đâđš Et si lâĂtat suspendait nos droits fondamentaux ?
Le droit à l'équité n'est-il pas légitime ? Les arrestations sans procÚs ne transformeraient-elle pas notre démocratie en monarchie ? Et si cela se produisait sous nos yeux ? Que ferions-nous ?

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Par Judge Andrew Napolitano, le 15 mai 2025
L'habeas corpus est garanti aux Britanniques depuis 1215 et aux Américains depuis 1789. Cela englobe le droit de toute personne détenue contre son gré par le gouvernement d'obliger son geÎlier à justifier sa détention devant un juge neutre.
âCe droit existe pour tous, Ă tout moment. Il peut ĂȘtre invoquĂ© par toute personne arrĂȘtĂ©e, que ce soit pour avoir crachĂ© sur le trottoir ou pour meurtre. Câest pour ce droit â de ne pas ĂȘtre dĂ©tenu injustement, de ne pas ĂȘtre arrĂȘtĂ© sans procĂšs âque les fondateurs et les pĂšres de la Constitution amĂ©ricaine se sont battus pendant la RĂ©volution amĂ©ricaine.
Imaginez que l'habeas corpus soit aujourd'hui reconnu par tous les juges aux Ătats-Unis. Imaginez que les juges suspendent effectivement les procĂ©dures judiciaires lorsqu'une requĂȘte en habeas corpus est recevable afin de tenir audience et d'obliger le gouvernement Ă prĂ©senter les preuves Ă charge contre l'accusĂ© et Ă justifier son incarcĂ©ration, pour qu'il ne passe pas une minute de plus derriĂšre les barreaux qu'il n'est lĂ©galement autorisĂ©.
Imaginez que les monarques britanniques et leurs sujets aient cru Ă la monarchie divine. Imaginez qu'ils aient rĂ©ellement cru que Dieu le PĂšre ait choisi celui qui serait roi afin de rĂ©gner sur eux. Imaginez qu'ils aient qualifiĂ© cela de droit royal divin. Imaginez que le droit royal divin ait permis au monarque d'Ă©crire n'importe quelle loi, de poursuivre n'importe qui et infliger n'importe quelle peine pour des crimes rĂ©els, imaginaires ou mĂȘme imaginaires.
Et si mĂȘme cette absurditĂ© du droit divin des rois, autrefois universellement acceptĂ©e et aujourd'hui universellement rejetĂ©e, comportait une exception ? Et si cette exception Ă©tait l'habeas corpus ? Et si les monarques les plus tyranniques et les plus absolutistes de Grande-Bretagne reconnaissaient et respectaient l'habeas corpus pour leurs sujets en Grande-Bretagne ?
Les rois britanniques n'ont pas accordĂ© l'habeas corpus aux colons amĂ©ricains. Leur gouvernement pouvait arrĂȘter des gens ici [en AmĂ©rique] et les transfĂ©rer ensuite Ă Londres pour y ĂȘtre jugĂ©s plusieurs mois plus tard. Il n'y avait pas de mĂ©canisme d'habeas corpus dans les colonies pour protĂ©ger les gens de la colĂšre du gouvernement britannique.
Si l'habeas corpus avait Ă©tĂ© reconnu, les juges coloniaux, qui dĂ©pendaient du roi pour leur fonction et leur salaire, nâauraient pas pu systĂ©matiquement statuer en faveur du maintien en dĂ©tention, quelle que soit la fragilitĂ© des preuves contre l'accusĂ© ou le caractĂšre illĂ©gal des charges retenues contre lui.
Et si Thomas Jefferson avait condamnĂ© cette pratique dans la DĂ©claration d'indĂ©pendance, si le refus des juges coloniaux de reconnaĂźtre ici, en AmĂ©rique, les mĂȘmes droits que ceux accordĂ©s aux Anglais en Grande-Bretagne avait jouĂ© un rĂŽle important dans le soulĂšvement des colons en 1775 et 1776 ?
Et si les colons avaient été tellement révoltés par le refus de reconnaßtre l'habeas corpus que James Madison, qui a rédigé la Constitution, avait insisté pour que ce droit soit inscrit dans la Constitution ? Et si cette mesure avait été prise avant que la Déclaration des droits ne soit adoptée ?
Si Madison avait reconnu qu'en cas d'invasion ou de rĂ©bellion, le CongrĂšs pourrait suspendre l'habeas corpus jusqu'Ă ce que la rĂ©bellion ou l'invasion soit maĂźtrisĂ©e ? Si le CongrĂšs, afin d'empĂȘcher des suspensions abusives ou motivĂ©es par des considĂ©rations politiques, avait dĂ©fini l'invasion ou la rĂ©bellion comme une situation si grave que les tribunaux fĂ©dĂ©raux ne sont pas en mesure de mener des procĂ©dures ?
Et si Abraham Lincoln avait suspendu l'habeas corpus durant la Guerre entre les Ătats dans certaines rĂ©gions du nord afin de pouvoir arrĂȘter ses dĂ©tracteurs sans procĂšs ? Que se serait-il passĂ© si la Cour suprĂȘme avait statuĂ© qu'en vertu du sens clair et de la structure reconnue de la Constitution, seul le CongrĂšs - et non le prĂ©sident - pouvait suspendre l'habeas corpus ? Et que, avant que la cour n'invalide la tyrannie de Lincoln, des milliers de personnes aient Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©es et emprisonnĂ©es sans inculpation, sans comparution devant un juge, sans procĂšs ni aucune possibilitĂ© significative d'ĂȘtre entendues, dans le Nord oĂč il n'y avait ni invasion ni rĂ©bellion ?
âImaginez que Franklin D. Roosevelt ait fait de mĂȘme pour des raisons raciales pendant la Seconde Guerre mondiale et qu'il ait prĂ©tendu agir non pas en raison d'une invasion ou d'une rĂ©bellion, mais par crainte d'une invasion ou d'une rĂ©bellion et que, par l'une des dĂ©cisions les plus immorales de son histoire, Ă une Ă©poque oĂč l'AmĂ©rique Ă©tait en proie Ă une animositĂ© raciale anti-japonaise, la Cour ait autorisĂ© cette suspension ?
Et si les CongrÚs, présidents et tribunaux suivants avaient condamné cette décision, et cette suspension ? Et si, 40 ans plus tard, le CongrÚs avait indemnisé les personnes encore en vie et leurs descendants pour ces arrestations sans procÚs ?
Imaginez que George W. Bush ait tentĂ© de suspendre l'habeas corpus dans les mois qui ont suivi les attentats du 11 septembre des le sud de Manhattan. Les tribunaux fĂ©dĂ©raux auraient Ă©tĂ© en mesure de mener des procĂ©dures. Et si la Cour suprĂȘme avait statuĂ© contre lui ? Et si le CongrĂšs avait tentĂ© de mettre en place des arrestations sans procĂšs et que la Cour suprĂȘme ait statuĂ© que l'on ne pouvait parler d'invasion ou de rĂ©bellion d'une ampleur telle que les tribunaux fĂ©dĂ©raux ne puissent mener de procĂ©dures, invalidant ainsi la suspension de l'habeas corpus ?
Et si on recommençait tout ? Imaginez que la Maison Blanche ait annoncé la semaine derniÚre que c'est elle, et non le CongrÚs, qui envisage de suspendre l'habeas corpus, mais uniquement pour certaines personnes.
âEt si le concept d'arrestation sans procĂšs aux Ătats-Unis Ă©tait inconcevable ? Et si la pierre angulaire de la jurisprudence amĂ©ricaine reposait sur l'existence d'un pouvoir judiciaire indĂ©pendant auquel chacun peut s'adresser pour obtenir rĂ©paration lorsqu'il est poursuivi par le gouvernement, Ă tort ou Ă raison ?
La suppression de ce droit ne porterait-elle pas atteinte aux valeurs fondamentales de l'AmĂ©rique, Ă savoir l'Ă©quitĂ©, l'Ă©galitĂ© et l'Ătat de droit ? Le droit Ă l'Ă©quitĂ© dont nous nous prĂ©valons auprĂšs du gouvernement n'est-il pas une attente lĂ©gitime et un enseignement historique compris et acceptĂ© par tous les AmĂ©ricains ?
Les arrestations sans procÚs ne transformeraient-elle pas notre démocratie en monarchie ? Et si cela se produisait sous nos yeux ? Que ferions-nous ?
Traduit par Spirit of Free Speech
Pour en savoir plus sur le juge Andrew Napolitano, rendez-vous sur https://JudgeNap.com.
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