👁🗨 Éloge d'Assange : instaurer la transparence est un acte démocratique
“Nous exigeons la clarté sans attendre. Nous exigeons des actions. Nous avons besoin de citoyens courageux et sans crainte, capables de faire valoir cette exigence de transparence, encore et encore.”
👁🗨 Éloge d'Assange : instaurer la transparence est un acte démocratique
Par Thomas Heise, le 27 octobre.2023 - English version below
Le documentariste Thomas Heise évoque le journaliste diseur de vérité Julian Assange à l'occasion de la remise du Prix Konrad Wolf 2023.
Chère Stella Assange, chers invités !
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Konrad Wolf, juif, artiste, communiste, qui a donné son nom au prix décerné aujourd'hui à Julian Assange fut, de 1965, alors qu'il n'avait pas 40 ans, jusqu'à sa mort en 1982, un président de l'Académie des arts de la RDA empreint de sagesse. L'un des plus importants réalisateurs de longs métrages en Allemagne. Une référence. Une référence aussi sous surveillance. Sur un siège éjectable. Et “déchiré entre sa patrie, l'Allemagne, et sa patrie, l'Union soviétique”, comme l'a écrit Jutta Voigt à son sujet, un homme “en tension permanente, entre expérience privée et discours public, entre politique et art, sentiment et discipline”.
Rappelons son film “Ich war 19” [“J'avais 19 ans”], fortement autobiographique. Un film qui revient sur la période de la guerre mondiale :
“La difficulté et les efforts du protagoniste pour comprendre le décor de l'Allemagne de 1945 se reflètent dans la manière dont ce matériau souvent fragmentaire et elliptique est présenté ; il est empreint d'expériences vivantes, pas encore cernées et tuées par la chape de la classification et de la ‘maîtrise"‘ historiques”.
Ainsi s'exprime le critique de cinéma et auteur, Ulrich Gregor.
Un film fait d'impressions, d'observations, d'incursions dans le journal intime d'un jeune Allemand, émigré, aujourd'hui soldat de l'Armée rouge : le personnage de Gregor Hecker. Le rôle et le film sont basés sur les notes du journal intime de Wolf.
“J'avais 19 ans” est le dixième film que Konrad Wolf réalise avec le cameraman Werner Bergmann. Le fils d'un menuisier de village de Saxe orientale, né en 21, puis photographe-portraitiste de formation, puis caméraman de l'armée allemande pour le “Wochenschau” sur les fronts à l'ouest, au sud-est et enfin à l'est, où un éclat d'obus lui massacre le bras droit en 1943, au point de devoir l'amputer. Cela lui sauve la vie et fait de lui un pacifiste. Et le ramène en Allemagne, chez lui, où, après l'hôpital militaire, employé par le “Heimatfilm”, il survit à la guerre. La première inscription dans son journal de guerre, le 1er septembre 1939, avait encore été la suivante : “Enfin, c’est parti !”. Il avait alors 18 ans.
Konrad Wolf, né en 25, est un enfant émigré en Union soviétique avec sa famille juive après la prise de pouvoir d'Hitler. Après la fuite salvatrice de l'Allemagne fasciste, il vit en Union soviétique, en tant qu'Allemand adolescent, “la terreur et le rêve”. “Moscou 1937”, que Karl Schlögel a décrit en détail et avec force dans son livre du même nom. Konrad Wolf avait alors douze ans.
Et il apprend à 14 ans l’amorce de la guerre de conquête allemande, qui deviendra une guerre mondiale, et qui touche l'Union soviétique en juin 1941 avec trois millions de soldats allemands de la Wehrmacht. Les Einsatzgruppen des SS suivent, une guerre d'extermination raciste et barbare commence. Nous connaissons tous la suite.
Un an plus tard, après la neuvième classe, il est enrôlé à 17 ans dans l'Armée rouge soviétique. Il parle allemand, il est affecté à un camion de haut-parleurs. Il lit aux soldats de la Wehrmacht, à l'ennemi, par-delà le front, des messages et des exhortations à se rendre à l'Armée rouge, à rester en vie. Il tient un journal, ce qui est interdit ; il note ce qui lui arrive, ce qu'il voit, ce qui lui passe par la tête.
Trois ans de guerre plus tard, le 22 avril 1945, il parvient sur le sol allemand avec son unité. Konrad Wolf a 19 ans. Il est devenu un homme. Le journal s'interrompt au milieu d'une phrase. “Il faut enfouir ses sentiments au plus profond de soi pour les faire ressortir au bon moment”, avait-il écrit à 18 ans.
Le tournage de “Ich war 19” débute en 1967. Le cameraman Werner Bergmann y apporte son propre vécu, ses expériences, pour une fois scénarisées. Et l'auteur berlinois Wolfgang Kohlhase, un peu plus jeune, participe en tant que coauteur à permettre à Konrad Wolf de prendre une distance narrative par rapport à sa propre histoire pour pouvoir la raconter. Trois hommes luttent ensemble pour raconter une expérience très différente. “Tu es allemand”, disent les Allemands vaincus/libérés à Gregor Hecker en uniforme russe. Filmés par le mineur manchot.
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Ce n'est pas seulement la guerre qui oppose la Russie à l'Ukraine qui nous oblige à réfléchir de nouveau. Pas seulement cette guerre. Nous ne pouvons pas non plus nous y soustraire, quand bien même nous le souhaiterions. Ni à l’assaut récent du Hamas, ni à l'attaque meurtrière d'Israël il y a une semaine, aux tueries insensées, aux enlèvements. Ni à la souffrance de la population palestinienne de Gaza, depuis des décennies. Ni à la mort au Yémen, la terreur au Myanmar, ni à nos livraisons d'armes à l'Arabie saoudite, qui a fait massacrer et démembrer le journaliste Kashoggi.
Nous aurons peut-être eu de la chance si le Proche-Orient n'explose pas à grande échelle. Ou le monde. Nous ne le savons pas encore. Nous devons nous en inquiéter. Nous préoccuper de ce que nous ne savons pas, de ce que nous ne voulons pas savoir, et de ce que nous savons, mais dont nous ne voulons pas nous inquiéter, et parfois même dont nous ne pouvons plus nous inquiéter, parce que nous ne le supportons pas. Pourtant nous le devons.
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En 2006, Julian Assange, avec des dissidents chinois, des hackers américains et européens, des informaticiens australiens et sud-africains, a fondé la plateforme journalistique Wikileaks. En 2010, la plate-forme met en ligne cette vidéo tournée en 2007 en Irak : elle montre ce que voit la caméra de bord d'un hélicoptère Apache survolant Bagdad ; et ce que vous avez entendu en off, ce sont les voix des soldats américains à bord, et du centre de contrôle. Les communications radio. La routine cynique, parfois joyeuse, presque ludique.
Outre ces images troublantes, Wikileaks publie en 2010 près de 400 000 autres documents classifiés de l'armée américaine. Ils couvrent la période de 2004 à 2010.
“C'est la description la plus précise d'une guerre jamais publiée. Les rapports internes de l'armée américaine montrent où les gens ont été tués, quand cela s'est produit et qui y a participé”, explique Julian Assange.
Les données avait été transmises à Wikileaks par le soldat américain Bradley Manning, aujourd'hui Chelsea Manning. Wikileaks les a rassemblés et publiés sous l’intitulé “Collateral Murder”. Peu après, Manning, 25 ans, a été arrêtée et condamnée en 2013 à 35 ans de prison, et renvoyée de l'armée sans les honneurs. Sept ans plus tard, à la fin de la présidence d'Obama en janvier 2017, Chelsea Manning a été graciée par ce dernier.
Dans la vidéo “Collateral Murder”, nous voyons dix personnes sans défense, dont Saeed Chmagh et Namir Noor-Eldeen, deux journalistes travaillant pour Reuters, se faire tirer dessus et abattre par des soldats américains le 12 juillet 2007. Nous notons le temps écoulé entre le son du canon de bord alors que les hommes, détendus, discuten en marchant dans une rue de Bagdad, jusqu'à l'impact soudain des projectiles qui les foudroient.
Ce décalage entre l'image et le son nous irrite peut-être un court instant, mais il nous revient ensuite à l'esprit : la distance entre l'hélicoptère Apache et les victimes est grande, d'environ un kilomètre et demi. Les hommes dans la rue ne remarquent pas l'hélicoptère. Je l'ai remarqué avant même de réaliser que ces hommes sont en train de mourir sous nos yeux. C'est factuel.
Je ne prends pas immédiatement conscience que ma perspective est celle des soldats dans l'hélicoptère. Que nous voyons la même chose qu'eux. Ceux qui ne meurent pas immédiatement, sous les premières salves, tentent de s'enfuir, de se cacher et sont patiemment traqués par des soldats jusqu'à ce qu'ils puissent être abattus.
Grâce au travail et à la posture de Julian Assange, grâce à la plateforme Wikileaks, nous avons appris des actions illégales de l'État, des injustices, des meurtres et des crimes de guerre ; des agissements qui devaient rester dans l'ombre, volatilisées, invisibles aux yeux du public, des citoyens - de nous tous. Il s'agit de la divulgation d'informations sur des flux financiers et des comptes cachés, de conversations officielles via e-mail, de la publication d'images prouvant des meurtres de civils et de journalistes désarmés en Irak par des membres de l'armée américaine, d'assassinats arbitraires de civils en Afghanistan, les projets des services secrets visant à manipuler l'opinion publique, l'humiliation et la torture à la prison d'Abou Ghraib, photographiées en souvenir par leurs auteurs, les conditions du centre de détention de Guantánamo à Cuba, toujours en activité, qui nous ont rappelé ce qu'est le waterboarding. La liste n'est pas exhaustive.
C'est un acte démocratique que d'instaurer la transparence. C'est l’unique raison pour laquelle Julian Assange est poursuivi. L’unique raison pour laquelle il est détenu dans la prison de haute sécurité de Belmarsh. Car, comme le savait déjà mon grand-père de 14 ans dans une rédaction scolaire de 1912 :
“Puisqu’il est aussi dans l'intérêt des enragés sanguinaires au pouvoir que la stratégie de fer et l'obéissance de leurs armées gagnent la confiance du public grâce à l'ignorance et l'illusion, ils préservent soigneusement leurs peuples de la lumière des Lumières et du savoir, afin qu'aucun rayon de lumière libérateur ne pénètre dans la nuit obscure de leurs sujets”.
Cela doit changer.
Julian Assange est un lauréat digne de ce nom, dont l'œuvre, Wikileaks, met en lumière les agissements des gouvernements, les mensonges et les crimes de guerre, les dissimulations. Le travail de Julian Assange est une enquête journalistique au sens le plus noble du terme. Changer le monde de manière démocratique - et il en a besoin. La démocratie sans transparence n'en est pas une. Ou alors, pas bien longtemps.
Julian Assange vit depuis quatre ans dans la prison de haute sécurité de Belmarsh à Londres. Il y subit un traitement que le rapporteur spécial de l'ONU sur la torture de 2016 à 2022, Nils Melzer, a reconnu et démontré comme étant assimilable à de la torture. Le procès d'Assange va au-delà de la personne d'Assange. Il s'agit d'une menace. Elle sert à “encadrer” la transparence et la liberté de la presse. C'est une dissuasion. Dans le monde entier.
Les Etats-Unis attendent de la Grande-Bretagne qu’ils extradent Julian Assange. Le président américain Biden le qualifie de “terroriste high-tech”. La tentative d'Assange de faire appel de la décision d'extradition vers les Etats-Unis déjà accordée par la justice a été rejetée. Le journaliste Julian Assange doit être inculpé d'espionnage aux Etats-Unis. Il risque 175 ans de prison.
Le silence du gouvernement fédéral est assourdissant. Les plaies restent béantes. “Une décision a été prise aux Etats-Unis, décision sur laquelle nous ne sommes pas d'accord du point de vue de notre compréhension du droit”, nous dit le ministère des Affaires étrangères. Mais que faut-il en conclure ? Un écran dans le hall d'entrée de notre académie nous montre comment une porte-parole parle pour ne rien dire à la conférence de presse fédérale.
Nous appelons le gouvernement fédéral à s'engager enfin activement et avec tous les moyens à sa disposition auprès de nos partenaires américains et britanniques pour la non-extradition et la libération immédiate du journaliste Julian Assange. La position propre du gouvernement fédéral allemand sur le cas du journaliste Julian Assange doit être clairement identifiée et défendue publiquement auprès de ses citoyens et de nos pays alliés, nos amis.
Nous exigeons la clarté sans attendre. Nous exigeons des actions. Nous avons besoin de citoyens courageux et sans crainte, capables de faire valoir cette exigence de transparence, encore et encore.
👁🗨 Tribute to Assange: transparency is a democratic act
“We are calling for clarity without delay. We demand action. We need courageous and fearless citizens, capable of asserting this demand for transparency, again and again.”
👁🗨 Tribute to Assange: Transparency is a democratic act
By Thomas Heise, October 27, 2023
Documentary filmmaker Thomas Heise talks about truth-telling journalist Julian Assange at the Konrad Wolf Award 2023.
Dear Stella Assange, dear guests!
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Konrad Wolf, the Jewish artist and Communist for whom today's award to Julian Assange is named, was a wise president of the GDR Academy of the Arts from 1965, when he was not yet 40, until his death in 1982. One of Germany's most important feature film directors. A benchmark. A benchmark also under scrutiny. On an ejection seat. And “torn between his homeland, Germany, and his homeland, the Soviet Union”, as Jutta Voigt wrote about him, a man “in permanent tension, between private experience and public discourse, between politics and art, feeling and discipline”.
Let's not forget his highly autobiographical film “Ich war 19” [“I was 19”]. A film that looks back at the World War period:
“The protagonist's difficulty and efforts to understand the setting of Germany in 1945 are reflected in the way this often fragmentary and elliptical material is presented; it is imbued with living experiences, not yet encircled and killed by the screed of historical classification and 'mastery’”.
So says film critic and author Ulrich Gregor.
A film made up of impressions, observations and incursions into the diary of a young German emigrant, now a soldier in the Red Army: the character of Gregor Hecker. The role and the film are based on Wolf's diary entries.
“I was 19” is the tenth film Konrad Wolf has made with cameraman Werner Bergmann. The son of a village carpenter in East Saxony, born in '21, then trained as a portrait photographer, then as a cameraman for the German army's “Wochenschau” on the Western, Southeastern and finally Eastern fronts, where a piece of shrapnel so badly damaged his right arm in 1943 that it had to be amputated. This saved his life and made him a pacifist. It also brought him back home to Germany, where, after the military hospital, he survived the war in the employ of “Heimatfilm”. The first entry in his war diary, on September 1, 1939, was again: "At last, it's gone! He was 18 at the time.
Konrad Wolf, born in '25, was a child who emigrated to the Soviet Union with his Jewish family after Hitler's seizure of power. After his savior's flight from fascist Germany, he lived in the Soviet Union, as a German teenager, “terror and dream”. “Moscow 1937”, which Karl Schlögel described in vivid detail in his book of the same name. Konrad Wolf was twelve years old at the time.
And at the age of 14, he learned of the beginning of the German war of conquest, which was to become a world war, and which reached the Soviet Union in June 1941 with three million German Wehrmacht soldiers. The SS Einsatzgruppen followed, and a barbaric, racist war of extermination began. We all know what happened next.
A year later, after the ninth grade, he was conscripted into the Soviet Red Army at the age of 17. He spoke German and was assigned to a loudspeaker truck. He reads messages and exhortations to Wehrmacht soldiers and the enemy across the front, urging them to surrender to the Red Army and stay alive. He keeps a diary, which is forbidden; he writes down what happens to him, what he sees, what goes through his mind.
Three years later, on April 22, 1945, he arrived on German soil with his unit. Konrad Wolf was 19 years old. He had become a man. The diary stops in mid-sentence. “You have to bury your feelings deep inside you to bring them out at the right moment”, he had written when he was 18.
Filming of “Ich war 19” began in 1967. Cameraman Werner Bergmann contributed his own experiences, which were for once scripted. And Berlin author Wolfgang Kohlhase, a little younger, participates as co-writer, enabling Konrad Wolf to take a narrative distance from his own story in order to tell it. Three men struggle together to tell a very different experience. “You're German”, the defeated/liberated Germans say to Gregor Hecker in his Russian uniform. Filmed by the one-armed miner.
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It's not just the war between Russia and Ukraine that forces us to think again. Not just this war. Nor can we avoid it, however much we might wish to. Nor from the recent Hamas assault, nor from Israel's murderous attack a week ago, the senseless killings, the kidnappings. Nor to the suffering of the Palestinian population of Gaza for decades. Nor to the death in Yemen, the terror in Myanmar, nor to our arms deliveries to Saudi Arabia, which had the journalist Kashoggi massacred and dismembered.
Perhaps we'll have been lucky if the Middle East doesn't explode on a massive scale. Or the world. We just don't know it yet. We have to worry about it. Worry about what we don't know, what we don't want to know, and what we know but don't want to worry about, and sometimes can't worry about anymore, because we can't stand it. Yet we must.
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In 2006, Julian Assange, along with Chinese dissidents, American and European hackers, and Australian and South African computer scientists, founded the Wikileaks journalistic platform. In 2010, the platform put online this video shot in 2007 in Iraq: it shows what the on-board camera of an Apache helicopter sees as it flies over Baghdad; and what you hear in the background are the voices of the American soldiers on board, and of the control center. Radio communications. The cynical, sometimes joyful, almost playful routine.
In addition to these disturbing images, in 2010 Wikileaks published almost 400,000 other classified US military documents. They cover the period from 2004 to 2010.
“This is the most accurate description of a war ever published. Internal U.S. military reports show where people were killed, when it happened and who was involved”, explains Julian Assange.
The data had been passed on to Wikileaks by US soldier Bradley Manning, now Chelsea Manning. Wikileaks collected them and published them under the title “Collateral Murder”. Shortly afterwards, 25-year-old Manning was arrested and sentenced in 2013 to 35 years in prison, and discharged from the military without honors. Seven years later, at the end of Obama's presidency in January 2017, Chelsea Manning was pardoned by Obama.
In the “Collateral Murder” video, we see ten defenseless people, including Saeed Chmagh and Namir Noor-Eldeen, two journalists working for Reuters, being shot and killed by US soldiers on July 12, 2007. We note the time elapsed between the sound of the on-board gun as the men, relaxed, walk down a Baghdad street, and the sudden impact of the projectiles that strike them down.
This discrepancy between image and sound may irritate us for a moment, but then it comes back to mind: the distance between the Apache helicopter and the victims is great, some one and a half kilometers. The men in the street don't notice the helicopter. I noticed it before I even realized that these men were dying before our very eyes. It's factual.
I don't immediately realize that my perspective is that of the soldiers in the helicopter. That we're seeing the same thing they are. Those who don't die immediately, under the first salvos, try to escape, hide and are patiently hunted down by soldiers until they can be shot.
Thanks to the work and posture of Julian Assange, thanks to the Wikileaks platform, we have learned of illegal state actions, injustices, murders and war crimes; actions that were supposed to remain in the shadows, volatilized, invisible to the public, to citizens - to all of us. These include the disclosure of information on financial flows and hidden accounts, official conversations via e-mail, the publication of images proving the murder of unarmed civilians and journalists in Iraq by members of the US army, and the arbitrary killing of civilians in Afghanistan, the secret services' plans to manipulate public opinion, humiliation and torture at Abu Ghraib prison, photographed as a souvenir by their authors, and the conditions at the Guantánamo detention center in Cuba, still in operation, which reminded us of what waterboarding is all about. The list goes on.
Transparency is a democratic act. That's the only reason Julian Assange is being prosecuted. It's the only reason he's being held in the high-security Belmarsh prison. Because, as my 14-year-old grandfather already knew from a 1912 school essay:
“Since it is also in the interest of the bloodthirsty enraged in power that the iron strategy and obedience of their armies win the confidence of the public through ignorance and delusion, they carefully preserve their peoples from the light of Enlightenment and knowledge, so that no liberating ray of light penetrates the dark night of their subjects.”
This must change.
Julian Assange is a worthy laureate, whose work, Wikileaks, sheds light on the actions of governments, on lies and war crimes, on cover-ups. Julian Assange's work is journalistic investigation in the noblest sense of the word. Changing the world democratically - and it needs to be. Democracy without transparency is not democracy. Or not for long.
Julian Assange has been living in London's high-security Belmarsh prison for the past four years. There, he has been subjected to treatment that the UN Special Rapporteur on Torture from 2016 to 2022, Nils Melzer, has recognized and demonstrated to be tantamount to torture. Assange's trial goes beyond Assange himself. It is a threat. It serves to “frame” transparency and press freedom. It is a deterrent. All over the world.
The United States expects Britain to extradite Julian Assange. US President Biden calls him a “high-tech terrorist”. Assange's attempt to appeal the extradition order to the USA already granted by the courts was rejected. Journalist Julian Assange is to be charged with espionage in the USA. He faces 175 years in prison.
The federal government's silence is deafening. The wounds remain gaping. “A decision has been taken in the United States, a decision on which we do not agree from the point of view of our understanding of the law”, the Ministry of Foreign Affairs tells us. But what does this mean? A screen in the entrance hall of our academy shows us how a spokeswoman speaks to say nothing at the federal press conference.
We call on the federal government to finally commit itself actively and with all the means at its disposal to our American and British partners for the non-extradition and immediate release of journalist Julian Assange. The German federal government's own position on the case of journalist Julian Assange must be clearly identified and publicly defended to its citizens and to our allied countries, our friends.
We demand clarity without delay. We demand action. We need courageous and fearless citizens, capable of asserting this demand for transparency, again and again.