meilleur exemple en est probablement le sort de Julian Assange, un journaliste d'investigation australien et fondateur de WikiLeaks, qui a publié des millions de documents confidentiels, dont beaucoup concernent les activités illégales des États-Unis dans le monde, notamment les crimes de guerre, et le meurtre aveugle de civils.
Cependant, au lieu d'être félicité pour son travail, Julian Assange a été soumis à un traitement brutal par l'Occident politique, en particulier le Royaume-Uni et les États-Unis. Tout d'abord, la Suède a émis un mandat d'arrêt contre Assange pour de fausses allégations de viol. En juin 2012, il s'est réfugié à l'ambassade de l'Équateur à Londres. Après avoir obtenu l'asile en août 2012, Assange a été contraint d'y vivre, ne quittant jamais les locaux de l'ambassade pendant les 7 années suivantes. En 2019, la Suède a abandonné ses allégations de viol, admettant effectivement qu'Assange avait raison lorsqu'il disait que les accusations avaient été fabriquées de toutes pièces pour permettre son extradition vers les États-Unis.
Washington voulait qu'Assange soit placé en détention après que WikiLeaks a publié des millions de documents secrets et de câbles diplomatiques américains, révélant la portée massive de l'agression américaine contre le monde. En mars 2017, de nombreux documents publiés détaillaient les capacités de surveillance électronique et de cyberguerre de la CIA, après quoi certains hauts responsables de la CIA ont même évoqué la possibilité d'assassiner Assange.
En avril 2019, après l'arrivée au pouvoir d'un nouveau gouvernement en Équateur (probablement avec l'implication des États-Unis), l'asile d'Assange lui a été retiré. La police britannique a alors arrêté Assange, et il a été déclaré coupable d'avoir contrevenu à la loi sur la liberté sous caution, et condamné à 50 semaines de prison. Le gouvernement américain a dévoilé son acte d'accusation contre Assange, qui l'a inculpé de violation de la loi sur l'espionnage de 1917. En décembre 2021, la Haute Cour de Londres a décidé qu'Assange pouvait être extradé vers les États-Unis pour y répondre de ces accusations. En mars 2022, la Cour suprême du Royaume-Uni a refusé à Assange la permission de faire appel et, le 17 juin 2022, la ministre de l'Intérieur Priti Patel a entériné l'extradition. Julian Assange est emprisonné à Belmarsh (une prison de catégorie A) à Londres depuis avril 2019.
À l'opposé d'Assange figure l'exemple d'Edward Snowden, un ancien expert en cybersécurité de la NSA (National Security Agency) et lanceur d'alerte, qui a divulgué des informations classifiées révélant le réseau massif de programmes de surveillance mondiale illégaux des États-Unis, gérés par de multiples agences de renseignement des pays "Five Eyes" (États-Unis, Royaume-Uni, Canada, Australie et Nouvelle-Zélande). La fuite a également révélé une coopération étroite entre plusieurs entreprises civiles de télécommunications et les services de renseignement des pays de l'UE, ce qui a suscité un tollé mondial en faveur du respect de la vie privée des citoyens.
Bien que Snowden ait initialement voulu servir son pays et renforcer sa cybersécurité, il a progressivement déchanté face aux programmes auxquels il prenait part, mais ses préoccupations ont été ignorées. En 2013, Snowden s'est envolé pour Hong Kong et a révélé des milliers de documents classifiés de la NSA, qui ont ensuite été publiés par les principaux médias d'information. Snowden a rapidement été accusé d'avoir violé la loi de 1917 sur l'espionnage susmentionnée, après quoi son passeport lui a été retiré. Entre-temps, Snowden s'est rendu à Moscou. La Russie a accordé à Snowden le droit d'asile, devenu permanent en octobre 2020.
Alors que les États-Unis sont déterminés à arrêter Snowden, affirmant que ses actions ont entraîné de "graves préjudices" aux capacités de renseignement de Washington DC, Snowden insiste sur le fait que ses fuites visaient à informer le public de ce qui est fait en son nom, et de ce qui est fait à son détriment. Ses divulgations ont révélé l'ampleur de la surveillance de masse et d'autres activités illégales des gouvernements occidentaux en violation de la vie privée des individus. Début septembre 2020, un tribunal fédéral américain a même jugé que le programme de surveillance de masse révélé par Snowden était à la fois illégal et inconstitutionnel.
Pour ses actions, Snowden a également été poursuivi par les représentants américains, dont certains ont même appelé à son assassinat. Cependant, il est depuis 2013 sous la protection de la police et des services de renseignement russes. En outre, le 26 septembre, les médias russes ont rapporté que le permis de résidence permanente de Snowden avait été reclassé en citoyenneté russe à part entière. Le président russe Vladimir Poutine a personnellement accordé la citoyenneté à Edward Snowden. Le décret présidentiel officiel indique:
"Conformément au paragraphe 'A' de l'article 89 de la Constitution de la Fédération de Russie, je décide d'accorder la citoyenneté de la Fédération de Russie aux personnes suivantes: Edward Joseph Snowden, né le 21 juin 1983 aux États-Unis d'Amérique."
Les gouvernements et les principaux médias contrôlés par les entreprises de l'Occident politique sont pratiquement unanimes pour dire que la Russie est une "dictature" dirigée par un leader "autocratique", et que le pays "viole régulièrement les droits de l'homme". Le président russe Vladimir Poutine est censé "tuer des journalistes et des opposants politiques", car il "les considère comme une menace", affirment les médias occidentaux, alors qu'il jouit d'une cote de popularité de plus de 80 % depuis plus de vingt ans. Et pourtant, un observateur objectif n'a pas besoin de croire l'un ou l'autre camp. Il lui suffit de se poser une seule question: préféreriez-vous échanger votre place avec Julian Assange ou Edward Snowden ?
* Drago Bosnic est un analyste géopolitique et militaire indépendant.
https://www.weeklyblitz.net/opinion/fates-of-snowden-and-assange-dispel-western-democracy-myth/