đâđš En faisant l'apologie de la contre-offensive ukrainienne, la presse amĂ©ricaine a choisi la propagande au dĂ©triment du journalisme.
Le consensus à Washington est de pousser au conflit sans fin, peu importe le nombre d'Ukrainiens tués, tant que la Russie perd hommes & matériel. La victoire de l'Ukraine n'a jamais été l'objectif.
đâđš En faisant l'apologie de la contre-offensive ukrainienne, la presse amĂ©ricaine a choisi la propagande au dĂ©triment du journalisme.
Par Bryce Greene, le 15 septembre 2023
Il est clair depuis un certain temps que les mĂ©dias corporatistes amĂ©ricains ont explicitement pris parti dans la guerre d'Ukraine. Ce rĂŽle consiste notamment Ă gommer l'histoire pertinente des Ă©vĂ©nements qui ont conduit Ă la guerre (FAIR.org, 4/03/22), Ă attaquer les personnes qui Ă©voquent cette histoire en les qualifiant de âthĂ©oriciens du complotâ (FAIR.org, 18/04/22), Ă prendre pour argent comptant les dĂ©clarations officielles du gouvernement (FAIR.org, 2/12/22) et Ă donner une image trop lisse du conflit afin de remonter le moral de la population.
Pendant l'essentiel de la guerre, la couverture américaine a été aussi pro-ukrainienne que les médias ukrainiens, désormais renforcés par le gouvernement Zelenskyy (FAIR.org, 9/05/23). Des prédictions catastrophiques sont apparues sporadiquement, mais ont été balayées tambour battant par des reportages décrivant une armée ukrainienne sur le point de remporter la victoire, et une armée russe incompétente et sur le point de s'effondrer.
La rhĂ©torique triomphaliste est montĂ©e en flĂšche au dĂ©but de l'annĂ©e 2023, lorsque l'optimisme d'une âoffensive de printempsâ qui changerait la donne a dominĂ© la couverture mĂ©diatique de l'Ukraine. Apparemment retardĂ©e, la contre-offensive ukrainienne a Ă©tĂ© lancĂ©e en juin. Alors que mĂȘme les responsables amĂ©ricains n'Ă©taient pas convaincus de son efficacitĂ©, les mĂ©dias amĂ©ricains ont escamotĂ© ces doutes pendant la pĂ©riode prĂ©cĂ©dant la campagne.
Au cours des trois derniers mois, l'opération militaire ukrainienne a clairement montré qu'elle ne changerait pas la donne comme on l'avait annoncé, à savoir qu'elle ne ferait pas reculer de maniÚre significative l'occupation russe et n'éviterait pas la nécessité d'un rÚglement négocié. Ce n'est qu'aprÚs que ce constat soit devenu indéniable que les médias ont fait état du coût réel de la guerre pour le peuple ukrainien.
Un optimisme démesuré
Dans la pĂ©riode prĂ©cĂ©dant la contre-offensive, les mĂ©dias amĂ©ricains se sont montrĂ©s trĂšs enthousiastes quant Ă la façon dont celle-ci allait remodeler en profondeur la nature du conflit. Le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a dĂ©clarĂ© Ă Radio Free Europe (21/04/23) qu'il Ă©tait âpersuadĂ© que l'Ukraine rĂ©ussiraitâ. Le sĂ©nateur Lindsey Graham a assurĂ© Ă Politico que (30/05/23):
âDans les jours Ă venir, vous allez assister Ă une dĂ©monstration de force assez impressionnante de la part des Ukrainiens".
InterrogĂ© sur ses prĂ©visions concernant les plans de l'Ukraine, le gĂ©nĂ©ral de corps d'armĂ©e Ă la retraite Ben Hodges a dĂ©clarĂ© Ă NPR (5/12/23) : "Je m'attends en fait [...] Ă ce qu'ils rĂ©ussissent plutĂŽt bienâ.
L'ancien directeur de la CIA, David Patraeus, auteur de la stratĂ©gie âdĂ©ferlanteâ en Irak, a dĂ©clarĂ© Ă CNN (23/05/23) :
âJe pense personnellement que cette opĂ©ration sera vraiment trĂšs rĂ©ussie.... Et [les Russes] vont devoir se retirer sous la pression de cette offensive ukrainienne, en effectuant la plus difficile des manĆuvres tactiques et je ne pense pas qu'ils y parviendront.â
David Ignatius du Washington Post (4/15/23) a reconnu que âl'espoir n'est pas une stratĂ©gieâ, mais a nĂ©anmoins insistĂ© sur le fait que âla volontĂ© de l'Ukraine de gagner - sa dĂ©termination Ă expulser les envahisseurs russes de son territoire Ă n'importe quel prix - pourrait ĂȘtre le facteur dĂ©terminant dans la saison dĂ©cisive du conflit qui s'annonceâ.
Le New York Times (2/06/23) a publiĂ© un article faisant l'Ă©loge des recrues qui se sont engagĂ©es dans la riposte ukrainienne, mĂȘme si celle-ci âpromet d'ĂȘtre mortelleâ. Le chroniqueur du Times Paul Krugman (5/06/23) a dĂ©clarĂ© que nous assistions Ă âl'Ă©quivalent moral du jour Jâ. CNN (30/05/23) a rapportĂ© que les Ukrainiens Ă©taient âimperturbablesâ alors qu'ils âse prĂ©parent Ă une contre-offensiveâ.
Les informations diffusĂ©es sur le cĂąble Ă©taient pleines de rumeurs sur la façon dont la contre-offensive, assortie de qualificatifs tels que âattendue depuis longtempsâ ou âtrĂšs attendueâ, pourrait renverser le cours de la guerre. Les journaux tĂ©lĂ©visĂ©s du soir (par exemple, NBC, 15/6/23, 16/6/23) ont prĂ©sentĂ© aux tĂ©lĂ©spectateurs les dĂ©clarations optimistes du prĂ©sident ukrainien Volodymyr Zelenskyy et d'autres personnalitĂ©s qui Ă©voquaient l'imminence du succĂšs.
Minimiser la réalité
En dépit de la rhétorique enjolivée présentée au public, les responsables occidentaux ont compris que la contre-offensive était pratiquement vouée à l'échec. Ce fait était connu bien avant que les commentaires ci-dessus ne soient rapportés, mais les médias ne l'ont pas mentionné de maniÚre aussi explicite que les prédictions de succÚs.
Le 10 avril, dans le cadre de l'affaire des fuites de Discord, le Washington Post (10/04/23) a rapportĂ© que des documents top secrets montraient que l'offensive ukrainienne serait âbien en deçà â de ses objectifs, en raison de problĂšmes de matĂ©riel, de munitions et de conscription. Le document prĂ©voyait des âdĂ©ficits de soutienâ et seulement des âreprises territoriales modestesâ.
Le Post a Ă©galement citĂ© des fonctionnaires anonymes affirmant que les conclusions de ces documents Ă©taient corroborĂ©es par une Ă©valuation classifiĂ©e du Conseil national du renseignement, qui n'a Ă©tĂ© montrĂ©e qu'Ă un petit nombre de membres du CongrĂšs. Le Post s'est entretenu avec un fonctionnaire ukrainien qui ân'a pas contestĂ© les rĂ©vĂ©lationsâ et a reconnu qu'elles Ă©taient âpartiellement vraiesâ.
Bien que le Post n'ait pas encore publié les documents dans leur intégralité, les fuites et les autres sources ont clairement dressé le tableau d'une contre-offensive potentiellement désastreuse. La peur était si palpable que l'administration Biden s'est inquiétée en privé de savoir comment elle pourrait maintenir le soutien à la guerre lorsque l'offensive largement médiatisée s'essoufflerait. Dans ce contexte, Blinken a continué à rejeter l'idée d'un cessez-le-feu, préférant poursuivre vers une escalade du conflit.
Malgré la gravité de ces faits, ils n'ont guÚre été rapportés par le reste des médias institutionnels, et écartés de la couverture médiatique de la guerre par la suite. Lorsque le Post (14/6/23) a publié un long article citant l'optimisme prudent du secrétaire à la défense Lloyd Austin à propos de la campagne, il a négligé de mentionner son précédent article sur les évaluations privées plus sombres du gouvernement. Les documents n'ont commencé à réapparaßtre dans la presse qu'aprÚs que des milliers de personnes aient été tuées et que l'échec de la campagne ait été indéniable.
Dans une presse sĂ©rieuse, les commentaires enthousiastes des hommes politiques et des commentateurs auraient Ă©tĂ© publiĂ©s Ă cĂŽtĂ© d'articles montrant que mĂȘme nos plus hauts responsables ne croyaient pas Ă l'efficacitĂ© de la contre-offensive. Au lieu de cela, on a laissĂ© s'installer un climat de confiance et on a mis les doutes de cĂŽtĂ©.
Trop d'"aversion pour les victimes" ?
En juillet, les pertes ukrainiennes ont augmenté et la contre-offensive ne parvenait pas à reprendre des pans entiers du territoire ukrainien, et cela devenait de plus en plus évident. Les reportages sont devenus plus réalistes et nous avons pu nous faire une idée des conditions sur le terrain en Ukraine, ainsi que de l'état d'esprit des responsables américains.
Selon le Washington Post (17/08/23), les militaires amĂ©ricains et ukrainiens ont procĂ©dĂ© Ă des manĆuvres et prĂ©vu qu'une avancĂ©e s'accompagnerait de lourdes pertes. Mais lorsque les pertes rĂ©elles se sont accumulĂ©es, âl'Ukraine a choisi de limiter la progression sur le champ de batailleâ, rapporte le Post.
Ce constat a provoquĂ© une rupture entre les Ukrainiens et leurs bailleurs de fonds occidentaux, contrariĂ©s par la volontĂ© des Ukrainiens de maintenir en vie leur population. Un article du New York Times de la mi-juillet (14/07/23) rapporte que les responsables amĂ©ricains Ă©taient frustrĂ©s en privĂ© par le fait que l'Ukraine avait trop peur de tomber pour se battre efficacement. Ils s'inquiĂ©taient du fait que les commandants ukrainiens âcraignaient les pertes dans leurs rangsâ et qu'ils avaient ârepris leurs vieilles habitudesâ au lieu de âse montrer plus offensifsâ. Un article ultĂ©rieur du Times (18/08/23) reprenait les inquiĂ©tudes de Washington quant Ă la âpeur des pertesâ de vies ukrainiennes.
ReconnaĂźtre l'Ă©chec
AprÚs qu'il soit devenu indéniable que l'action militaire de l'Ukraine ne menait nulle part, un rapport du Wall Street Journal (23/07/23) a soulevé certains des doutes dissimulés par la presse à la veille de l'offensive. Les premiÚres lignes du rapport sont éloquentes :
âLorsque l'Ukraine a lancĂ© sa grande contre-offensive au printemps, les responsables militaires occidentaux savaient que Kiev ne disposait pas de l'entraĂźnement ou des Ă©quipements - des obus aux avions de guerre - nĂ©cessaires pour dĂ©loger les forces russes.â
Le Journal a reconnu que les responsables occidentaux âespĂ©raient simplement que le courage et l'ingĂ©niositĂ© des Ukrainiens l'emporteraientâ.
Un article du Post (26/07/23) posait la question suivante : âLe gĂ©nĂ©ral Mark Milley avait-il raison l'annĂ©e derniĂšre Ă propos de la guerre en Ukraine ?â Le chroniqueur Jason Willick a reconnu que âle scepticisme de Milley quant Ă la capacitĂ© de l'Ukraine Ă remporter une victoire totale semble s'ĂȘtre largement propagĂ© au sein de l'administration Biden avant le dĂ©but de la contre-offensiveâ.
Et lorsqu'un fonctionnaire a dĂ©clarĂ© Ă Politico (18/08/23) que âMilley n'avait pas tortâ, il a reconnu que l'ancien chef militaire avait suggĂ©rĂ© en novembre d'entamer des nĂ©gociations. La citation Ă©tait si Ă©loquente que Politico en a fait le titre de son article.
MĂȘme le dĂ©putĂ© Andy Harris (D-Md.), coprĂ©sident du groupe parlementaire sur l'Ukraine, s'est publiquement demandĂ© si la guerre Ă©tait âsusceptible d'ĂȘtre gagnĂ©eâ (Politico, 17/08/23). S'exprimant sur l'Ă©tat de la contre-offensive, il a dĂ©clarĂ© : âPour ĂȘtre franc, je dirais qu'elle a Ă©chouĂ©â.
Newsweek (16/08/23) fait Ă©tat d'un leadership ukrainien divisĂ© sur la maniĂšre de gĂ©rer cette contre-offensive âdĂ©cevanteâ. Le Washington Post (17/08/23) a rapportĂ© que la communautĂ© du renseignement amĂ©ricain avait estimĂ© que l'offensive ne parviendrait pas Ă atteindre son objectif principal, Ă savoir couper le pont terrestre entre l'Ukraine orientale occupĂ©e par la Russie et la CrimĂ©e.
Au fur et Ă mesure que le triomphalisme s'estompait, les mĂ©dias ont commencĂ© Ă rendre compte de scĂšnes trĂšs certainement courantes avant l'offensive du printemps, mais restĂ©es inĂ©dites. Un article du Post (10/08/23) dĂ©crit une âambiance plus sombre en Ukraineâ, avec une nation âĂ©puisĂ©eâ. L'article reconnaĂźt que âles responsables ukrainiens et leurs partenaires occidentaux ont mis en avant une contre-offensive annoncĂ©eâ, mais qu'il n'y a eu que âpeu de progrĂšs visiblesâ.
Le Wall Street Journal (01/08/23) a publié un article dévastateur sur le nombre massif d'amputés revenant du champ de bataille truffé de mines. Il a indiqué qu'entre 20 000 et 50 000 Ukrainiens ont perdu un ou plusieurs membres dans les combats - des chiffres comparables à ceux de la PremiÚre Guerre mondiale.
PlutĂŽt que de s'attarder sur l'enlisement de la campagne, le New York Times et d'autres mĂ©dias se sont concentrĂ©s sur la guerre des drones contre la Russie, tout en reconnaissant que les frappes Ă distance Ă©taient en grande partie un exercice de relations publiques. Le Times (25/08/23) a dĂ©clarĂ© que les frappes avaient âpeu endommagĂ© la capacitĂ© militaire globale de la Russieâ et qu'elles Ă©taient principalement âun message pour le peuple [ukrainien]â, citant des responsables amĂ©ricains qui ont notĂ© qu'elles âvisaient Ă dĂ©montrer au public ukrainien que Kiev peut encore riposterâ. Au vu de la quantitĂ© d'articles publiĂ©s dans le Times (30/08/23, 30/08/23, 23/08/23, 22/08/23, 21/08/23, 18/08/23), les frappes de drones Ă©taient apparemment destinĂ©es Ă un public amĂ©ricain de plus en plus las de la guerre.
La guerre, une issue désirée
Le fait que les responsables américains aient encouragé une contre-offensive ukrainienne dont tout le monde s'attendait à ce qu'elle échoue soulÚve une question importante : pourquoi ont-ils agi de la sorte ? Envoyer des milliers de jeunes gens se faire mutiler et tuer n'apporte rien à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, et entrave activement l'effort de guerre.
La rĂ©ponse Ă©tait claire avant mĂȘme le commencement de la guerre. MalgrĂ© la rhĂ©torique hautaine sur le soutien Ă la dĂ©mocratie, cela n'a jamais Ă©tĂ© l'objectif de la guerre en Ukraine. Bien que cela soit souvent passĂ© sous silence dans la presse amĂ©ricaine, les dĂ©cideurs politiques considĂ©raient une guerre en Ukraine comme une issue dĂ©sirĂ©e. Une Ă©tude rĂ©alisĂ©e en 2019 par la RAND Corporation - un think tank entretenant des liens Ă©troits avec le Pentagone - suggĂ©rait qu'un moyen efficace de provoquer un dĂ©bordement et un dĂ©sĂ©quilibre de la Russie serait d'accroĂźtre le soutien militaire Ă l'Ukraine, arguant que cela pourrait mener Ă une invasion russe.
En dĂ©cembre 2021, alors que le prĂ©sident russe Vladimir Poutine commençait Ă masser des troupes Ă la frontiĂšre ukrainienne tout en revendiquant des nĂ©gociations, John Deni, de l'Atlantic Council, a publiĂ© un article d'opinion dans le Wall Street Journal (22/12/21) intitulĂ© âThe Strategic Case for Risking War in Ukraineâ [Le cas stratĂ©gique des risques de guerre en Ukraine], dans lequel il expose explicitement la logique amĂ©ricaine : provoquer une guerre permettrait aux Ătats-Unis d'imposer des sanctions et de livrer une guerre par procuration qui rĂ©duirait la Russie Ă nĂ©ant. En outre, le sentiment anti-russe qui rĂ©sulterait d'une guerre renforcerait la dĂ©termination de l'OTAN.
Tout cela s'est concrĂ©tisĂ© lorsque la posture de non-nĂ©gociation de Washington a rĂ©ussi Ă provoquer l'invasion russe. Alors mĂȘme que l'Ukraine et la Russie s'asseyaient Ă la table des nĂ©gociations au dĂ©but de la guerre, les Ătats-Unis ont clairement indiquĂ© qu'ils souhaitaient que la guerre se poursuive et s'intensifie. L'objectif des Ătats-Unis Ă©tait, selon les termes de Lloyd Austin, membre du conseil d'administration de Raytheon devenu secrĂ©taire Ă la dĂ©fense, âd'affaiblir la Russieâ. MalgrĂ© les engagements dĂ©clarĂ©s en faveur de la dĂ©mocratie ukrainienne, les politiques amĂ©ricaines l'ont au contraire gravement endommagĂ©e.
La "manne stratégique" de l'OTAN
Suite Ă l'enlisement de la contre-offensive, l'intĂ©rĂȘt des Ătats-Unis Ă sacrifier l'Ukraine pour saigner la Russie a de nouveau Ă©tĂ© affichĂ©. En juillet, Ignatius, du Post, a dĂ©clarĂ© que l'Occident ne devrait pas ĂȘtre si âpessimisteâ Ă propos de l'Ukraine, puisque la guerre a Ă©tĂ© une âaubaine stratĂ©giqueâ pour l'OTAN et ses alliĂ©s. Reprenant deux des objectifs de Deni, Ignatius a affirmĂ© que âl'antagoniste le plus tĂ©mĂ©raire de l'Occident a Ă©tĂ© Ă©branlĂ©â et que âl'OTAN s'est considĂ©rablement renforcĂ©e avec les adhĂ©sions de la SuĂšde et de la Finlandeâ.
DĂ©montrant de façon Ă©clatante son manque d'intĂ©rĂȘt pour l'Ukraine ou son peuple, il a aussi Ă©crit que ces succĂšs stratĂ©giques ont Ă©tĂ© obtenus âĂ un coĂ»t relativement faibleâ, ajoutant, dans une parenthĂšse, â(autre que pour les Ukrainiens)â.
Ignatius est loin d'ĂȘtre le seul. Le sĂ©nateur Mitt Romney (R-Utah) a expliquĂ© pourquoi le financement amĂ©ricain de la guerre par procuration constituait âla meilleure opĂ©ration de dĂ©fense nationale jamais rĂ©alisĂ©e, selon moiâ : âNous ne perdons aucune vie en Ukraine, et les Ukrainiens se battent hĂ©roĂŻquement contre la Russie.â
Le consensus parmi les décideurs politiques de Washington est de pousser à un conflit sans fin, quel que soit le nombre d'Ukrainiens tués dans le processus. Tant que la Russie perd des hommes et du matériel, l'effet sur l'Ukraine n'a aucune importance. La victoire de l'Ukraine n'a jamais été l'objectif.
La crainte de pourparlers de paix
Les sondages montrent que le soutien en faveur d'une implication accrue des Etats-Unis en Ukraine décline rapidement. Le récent débat présidentiel républicain a mis en évidence des fractures évidentes au sein de l'aile droite de la structure du pouvoir américain. Politico (18/08/23) a rapporté que certains fonctionnaires américains regrettaient les occasions de négociations potentiellement perdues. Malheureusement, cette dissidence minoritaire n'a pas encore affecté le consensus dominant.
L'Ă©chec de la contre-offensive n'a pas incitĂ© Washington Ă repenser sa stratĂ©gie visant Ă saigner la Russie. Le flux de matĂ©riel militaire amĂ©ricain Ă destination de l'Ukraine se poursuivra probablement tant que cet objectif sera maintenu. The Hill (05/09/23) a donnĂ© le ton sur l'engagement de l'OTAN dans l'escalade avec un article intitulĂ© âFears of Peace Talks With Putin Rise Amid US Squabblingâ [Les craintes de pourparlers de paix avec Poutine grandissent au rythme des querelles amĂ©ricaines].
Mais mĂȘme au sein de l'administration Biden, le Pentagone semble ĂȘtre en dĂ©saccord avec le DĂ©partement d'Ătat et le Conseil national de sĂ©curitĂ© sur le conflit ukrainien. Contrairement Ă ce que l'on pourrait croire, les fonctionnaires civils tels que Jake Sullivan, Victoria Nuland et Antony Blinken adoptent une position plus dure sur la poursuite de ce conflit que celle des militaires professionnels du Pentagone. Le changement brutal de ton des mĂ©dias peut Ă la fois signifier et alimenter les doutes qui gagnent du terrain au sein de la classe politique amĂ©ricaine.
Bryce Greene est un écrivain basé dans l'Indiana.
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