👁🗨 Encore une nation absorbée par le blob impérial
Les événements majeurs sont toujours liés à l'ingérence des grandes puissances. Le constat vous indispose, et c'est qu'on nomme une dissonance cognitive. C'est ce qu'on ressent lorsqu'on a tort.
👁🗨 Encore une nation absorbée par le blob impérial
Par Caitlin Johnstone, le 9 décembre 2024
Écouter une lecture de cet article par Tim Foley
Bachar el-Assad a fui la Syrie vers Moscou, où il a semble-t-il obtenu l'asile de la part de la Russie. Les affiliés d'Al-Qaïda qui l'ont chassé ont déclaré la victoire des “moudjahidines” à Damas. Biden et Netanyahu se sont publiquement attribué le mérite d'avoir contribué au changement de régime, et bien sûr, Erdogan, en Turquie, doit lui aussi en être félicité.
Et pourtant, dans le discours occidental dominant, un certain tabou persiste lorsqu'il s'agit d'évoquer une opération de changement de régime soutenue par les États-Unis et leurs alliés. Nous sommes tous censés faire semblant de croire qu'il s'agit d'un soulèvement 100 % naturel, mené uniquement et exclusivement par le peuple de Syrie, malgré des années et des années de preuves du contraire. c’est ce que nous sommes censés prétendre, même après avoir observé l'alliance de pouvoir américaine écraser la Syrie via une guerre par procuration, les sanctions générant la famine, les campagnes de bombardement incessantes et une occupation militaire explicitement conçue pour couper la Syrie du pétrole et du blé afin d'empêcher sa reconstruction après la guerre civile soutenue par l'Occident.
Les gens se fâchent en entendant cela, mais c'est vrai. Les grands événements mondiaux ne se produisent pas sans intervention des grandes puissances mondiales, qui ont tout intérêt à ce qu'ils aboutissent. Si cette affirmation vous met mal à l'aise, sachez qu'il s'agit d'une dissonance cognitive. C'est ce que l'on ressent lorsqu'on a tort.
Peut-être que cela vous gêne de voir l'implication de l'alliance de pouvoir américaine en Syrie, et peut-être que vous préféreriez croire à une bande d'héroïques combattants de la liberté ayantt vaillamment renversé un sinistre dictateur tout seuls, comme dans un film hollywoodien. Mais la vie réelle ne s’aligne pas vos préférences. Dans la vraie vie, l'empire mondial centralisé autour des États-Unis sera toujours profondément impliqué dans de tels événements.
Vous serez peut-être enclins à croire que je “réfute l'action des Syriens” et que c’est le pire des péchés. Mais rien de tout cela ne va à l'encontre des actions menées par les Syriens. De toute évidence, de nombreux Syriens voulaient le départ d'Assad, et de toute évidence, beaucoup ont leurs propres raisons de le combattre, sans lien avec l'empire américain. Il n'y a pas de contradiction entre cette évidence, et la réalité bien documentée qui montre que la structure de pouvoir centralisée par les États-Unis s'est trouvée dans les coulisses syriennes dès le début des violences en 2011, et que son implication a entraîné les événements auxquels nous assistons aujourd'hui.
Il ne s'agit pas de dire que l'empire américain a contrôlé l'esprit des Syriens, les contraignant à se retourner contre leur gouvernement sans intervention de leur part. En revanche, l'empire a exercé une pression considérable pour qu'un groupe de Syriens plutôt qu'un autre parvienne à ses fins.
Vous pouvez soutenir que l'interventionnisme occidental en faveur d'un changement de régime aura des retombées positives cette fois-ci (en ignorant les montagnes de preuves historiques prouvant constamment le contraire), mais ce que vous ne pouvez pas rationnellement nier que l'interventionnisme occidental en faveur d'un changement de régime a opéré en Syrie.
Le libéralisme occidental a ceci d'étrange que ses adeptes se fient largement à leur capacité à compartimenter les actions de l'empire occidental, voire même occulter cet empire. Le libéral occidental vit dans un univers alternatif imaginaire où les puissances occidentales mènent peu ou prou leurs petites affaires, où les dirigeants occidentaux assistent passivement à la violence et la destruction dans le monde tout en plaidant pour la paix et la diplomatie du haut de leurs estrades. Ils prétendent que l'empire n'existe pas, que ce n'est que pure coïncidence si les conflits, les coups d'État et les soulèvements continuent de se produire en faveur des intérêts stratégiques de Washington.
En réalité, comment comprendre les réalités du monde si l'on n’intègre pas que les États-Unis constituent la plaque tournante d'un empire non déclaré œuvrant sans relâche à rassembler la population mondiale sous la bannière d'un pouvoir unique régi par les États-Unis. Les quelques pays ayant résisté avec succès à l'absorption dans ce bloc impérial sont les méchants officiels que nous, Occidentaux, sommes tous conditionnés à haïr : la Chine, la Russie, l'Iran, la Corée du Nord et quelques États socialistes d'Amérique latine. La Syrie faisait partie de cette liste, mais c'est désormais caduc. La Syrie a été absorbée par le blob de l'empire.
Et demain, le blob impérial déplacera la mire sur la prochaine nation non absorbée. C'est la dynamique sous-jacente à tous les conflits majeurs sur terre. Cette dynamique est expurgée de la vision du monde occidentale dominante grâce à la collaboration des organes de propagande occidentaux connus sous le nom de médias de masse, ainsi que du système d'endoctrinement occidental connu sous la dénomination d'école. Cette dynamique est expurgée de notre vision du monde et occultée par les ploutocrates et les gestionnaires de l'empire au service de la manipulation de nos systèmes d'information, car dans le cas contraire, nous comprendrions que l'empire américain est la structure de pouvoir la plus tyrannique et la plus abusive sur cette planète à ce jour.
Et c'est incontestablement le cas. Aucune autre structure de pouvoir n'a passé le 21e siècle à tuer des gens par millions dans des guerres d'agression tout en quadrillant la planète avec des centaines de bases militaires, et en écrasant sans relâche toute entité opposée à ses diktats, où que ce soit sur la planète. Ni la Chine, ni la Russie, ni l'Iran, ni Cuba, ni Bachar el-Assad n’ont tyrannisé et abusé le monde comme l’empire américain en ces temps modernes.
Et maintenant, le blob impérial progresse vers sa prochaine cible, après avoir grossi d'un cran de la taille de la Syrie après des années passées à absorber cette nation via une guerre par procuration, des sanctions, des campagnes de bombardement incessantes par Israël, et une occupation militaire conçue pour la priver de ses ressources alimentaires et énergétiques.
Notre monde ne connaîtra pas la paix tant que nous serons gouvernés par un empire nourri de flots infinis de sang humain. Espérons que cet empire disparaîtra le plus vite possible.
Eh oui ..prochaine cible ? Géorgie ? La Roumanie, pas besoin, il a suffit de quelques liasses de billets pour refaire les élections...alors qui ? Je pencherais pour le Yémen en priorité et bien sûr, l'écrasement définitif du Hezbollah, la bête noire du moment.