đâđš Scott Ritter: Faites confiance, mais vĂ©rifiez
Peut-ĂȘtre, dans un avenir pas si lointain pourrons-nous voir un million d'AmĂ©ricains dans les rues de NYC & un million de Russes dans les rues de Moscou, unis dans la cause commune du dĂ©sarmement.
đâđš Faites confiance, mais vĂ©rifiez
Un revers se transforme en un important moment de clarification
Par Scott Ritter, le 17 janvier 2023
Unis dans la cause du sauvetage de l'humanité.
Grùce en grande partie à Randy Credico, animateur de talk-show à la radio WBAI et bon vivant, nous avons annulé un engagement de plusieurs mois au restaurant Russian Samovar à New York et, en l'espace de quelques jours, nous avons exécuté sans problÚme un "plan B" dans un lieu alternatif du centre de Manhattan. Là -bas, une foule nombreuse (nous attendions 25 personnes et nous en avons eu prÚs de 40) s'est réunie pour un déjeuner fantastique (merci, "Pete the Greek"), une excellente compagnie et, si je puis dire, l'une des meilleures prestations oratoires que j'ai données depuis longtemps.
Alors que les contraintes dues Ă la russophobie rampante dans l'AmĂ©rique d'aujourd'hui avaient limitĂ© la portĂ©e de la prĂ©sentation que j'avais prĂ©vue pour le Samovar russe aux questions de dĂ©sarmement liĂ©es Ă mon dernier livre, Disarmament in the Time of Perestroika, je n'ai pas Ă©tĂ© soumis Ă une telle restriction au lieu du "Plan B". Cependant, par respect pour l'intention initiale de la prĂ©sentation, j'ai choisi de m'en tenir au plan, et j'ai concentrĂ© mon intervention sur ce qui Ă©tait le cĆur et l'Ăąme du livre - la mise en Ćuvre du traitĂ© sur les forces nuclĂ©aires intermĂ©diaires (FNI), vue Ă travers mes yeux, et ce que cette expĂ©rience pouvait nous apprendre pour aller de l'avant dans les relations amĂ©ricano-russes aujourd'hui.
La rĂ©action du public, dont la plupart Ă©taient attirĂ©s par l'Ă©vĂ©nement, non pas tant par l'actualitĂ© du livre que par le dĂ©sir de m'entendre parler des Ă©vĂ©nements actuels en Ukraine et du conflit russo-ukrainien en cours, a Ă©tĂ© extrĂȘmement positive. Bien que j'aie limitĂ© ma prĂ©sentation au traitĂ© INF et Ă l'importance du dĂ©sarmement nuclĂ©aire, j'ai rĂ©pondu aux questions sur la situation actuelle en Ukraine. Cependant, j'ai constatĂ© que la plupart des questions posĂ©es sur la guerre en Ukraine portaient sur ce qui se passerait une fois la guerre terminĂ©e. Comment les Ătats-Unis et la Russie pourraient-ils se remettre d'un environnement marquĂ© par tant de mort et de destruction ? Plus prĂ©cisĂ©ment, comment la Russie pourrait-elle faire confiance aux Ătats-Unis au point de s'engager Ă nouveau dans le type de traitĂ© que je dĂ©cris dans mon livre ?
Scott Ritter discutera de cet article et répondra aux questions du public dans l'épisode 37 de Ask the Inspector.
La combinaison de ma présentation et de l'interaction provoquée par les échanges de questions-réponses m'a conduit à une réponse qui m'avait échappé jusqu'à ce moment-là . Que ce soit en jouant au football au lycée et à l'université, en accomplissant les missions qui m'ont été confiées dans les Marines, en tant qu'inspecteur en désarmement des Nations unies ou en tant que pompier volontaire, on m'a toujours dit que lorsque la situation se complique, il faut revenir à l'essentiel. Cette maxime s'est vérifiée lorsque je me suis trouvé devant les participants à l'événement "Plan B", confrontés à l'éternelle question "Que devons-nous faire ?".
La réponse m'est apparue : faire confiance, mais vérifier.
C'est le vieil aphorisme russe qui a été repris par le président Ronald Reagan comme principe fondamental sous-tendant l'approche américaine de la maßtrise des armements, telle qu'elle s'est manifestée dans le traité INF, qui, pour la premiÚre fois dans l'histoire de la maßtrise des armements américano-soviétique, a intégré comme principal mécanisme de vérification du respect du traité le concept d'inspections sur place effectuées par des équipes de personnel qualifié.
L'histoire a ses leçons, et l'une des leçons essentielles du traitĂ© FNI Ă©tait qu'en faisant de l'inspection sur site, la pierre angulaire de la vĂ©rification, le manque de confiance qui existait tant du cĂŽtĂ© amĂ©ricain que du cĂŽtĂ© soviĂ©tique pouvait ĂȘtre attĂ©nuĂ©.
Le principal enseignement de ma prĂ©sentation Ă©tait que si les Ătats-Unis et la Russie ne reprenaient pas les pourparlers sur le dĂ©sarmement dans le but de produire des traitĂ©s de dĂ©sarmement significatifs, les deux parties entreraient rapidement dans une course aux armements nuclĂ©aires qui, sans ĂȘtre limitĂ©e par des traitĂ©s, conduirait inĂ©vitablement Ă un conflit nuclĂ©aire et Ă la fin de l'humanitĂ© telle que nous la connaissons aujourd'hui.
Pourtant, l'Ă©tat actuel des relations entre les Ătats-Unis et la Russie est tel qu'aucun dialogue n'a lieu pour prĂ©server le seul traitĂ© de contrĂŽle des armements encore en vigueur aujourd'hui - le traitĂ© New START, qui doit expirer en 2026 - ou pour nĂ©gocier de nouveaux traitĂ©s, tels qu'un nouveau traitĂ© FNI qui pourrait rĂ©duire la menace de guerre nuclĂ©aire dĂ©coulant de la situation extrĂȘmement tendue en Europe aujourd'hui.
LaissĂ©s Ă eux-mĂȘmes, je ne crois guĂšre que les gouvernements amĂ©ricain et russe puissent sortir de l'impasse actuelle liĂ©e Ă l'absence de nĂ©gociations. Les Ătats-Unis ne sont pas rĂ©ceptifs Ă un vĂ©ritable contrĂŽle des armements, mais se concentrent plutĂŽt sur la maniĂšre dont toute nĂ©gociation future pourrait ĂȘtre utilisĂ©e pour favoriser les avantages stratĂ©giques amĂ©ricains, et si la Russie est ouverte Ă de vĂ©ritables nĂ©gociations, elle n'est pas encline Ă continuer Ă se frapper la tĂȘte contre une porte fermĂ©e et verrouillĂ©e.
Pendant les questions-réponses de l'événement "Plan B", un homme a évoqué l'histoire de la participation des citoyens à la question du désarmement nucléaire. Le 12 juin 1982, plus d'un million de personnes se sont rassemblées dans Central Park à New York pour exprimer leurs demandes de désarmement nucléaire et de fin de la course aux armements de la guerre froide. Ce niveau sans précédent d'engagement civique sur une question aussi importante a permis à l'administration conservatrice du président Ronald Reagan de comprendre qu'il existait un soutien politique national en faveur du désarmement nucléaire, malgré l'opposition des partisans de la ligne dure au sein de l'administration Reagan et du CongrÚs américain, ce qui lui a permis d'envisager des politiques qui, auparavant, auraient été rejetées d'emblée car non viables politiquement.
Tous ceux qui me connaissent, et qui savent ce que j'ai vĂ©cu avec le mouvement dit "anti-guerre" qui a prĂ©cĂ©dĂ© l'invasion de l'Irak par les Ătats-Unis en 2003, savent que j'ai peu de foi dans le pouvoir des manifestations, et encore moins dans les mouvements de base, lorsqu'il s'agit de crĂ©er les conditions d'un changement fondamental de la politique Ă©trangĂšre amĂ©ricaine.
Cette position semble entrer en conflit avec mon mantra maintes fois répété sur la liberté d'expression, et les notions connexes de débat, de discussion et de dialogue qui lui donnent sa pertinence, comme étant l'un des principes fondamentaux d'une démocratie viable. Si j'encourage la liberté d'expression, mais que je ne fais pas confiance à ceux qui s'y engagent ou qui en sont les destinataires pour accomplir quoi que ce soit de significatif dans le processus, alors à quoi bon ?
Mes dĂ©tracteurs, bien sĂ»r, ont raison: si je ne suis pas prĂȘt Ă joindre le geste Ă la parole, alors Ă quoi bon parler.
Je suis sorti revigoré de l'expérience du "Plan B". Depuis quelque temps, j'ai fait la promotion de Disarmament in the Time of Perestroika comme étant plus qu'un simple ouvrage historique unique, mais aussi comme un modÚle de réussite qui apporterait de l'espoir à ceux qui pensent que l'état actuel des relations américano-russes est irrémédiable. Je faisais ce discours, puis je parlais de l'importance de susciter un débat national, un dialogue et une discussion sur l'importance du désarmement, avant de laisser l'auditoire se demander comment un tel débat allait se produire.
On m'a appris trĂšs tĂŽt, en tant que Marine, que si vous identifiez un problĂšme, vous avez intĂ©rĂȘt Ă avoir une solution viable avant d'ouvrir la bouche. En bref, ne soyez pas la roue qui grince, mais plutĂŽt la graisse.
Voici ma "graisse": je vais continuer à parler de l'importance du désarmement en promouvant le message d'espoir contenu dans mon livre.
Mais je vais maintenant faire beaucoup plus. Mon livre est actuellement en cours de traduction en russe, aprĂšs quoi il sera, je l'espĂšre, publiĂ© dans la FĂ©dĂ©ration de Russie. Si c'est le cas, je ferai pression pour organiser une tournĂ©e russe. Mon objectif serait de parcourir la Russie en long et en large, en apportant au peuple russe le mĂȘme message d'espoir que celui que j'essaie de transmettre ici aux Ătats-Unis.
L'un des plus grands obstacles auxquels les Américains sont confrontés aujourd'hui lorsqu'il s'agit de susciter un large soutien en faveur du désarmement nucléaire est le fait que la plupart d'entre eux ont été empoisonnés par l'incessante russophobie promulguée par les grands médias sur ordre du gouvernement américain. Cette russophobie s'explique par le niveau d'ignorance de la plupart des Américains concernant la réalité de la Russie, qu'il s'agisse de la nation ou surtout de son peuple. L'ignorance engendre la peur, et c'est cette peur qui alimente l'état actuel de la russophobie en Amérique.
Je crois qu'une tournĂ©e en Russie construite autour des thĂšmes dĂ©rivĂ©s de mon livre engendrerait un dialogue entre moi et le public russe qui ouvrirait les yeux de la plupart des AmĂ©ricains, Ă tel point que s'ils en Ă©taient tĂ©moins, ils pourraient acquĂ©rir le type de connaissances et d'informations qui pourraient vaincre l'ignorance basĂ©e sur la peur qui sert actuellement d'ĆillĂšres sur la situation rĂ©elle des affaires.
On nous fait croire que les Russes détestent l'Amérique. Je crois fermement qu'une tournée de livres en Russie fournirait de nombreuses preuves que ce n'est pas le cas.
Mais cela nous ramÚne à l'adage "Si un arbre tombe et que personne ne l'entend, est-il vraiment tombé ?"
Une tournĂ©e de promotion du livre qui rĂ©vĂšle simplement la vĂ©ritĂ© sur les sentiments des Russes ordinaires Ă l'Ă©gard des AmĂ©ricains et sur la question du dĂ©sarmement nuclĂ©aire, qui n'est rĂ©vĂ©lĂ©e qu'Ă moi et aux Russes avec lesquels j'ai le privilĂšge d'interagir, n'est guĂšre plus qu'un exercice de bien-ĂȘtre qui, au final, ne change rien.
En revanche, une tournĂ©e de promotion oĂč la rĂ©action des Russes est filmĂ©e, et oĂč ce film est transformĂ© en un film qui peut ĂȘtre partagĂ© avec le public amĂ©ricain, est dĂ©sormais une arme de vĂ©ritĂ©.
Si je dois entreprendre une tournĂ©e de promotion en Russie, je serai accompagnĂ© d'une Ă©quipe qui filmera cette expĂ©rience. Je travaillerai ensuite avec des spĂ©cialistes pour transformer ce film en un film qui pourra ĂȘtre partagĂ© avec le plus grand nombre possible d'AmĂ©ricains, l'objectif Ă©tant de couper court Ă la russophobie qui s'est emparĂ©e des Ătats-Unis, en montrant Ă mes concitoyens la rĂ©alitĂ© de la Russie et du peuple russe - qu'ils sont, en fin de compte, tout comme nous, et n'ont pas de plus grande ambition que de vivre en paix, sans crainte d'un conflit nuclĂ©aire imminent.
Il s'agit d'un projet ambitieux, qui nĂ©cessitera l'aide d'organisations citoyennes dans tout le pays. Pendant mon sĂ©jour en Russie, j'espĂšre identifier des personnes et des organisations qui, en tant que citoyens, sont prĂȘtes Ă s'engager auprĂšs de leurs homologues amĂ©ricains pour crĂ©er un mouvement de base dans les deux pays, afin de faire avancer la cause du dĂ©sarmement nuclĂ©aire.
Je suis convaincu que je serai en mesure de produire un film documentaire trÚs informatif et motivant, dérivé de la tournée de livres en Russie que je pourrais organiser. J'aurai besoin d'aide pour présenter ce film à un public américain aussi nombreux que possible.
En 2007, j'ai Ă©crit un livre intitulĂ© Waging Peace : The Art of War for the Anti-War Movement. Ce livre partait du principe que le mouvement anti-guerre ne disposait pas des principes organisationnels de base qui lui permettraient de "gagner", c'est-Ă -dire d'empĂȘcher la guerre.
La guerre en question Ă©tait l'invasion de l'Irak par les Ătats-Unis en 2003 et, malheureusement, mon manque de confiance dans le mouvement anti-guerre Ă©tait dĂ» non pas Ă un manque d'efforts, mais plutĂŽt Ă un manque d'efforts ciblĂ©s et durables.
En bref, le mouvement anti-guerre n'avait pas la capacité de gagner.
Je travaille avec Jeff Norman, le fondateur de U.S. Tour of Duty, et mon partenaire dans le podcast Ask the Inspector, pour rĂ©orienter le message contenu dans ce livre, et crĂ©er un manuel de jeu actualisĂ© qui pourrait ĂȘtre utilisĂ© pour aider Ă revigorer les militants amĂ©ricains avec les moyens de remporter la victoire dans leurs causes respectives. Jeff et moi avons contactĂ© plusieurs personnes et organisations pour nous aider Ă donner vie Ă cette nouvelle Ă©dition de l'ancien message.
Ma cause est le dĂ©sarmement, et je vais travailler avec Jeff pour utiliser les principes Ă©noncĂ©s dans cette nouvelle Ćuvre, afin de crĂ©er un public pour le documentaire de la tournĂ©e du livre russe qui, aprĂšs avoir vu le film, serait prĂȘt Ă tendre la main Ă ses homologues russes et Ă faire de la promesse d'un dialogue citoyen amĂ©ricano-russe sur le dĂ©sarmement nuclĂ©aire une rĂ©alitĂ©.
C'est mon rĂȘve.
Faire confiance, mais vĂ©rifier. Il appartient aux gouvernements des Ătats-Unis et de la Russie de trouver des mĂ©canismes de vĂ©rification de la conformitĂ© acceptables conjointement pour tout futur traitĂ©, ou tous futurs traitĂ©s de contrĂŽle des armements qu'ils pourraient nĂ©gocier.
Mais c'est aux peuples des Ătats-Unis et de la Russie qu'il appartient de rĂ©tablir le type de confiance qui permettrait Ă leurs gouvernements respectifs de s'engager Ă nouveau dans la tĂąche difficile mais essentielle du dĂ©sarmement.
Je choisis d'ĂȘtre plus qu'un rouage grinçant lorsqu'il s'agit de la question du dĂ©sarmement nuclĂ©aire.
Je suis la graisse.
Je ferai un rapport au fur et Ă mesure de l'avancement de ce projet. Et je chercherai Ă obtenir de l'aide, tant aux Ătats-Unis qu'en Russie, pour faire de ce projet non seulement une rĂ©alitĂ©, mais un succĂšs.
Qui sait, peut-ĂȘtre qu'un jour, dans un avenir pas si lointain, nous pourrons voir un million d'AmĂ©ricains remplir les rues de New York, et un million de Russes remplir les rues de Moscou, unis dans la cause commune du dĂ©sarmement nuclĂ©aire.
Unis dans la cause du sauvetage de l'humanité.
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