👁🗨 “En attente” : après le cessez-le-feu en Iran, un accord à Gaza est-il en vue ?
Ce qui motive Trump n'a rien à voir avec la géopolitique ou l’humanitaire, mais tout avec son ego & son désir obsessionnel d'égaler ce qu'il qualifie de prix Nobel immérité de l'ex président Obama.

👁🗨 “En attente” : après le cessez-le-feu en Iran, un accord à Gaza est-il en vue ?
Par Jeremy Scahill & Jawa Ahmad, le 25 juin 2025
L'envoyé spécial de Trump, Bishara Bahbah, affirme qu'un accord pourrait être conclu dans les prochains jours. Les négociateurs palestiniens se montrent sceptiques.
Pour la première fois depuis plus d'un mois, et encouragés par le cessez-le-feu entre l'Iran et Israël, on peut voir les prémices d'un regain d'intérêt des États-Unis pour la reprise des négociations en vue d'un cessez-le-feu à Gaza.
Mercredi, avant une visite aux responsables de l'OTAN à La Haye, Trump s'est dit optimiste quant à la conclusion prochaine d'un accord sur Gaza.
“Je pense que de grands progrès sont en cours à Gaza. Grâce à l'attaque menée [contre l'Iran], je pense que nous allons avoir de très bonnes nouvelles”,
a-t-il déclaré. Trump a ajouté que son envoyé spécial Steve Witkoff lui a fait part qu'un accord sur Gaza serait “très proche”.
L'un des envoyés du président Donald Trump a déclaré mardi soir dans une interview qu'il pense qu'un accord entre Israël et le Hamas est à portée de main.
“Depuis que la question iranienne est réglée, les médiateurs égyptiens, qataris et américains se concentrent principalement sur la conclusion d'un cessez-le-feu permanent dès que possible. Si Dieu le veut, un cessez-le-feu pourrait être obtenu dans les jours qui viennent”,
a déclaré le Palestino-Américain Bishara Bahbah, envoyé informel de l'administration Trump. “Je suis optimiste”.
Alors que l'attention du monde entier s’est focalisée sur le conflit israélo-américain contre l'Iran ces deux dernières semaines, Israël a intensifié sa campagne de massacre massif des Palestiniens à Gaza. La situation dans l'enclave assiégée est plus grave que jamais depuis le début du génocide, il y a 20 mois. Des dizaines de Palestiniens sont abattus chaque jour alors qu'ils se lancent dans un périlleux parcours pour obtenir une maigre ration alimentaire, dont la distribution est contrôlée d'une main de fer par les États-Unis et Israël.
Alors que Bahbah a cherché à donner l'impression d'un regain de dynamisme dans une interview en arabe accordée à la chaîne de télévision égyptienne Al Ghad, une source proche de l'équipe de négociation palestinienne a déclaré à Drop Site qu'aucun haut responsable du Hamas n'a rencontré récemment Bahbah ou d'autres responsables américains, et que tout optimisme exprimé par l'envoyé de Trump ne prévoyant pas de pression sur Israël pour l'amener à faire des concessions est dénué de sens.
“Il y a quelques délégations au Caire. Mais aucun haut responsable”, a déclaré la source. “Bahbah tente de donner l'impression que quelque chose se passe sur la base de conversations personnelles avec certaines personnes, mais les principaux décideurs ne sont pas là”.
Bahbah, qui se trouve actuellement au Caire, a récemment rencontré le responsable du Hamas Ghazi Hamad.
“Le Hamas comprend parfaitement la nécessité de trouver une solution rapide à la situation à Gaza”, a déclaré Bahbah.
Bien que Ghazi Hamad soit un membre de longue date du Hamas et le principal interlocuteur de Bahbah, il n'a pas le pouvoir de conclure des accords au nom du mouvement de résistance islamique. De même, Bahbah n'est pas un représentant officiel du gouvernement américain et doit soumettre toutes ses décisions ou propositions à Witkoff.
“Je transmets les considérations du Hamas à M. Witkoff et à l'administration américaine”, a-t-il déclaré. “Je suis également limité à ce que Witkoff m'autorise à faire. Je lui transmets toutes les informations, et la décision lui revient”.
Le Hamas a confirmé à Drop Site qu'il continue de dialoguer avec les médiateurs américains, qataris et égyptiens, bien que des sources au sein du mouvement avertissent qu'aucune avancée substantielle n'a été réalisée vers la conclusion d'un accord. Le Hamas maintient que c'est l'insistance d'Israël à se réserver le droit de poursuivre le génocide qui constitue le principal obstacle à la conclusion d'un accord. Dans un message publié mardi sur Facebook, Bahbah a écrit :
“La délégation israélienne a été convoquée au Caire” pour relancer les pourparlers de cessez-le-feu. “Le Hamas nous a informés qu'il est tout à fait prêt à entamer les négociations dès maintenant”.
Une évaluation interne du Hamas sur la situation actuelle, diffusée mercredi et obtenue par Drop Site, affirme que
“Trump tente de tirer parti de ce qui s'est passé en Iran pour conclure un accord avec Gaza, et ses récentes déclarations sur les progrès des négociations vont dans ce sens. Israël parle de progrès, mais sans accepter de mettre fin à l'agression”.
Cette évaluation indique également que le Hamas estime que les récentes embuscades et la mort de soldats israéliens tués par des combattants armés de la résistance palestinienne appartenant aux Brigades Al Qassam du Hamas et au Saraya Al Quds du Jihad islamique contribuent à la pression interne exercée sur le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Mardi, sept soldats israéliens ont été tués dans la ville méridionale de Khan Younis lors d'une embuscade complexe impliquant un engin explosif improvisé.
“Après l'opération de Khan Younis, des voix se sont élevées au sein de l'opposition [israélienne], de la coalition au pouvoir, des médias et des cercles politiques pour réclamer la fin de la guerre, soulignant son inutilité et les pertes qu'elle entraîne, notamment l'augmentation du nombre de victimes et le maintien en détention des prisonniers à Gaza”,
indique l'évaluation du Hamas.
Des sources au sein de l'équipe de négociation palestinienne ont déclaré à Drop Site, au cours des dernières semaines que, bien qu'il y ait encore des désaccords sur une série de détails techniques, le Hamas s'est montré disposé à faire des concessions sur le calendrier de la libération des prisonniers israéliens, le nombre de prisonniers libérés, la durée de la phase initiale du cessez-le-feu et d'autres points. Cette flexibilité s'est traduite dans les propositions de cessez-le-feu élaborées par le Hamas en mai, lorsqu'il a consigné par écrit plusieurs amendements à ses positions antérieures après des discussions avec des responsables américains. Le Hamas a également proposé de libérer immédiatement tous les prisonniers israéliens dans le cadre d'une trêve prolongée, connue en arabe sous le nom de hudna, d'une durée de cinq à sept ans. Israël a rejeté toutes les offres du Hamas.
“Il y a plusieurs mois, le Hamas a proposé de libérer tous les otages israéliens, morts ou vivants, dans le cadre d'un accord unique en échange d'un cessez-le-feu permanent pour mettre fin à la guerre dans la bande de Gaza”, a déclaré M. Bahbah. “Cependant, cette initiative du Hamas a été rejetée par Israël”.
M. Bahbah a également confirmé que le Hamas a accepté de céder toute autorité gouvernementale à Gaza à un comité technocratique indépendant composé de Palestiniens, et qu'Israël a supprimé cette clause du projet de cessez-le-feu soumis par le Hamas aux médiateurs en mai.
“C'est du Hamas que vient la suggestion”, a déclaré M. Bahbah. “Dans l'une des versions que nous avons rédigées, ce point était clairement énoncé. Malheureusement, [Israël] s'en est mêlé et a saboté le processus”.
Bahbah a déclaré que l'offre du Hamas de renoncer au pouvoir à Gaza s'inscrit une fois de plus dans le cadre des efforts renouvelés des États-Unis pour parvenir à un accord.
Bahbah a ajouté qu'il pense que les États-Unis et le Hamas veulent mettre fin à la guerre. Lorsqu'on lui a demandé s'il pense que c'est également la position d'Israël, Bahbah a répondu :
“Dieu seul le sait. Il est dans l'intérêt de Netanyahu d'y mettre fin. Disons qu'il ne le souhaite peut-être pas, mais il est dans son intérêt de mettre fin à la guerre”.

Bishara Bahbah, les médiateurs et les voies à suivre
Né à Jérusalem, Bahbah est bien connu dans les cercles palestiniens pour son plaidoyer en faveur d'une solution dite “à deux États” et son opposition à la gouvernance de Gaza par le Hamas. Il a autrefois été conseiller en politique étrangère du défunt président de l'Organisation de libération de la Palestine, Yasser Arafat. C'est la veuve d'Arafat, a déclaré Bahbah, qui lui a présenté Hamad, le responsable du Hamas avec lequel il s'est entretenu en Égypte cette semaine. Bahbah a été un démocrate toute sa vie jusqu'en mai 2024, date à laquelle il a déclaré son soutien à Trump pour protester contre le soutien de l'administration Biden à la guerre d'Israël contre Gaza.
Indépendamment de ce que Bahbah dira au Caire, les “lignes rouges” du Hamas restent inchangées : tout accord doit comporter une voie clairement définie vers la fin définitive du génocide et le retrait complet de l'armée israélienne de Gaza. Le Hamas a clairement fait savoir aux négociateurs américains et aux médiateurs régionaux du Qatar et de l'Égypte qu'il ne signera pas d'accord tant qu'il n'y aura pas de garanties fermes et inscrites dans un accord de cessez-le-feu officiel signé par Israël, stipulant qu'il ne sera pas autorisé à reprendre son offensive militaire sur Gaza après une trêve initiale de deux mois. À l'heure actuelle, “rien n'est signé” a déclaré la source proche des négociateurs palestiniens. Il a décrit la situation actuelle comme une “phase d'attente”.
La source a toutefois précisé que si les États-Unis acceptent de garantir par écrit un cessez-le-feu à long terme et de s'engager à empêcher Israël de reprendre le génocide, un accord sur la libération de tous les prisonniers israéliens pourra être conclu rapidement.
“Les points de désaccord entre les deux parties ne sont pas nombreux. Je ne peux pas entrer dans les détails, mais il s'agit d'une phrase et de sa reformulation”,
a déclaré M. Bahbah, qui a refusé de donner plus de précisions.
“Nous sommes parvenus à un accord sur 85 % des points, qui ont été acceptés par les deux parties”.
M. Bahbah n'a pas précisé si les États-Unis font pression sur Netanyahu pour qu'il accepte officiellement les conditions proposées par le Hamas pour parvenir à un accord.
“Quant aux lignes rouges du Hamas, il veut un cessez-le-feu permanent à Gaza. Israël a essayé, ou dit vouloir essayer, de nous laisser entamer les 60 jours et voir ce qui se passe”, a déclaré Bahbah. “Les Américains sont convaincus que 60 jours est une période suffisamment longue pour trouver une solution permanente à la guerre et entamer un processus de paix”. Il a ajouté : “Nous devons entrer dans une phase de cessez-le-feu, puis dans deux phases de cessez-le-feu permanent, et ensuite nous devons entamer le processus de paix”.
Bahbah a déclaré que, selon lui, l'un des facteurs centraux du refus de Netanyahu de conclure un accord à long terme sur Gaza est la perspective de l'effondrement de sa coalition gouvernementale, car les membres de l'extrême droite ont déclaré vouloir quitter le gouvernement si la guerre de conquête et d'anéantissement ne se poursuit pas jusqu'à ce que tous les Palestiniens soient chassés de Gaza. Bahbah a déclaré qu'avec les vacances parlementaires prévues à la Knesset israélienne le 27 juillet, il pourrait y avoir une fenêtre d'opportunité pour un accordsusceptible d'être prolongé une fois que le gouvernement israélien ne sera plus en session.
“Ce qui se passe actuellement, c'est que la Knesset israélienne siégera jusqu'à la fin du mois prochain. Si un accord est conclu durant cette période, tel qu'un cessez-le-feu permanent, [le ministre des Finances Bezalel] Smotrich et [le ministre de la Sécurité nationale Itamar] Ben-Gvir feront tomber le gouvernement. Ce n'est pas dans l'intérêt de Netanyahu”, a déclaré Bahbah. “À la fin du mois prochain, la Knesset ajournera ses travaux pour l'été, et il n'y aura donc aucune possibilité de faire tomber le gouvernement d'ici octobre. Netanyahu sera en sécurité”.
Cependant, l'analyse de Bahbah concernant les considérations politiques internes de Netanyahu néglige l'objectif déclaré du dirigeant israélien de conquérir toute la bande de Gaza et de procéder à l'expulsion de tous les Palestiniens. À cet égard, ce que Trump souhaite voir se produire à Gaza sera le facteur déterminant.
“Le président Trump est un homme réaliste qui comprend la réalité de la situation sur le terrain, et il est plus lucide que les politiciens chevronnés quant à ce qu'ils peuvent et ne peuvent pas faire”,
a déclaré Bahbah. Interrogé sur l'annonce faite par Trump en février, alors qu'il se tenait aux côtés de Netanyahu à la Maison Blanche, selon laquelle les États-Unis se saisiront de Gaza et créeront une “Riviera du Moyen-Orient”, Bahbah a affirmé qu'il s'agit d'une tactique visant à forcer les nations arabes à élaborer leur propre plan pour Gaza.
“Leurs dirigeants ont alors convenu de laisser [les Palestiniens] où ils sont et de payer pour la reconstruction de Gaza. Il a donc obtenu ce qu'il voulait”, a déclaré M. Bahbah. “Cette proposition revenait à attaquer une ruche pour faire sortir toutes les abeilles”.
Alors que Netanyahu et d'autres responsables israéliens ont qualifié leur vision d'effacer tous les Palestiniens de Gaza de “plan Trump”, Bahbah a affirmé que cela
“n'arrivera pas. On ne peut pas accepter qu'un pays, une personne ou une organisation, où que ce soit dans le monde, déplace les Palestiniens de leurs terres”.
Le statu quo actuel : pas de négociations de cessez-le-feu et des massacres incessants
Les commentaires de Bahbah interviennent alors que la campagne d'extermination menée par Israël à Gaza est entrée dans une nouvelle phase effroyable. Depuis un mois, des Palestiniens affamés sont pris pour cible, bombardés et attaqués par des chars et des drones quadricoptères alors qu'ils tentent de se procurer de quoi nourrir leur famille dans des points de distribution d'aide militarisés situés dans des zones reculées de Gaza. Les scènes sont tellement surréalistes qu'on fait de plus en plus référence à des dystopies fictives comme Hunger Games ou Squid Game pour tenter de décrire l'horreur.
Ces quatre dernières semaines, au moins 549 Palestiniens ont été tués et plus de 4 066 blessés lors des massacres de l’aide humanitaire, d’après le ministère de la Santé de Gaza.
Mais malgré les massacres quotidiens, la Maison Blanche et le département d'État ont autorisé vendredi une aide de 30 millions de dollars de l'USAID à la Gaza Humanitarian Foundation, un groupe soutenu par Israël et les États-Unis, qui gère désormais quatre points de distribution dans les zones militaires israéliennes à Gaza, dont trois à Rafah. Selon Reuters, des aides supplémentaires de 30 millions de dollars pourraient être versées chaque mois.
Le nouveau système de “distribution de l'aide” a commencé à fonctionner le 27 mars par l'intermédiaire de la GHF. Un petit nombre de camions d'aide sont également autorisés à entrer par l'intermédiaire de l'ONU et des groupes humanitaires. Mais selon l'ONU, la quantité d'aide distribuée est loin d'être suffisante pour enrayer une famine massive, et les troupes israéliennes utilisent le chaos pour tirer sans discernement sur la foule.
“Chaque jour, plus de 120 personnes sont blessées et entre 20 et 30 sont tuées [alors qu'elles tentent d'obtenir de l'aide]”,
a déclaré Eyad Amawi, représentant du Comité de secours de Gaza et coordinateur des ONG locales, à Drop Site.
“Les drones et les véhicules militaires tirent sans discernement près des centres de distribution américains. J'ai remarqué que beaucoup de blessés souffrent de la faim et de la soif. Ils sont sortis dans l'espoir de recevoir un peu de nourriture, mais ils n'ont rien obtenu. Cette situation rend les choses encore plus difficiles, en particulier pour ceux qui ont marché 15 à 20 kilomètres dans l'espoir d'obtenir ne serait-ce qu'une petite portion de nourriture. L'horreur s’amplifie”.
Le nouveau système a été mis en place près de trois mois après le début du blocus total imposé par Israël à Gaza. Depuis le 2 mars, aucune denrée alimentaire, aucun médicament, ni carburant ou autre produit humanitaire n'est autorisé à entrer dans la bande de Gaza, plongeant l'ensemble de la population au bord de la famine.
“L'occupation continue de restreindre fortement l'entrée des camions d'aide humanitaire, n'autorisant pas plus de 50 camions toutes les 48 heures, et insiste pour que ces camions stationnent sur le bord de la route où les gens affamés les attaquent et les pillent dans une grande confusion. Il n'y a aucun système, aucun plan de distribution, aucun dispositif d’ordre”, a ajouté M. Amawi. “La faim touche un si grand nombre d'entre nous que les gens estiment qu'ils n'ont d'autre choix que de tout risquer et de se rendre vers ces sites de distribution mortels, tout en sachant pertinemment que cela peut leur coûter la vie”.
Le niveau de désespoir à Gaza atteint des niveaux extrêmes. Les responsables du Hamas ne sont pas épargnés par cette réalité. Tous les membres de la direction politique du Hamas actuellement hors de Gaza ont perdu des membres de leur famille dans le génocide d'Israël. Plusieurs responsables du Hamas ont décrit à Drop Site les pressions auxquelles ils sont soumis par les Palestiniens de Gaza pour mettre fin au génocide et conclure un accord. Ils ont également déclaré qu'ils ne se considèrent pas seulement responsables de l'avenir du Hamas, mais aussi de la lutte pour la libération de la Palestine et de la création d'un État indépendant. Ils estiment que céder aux exigences israéliennes de désarmement de Gaza et signer un accord autorisant la reprise du génocide après la libération d'autres prisonniers israéliens reviendrait à signer l'arrêt de mort de la cause palestinienne.

Trump est le seul à pouvoir mettre fin à la guerre d'Israël
Pendant une grande partie du mois dernier, le Qatar a été le principal médiateur à maintenir le contact avec les responsables israéliens et américains. Des sources palestiniennes ont déclaré à Drop Site que les délégués à Doha ont intensifié leurs pressions sur le Hamas pour qu'il accepte un cessez-le-feu temporaire à condition que Witkoff fournisse des garanties verbales, et non écrites, précisant que les États-Unis doivent veiller à ce qu'un cessez-le-feu temporaire reste en vigueur pendant la poursuite des négociations en vue d'une fin permanente de la guerre.
Le Hamas est resté ferme sur son exigence de voir toutes les conditions consignées par écrit, invoquant la violation d'un engagement verbal pris précédemment par Witkoff lors des négociations pour la libération d'Edan Alexander, citoyen américain et israélien et soldat de l'armée israélienne, à Gaza. Selon le Hamas, les États-Unis ont promis de contraindre Israël à lever son blocus total de Gaza deux jours après la libération d'Alexander, et que Trump appellerait à un cessez-le-feu immédiat et à des négociations sérieuses pour mettre fin définitivement à la guerre. Cela ne s'est pas produit.
Néanmoins, Bahbah a affirmé que la libération d'Alexander en mai
“a en fait amené les Américains a faire preuve de bonne volonté envers le Hamas”. Il a déclaré : “Nous n'aurions pas pu atteindre le stade où nous en sommes aujourd'hui sans la libération d'Alexander. Tout accord de cessez-le-feu conclu à ce stade comprend un élément clé, à savoir la garantie du président américain que Netanyahu respectera le cessez-le-feu”.
Bahbah a ajouté que l'accord avec les États-Unis pour libérer Alexander a
“suscité une grande colère dans les cercles israéliens, qui ont alors intensifié la pression sur la bande de Gaza, furieux contre les Américains d'avoir conclu un accord dans le dos de Netanyahu”.
La semaine dernière, les médiateurs égyptiens sont activement revenus dans le processus de négociation en prenant contact avec des responsables du Hamas et du Jihad islamique palestinien pour discuter d'une proposition concernant le calendrier de la libération des otages israéliens en cas d'accord temporaire. Israël veut que dix otages israéliens vivants soient libérés dans les sept jours suivant la conclusion d'un accord. Le Hamas a proposé de libérer les dix otages en trois étapes sur une période de 60 jours afin de garantir qu'Israël ne reprendra pas la guerre.
Les Égyptiens ont transmis une proposition prévoyant la libération de huit prisonniers le premier jour et des deux autres le 60e jour.
Alors que le Hamas a déclaré que cette idée est à l'étude, des sources palestiniennes ont déclaré à Drop Site que cette question n'est pas pertinente en dehors du cadre d'un accord répondant à la demande centrale du Hamas, à savoir que l'accord conduise à un cessez-le-feu permanent.
Les récentes déclarations de Bahbah reflètent-elles une nouvelle initiative de l'administration Trump en faveur d'un accord sur Gaza, un vœu pieux ou une tentative de mettre la pression sur le Hamas ? Quoi qu'il en soit, il est plausible que les négociations officielles reprennent bientôt. “Nous attendons la délégation israélienne”, a déclaré Bahbah.
“Indépendamment de l'attaque américaine contre les réacteurs nucléaires iraniens, je pense que le président américain veut être un homme de paix et qu'après avoir résolu le problème à Gaza, il espère sa candidature sera proposée pour le prix Nobel de la paix”, a déclaré Bahbah. “Le gouvernement américain, le président Trump et M. Witkoff se sont engagés à trouver une solution pour Gaza et un cessez-le-feu. Ils ne veulent pas voir la guerre se poursuivre à Gaza, ils souhaitent que les habitants de Gaza puissent vivre comme des êtres humains”.
De nombreux Palestiniens ne partagent pas l'avis de Bahbah, notamment en raison de la campagne d'extermination menée contre Gaza au cours des trois derniers mois, combinée à ce que le Hamas considère comme la médiation malhonnête de Witkoff dans le processus de négociation du cessez-le-feu.
Dans son interview à la télévision égyptienne, Bahbah a abordé un large éventail d'événements survenus ces derniers mois et, à plusieurs reprises, il a parlé sans détours du sabotage des négociations par Israël, notamment de son rejet de l'accord conclu en janvier sous l'impulsion du président élu Trump.
“Cela s'est produit parce que, d'abord, Netanyahu n'avait pas l'intention de conclure d'accord de cessez-le-feu permanent”, a déclaré Bahbah. “Aussi parce que le Hamas a provoqué Israël en organisant des parades durant la libération des Israéliens. Ce qui a permis aux Israéliens de dire : ‘Vous nous avez humiliés, et vous êtes à notre merci’. De ce point de vue, Israël a trouvé un prétexte pour se retirer en invoquant ces ‘provocations’”.
Il a ajouté que même si le Hamas n'avait pas organisé de cérémonies publiques pour remettre les prisonniers israéliens, “Netanyahu aurait trouvé autre chose pour faire obstacle à l'arrêt des hostilités”.
Malgré le soutien total que l'administration Trump continue d'apporter à la guerre d'extermination menée par Israël à Gaza et à ses attaques incessantes contre la Cisjordanie occupée, Bahbah a déclaré continuer de croire que Trump représente le meilleur espoir pour mettre fin à la guerre.
“Je suis convaincu que le président Trump souhaite trouver une solution permanente au conflit israélo-palestinien et, par là même, au conflit israélo-arabe”, a déclaré Bahbah.
Bahbah a prédit que Trump défendra finalement un État palestinien, un objectif dont il ne pense pas qu'un président démocrate serait capable d'atteindre.
“Si nous ne parvenons pas à obtenir le soutien américain pour la création d'un État palestinien d'ici 2028, autant continuer à rêver, car aucun responsable démocrate ne saurait dire à Israël d'accepter la création d'un État palestinien. Le seul responsable américain qui puisse dire à Israël d'accepter un État palestinien, c'est le président Trump”, a-t-il déclaré. “La seule personne que Netanyahu craint, c'est Trump, l'unique leader mondial”.
Presque toutes les mesures prises par l'administration Trump depuis son entrée en fonction indiquent que Bahbah se berce d'illusions. L'équipe de politique étrangère de Trump est truffée de sionistes, notamment l'ambassadeur américain en Israël Mike Huckabee, qui a déclaré que les Palestiniens et la Cisjordanie n'existent pas. Trump lui-même utilise le terme “Palestinien” comme une insulte pour attaquer ses adversaires politiques. Il a également facilité la campagne de Netanyahu de meurtres et d'incendies criminels à grande échelle dans toute la région.
Au cours de son premier mandat, Trump a officiellement reconnu Jérusalem comme capitale d'Israël et y a transféré l'ambassade américaine, reconnaissant ainsi la “souveraineté” israélienne sur le plateau du Golan syrien occupé. Il a également présenté ce qu'il a appelé “l'accord du siècle”, qui aurait officiellement reconnu l'annexion par Israël de près de 90 % des terres palestiniennes qu'il occupe illégalement en Cisjordanie en échange d'un minuscule pseudo-État palestinien.
Dans le même temps, Trump s'est montré disposé à critiquer publiquement Israël, comme il l'a fait mardi lorsqu'il a publiquement fustigé Israël pour avoir violé l'accord de cessez-le-feu avec l'Iran peu après son annonce. On peut se demander s'il existe une réelle divergence de position entre Trump et Netanyahu sur Gaza, d'autant que Trump a étroitement coordonné les attaques contre l'Iran avec Netanyahu. “Nous avons œuvré comme aucune équipe n'a jamais œuvré auparavant”, s'est vanté Trump après le bombardement des sites nucléaires iraniens par les États-Unis le 22 juin.
En fin de compte, ce qui motive Trump dans son approche de Gaza – et de la Palestine en général – n'a peut-être pas grand-chose à voir avec la géopolitique ou les considérations humanitaires, ni même avec la stratégie, mais tout à voir avec son ego et son désir obsessionnel d'égaler ce qu'il considère comme le prix Nobel immérité de l'ancien président Barack Obama.
“J'aurais dû l'obtenir quatre ou cinq fois”, a déclaré Trump la veille du bombardement américain de l'Iran. “Ils ne me donneront pas le prix Nobel de la paix, parce qu'ils ne le donnent qu'aux Démocrates”.
Comme beaucoup d'affirmations de Trump, c’est faux. Le célèbre criminel de guerre Henry Kissinger, un acteur clé de l'administration Nixon, figure parmi les précédents lauréats du prix.
Traduit par Spirit of Free Speech
* Sharif Abdel Kouddous a contribué à ce rapport.