👁‍🗨 Faire plus de bruit: Julian Assange ne doit pas tomber dans l'oubli

"La tactique d'usure par des procédures sans fin avec toujours plus d'incertitudes est là pour détruire son existence psychique & physique. On veut faire de lui un exemple - une mort à tempérament !"

Photo : Christian von Polentz

👁‍🗨 Faire plus de bruit: Julian Assange ne doit pas tomber dans l’oubli.

Par Grace Pönnitz, le 16 janvier 2023

Le fondateur de Wikileaks, Julian Assange, ne doit pas tomber dans l'oubli. Son cas doit être maintenu en alerte, a appelé le Dr Deepa Govindarajan Driver, observatrice du procès, lors d'un événement en ligne organisé par l'Initiative pour le renseignement (INA) le 14 janvier. Il faut en parler constamment et partout, et faire preuve de solidarité. Le procès d'Assange doit être annulé cette année encore, exige le président de l'INA Hektor Haarkötter. Pour cela, il faut plus d'attention et de soutien.

Driver a montré la vidéo difficilement soutenable du meurtre de deux journalistes de Reuters en Irak le 12 juillet 2007 par des soldats américains depuis des hélicoptères de combat. Les demandes de Reuters auprès des forces armées américaines concernant ces incidents violents sont restées sans réponse. En 2010, Wikileaks a publié les images enregistrées à bord des hélicoptères Apache sous le titre "Meurtre Collatéral". Et Wikileaks est ainsi devenu mondialement connu.

Les éditeurs sont-ils plus menacés que les lanceurs d'alerte ?

L'enseignante universitaire et syndicaliste Driver, qui suit le cas Assange au nom de la Gauche unitaire européenne au Conseil de l'Europe, a rappelé que peu de temps après la publication de la vidéo, Chelsea Manning avait été arrêtée. En tant que membre des forces armées américaines, Manning était soupçonnée d'avoir transmis à Wikileaks des documents en provenance d'Irak et d'Afghanistan. Mais alors que la lanceuse d'alerte a été graciée en 2017 par le président américain Barack Obama, Julian Assange est soumis à une pression plus forte qu'un tueur en série condamné dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, selon l'observatrice du procès. De son point de vue, être éditeur est plus dangereux qu’être lanceur d'alerte, surtout si les premiers sont en possession d'une technologie ou d'une plateforme comme Wikileaks. Et alors qu'Obama se serait abstenu d'inculper Assange en vertu de l'"Espionage Act", notamment en raison de préoccupations concernant la liberté de la presse, c'est pourtant ce qui s'est passé avec l'administration Trump. Si l'on a d'abord parlé de piratage d'ordinateurs gouvernementaux, l'espionnage et la conspiration ont été rajoutés aux chefs d’inculpation, sur la base d’une loi datant de la Première Guerre mondiale. Driver ne croit pas à un procès équitable.

En isolement sans inculpation

Assange avait publié sur Wikileaks à partir de 2010 environ 700.000 documents confidentiels sur les activités de l'armée américaine en Irak et en Afghanistan. L'éditeur de Wikileaks, qui s'était réfugié dans l'ambassade britannique d'Équateur en 2012, est détenu sans inculpation à l'isolement à Belmarsh après le retrait de son asile par ce pays d'Amérique latine en 2019 et son arrestation par la police britannique. En juin 2022, la ministre britannique de l'Intérieur de l'époque, Priti Patel, a donné son feu vert à son extradition vers les États-Unis. Assange avait fait appel de cette décision en juillet. Aux Etats-Unis, il risque jusqu'à 175 ans de prison.

Au vu du mauvais état de santé d'Assange, la porte-parole de l'INA Marlene Nunnendorf a rappelé les paroles de Günter Wallraff, lorsque Julian Assange a reçu en mai dernier le prix Günter Wallraff pour le journalisme critique et les droits de l'homme: "La tactique d'usure par des procédures sans fin avec toujours plus d'incertitudes est là pour détruire son existence psychique et physique. On veut faire de lui un exemple - une mort à tempérament !"

A la fin de l'année dernière, cinq entreprises de médias internationales s'étaient adressées au gouvernement américain pour lui demander de mettre fin aux poursuites judiciaires contre Assange. Du point de vue du "Spiegel", du "New York Times", du "Guardian" britannique, du "Monde" français et de "El País" pour l’Espagne, la liberté de la presse est menacée. Ces journaux avaient publié en 2010 des documents de Wikileaks.

Dans le monde entier, des parlementaires s'engagent en faveur d'Assange, a déclaré Driver. En Allemagne, elle a cité entre autres les responsables politiques de gauche Andrej Hunko et Sevim Dagdelen. On peut également compter sur le soutien du nouveau président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva ou du Mexique.

Le tribunal Belmarsh poursuit les Etats-Unis

Le 20 janvier à 20 heures de notre temps, vous pourrez participer en direct au Tribunal de Belmarsh pour soutenir Julian Assange. Cliquez ici pour accéder au Tribunal

https://mmm.verdi.de/internationales/mehr-aufmerksamkeit-fuer-den-fall-assange-86263