👁🗨 En soutenant la dissolution de la Knesset, le parti Shas met Netanyahu en péril
Les haredim veulent faire tomber la Knesset pour sauver la “communauté de la Torah” de la conscription obligatoire. Bibi survivra-t-il à la rébellion ou aux élections anticipées possiblement fatales ?
👁🗨 En soutenant la dissolution de la Knesset, le parti Shas met Netanyahu en péril
Par Al Mayadeen English, le 4 juin 2025
Un vote préliminaire sur la dissolution est prévu pour le 11 juin et ne nécessite qu'une majorité simple pour être adopté.
Les tensions politiques internes en Israël se sont intensifiées mercredi après que le parti ultra-orthodoxe Shas a officiellement approuvé la dissolution de la Knesset. Cette décision vise à protester contre l'incapacité du gouvernement à faire avancer la législation qui codifierait les exemptions de service militaire pour les étudiants haredim des yeshivas. Le chef du parti Shas, Aryeh Deri, a déclaré :
“Nous n'avons plus le choix. Cela ne nous plaît pas, mais nous devons soutenir la dissolution de la Knesset”.
Cette annonce met en péril la coalition du Premier ministre Benjamin Netanyahu. Avec 11 sièges, le retrait du Shas ferait passer la coalition sous la majorité de 61 sièges à la Knesset, qui compte 120 membres, entraînant ainsi la chute du gouvernement. Le Judaïsme unifié de la Torah (UTJ), un autre parti ultra-orthodoxe disposant de 7 sièges, a également exprimé son soutien à la dissolution, mais ne dispose pas d'un nombre suffisant de sièges pour agir de manière indépendante.
La crise a été déclenchée par une décision de la Cour suprême israélienne de mars 2024 qui a jugé inconstitutionnelles l'exemption historique des Haredim du service militaire. Une décision qui a exacerbé les divisions entre factions politiques laïques et religieuses, et acculé Netanyahu à un scénario sans issue. Les Haredim réclament des mesures législatives immédiates, mais toute initiative dans ce sens se heurte à l'opposition des juristes et de l'opinion publique.
Alors que les négociations sont au point mort, le Shas a convoqué une réunion d'urgence de ses membres à la Knesset, tandis que les partis d'opposition, notamment Yesh Atid, Yisrael Beiteinu et les Démocrates, ont saisi l'occasion pour déposer une motion de dissolution du Parlement. Le chef de l'opposition, Yair Lapid, a déclaré :
“Le mandat des membres de la Knesset touche à sa fin. Il est dans l'impasse. Il n'a apporté à l'État d'Israël que souffrance, tragédie, deuils et crises”.
Un vote préliminaire sur la motion est prévu le 11 juin et n'exige qu'une majorité simple pour être adopté.
Du tirage dans la coalition
Le conflit a également exposé de profondes divisions au sein du Likoud, le parti de Netanyahu. Les dirigeants ultra-orthodoxes exigent que Netanyahu limoge Yuli Edelstein, président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset, pour sa position inflexible contre l'exemption du service militaire des Haredim. Edelstein a rejeté les propositions de compromis, notamment une réduction de 18 mois de la durée du service militaire, et a appelé à des mesures disciplinaires contre les insoumis.
“C'est le président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense qui fait tomber le gouvernement, pas les Haredim”,
a déclaré un haut responsable haredi à Channel 12.
Le ministre des Communications, Shlomo Karhi, aurait proposé de démissionner afin de remplacer Edelstein et de faire adopter le projet de loi d'exemption. Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a également mis en garde contre des conséquences désastreuses :
“La crise gouvernementale est dangereuse, et on se rapproche de élections anticipées, qui pourraient mettre fin à la guerre ou nous faire perdre”.
Dernier avertissement des rabbins
La crise s'est aggravée après que deux des rabbins haredim ashkénazes les plus influents, Dov Landau et Moshe Hillel Hirsch, ont refusé de rencontrer Netanyahu. “Il est inutile de poursuivre les discussions”, ont-ils déclaré, signifiant ainsi l'échec complet des négociations quelques heures seulement après l'expiration du délai fixé par les factions haredim pour l'adoption de la loi d'exemption. Selon la chaîne publique israélienne Kan, les rabbins considèrent que la situation a atteint un point de non-retour.
Degel HaTorah et Agudat Yisrael, les deux factions de l'UTJ, auraient reçu des instructions explicites de leurs chefs spirituels pour se retirer de la coalition. Le rabbin Moshe Hirsch, de Degel, a publié une déclaration soulignant qu'“il n'y a aucune avancée sur le projet de loi” et que le président du parti, Moshe Gafni, devrait prendre des mesures pour dissoudre la Knesset.
De son côté, Agudat Yisrael serait en train de préparer son propre projet de loi pour convoquer des élections anticipées, tandis que l'un de ses membres éminents, Moshe Babchik, aurait rencontré le chef de l'opposition Benny Gantz afin d'étudier les possibilités d'une action coordonnée.
La coalition au bord du gouffre
La coalition de Netanyahu, qui dispose actuellement de 68 sièges, risque bel et bien de basculer si le Shas et l'UTJ mettent leur menace à exécution. Le gouvernement avait jusqu'à la fin de la fête de Shavuot pour adopter le projet de loi d'exemption, mais ce délai a expiré sans qu'aucune décision n'ait été prise. En dépit du risque d'élections anticipées et de l'attention croissante de la communauté internationale sur la situation instable du pays, les partis haredim semblent déterminés à faire tomber le gouvernement pour protéger ce qu'ils appellent la ligne rouge : préserver la “communauté de la Torah” de la conscription obligatoire.
Les prochains jours détermineront si Netanyahu survivra à la rébellion interne, ou s'il sera confronté à des élections anticipées qui pourraient bien lui être fatales.
Traduit par Spirit of Free Speech
Y aurait-il du Trump la-dessous pour faire sauter Nethanyaou ? Qui aurait pensé il y a quelques mois que les Haredim allaient devenir le point central de l’implosion politique possible d’Israël ? Attendons le 11 juin d’abord pour savoir si des forces obscures vont tenter de sauver le soldat Bibi avant de parler d’un futur répit pour le peuple Palestinien....