👁‍🗨 D’un point de vue irano-américain, Téhéran ne capitulera jamais

Les Iraniens ne laisseront pas leur culture & leur patrimoine être détruits par leader haï par son propre peuple. Téhéran ne capitulera pas. Ni autrefois sous Saddam, sous les bombes israéliennes.

“Azadi”, Digital, Clip2Comic, 2025

👁‍🗨 D’un point de vue irano-américain, Téhéran ne capitulera jamais

Par Fariba Amini, le 17 juin 2025

Au-delà de la notion de bien et de mal, il est un champ. Je t'y retrouverai. – Rumi

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Comme le reste du monde, je me suis levée le vendredi matin 13 juin en apprenant la nouvelle choquante. C'était vraiment un vendredi 13. Quand on me demande parfois d'où je viens, je réponds en plaisantant que je viens du pays qu'Israël attaquera bientôt. Je le disais en plaisantant, même si j'ai toujours redouté cette éventualité. J'avais tort. De nombreux analystes avaient tort.

Pendant plus de 20 ans, Benjamin Netanyahu, ou Netanayabu comme on l'appelle (yabu signifie “cheval de bât” en persan), s'est présenté devant l'Assemblée nationale des Nations unies pour dire au monde, ou plutôt pour mentir au monde, que dans quelques mois, l'Iran va se doter de l'arme nucléaire. Comme tout ce que lui et ses semblables ont proféré ces dernières années, comme l'existence d'armes de destruction massive en Irak qui a conduit à l'invasion de ce pays, il a menti.

C'est le Goebbels du Moyen-Orient.

Il n'a jamais été intéressé ni sérieusement engagé dans une solution à deux États ou dans une coexistence pacifique avec les Palestiniens. Pendant des années, il a demandé au Qatar de financer le Hamas, tout en affirmant que l'Iran est le seul pays à financer le Hamas. L'Iran a peut-être été impliqué dans de nombreux actes répréhensibles, mais l'attaque non provoquée dont il est actuellement victime n'a rien à voir avec le Hamas. Une telle hostilité dépasse l'entendement.

Dans une récente interview sur Fox, Netanyahu a déclaré que l'on ne permettrait à aucune nation musulmane, y compris le Pakistan, de se doter d'armes nucléaires ! Il est bien trop tard pour cela : le Pakistan possède déjà le nucléaire.

Combien d'armes nucléaires possède Israël ? Trois cents ? En quelques secondes, l'Iran peut être rayé de la carte si Israël le décide.

Pourquoi maintenant ? Pourquoi l'Iran a-t-il été attaqué aujourd'hui ? Voici quelques-unes des raisons :

• Pour faire dérailler les négociations en cours.

• Pour renforcer sa popularité dans son pays.

• Pour éviter des poursuites pénales.

• Pour faire face à l'échec qu'il a infligé à son peuple lors des attaques du 7 octobre.

• Pour détourner l'attention des médias de Gaza et mettre l'Iran sous le feu des projecteurs.

• Pour mettre fin aux manifestations quotidiennes en Israël, où les gens ont peur de sortir alors qu'une guerre est en cours.

Et n'oublions pas qu'il y a une semaine, son gouvernement tout entier a été désavoué par quelques alliés occidentaux de poids. Aujourd'hui, même le président français Emmanuel Macron affirme qu'Israël a le droit de se défendre.

La République islamique a ses propres problèmes internes. Elle est loin d'être innocente. Elle n'a pas tenu les promesses faites au cours des 45 dernières années. Des années de corruption, de mauvaise gestion et d'isolement volontaire ont conduit le peuple à mépriser cette théocratie. Les sanctions ont plongé la plupart des Iraniens dans une situation économique difficile. Une population jeune et très instruite aspire à mieux. Un régime qui a tenté de contrôler tous les aspects de la vie depuis sa création a recouru à l'emprisonnement, à la torture et à l'exécution pour réprimer toute opposition.

Mais dans la pratique aucun Iranien ne souhaite que son pays soit attaqué pour parvenir au changement. Ils ont peut-être été enthousiastes les deux premiers jours, lorsque certains hauts commandants ont été assassinés. Mais aucun peuple ne devrait se réjouir qu'un autre régime, une autre force étrangère, puisse entrer dans son pays et assassiner des gens à droite et à gauche, comme Israël le fait depuis plusieurs années dans tout le Moyen-Orient. Certains scientifiques nucléaires iraniens ont été pris pour cible et tués.

Vivons-nous la loi de la jungle ?

La loi de la jungle est celle que défend le gouvernement israélien.

Il y a quelques années, j'étais dans une chambre d'hôtel un dimanche et je zappais de chaîne en chaîne. Je suis tombée sur plusieurs chaînes évangéliques où la plupart des pasteurs, bien coiffés, corrompus jusqu'à la moelle, ayant amassé des richesses grâce à des croyants américains naïfs, disaient que l'Iran est le diable, que l'Iran doit être écrasé. Des drapeaux d'Israël sont accrochés aux côtés du drapeau américain sur de nombreux bâtiments évangéliques gigantesques au Texas et ailleurs.

Ils ne prêchent pas les enseignements de Jésus-Christ, leurs sermons sont remplis de haine envers “l'ennemi”.

La plupart d'entre eux ne sauraient même pas situer l'Iran sur une carte.

Presque tout le Congrès et le Sénat américains reprennent en chœur le discours du lobby israélien. Ils sont grassement payés et bien apprêtés. Ils gobent les mensonges sans sourciller. Il y a deux semaines, Itamar Ben Gvir, un extrémiste autrefois banni, a été vu dans les couloirs du Congrès américain, criant des obscénités à quelques personnes.

Autrefois arrêté et accusé de terrorisme et d'incitation à la haine par la justice israélienne, il est aujourd'hui ministre de la Sécurité.

La plupart des puissances occidentales, notamment les États-Unis, ont donné carte blanche à Israël. Tout est permis, Israël est intouchable.

Israël est désormais le maître du Moyen-Orient.

Quand je dis aux gens que la communauté juive d'Iran a un représentant au parlement, personne ne me croit.

Les Iraniens en général ne sont pas antisémites. La plupart ne sont même pas anti-israéliens, mais aucun être humain ne peut assister sans réagir à près de deux ans de guerre génocidaire contre le peuple de Gaza, contre des femmes, des jeunes, des enfants, des bébés déchiquetés par des bombardements aériens et des éclats d'obus, beaucoup brûlés vifs dans leurs tentes.

On peut parler d'un autre holocauste à Gaza.

Mes amis et certains membres de ma famille sont maintenant terrifiés par ce qui va se passer. Téhéran va-t-elle brûler, comme l'assure le ministre de la Défense d'Israël ? Est-ce une nouvelle guerre sans fin qui guette le peuple israélien ? Ou est-ce le souhait de longue date du fou furieux Bibi de poursuivre sa vendetta ?

Bibi prétend vouloir sauver le peuple iranien. Il dit vouloir le libérer. Et il espère ramener le fils du Shah déchu. Illusion. La plupart des commentaires et des publications Facebook ont remis en cause le soi-disant prince héritier. Premièrement, il n'est plus héritier. N'oublions pas qu'il y a eu une révolution ! Reza Pahlavi, surtout après ses récentes déclarations concernant les attaques contre l'Iran, n'a aucune crédibilité.

Les Iraniens n'oublient pas qu'il y a environ soixante-dix ans, le père de Reza Pahlavi a été renversé par un coup d'État militaire soutenu par la CIA et le MI6. Il est plus qu'improbable que le fils arrive au pouvoir après un changement de régime orchestré par Israël. Il y a des personnalités bien plus compétentes en Iran. Il n'est qu'un outsider.

Il est temps que l'homme qui siège au 1600 Pennsylvania Avenue s'oppose à cette dernière manœuvre immorale de Netanyahu, surtout s'il veut obtenir le prix Nobel de la paix ! Un peu de courage, Monsieur le Président. C'est vous qui dirigez le pays le plus puissant du monde, pas Bibi. Les Iraniens ne laisseront pas leur culture, leur patrimoine et leur pays être détruits par un Premier ministre haï par son propre peuple. Téhéran ne se rendra pas. Elle ne s'est pas rendue sous Saddam et elle ne se rendra pas non plus sous les bombes israéliennes.

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Traduit par Spirit of Free Speech

* Fariba Amini est une écrivaine et journaliste indépendante. Elle a interviewé de nombreux universitaires iraniens et anciens diplomates américains au fil des ans. Ses recherches sur les Irano-Américains les plus brillants ont été publiées par le Département d'État américain. Elle est rédactrice en chef de Letters from Ahmad Abad (en persan). Son père était maire de Téhéran et avocat personnel du Premier ministre Mohammad Mossadegh.

https://www.juancole.com/2025/06/iranian-american-surrender.html