👁‍🗨 Enquête Reporters Sans Frontières : “le véhicule des journalistes a été délibérément ciblé”.

Rendue responsable de l'incident par divers témoins, l'armée israélienne a immédiatement déclaré qu'elle était “navrée” et qu'elle “étudiait la question”...

👁‍🗨 Enquête Reporters Sans Frontières : “le véhicule des journalistes a été délibérément ciblé”.

Par RSF_fr

Reporters sans frontières (RSF) publie une reconstitution vidéo du drame qui a causé la mort d'un journaliste et blessé plusieurs autres. Les premiers éléments de l'enquête montrent que les reporters ne sont pas des victimes collatérales de la fusillade. L'un de leurs véhicules, marqué “PRESS”, a été pris pour cible, et il était également clair que le groupe stationné à côté était composé de journalistes.

Que s'est-il passé à la frontière entre Israël et le Liban le vendredi 13 octobre lorsqu'un bombardement a coûté la vie au journaliste de Reuters Issam Abdallah ? Deux frappes d'intensité différente, à une trentaine de secondes d'intervalle, ont touché l'endroit exact où se trouvaient sept journalistes. Ils s'étaient installés dans cette zone pour couvrir les échanges de tirs entre les forces du Hezbollah et l'armée israélienne. La première frappe a tué le photojournaliste de Reuters Issam Abdallah et blessé grièvement la correspondante de l'Agence France-Presse (AFP) Christina Assi, tandis que la seconde a fait exploser le véhicule d'Al Jazeera qui se trouvait à proximité immédiate, blessant plusieurs de leurs collègues.

Rendue responsable de l'incident par divers témoins, l'armée israélienne a immédiatement déclaré qu'elle était “navrée” et qu'elle “étudiait la question”... Une semaine après les faits, RSF reconstitue ce qui a pu se passer entre 16h45, heure des premières images collectées, et environ 18h, heure de la mort d'Issam Abdallah, 37 ans, à Alma el-Chaab, au Sud-Liban. Les sources comprennent des vidéos filmées au moment même de la tragédie et des analystes balistiques mandatés par RSF.

A ce stade, l'enquête de RSF permet de conclure que :

Le vendredi 13 octobre, vers 18h00, deux frappes d'intensité différente, à 37 ou 38 secondes d'intervalle, ont touché l'endroit où un groupe de sept journalistes se trouvait depuis plus d'une heure. La première a tué le photojournaliste de Reuters Issam Abdallah, selon les collègues qui l'accompagnaient.

Le second tir, plus puissant, avec une charge de plus de 3 kg d'équivalent TNT selon l'expertise balistique de RSF, a enflammé le véhicule d'Al Jazeera, une Toyota blanche, à côté duquel se trouvait le reporter, blessant les journalistes d'Al Jazeera Carmen Joukhadar et Elie Brakhya, ainsi que leur collègue de l'AFP Dylan Collins. La frappe a déplacé le véhicule de près de 90 degrés par rapport à sa position initiale.

Selon l'analyse balistique effectuée par RSF, les tirs provenaient de l'est de l'endroit où se trouvaient les journalistes, soit de la ligne frontalière israélienne.

Deux frappes au même endroit dans un laps de temps aussi court (un peu plus de 30 secondes), provenant de la même direction, indiquent clairement un ciblage précis.

Il est peu probable que les journalistes aient été pris pour des combattants, d'autant plus qu'ils ne se cachaient pas : pour avoir un champ de vision dégagé, ils étaient à découvert depuis plus d'une heure, au sommet d'une colline. Ils portaient des casques et des gilets pare-balles estampillés “PRESS”. Leur voiture a également été identifiée comme étant des représentants de la “presse” grâce à un marquage sur le toit, selon des témoins.

Vers 16h45, l'un des journalistes d'Al Jazeera interviewé dans la vidéo a aperçu un hélicoptère israélien survolant la zone qui a pu repérer les journalistes. Les journalistes ont donc été identifiés dans la zone par les forces présentes avant le bombardement.

Un hélicoptère Apache israélien a survolé les lieux quelques secondes avant le drame, selon Edmond Sassine, journaliste à la télévision libanaise LBCI, qui était posté à une centaine de mètres de ses collègues de Reuters, Al Jazeera et de l'AFP.

Cinq jours plus tôt, le 9 octobre, les journalistes d'Al Jazeera avaient subi une attaque similaire dans le village de Dhayra, au Sud-Liban : selon leurs témoignages, un hélicoptère israélien les a survolés avant qu'un missile ne tombe à côté de leur voiture - du même modèle que celle qui a été bombardée le 13 octobre - portant également la mention”PRESS”.

RSF poursuit son enquête.

https://rsf.org/en/rsf-video-investigation-death-reuters-reporter-issam-abdallah-lebanon-journalists-vehicle-was