đâđš Excusez-moi dâĂȘtre en colĂšre
Il faut s'habituer à ce que les gros titres nous informent qu'un criminel, un fraudeur fiscal fils de président a été gracié, ou que le pÚre du gendre du président l'a été aussi (et nommé ambassadeur
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đâđš Excusez-moi dâĂȘtre en colĂšre
Par John Kiriakou, Spécial Consortium News, le 22 janvier 2025
Joe Biden a rejeté les arguments convaincants de l'auteur en faveur d'une grùce, tout en l'accordant à toute sa famille proche, à un juge véreux et à une foule d'autres personnes.
Jâai pour principe d'essayer de ne pas Ă©crire lorsque je suis en colĂšre sur tel ou tel sujet. En gĂ©nĂ©ral, j'Ă©cris quand je suis en colĂšre, puis je laisse passer une journĂ©e, je revois et corrige mon article, avant de publier un document dont je sois plus satisfait.
Je suis en colĂšre en ce moment, et j'ai dĂ©cidĂ© d'Ă©crire quand mĂȘme.
Ce n'est un secret pour personne que j'ai appelé le président Joe Biden à me gracier pour la violation, en 2008, de l'obscure loi de 1981 sur la protection du renseignement (Intelligence Identities Act).
Mes arguments en faveur d'une grĂące Ă©taient solides. Mais j'ai Ă©tĂ© ignorĂ©. Et ce bien que Joe Biden ait graciĂ© toute sa famille proche, un juge vĂ©reux de Pennsylvanie qui a littĂ©ralement vendu des enfants en esclavage, et un espion chinois, en plus d'avoir accordĂ© des âgrĂąces prĂ©ventivesâ au gĂ©nĂ©ral Mark Milley, au docteur Anthony Fauci, et aux membres et au personnel de la commission du 6 janvier.
Permettez-moi tout d'abord d'évoquer un peu le contexte. En décembre 2007, j'ai dénoncé le programme de torture illégal, immoral et contraire à l'éthique de la CIA lors d'une interview diffusée à l'échelle nationale sur ABC News.
J'ai dĂ©clarĂ© que la C.I.A. torturait ses prisonniers, que la torture est une politique officielle du gouvernement amĂ©ricain et quâelle a Ă©tĂ© personnellement approuvĂ©e par le prĂ©sident George W. Bush.
Le ministĂšre de la Justice de Bush a enquĂȘtĂ© sur moi de dĂ©cembre 2007 Ă dĂ©cembre 2008 et a dĂ©terminĂ© que je n'avais commis aucun crime. En fait, le ministĂšre de la Justice a envoyĂ© Ă mes avocats un âcourrier rĂ©cusant les poursuitesâ, soit un refus de lancer une procĂ©dure mâincriminant.
Un vieil ennemi de retour
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Mais quatre semaines plus tard, lorsque Barrack Obama a accédé à la présidence, il a nommé un de mes vieux ennemis, John Brennan, au poste de conseiller adjoint à la sécurité nationale chargé de la lutte contre le terrorisme.
M. Brennan est l'un des fondateurs du programme de torture de la CIA, qu'il a contribué à mettre en place en tant que directeur exécutif adjoint de l'agence. Je ne savais pas que Brennan avait demandé au ministÚre de la Justice de rouvrir secrÚtement mon dossier.
Au cours des trois annĂ©es suivantes, mes tĂ©lĂ©phones ont Ă©tĂ© mis sur Ă©coute, mes courriels ont Ă©tĂ© interceptĂ©s et des Ă©quipes d'agents du FBI m'ont suivi partout oĂč j'allais.
C'est Ă cette Ă©poque que j'ai travaillĂ© pour John Kerry, lorsqu'il Ă©tait prĂ©sident de la commission sĂ©natoriale des Affaires Ă©trangĂšres. Il m'avait engagĂ© comme enquĂȘteur principal de la commission, chargĂ© d'examiner les malversations au sein du dĂ©partement d'Ătat.
L'un des grands avantages de ce poste était de pouvoir rencontrer réguliÚrement des diplomates étrangers et d'échanger des points de vue sur ce qui se passe dans le monde.
En 2010, j'ai reçu un appel d'un diplomate japonais qui s'est présenté comme le numéro 3 de l'ambassade du Japon à Washington, chargé des questions politiques et internationales. Il m'a invité à déjeuner dans un restaurant populaire de Capitol Hill.
Je me souviens trÚs bien de ce déjeuner. Nous avons parlé du processus de paix au Moyen-Orient, ainsi que des élections en Israël et en Turquie. à la fin du déjeuner, le diplomate m'a demandé ce que j'envisageais comme prochaine étape de ma carriÚre.
Je lui ai dit que j'avais promis à Kerry de le suivre deux ans, que cela faisait déjà deux ans et demi, que j'avais cinq enfants à envoyer à l'université et que j'envisageais de démissionner et d'entrer dans le secteur privé.
Tout excité, il a murmuré :
âNon, ne faites pas ça. Si vous me donnez des informations, je peux vous payerâ. J'ai rĂ©pondu avec incrĂ©dulitĂ© : âComment osez-vous me faire une telle proposition ?â
Je suis sorti et je me suis rendu directement au bureau du responsable de la sécurité du Sénat (SSO).
Celui-ci m'a demandé de rédiger un compte rendu complet de ce qui s'était passé et de l'envoyer au F.B.I. Ce que j'ai fait immédiatement.
Le lendemain, deux agents du F.B.I. sont venus me voir dans mon bureau au Dirksen Senate Office Building. J'ai racontĂ© l'histoire et ils m'ont demandĂ© de rappeler le diplomate, de l'inviter Ă dĂ©jeuner et d'essayer de lui faire dire exactement quelles informations il souhaitait obtenir et combien il Ă©tait prĂȘt Ă payer pour cela.
Les agents m'ont dit qu'ils seraient Ă la table voisine et qu'ils Ă©couteraient la conversation.
Mais le jour oĂč devait avoir lieu le dĂ©jeuner suivant, ils m'ont appelĂ© pour me dire qu'il y avait eu un imprĂ©vu, et que je devais organiser le dĂ©jeuner moi-mĂȘme et rĂ©diger un autre mĂ©mo. C'est ce que j'ai fait et, sur leur insistance, je l'ai fait une troisiĂšme fois, puis une quatriĂšme et une cinquiĂšme. Ă chaque fois, je leur ai envoyĂ© un mĂ©mo dĂ©taillĂ© de l'entretien.
Lors du dernier dĂ©jeuner, le diplomate a dĂ©clarĂ© qu'il avait Ă©tĂ© promu et avait obtenu le âposte de ses rĂȘvesâ. Il allait devenir chef de mission adjoint Ă l'ambassade du Japon au Caire. Je lui ai souhaitĂ© bonne chance, lui ai serrĂ© la main et ne l'ai jamais revu.
Un an plus tard, j'étais en état d'arrestation pour avoir dénoncé les faits, accusé de cinq délits, dont trois d'espionnage.
Dans les 15 000 pages de documents que mes avocats ont reçus du ministÚre de la Justice, nous avons trouvé trois mémos particuliÚrement instructifs. Le premier est un message de John Brennan au procureur général Eric Holder :
âInculpez-le d'espionnageâ.
Holder a rĂ©pondu : âMon Ă©quipe ne pense pas qu'il ait commis des actes d'espionnageâ.
RĂ©ponse de Brennan : âInculpez-le quand mĂȘme, et obligez-le Ă se dĂ©fendreâ.
Et c'est ce qu'ils ont fait. Ils m'ont inculpé de trois chefs d'accusation d'espionnage, ont attendu que je perde mon emploi dix mois plus tard, puis ont fini par abandonner les poursuites.
Mais j'ai dû plaider coupable de violation de la loi sur la protection des renseignements d'identité pour classer l'affaire et reprendre le cours de ma vie. J'ai cinq enfants, et je devais me sortir de ce cauchemar.
Plaider coupable a été le seul moyen d'y parvenir. Je devais soit accepter leur offre de 30 mois de prison, soit tenter ma chance contre une inculpation passible de 45 ans.
Un processus défaillant
Depuis, je tente désespérément d'obtenir la grùce présidentielle. Mais le systÚme est complÚtement défaillant.
Tout d'abord, il y a la procédure officielle de demande de grùce. Vous devez attendre cinq ans aprÚs la fin de votre période de probation fédérale, puis vous rendre sur le site Web de l'Office of the U.S. Pardon Attorney, remplir un formulaire électronique détaillé et espérer que tout se passe bien.
La demande de grùce est envoyée au procureur pour avis, puis au juge chargé de l'application de la peine pour examen. Eh bien, devinez quoi ?
Le procureur et le juge chargĂ© de dĂ©terminer la peine ne diront presque jamais : âC'est notre faute. Nous n'aurions pas dĂ» le condamner. Nous n'aurions pas dĂ» lui infliger une peine aussi longue. Il devrait ĂȘtre graciĂ©â.
VoilĂ pourquoi, parmi ceux qui passent par les voies officielles, les trĂšs, trĂšs rares personnes Ă obtenir effectivement une grĂące ont commis leurs crimes, presque toujours mineurs, plus de 25 ans auparavant.
Les procureurs et les juges sont alors soit morts, soit indiffĂ©rents. Par consĂ©quent, si vous avez Ă©tĂ© condamnĂ© pour des jeux d'argent illĂ©gaux il y a 25 ans, par exemple, vous obtiendrez probablement une grĂące. Mais qu'en est-il si vous avez dĂ©noncĂ© le programme de torture de la C.I.A. et que ceux contre lesquelles vous vous ĂȘtes battu sont aujourd'hui des commentateurs sur MSNBC et CNN ? Bon courage.
La deuxiÚme maniÚre d'obtenir une grùce est celle que le reste d'entre nous doit suivre. Engagez un avocat, obtenez des lettres de soutien de la part d'amis éminents du président, faites-vous connaßtre des médias acquis à la cause du président en espérant que tout ira pour le mieux. Ce n'est pas une demande officielle. C'est un travail entre initiés.
Ce qu'il faut en retenir, c'est que l'ensemble du systÚme est défaillant.
Le procureur chargĂ© des grĂąces devrait ĂȘtre indĂ©pendant du ministĂšre de la Justice. Si quelqu'un a menĂ© une vie intĂšgre pendant un certain nombre d'annĂ©es aprĂšs sa sortie de prison, il devrait ĂȘtre graciĂ©. La procĂ©dure devrait ĂȘtre standard.
Et il devrait ĂȘtre interdit d'organiser des grĂąces en coulisses au profit de ceux qui ont soit des liens personnels avec le prĂ©sident, soit suffisamment d'argent pour engager des gens proches du prĂ©sident.
En attendant, il faut s'habituer à ce que les gros titres des journaux nous informent qu'un criminel, un fraudeur fiscal fils du président a été gracié, que des terroristes américains ont été graciés ou que le pÚre du gendre du président l'a été aussi (et nommé ambassadeur en France).
Mais tel est le systĂšme que nous nous sommes choisi.
* John Kiriakou est un ancien agent de la C.I.A. chargĂ© de la lutte contre le terrorisme et ancien enquĂȘteur principal au sein de la commission des Affaires Ă©trangĂšres du SĂ©nat. John est devenu le sixiĂšme lanceur d'alerte inculpĂ© par l'administration Obama en vertu de la loi sur l'espionnage (Espionage Act), une loi conçue pour punir les espions.Il a purgĂ© une peine de 23 mois de prison pour avoir tentĂ© de s'opposer au programme de torture de l'administration Bush
https://consortiumnews.com/2025/01/22/john-kiriakou-pardon-me-for-being-angry/
Non! Le systĂšme nâest pas « dĂ©faillant », il est complĂštement pourri! Tout est bidon, falsifiĂ©, fabriquĂ©, occultĂ©, et, jamais dans le bon sens, et ce, avec lâaval ou lâaccord tacite des plus hautes autoritĂ©s ! Vous devez vous soumettre! Faute de quoi, vous serez brisĂ©! Seul lâexil peut vous permettre dâĂ©chapper au courroux du systĂšme ! Et encoreâŠ.