đâđš En âsolidaritĂ© avec les innocents de Gazaâ, un objecteur de conscience israĂ©lien Ă©cope de 30 jours de prison supplĂ©mentaires
âJe n'ai rien d'un hĂ©ros quand des gens sont massacrĂ©s Ă Gaza. a dĂ©clarĂ© lâobjecteur de conscience de 18 ans. Refuser de servir n'est pas un problĂšme mental & ne devrait pas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme telâ.
đâđš En âsolidaritĂ© avec les innocents de Gazaâ, un objecteur de conscience israĂ©lien Ă©cope de 30 jours de prison supplĂ©mentaires
Par Brett Wilkins, le 23 janvier 2024
AprÚs avoir passé prÚs d'un mois derriÚre les barreaux pour son objection de conscience à la guerre d'Israël contre Gaza, Tal Mitnick, un objecteur de conscience de 18 ans, a indiqué mardi devoir passer 30 jours de plus en détention militaire.
Comme l'a rapporté Common Dreams le mois dernier, Tal Mitnick est entré au centre d'enrÎlement de Tel Hashomer le 27 décembre avec d'autres membres du réseau Mesarvot, un groupe de jeunes objecteurs de conscience, et a annoncé son refus de s'enrÎler dans les Forces de défense israéliennes (FDI), invoquant la guerre contre Gaza et l'occupation illégale de la Palestine par Israël.
âMon refus est une tentative d'influencer la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne et d'Ă©viter de prendre part Ă l'occupation et au massacre qui a lieu Ă Gazaâ, a dĂ©clarĂ© M. Mitnick au magazine +972 le mois dernier. âJ'essaie ainsi de dire que tout cela ne se fait pas en mon nomâ.
âJ'exprime ma solidaritĂ© avec les civils innocents de Gaza qui veulent vivreâ, a-t-il ajoutĂ©.
PrÚs de 25 500 Palestiniens, principalement des femmes et des enfants, ont été tués et plus de 63 000 autres blessés au cours de l'assaut israélien contre l'enclave cÎtiÚre densément peuplée de 2,3 millions d'habitants, dont la plupart ont été déplacés sous la contrainte.
Dans une interview accordĂ©e au Guardian et publiĂ©e mardi, M. Mitnick a racontĂ© son premier jour dans la prison militaire, oĂč il a Ă©tĂ© contraint de s'asseoir dans une salle de classe oĂč des citations cĂ©lĂšbres Ă©taient accrochĂ©es aux murs, dont une citation de Nelson Mandela qui disait : âL'Ă©ducation est l'arme la plus puissante pour changer le mondeâ.
âJ'ai failli Ă©clater de rireâ, a dĂ©clarĂ© Mitnick par Zoom depuis le domicile familial de Tel-Aviv pendant sa brĂšve libĂ©ration, soulignant l'ironie de la citation par les Forces de dĂ©fense israĂ©liennes [FDI] d'une icĂŽne de la lutte contre l'apartheid alors que l'Afrique du Sud Ă©tait Ă l'origine d'une plainte pour gĂ©nocide contre IsraĂ«l devant la Cour internationale de justice (CIJ).
âJ'ai fait remarquer Ă quel point cette citation en ce lieu Ă©tait ridiculeâ, a-t-il dĂ©clarĂ©. âMais aucun autre dĂ©tenu n'a rĂ©agi ou manifestĂ© son accord. J'ai rĂ©alisĂ© Ă quel point j'Ă©tais seul.â
Si les FDI accordent certaines exemptions de service aux objecteurs de conscience, celles-ci sont presque toujours accordées pour des motifs religieux. Le service dans les FDI est obligatoire pour la plupart des Israéliens, hommes et femmes confondus. Sont principalement exemptés les citoyens souffrant de problÚmes médicaux, certains condamnés pénalement, les Juifs ultra-orthodoxes, les musulmans et chrétiens arabes, les femmes druzes et circassiennes, ainsi que les femmes enceintes et les jeunes mÚres.
Les Israéliens qui refusent de servir pour des raisons d'idéologie politique sont généralement emprisonnés pour une durée de 7 à 10 jours, avec une possibilité de prolonger la peine de 200 jours supplémentaires pour les réfractaires impénitents aprÚs leur libération initiale.
Une exemption est également proposée aux personnes souffrant de certains troubles mentaux.
âJe pense que refuser de servir n'est pas un problĂšme mental et que cela ne devrait pas ĂȘtre considĂ©rĂ© comme telâ, a dĂ©clarĂ© M. Mitnick Ă Sky News. âJe veux montrer que je ne veux pas servir par conviction et pour mes valeurs, et ça n'a rien Ă voir avec une pathologie mentaleâ.
M. Mitnick rejette Ă©galement les platitudes de certains militants anti-guerre.
âJe ne me considĂšre pas comme un hĂ©ros ou quoi que ce soit de ce genre alors que des gens sont massacrĂ©s tous les jours Ă Gazaâ, a-t-il dĂ©clarĂ© au Guardian. âEt je tiens Ă souligner que je ne suis en aucun cas le seul. Il y a d'autres militants anti-occupation. Des gens qui ont choisi de ne pas s'engager dans l'armĂ©e. Des militants pour la paix, jeunes et moins jeunes. Mais en mĂȘme temps, c'est une dĂ©marche qui demande du courageâ.
L'annĂ©e derniĂšre, 10 000 rĂ©servistes des FDI ont menacĂ© de refuser de servir pour s'opposer Ă la rĂ©forme judiciaire trĂšs controversĂ©e lancĂ©e par l'administration d'extrĂȘme droite du Premier ministre israĂ©lien Benjamin Netanyahu. Des centaines de rĂ©servistes de l'armĂ©e de l'air israĂ©lienne et de la cyberguerre se sont mis en grĂšve Ă cause de la lĂ©gislation. Mais l'opposition a considĂ©rablement diminuĂ© Ă la suite des horribles attaques menĂ©es par le Hamas le 7 octobre.
âAujourd'hui, les soi-disant libĂ©raux qui ont protestĂ© contre la rĂ©forme judiciaire sont des pilotes qui massacrent des gens Ă Gazaâ, dĂ©plore M. Mitnick. âDes gens qui dĂ©nonçaient la corruption du gouvernement soutiennent aujourd'hui les dirigeants d'extrĂȘme droite, affirmant qu'il n'y a pas de civils Ă Gaza.â
Ce type de rhĂ©torique incendiaire a Ă©tĂ© citĂ© dans l'affaire de la CIJ portĂ©e par l'Afrique du Sud comme la preuve de l'intention de dĂ©truire le peuple palestinien âtout ou partieâ, composante essentielle d'une culpabilitĂ© au titre de la Convention pour la prĂ©vention et la rĂ©pression du crime de gĂ©nocide.
Dans une interview accordée à Sky News, M. Mitnick s'est moqué du régime de détention ambigu d'Israël pour les objecteurs de conscience.
âJe peux prendre 30 jours de plus et encore 30 autres pour ĂȘtre soutenu, je rĂ©ussis Ă faire changer les choses et Ă montrer au monde qu'une autre voie est possible et que l'on peut choisir la non-violence plutĂŽt que la guerreâ, a-t-il affirmĂ©.
âDepuis 70 ans, nous assistons aux mĂȘmes politiques d'occupation, de blocus et de suprĂ©matie juive âdu fleuve Ă la merâ, et je refuse de prendre part à çaâ, a poursuivi M. Mitnick.
âLa guerre n'a fait que renforcer mes convictionsâ, a-t-il ajoutĂ©. âJ'ai conscience qu'il faut faire cesser le cycle de la violence. D'une maniĂšre ou d'une autre, cela s'arrĂȘtera et il me semble que tout un chacun devrait s'efforcer de mettre fin Ă la violence de sa propre initiative.â
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* Brett Wilkins est rédacteur pour Common Dreams.