đâđš Elle a dĂ©noncĂ© les agissements de l'une des plus grandes banques du monde. Ils ont dĂ©truit sa vie.
C'est la culture du mensonge. Nous la connaissons. WikiLeaks fĂȘtait hier son 17e anniversaire. Et Assange est toujours en prison Ă Londres. Nous savons que les guerres sont faites de mensonges.
đâđš Elle a dĂ©noncĂ© les agissements de l'une des plus grandes banques du monde. Ils ont dĂ©truit sa vie.
Par Chris Hedges, le 13 octobre 2023
Stéphanie Gibaud a levé le voile sur les activités criminelles d'UBS, la plus grande banque privée du monde. Le gouvernement français n'a absolument pas réussi à la protéger du harcÚlement et des représailles qui ont suivi. (* vidéo)
Les signes avant-coureurs de l'instabilité du systÚme financier mondial se sont multipliés dans les mois qui ont précédé le krach de Lehman Brothers en 2008. Parmi ces signes précurseurs, on peut citer les révélations stupéfiantes de Stéphanie Gibaud, employée de la division française d'UBS, la plus grande banque privée du monde. Mme Gibaud a refusé les instructions qui lui avaient été données, ainsi qu'à d'autres employés, de supprimer tous les fichiers de l'entreprise. Ce faisant, elle a contribué à révéler un vaste réseau de corruption et de fraude reliant UBS à un sombre systÚme d'évasion fiscale. Plus de 15 ans plus tard, Mme Gibaud a été victime de harcÚlement, d'ostracisme professionnel, de poursuites judiciaires et de menaces. Elle rejoint The Chris Hedges Report pour parler de son épreuve et de l'étendue de la corruption dans le systÚme bancaire international.
Production studio : David Hebden, Cameron Granadino, Adam Coley - Post-production : Adam Coley, Kayla Rivara
Transcription :
Chris Hedges
En juin 2008, Stéphanie Gibaud a reçu l'ordre de l'un de ses responsables à la banque UBS à Paris de détruire tous ses fichiers informatiques concernant des clients ayant des comptes offshore en Suisse. Cet ordre faisait suite à la divulgation, en 2007, par le banquier américain Bradley Birkenfeld d'informations sur des clients au ministÚre américain de la Justice, qui laissait entendre qu'UBS facilitait des systÚmes d'évasion fiscale massive pour ses clients américains, sanctionné par une pénalité de 780 millions de dollars. Les banques suisses sont depuis longtemps des paradis pour ceux qui cherchent à échapper à l'impÎt. En 2014, par exemple, le Crédit suisse, qui a également plaidé coupable d'avoir mis de l'argent à l'abri pour ses clients afin qu'ils puissent éviter de payer des impÎts, a dû payer 2,6 milliards de dollars de pénalités.
Mme Gibaud a toutefois été la seule employée de banque d'UBS à refuser d'effacer ses fichiers. Elle a protesté auprÚs de la direction d'UBS et des autorités de régulation françaises. Ses documents ont finalement permis d'identifier 38 000 comptes bancaires offshore représentant 12 milliards de dollars. UBS a réagi en essayant de la licencier dans le cadre d'un licenciement collectif de 100 employés pendant la crise financiÚre de 2008. Le ministÚre français du travail est intervenu, mais sa vie à l'UBS est devenue insupportable. Elle a été victime de harcÚlement et de discrimination, ainsi que d'isolement social et professionnel. Elle a souffert d'anxiété et d'une dépression constantes. UBS l'a finalement licenciée en 2012. Elle a été poursuivie pour diffamation par la banque aprÚs avoir écrit son livre, The Woman Who Knew Too Much, qui fait partie d'une série de procÚs qui perdurent encore aujourd'hui.
Elle a demandĂ© un dĂ©dommagement de 3,5 millions d'euros, mais le juge lui a accordĂ© 4 500 euros, ce qui couvrait Ă peine ses frais juridiques. UBS a finalement Ă©tĂ© contrainte de payer une amende record de 4,9 milliards de dollars en 2019, mais Mme Gibaud s'est retrouvĂ©e financiĂšrement ruinĂ©e et mise Ă l'index du secteur financier oĂč elle avait fait toute sa carriĂšre. Le systĂšme juridique français n'indemnise pas les lanceurs d'alerte, contrairement aux Ătats-Unis. La Commodities Future Trading Commission, par exemple, a rĂ©cemment accordĂ© Ă un lanceur dâalerte anonyme environ 200 millions de dollars pour avoir fourni des informations sur la manipulation du LIBOR par la Deutsche Bank. M. Birkenfeld, qui a rĂ©vĂ©lĂ© l'existence de comptes offshore de l'UBS pour des clients amĂ©ricains, a reçu un chĂšque du TrĂ©sor amĂ©ricain de 104 millions de dollars, dĂ©duction faite des impĂŽts. M. Gibaud se bat actuellement devant les tribunaux français pour devenir la premiĂšre lanceuse d'alerte lĂ©galement reconnue, ce qui pourrait ouvrir la voie Ă une protection et Ă une indemnisation accrues.
StĂ©phanie Gibaud, auteur de La femme qui en savait trop et de La traque des lanceurs d'alerte, me rejoint depuis la France pour parler des banques mondiales, de la fraude, du sort des lanceurs dâalerte, et de son propre cas.
Revenons à l'UBS, à la culture que vous connaissiez bien, parce que je pense que cela prépare le terrain pour les évÚnements à venir. Vous travailliez avec certains des clients les plus riches et les plus en vue de la banque, mais décrivez ce que vous faisiez, décrivez-nous cette culture.
Stephanie Gibaud
Merci pour votre invitation, Chris. Et bon aprÚs-midi à vous et à tous. Chez UBS, j'étais responsable du marketing et de la communication. J'ai été embauchée à Paris en 1999, il y a donc presque 25 ans, lorsque la banque a ouvert une filiale en France, car comme vous le savez, UBS est une banque suisse. Cela signifiait auparavant Union des Banques Suisses.
Elle s'est implantĂ©e en France en mĂȘme temps qu'en Espagne parce que les Suisses prĂ©voyaient que la France et l'Espagne suivraient l'exemple du gouvernement italien, dirigĂ© par Berlusconi Ă l'Ă©poque, qui avait fait son [inaudible 00:04:54] fiscal, ce qui signifie que l'Italie a autorisĂ© tous ses citoyens dĂ©tenteurs de comptes offshore Ă les rapatrier sans pĂ©nalitĂ©s.
J'ai donc Ă©tĂ© embauchĂ©e par la filiale française. Et j'Ă©tais lĂ pour promouvoir l'image de la banque. Et les budgets dont je disposais Ă©taient assez consĂ©quents. Je gĂ©rais des Ă©vĂ©nements VIP comme des billets VIP pour la Coupe du monde de football, la Coupe du monde de rugby, les tournois de tennis. J'Ă©tais chargĂ©e d'organiser pour les clients des concerts privĂ©s, des dĂ©filĂ©s de mode, et tout Ă©tait vraiment fait sur mesure parce que les clients d'UBS sont les personnes les plus riches de la planĂšte qui peuvent Ă©videmment tout acheter. La seule chose qu'ils ne peuvent pas acheter, c'est l'Ă©motion. Ainsi, si vous leur offrez un concert avec une star trĂšs cĂ©lĂšbre, ils peuvent prendre un verre ou dĂźner avec cette personne, ce qui gĂ©nĂšre Ă©videmment de l'Ă©motion. Autre exemple, si vous possĂ©dez une Ferrari, vous n'ĂȘtes pas autorisĂ© Ă conduire sur le circuit de Maranello en Italie, mais avec UBS vous pouvez le faire grĂące au partenariat avec la marque. Ce ne sont que quelques exemples.
Mon travail consistait en quelque sorte Ă voyager dans tout le pays pour dĂ©velopper des partenariats, visiter des lieux et trouver des idĂ©es pour divertir clients et potentiels clients. C'est ce que j'ai fait pendant prĂšs de 10 ans, de 1999 Ă 2008. Et 2008 marque l'annĂ©e oĂč ma vie s'est arrĂȘtĂ©e. Comme vous l'avez dit tout Ă l'heure, on m'a demandĂ© de supprimer le contenu de mes archives sur mon ordinateur, et mon patron m'a demandĂ© dâeffacer le nom de tous les clients invitĂ©s Ă ces Ă©vĂ©nements pendant 10 ans.
Chris Hedges
Quel était l'objectif de ces événements ? S'agissait-il d'événements visant à les recruter pour qu'ils investissent davantage d'argent ? S'agissait-il simplement d'une gratification ? S'agissait-il de leur donner le sentiment de faire partie d'une famille ? Quel était l'objectif ?
Stephanie Gibaud
Les trois. Dans le marketing de dĂ©tail, si vous vendez une bouteille d'eau ou une bouteille de n'importe quoi, ce peut ĂȘtre un Ă©vĂšnement unique. Si un client boit une bouteille dans un hĂŽtel ou un restaurant et qu'il ignore ensuite cette marque, ce n'est pas grave. En revanche, dans le domaine de la gestion de patrimoine, on travaille sur le patrimoine des familles, d'une gĂ©nĂ©ration Ă l'autre. Vous avez donc une perspective Ă long terme, ce qui signifie que vos clients doivent vous faire confiance. Et la notion de confiance entre la banque, le nom de la banque et le nom du banquier est primordiale. Il est extrĂȘmement important de comprendre cela, et de comprendre qu'une fois que vous avez un client manifestement trĂšs riche, ses contacts, sa famille, ses partenaires le sont tous, on peut les inciter Ă devenir Ă©galement client de la banque.
Il est donc Ă©vident que si mon travail en tant que responsable du marketing consiste Ă leur proposer des Ă©vĂ©nements de premier ordre, des Ă©vĂ©nements sur mesure en fonction de leurs goĂ»ts, tennis, opĂ©ra ou autre chose, le football, le rugby, le golf, si vous ĂȘtes en mesure de cibler ce qu'ils aiment, ils auront Ă©videmment une idĂ©e flatteuse des services que leur apportera la banque en termes de gestion de leur patrimoine.
Et il est Ă©vident que vous devez trĂšs bien connaĂźtre vos clients. L'objectif de ces Ă©vĂ©nements est donc primordial. Il ne s'agit pas seulement de divertir et dâamuser. C'est un des aspects, et c'est en quelque sorte ce que l'on peut voir de l'extĂ©rieur, mais il s'agit vraiment de s'assurer que le client a confiance en vous. Parce que lorsque vous ĂȘtes trĂšs riche, vous n'avez pas une seule banque, vous en avez plusieurs. Il est Ă©vident que l'on partage sa richesse entre diffĂ©rents acteurs financiers. UBS a toujours Ă©tĂ© rĂ©putĂ©e comme Ă©tant la meilleure banque du monde et le plus ancien gestionnaire de fortune de la planĂšte. Elle a entre 200 et 250 ans. Toutes les personnes fortunĂ©es connaissent donc UBS. La notoriĂ©tĂ© de la banque atteint un niveau trĂšs, trĂšs Ă©levĂ©. L'enjeu de ces Ă©vĂ©nements est donc de divertir les gens, mais aussi d'ĂȘtre Ă leurs cĂŽtĂ©s et de nouer des relations de confiance pour s'assurer qu'ils prĂ©senteront bien le banquier Ă leurs familles et Ă leurs partenaires, pour dĂ©velopper davantage de business.
Chris Hedges
Jâai une question Ă propos de 2008. Tout d'abord, lorsqu'on vous a demandĂ© de supprimer vos fichiers, aviez-vous une idĂ©e prĂ©cise de l'amoralitĂ© de la banque, vous qui Ă©tiez dans le systĂšme, dans cette banque depuis longtemps ? Car bien sĂ»r, il s'agissait de comptes offshore qui leur permettaient de ne pas payer d'impĂŽts. Les riches investisseurs français ne payaient pas d'impĂŽts comme les riches investisseurs amĂ©ricains. Cela vous a-t-il choquĂ© ? Ensuite, expliquez briĂšvement pourquoi vous n'avez pas effacĂ© vos fichiers.
Stéphanie Gibaud
C'est extrĂȘmement compliquĂ©, donc je vais essayer de faire simple. Je n'ai jamais reçu de formation Ă l'UBS Ă propos des comptes offshore, sur les banques offshore, sur le blanchiment d'argent, sur l'Ă©vasion fiscale. Je n'ai jamais entendu ces mots, croyez-moi ou non, mais je vous dis la vĂ©ritĂ©, je n'en avais jamais entendu parler. Un dĂ©partement travaillait sur l'optimisation financiĂšre, mais je ne suis pas banquier et je ne travaillais pas avec ces personnes, donc je n'avais aucune idĂ©e de ce dont il pouvait s'agir.
Mais deuxiĂšmement, je travaillais avec le prĂ©sident, avec le directeur gĂ©nĂ©ral, parce que ce sont eux qui signaient mes budgets. Et ils m'ont toujours dit que nous, UBS en France, nous rĂ©fĂ©rions aux autoritĂ©s françaises, c'est-Ă -dire la Banque de France, l'Ă©quivalent de la SEC aux Ătats-Unis, l'AutoritĂ© des marchĂ©s financiers, l'AutoritĂ© de contrĂŽle prudentiel, l'Ă©quivalent de la SEC. Et je pensais qu'Ă©videmment, UBS France respectait toutes les rĂšgles.
Pourquoi aurais-je mis en doute la parole de mon directeur gĂ©nĂ©ral et de mes prĂ©sidents ? C'est avec eux que je travaillais en permanence. Et quand on m'a demandĂ© de supprimer ces dossiers l'Ă©tĂ© 2008, je n'ai pas compris qu'il y avait un problĂšme avec le contenu de mes dossiers. J'ai cru qu'on voulait se dĂ©barrasser de moi. En France, j'ai donnĂ© beaucoup d'interviews oĂč je disais aux journalistes que supprimer mes fichiers revenait Ă obĂ©ir Ă la requĂȘte dâun Ă©diteur aux journalistes de supprimer tous les articles de presse, ou toutes les vidĂ©os, ou toutes les interviews faites dans une carriĂšre. Vous vous demanderiez pourquoi. Cela n'aurait pas de sens. Pour moi, c'Ă©tait la mĂȘme chose. Je me suis demandĂ© pourquoi on me demandait de me dĂ©barrasser de mes archives et de mes fichiers informatiques.
J'ai donc commencĂ© Ă dĂ©vider la pelote. J'ai commencĂ© Ă poser des questions. Et ce qui s'est passĂ© en 2008, c'est-Ă -dire avant la grande crise financiĂšre que nous avons connue, c'est qu'aux Ătats-Unis, votre pays, UBS subissait de nombreuses pressions. Permettez-moi de vous rappeler deux choses. PremiĂšrement, il y a eu la crise des subprimes. Et UBS Ă©tait la banque, la banque non amĂ©ricaine la plus impliquĂ©e dans cette crise des subprimes. Il s'agissait d'UBS Investment Bank. Puis, tout d'un coup, nous avons entendu parler de l'histoire Madoff, Madoff, un AmĂ©ricain qui avait crĂ©Ă© un systĂšme de Ponzi et fait perdre de l'argent Ă de nombreux clients. Je ne me souviens plus du chiffre exact. N'est-ce pas 62 milliards de dollars ? Les mĂ©dias nous ont appris que c'Ă©tait UBS, au Luxembourg, qui gĂ©rait le fonds, ce qui a Ă©tĂ© un autre choc. Il s'agissait de la banque de gestion d'actifs.
Mais le troisiĂšme pilier d'UBS est celui de la gestion de patrimoine, le plus ancien, qui a contribuĂ© Ă asseoir la rĂ©putation de la banque dans le monde entier. Et Ă cause de Bradley Birkenfeld, nous avons tous entendu la nouvelle Ă ce moment-lĂ , il nous suffisait dâouvrir le journal dans les bureaux, et nous avons tous entendu et lu, totalement sidĂ©rĂ©s, que cet AmĂ©ricain qui travaillait pour UBS Ă GenĂšve aidait ses clients amĂ©ricains Ă frauder le fisc, qu'il cachait mĂȘme des diamants dans du dentifrice lorsqu'il passait la douane pour ses clients. On se croirait dans un film de James Bond. Et vous vous dites : Mais qu'est-ce que c'est que ça ? Est-ce que câest bien la banque pour laquelle je travaille ? C'est comme le Titanic, mais ce n'est pas un iceberg, ce sont trois icebergs simultanĂ©s. Et en mĂȘme temps, nous Ă©tions tous trĂšs occupĂ©s. Ă UBS, on est occupĂ© Ă 500 % de son temps. Alors que j'allais d'un endroit Ă l'autre, je n'ai pas prĂȘtĂ© attention Ă tout cela jusqu'Ă ce que je me rende compte que quelque chose n'allait plus.
Une banque comme UBS est un peu comme un sous-marin, pour vous donner une image, tout est cloisonnĂ© de sorte que vous ne savez jamais ce que fait votre voisin dans le bureau de gauche, ou en face, ou Ă droite, ou mĂȘme votre collĂšgue, vous nâavez au fond aucune idĂ©e de qu'ils font au quotidien. Les gens n'Ă©changent pas. Et d'une certaine maniĂšre, grĂące Ă cette structure cloisonnĂ©e, j'ai compris que ces schĂ©mas Ă©taient possibles. Je n'aurais jamais imaginĂ© que la banque la plus puissante du monde puisse faire ce que Birkenfeld dĂ©clarait faire. Pour moi, Birkenfeld - car pour beaucoup de gens, Birkenfeld Ă©tait quelqu'un d'un peu Ă©trange. Pourquoi dĂ©clareriez-vous que vous aidez votre client Ă frauder le fisc ? C'est trĂšs Ă©trange.
Au dĂ©but, nous pensions tous qu'il s'agissait d'une histoire amĂ©ricaine, mais il est Ă©vident que les mĂ©dias ont fait leur travail. Parfois, ils le font mieux que d'autres. Mais toutes les nouvelles concernaient UBS aux Ătats-Unis, mais aussi en Europe, Ă cause de la crise des subprimes, de Madoff, de la crise financiĂšre, et Ă cause de Birkenfeld. Avant Birkenfeld, personne n'avait entendu parler d'Ă©vasion fiscale Ă l'Ă©chelle internationale et de la maniĂšre dont il l'expliquait.
Que s'est-il donc passĂ© ? Parce qu'UBS est manifestement une grande structure capable de se dĂ©fendre et entourĂ©e de trĂšs bons conseillers, elle a modifiĂ© toutes ses procĂ©dures. Et d'une certaine maniĂšre, Ă cause de l'histoire de Birkenfeld, nous en France, mais aussi en Espagne, en Italie, en GrĂšce, au Portugal, aux Ătats-Unis, en Belgique, en Allemagne, en IsraĂ«l, en Argentine, enfin partout oĂč UBS a des filiales, toutes les procĂ©dures ont Ă©tĂ© modifiĂ©es. Et en ce qui me concerne, j'ai reçu un jour un document disant que les banquiers suisses ne pouvaient plus rencontrer leurs clients dans la filiale parisienne. Et j'ai compris que je ne pouvais plus parler Ă mes collĂšgues genevois. C'Ă©tait interdit. Mais comme c'est extrĂȘmement structurĂ©, on n'a jamais une vue d'ensemble, seul le sommet est au courant. Et cela...
Chris Hedges
Je voudrais m'assurer que nous avons tout compris ce qu'ils vous ont fait ensuite. Vous nâavez pas dĂ©truit pas vos fichiers, vous les avez donnĂ©s aux rĂ©gulateurs français. Ces documents ont Ă©tĂ© utilisĂ©s pour dĂ©couvrir des fraudes. Ils ont ensuite essayĂ© de vous licencier.
Parlez-nous des trois annĂ©es que vous avez passĂ©es, car je me souviens que vous avez dit qu'Ă certains Ă©gards, vous ne vous ĂȘtes jamais remise de l'isolement social quotidien, du harcĂšlement, de la discrimination. Parlez de ces trois annĂ©es, et de ce qu'ils vous ont fait depuis, parce qu'ils ne se sont pas lĂąchĂ©s. Jusqu'Ă la semaine derniĂšre, ils n'ont cessĂ© d'utiliser leurs ressources juridiques pour vous rendre la vie dure. Et puis, bien sĂ»r, vous avez Ă©tĂ© placĂ©e sur liste noire. Vous ne pouvez plus travailler dans le secteur financier.
Stephanie Gibaud
Eh bien, de nombreux lanceurs dâalerte peuvent utiliser les mĂȘmes termes que ceux que je vais utiliser. Ils ont tuĂ© le messager. On ne parle pas du message, mais du messager. Ainsi, Ă UBS, je suis soudain devenu un mouton noir. J'ai Ă©tĂ© Ă©liminĂ©e parce que j'ai commencĂ© Ă poser beaucoup de questions. Et dans une banque comme UBS, on ne pose pas de questions. Vous devez simplement vous conformer aux rĂšgles, aux rĂšgles de la banque, mĂȘme si elles sont illĂ©gales.
J'ai donc terriblement souffert. J'Ă©tais censĂ©e ĂȘtre licenciĂ©e en 2009, mais le ministre du Travail a dĂ©cidĂ© que je devais rester dans la banque, en tant que mĂšre de deux enfants. Je souffrais d'une dĂ©pression. Je ne pouvais mĂȘme pas chercher de travail ailleurs. J'Ă©tais vraiment au plus bas, dans un Ă©tat de faiblesse extrĂȘme. Je pleurais tout le temps. Comme vous l'avez dit, j'Ă©tais harcelĂ©e, isolĂ©e. Je me souviens d'ĂȘtre entrĂ©e Ă la cafĂ©tĂ©ria et d'y avoir vu des collĂšgues qui, lorsque j'entrais, s'en allaient tous. Ou si je prenais un cafĂ© seule, quand quelqu'un entrait, il ou elle partait. C'est une situation oĂč, tout Ă coup, c'est comme si vous n'Ă©tiez plus un ĂȘtre humain. C'est comme si vous Ă©tiez, je ne sais pas...
Chris Hedges
Un lépreux.
Stephanie Gibaud
Oui, câest ça. Vous voyez que des instructions sont donnĂ©es aux gens : si vous osez l'approcher, vous subirez le mĂȘme sort, ce qui suppose aucun avenir. Il est donc Ă©vident que la culture de la peur, de la mĂ©fiance est omniprĂ©sente dans le monde. Nous pouvons le constater dans de nombreuses entreprises multinationales. Et tous ceux qui ont essayĂ© de s'exprimer dans les multinationales, et pas seulement dans les banques, ont subi le mĂȘme sort. C'est vous le mouton noir.
J'ai donc terriblement souffert. J'ai dĂ» arrĂȘter de travailler. J'Ă©tais sous traitement. Et j'ai dĂ» Ă©lever mes enfants. Ils Ă©taient assez jeunes Ă l'Ă©poque. Cela a Ă©tĂ© extrĂȘmement difficile. Et j'aurais pensĂ©, parce que tout le monde me connaissait Ă la banque, que mon travail Ă©tait plus agrĂ©able que celui des autres banquiers ou conseillers financiers, ou que dans les services de comptabilitĂ© et de contrĂŽle, totalement diffĂ©rents de ma mission. Tout le monde me connaissait donc. Tout le monde avait besoin d'un parapluie, de tees de golf ou d'une casquette, parce qu'UBS sponsorisait [inaudible 00:23:50], l'America's Cup, des rĂ©gates, etc. Il y avait toujours quelqu'un dans mon bureau pour demander quelque chose. J'avais un travail trĂšs social, un poste trĂšs agrĂ©able. Et tout d'un coup, vous ne voyagez plus. Vous n'avez plus le droit de voir qui que ce soit. Vous n'avez pas le droit d'envoyer un courriel Ă vos collĂšgues pour les informer du programme de la semaine, ou de la lettre d'information, etc.
Ainsi, ce qui est au cĆur de votre vie, au cĆur de votre travail, vous est retirĂ©. Au lieu de mourir d'une balle dans la tĂȘte ou d'un cancer, vous mourez Ă petit feu, pas Ă pas. On vous prive de votre identitĂ©. On vous prive de votre travail. Vous n'assistez plus aux rĂ©unions parce que vous n'ĂȘtes plus invitĂ©. Vous ne voyagez plus, alors que vous voyagiez tout le temps. Et petit Ă petit, vous n'ĂȘtes plus que l'ombre de vous-mĂȘme. C'est terrifiant.
Chris Hedges
Stephanie, merci. Tout d'abord, je ne crois pas qu'aucune des grandes figures bancaires ayant orchestrĂ© la fraude fiscale, mĂȘme si UBS a dĂ» payer des pĂ©nalitĂ©s, ait vu leur carriĂšre interrompue, et nombre d'entre elles ont Ă©tĂ© promues. Ai-je raison ?
Stephanie Gibaud :
Absolument.
Chris Hedges
Ensuite, jâaimerais Ă©voquer ce qu'ils vous ont fait depuis. Ils ont fini par vous renvoyer de la banque. Ensuite, et jusqu'Ă la semaine derniĂšre car vous Ă©tiez encore au tribunal, ils ont utilisĂ© l'appareil juridique pour vous poursuivre sans relĂąche. Et vous n'avez pas les moyens de payer ces avocats. C'est un vĂ©ritable gouffre financier et Ă©motionnel. MĂȘme si vous gagnez la plupart des affaires. Ce n'est pas le but. Le but, c'est de vous garder ligotĂ©e au tribunal et de vous harceler.
Stephanie Gibaud
Je pense que le message envoyĂ© est de donner l'exemple. Il s'agit de montrer aux autres qu'il y a des sujets dont il ne faut pas parler, dont il ne faut pas discuter, des sujets auxquels il ne faut mĂȘme pas penser. Parce que quand on parle d'Ă©vasion fiscale, quâil sâagisse dâhommes politiques, dâONG, de journalistes, on parle de quelque chose d'extrĂȘmement vague. On ne nomme pas un paradis fiscal. On ne sait pas qui est derriĂšre. On ne dit pas quel pays.
Mais ici, en France, je parle d'une banque, et je parle de gens. Et je parle d'une expĂ©rience de 13 ans. Je suis donc extrĂȘmement prĂ©cise dans ce que jâĂ©voque. Et c'est pourquoi l'administration française a pu infliger Ă UBS, comme vous l'avez expliquĂ© dans l'introduction, la pĂ©nalitĂ© la plus Ă©levĂ©e de tous les temps, il y a quelques annĂ©es. On pourrait penser que cela conduirait Ă promouvoir le travail de ceux qui se lĂšvent et qui disent : âNon, je ne veux pas faire partie de cela. Je ne veux pas ĂȘtre quelqu'un qui supprime des fichiers. Je ne veux pas ĂȘtre coupable de complicitĂ©â, car j'ai dĂ©posĂ© une plainte contre UBS lorsque j'ai compris que mon travail, qui n'Ă©tait pas seulement un travail divertissant, aidait de riches clients Ă Ă©chapper Ă l'impĂŽt. Comme les banquiers suisses n'avaient pas le droit d'ĂȘtre sur notre territoire, j'aurais dĂ» ĂȘtre protĂ©gĂ©e par l'Ătat français. C'est mon entreprise qui m'a mis en danger.
Chris Hedges
Nous manquons de temps, parlons dâune sĂ©rie d'incidents troublants dans votre vie personnelle. Vous avez Ă©tĂ© suivie. Ă un stade donnĂ©, ils ont mĂȘme pĂ©nĂ©trĂ© dans votre appartement. Nous ne savons pas qui. Ce sont des forces obscures, mais il n'y a pas que le harcĂšlement juridique. Mais il y a eu un harcĂšlement physique trĂšs clair que l'on peut supposer ou soupçonner provenir d'UBS.
Stephanie Gibaud
DâUBS, ou, selon certains policiers, des services. Je vais vous donner un exemple. Mon chien, notre chien a Ă©tĂ© empoisonnĂ© dans notre appartement parisien, un soir oĂč mon fils et moi dĂźnions dehors en France. Lorsque nous sommes rentrĂ©s Ă l'appartement, nous avons trouvĂ© notre chien allongĂ© dans un des couloirs. Toutes les lumiĂšres de l'appartement Ă©taient allumĂ©es. Rien n'avait Ă©tĂ© volĂ©, aucun tiroir n'avait Ă©tĂ© ouvert, rien n'avait disparu, il nây avait que notre chien allongĂ© lĂ dans l'un des couloirs, avec toutes les lumiĂšres allumĂ©es.
La police est donc venue Ă la maison. Ils ont appelĂ© tous nos voisins. Personne n'a vu personne, personne n'a entendu quoi que ce soit. Mais le plus Ă©trange, c'est que nous ne savons mĂȘme pas comment ils sont entrĂ©s, car notre porte n'Ă©tait pas cassĂ©e, pas plus que les fenĂȘtres. Des policiers sont venus me voir et m'ont dit : âMais ce ne sont pas des cambrioleurs qui font ça. Il doit s'agir de personnes trĂšs bien entraĂźnĂ©es.â Et nous avons une petite idĂ©e sur ceux qui aurait pu faire cela. C'est pourquoi j'ai dĂ» Ă©crire au Premier ministre et au chef de la police française. Nous avons essayĂ© de comprendre ce qui avait pu se passer. Et devinez quoi, Chris ? Pas de rĂ©ponse.
Chris Hedges
Parlons de la semaine derniÚre. Vous étiez à nouveau au tribunal. Que s'est-il passé ?
Stephanie Gibaud
Ce qu'il faut comprendre, c'est que je suis en procÚs contre UBS depuis 13 ans. Mais ces six derniÚres années, je suis également allée en justice contre l'administration française. Ce que nous n'avons pas eu le temps de dire, c'est que depuis 2011, les douanes françaises, qui font partie du ministÚre des Finances, m'ont demandé de travailler pour eux et de leur donner des informations trÚs confidentielles sur les clients d'UBS, notamment parce que je n'avais pas effacé mes dossiers. J'ai travaillé avec ces personnes pendant plus d'un an dans un état de faiblesse terrible.
Comme je vous l'ai dit, j'Ă©tais extrĂȘmement stressĂ©e par la situation Ă UBS. Ils savaient donc que je travaillais sur des informations trĂšs sensibles, [inaudible 00:30:57]. Et que j'Ă©tais mĂšre de deux enfants. Et qu'Ă©videmment, travailler avec eux supposait pour moi qu'ils me protĂ©geraient parce qu'ils sont officiers assermentĂ©s. Et, aprĂšs que je leur aie donnĂ© tout ce qu'ils voulaient savoir sur les clients, les procĂ©dures, etc, ils n'ont jamais rien fait pour moi.
Je les ai donc poursuivis en justice, et j'ai gagnĂ©. J'ai gagnĂ©. Et j'ai reçu le titre de collaboratrice du service public. En tant que collaborateur, vous ĂȘtes censĂ© ĂȘtre payĂ© pour votre travail. Et vous ĂȘtes Ă©galement censĂ© ĂȘtre protĂ©gĂ©. Depuis, ils refusent de me payer. J'ai donc dĂ» les poursuivre Ă nouveau en justice l'annĂ©e derniĂšre, et j'ai encore gagnĂ©, et le juge a dĂ©clarĂ© que le ministĂšre des Finances devait payer Mme Gibaud pour ce qu'elle a fait pour votre administration.
Et pour la premiĂšre fois au cours de cette pĂ©riode de 16 ans, ils ont fait appel de l'affaire. Et la semaine derniĂšre, ils ont gagnĂ©. Le juge a dit que le ministĂšre des Finances avait raison, que mes informations n'Ă©taient pas assez prĂ©cises, qu'il les dĂ©tenaient dĂ©jĂ , que les informations que j'avais fournies dataient d'avant 2017 et qu'il ne les avait pas utilisĂ©es depuis, de sorte que je ne recevrais jamais aucune compensation pour ce que j'avais fait. Et c'est le pire, parce que j'avais toujours pensĂ© que mon ennemi Ă©tait UBS. Quand je dis ennemi, je veux parler de l'entitĂ© que je combattais, qui Ă©tait UBS. Mais d'une certaine maniĂšre, est-ce UBS mon ennemi, ou est-ce l'Ătat français qui a utilisĂ© mes informations, qui a en quelque sorte abusĂ© de mon Ă©tat de faiblesse pour obtenir toutes sortes dâinformations et mâa ensuite mise de cĂŽtĂ©, alors qu'en mĂȘme temps on me donnait le statut de lanceuse d'alerte.
Or, en France, les lanceurs d'alerte sont censĂ©s ĂȘtre protĂ©gĂ©s. Et on m'a aussi donnĂ© le titre de collaboratrice du service public, censĂ©e ĂȘtre protĂ©gĂ©e et rĂ©compensĂ©e. Dans ce monde bancaire d'hommes, le ministĂšre des Finances Ă©tant aussi composĂ© de beaucoup d'hommes, je me suis demandĂ© si c'est parce que je suis une femme que cela m'est arrivĂ©. Parce que nous voyons tous ces cas internationaux avec tous ces hommes qui se sont avĂ©rĂ©s ĂȘtre extrĂȘmement riches, ou qui ont beaucoup de soutien. Ici, en Europe, on peut penser Ă l'affaire [inaudible 00:34:14]. Deux Français ont Ă©tĂ© traduits en justice au Luxembourg. Des ONG, des mĂ©dias, des politiques de gauche et de droite les soutiennent. Avec moi, il n'y a eu absolument personne. Et c'est terrible.
Je me demande ce qui va se passer dans les prochaines semaines, car personne ne sait qui sont ces fraudeurs fiscaux. Sur la liste des 40 000 clients offshore, deux histoires ont été rendues publiques en France. Je n'en citerai qu'une pour que vos auditeurs comprennent bien. Le ministre du budget, JérÎme Cahuzac, et la présidence de François Hollande ont affirmé qu'ils luttaient contre l'évasion fiscale. Mais il se trouve que M. Cahuzac avait un compte offshore chez UBS à GenÚve. Et devinez quoi ? Il s'agissait de quelques millions d'euros ou de francs suisses, qui étaient des pots-de-vin, des pots-de-vin versés par de grandes sociétés pharmaceutiques, notamment Pfizer, qui ont aidé à financer des partis politiques en France.
Personne, absolument personne, mĂȘme les journalistes d'investigation n'avaient encore osĂ© toucher cette information. C'est absolument fou parce que je demande de l'aide, et personne n'est lĂ . Il n'y a absolument personne. Alors quand mon Ătat, la France, soi-disant pays des droits de l'homme, dit qu'il protĂšge les lanceurs d'alerte, il ne protĂšge en fait personne, non seulement en tant que lanceuse d'alerte, mais aussi en tant que mĂšre, en tant que femme.
J'ai Ă©crit plusieurs fois Ă François Hollande pour lui dire : âNous avons deux hommes. L'un est amĂ©ricain, l'autre est australien, l'un est Assange, l'autre est Snowden, qui ont divulguĂ© des informations sur le fait que notre pays Ă©tait Ă©coutĂ©. Et vous ne les protĂ©gez pas, et vous ne voulez pas leur offrir l'asile ? N'est-ce pas trĂšs hypocrite ?â Et il n'y a pas eu de rĂ©ponse.
Et avec toutes ces lois qui protĂšgent en quelque sorte les lanceurs d'alerte, quel signe la France donne-t-elle Ă tous ? Parce qu'il y a quelque chose d'extrĂȘmement dĂ©licat dans mon cas. Câest anormal. Et que fait-on quand on a un dossier comme le mien ? La seule rĂ©ponse, je pense, c'est cesser de m'occuper du dossier. Il faut maintenant qu'il soit entre les mains des citoyens français. Car qui sera le lanceur dâalerte ? Qui sera prĂȘt Ă aider l'Ătat français ? Qui va croire que nous sommes le pays des droits de l'homme, accueillant des personnes persĂ©cutĂ©es avec ce qu'ils ont fait Ă Assange et Ă Snowden, en leur refusant toute protection ?
C'est extrĂȘmement triste. Je suis en Ă©tat de choc car je ne sais pas comment les choses vont se passer Ă l'avenir. VoilĂ la culture du mensonge. Nous la connaissons. Nous le savons avec WikiLeaks. WikiLeaks a fĂȘtĂ© hier son 17e anniversaire. Et Ă©videmment, Assange est toujours en prison en Grande-Bretagne. Mais nous savons que les guerres sont faites de mensonges.
Mais mon histoire est un autre gros mensonge. Une tyrannie, quelque part. Je n'ai mĂȘme pas les mots, car ce n'est pas une question de justice. Nous devons tous nous interroger sur ce qui est Ă©thique au sein de la justice, avec un jugement comme celui de la semaine derniĂšre. En France, lorsqu'un juge prononce un jugement, c'est au nom du peuple français. Et jâai dĂ©clarĂ© Ă un journaliste français: âCe jugement est-il rendu au nom du peuple français ? Est-ce en mon nom ou au nom des fraudeurs fiscaux, si puissants qu'ils soudoient nos politiciens et tous ceux qui dirigent notre pays ?â. C'est absolument terrifiant.
Chris Hedges
Nous allons nous arrĂȘter lĂ . C'Ă©tait Stephanie Gibaud, auteur de The Woman Who Knew Too Much, ainsi que de Whistleblowers : the Man Hunt (lanceurs dâalerte : la chasse Ă l'homme). Je tiens Ă remercier le Real News Network et son Ă©quipe de production, Cameron Granadino, Adam Coley, David Hebden et Kayla Rivera. Vous pouvez me trouver sur chrishedges.substack.com.
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* Chris Hedges est un journaliste laurĂ©at du prix Pulitzer qui a Ă©tĂ© correspondant Ă l'Ă©tranger pendant 15 ans pour le New York Times, oĂč il a Ă©tĂ© chef du bureau du Moyen-Orient et chef du bureau des Balkans. Auparavant, il a travaillĂ© Ă l'Ă©tranger pour le Dallas Morning News, le Christian Science Monitor et NPR. Il est l'animateur de l'Ă©mission The Chris Hedges
https://therealnews.com/she-exposed-one-of-the-worlds-biggest-banks-they-ruined-her-life