đâđš Fin de partie en Iran comme de la crĂ©dibilitĂ© de Trump dans le monde
L'AIEA a perdu toute crĂ©dibilitĂ© quant Ă sa neutralitĂ©. Si TĂ©hĂ©ran l'a expulsĂ©e du pays, ce n'est pas pour dĂ©livrer un message Ă Trump ou Bibi, mais pour l'empĂȘcher d'espionner au profit d'IsraĂ«l.
đâđš Fin de partie en Iran comme de la crĂ©dibilitĂ© de Trump dans le monde
Par Martin Jay, le 4 juillet 2025
Les Iraniens ont été trompés plus d'une fois ces derniÚres années et ils ne se laisseront plus berner.
La rĂ©cente Une des mĂ©dias britanniques, selon laquelle des journalistes de la BBC auraient Ă©tĂ© soumis Ă IsraĂ«l, de devrait surprendre personne. Une intrigue sans intĂ©rĂȘt que nombre d'entre nous auraient pu deviner. L'influence financiĂšre et politique d'IsraĂ«l ne se limite donc pas aux Ătats-Unis, mais s'Ă©tend dans toutes les strates de la sociĂ©tĂ© britannique, y compris les mĂ©dias. La rĂ©cente indignation suscitĂ©e par l'incident au cours duquel le reportage de la BBC filmant un rappeur lors d'un concert pop en plein air Ă Glastonbury - qui scandait âMort Ă l'armĂ©e israĂ©lienneâ - a bĂ©nĂ©ficiĂ© une couverture mĂ©diatique disproportionnĂ©e comparĂ©e au gĂ©nocide qui se dĂ©roule en ce moment mĂȘme Ă Gaza - une proportion d'environ un million contre un. Les paroles Ă©taient peut-ĂȘtre malvenues, mais ce que la plupart des experts ont omis de dire, quelle que soit leur position sur l'holocauste quotidien perpĂ©trĂ© par IsraĂ«l Ă Gaza, c'est que Bob Vylan ne serait jamais allĂ© aussi loin si la couverture mĂ©diatique du gĂ©nocide Ă©tait un tant soit peu Ă©quitable. Bien sĂ»r, ce n'est pas le cas. Elle est scandaleusement biaisĂ©e en faveur d'IsraĂ«l, gĂ©nĂ©rant une vague d'ignorance dans le public lambda britannique qui ne comprend pas grand-chose Ă la politique internationale, mais a besoin de se rallier Ă un discours. On entonne donc le discours âIsraĂ«l a le droit de se dĂ©fendreâ sans la moindre rĂ©serve ni nuance, car nous avons depuis longtemps fait une croix sur la libertĂ© d'expression.
Et c'est ainsi que nous avons adhĂ©rĂ© Ă la zone de confort de la âparole contrĂŽlĂ©eâ. Nous avons cessĂ© de remettre en question nos politiciens et nos mĂ©dias. Nous autorisons IsraĂ«l Ă empĂȘcher les journalistes d'entrer Ă Gaza sous le prĂ©texte risible que c'est pour leur propre sĂ©curitĂ©, alors que les soldats de l'armĂ©e israĂ©lienne en font des cibles d'entraĂźnement (peu importe Ă quoi ils s'apparentent). Nos mĂ©dias continuent d'ĂȘtre contrĂŽlĂ©s par la machine mĂ©diatique de l'armĂ©e israĂ©lienne Ă tel point que lorsque des explications sont donnĂ©es sur le petit Ă©cran au sujet de la rĂ©cente guerre de 12 jours entre IsraĂ«l et l'Iran, il n'est fait aucune rĂ©fĂ©rence aux ripostes de l'Iran contre IsraĂ«l. Pas un mot.
La vĂ©ritĂ©, c'est que nous ne vivons plus Ă une Ă©poque oĂč 80 % (seulement) de ce que nous voyons dans nos propres mĂ©dias traditionnels relĂšve de la propagande israĂ©lienne. Nous sommes plus proches d'un consentement Ă 100 %, qui pousse toute personne dotĂ©e d'un minimum d'esprit critique vers les mĂ©dias alternatifs et les analyses de leurs commentateurs. Si vous voulez avoir un aperçu de la guerre en Ukraine ou du gĂ©nocide Ă Gaza, nâattendez rien de Sky News ou la BBC. Allez plutĂŽt sur traĂźner sur X [Twitter].
Ce que nous lisons dans la presse britannique et amĂ©ricaine au sujet des rĂ©centes attaques de Trump contre l'Iran est tout simplement faux. Pas l'ombre du quart dâun soupçon de vĂ©ritĂ©. MĂȘme aujourd'hui, les mĂ©dias amĂ©ricains soutiennent largement l'attaque de Trump contre les installations nuclĂ©aires souterraines iraniennes, simplement parce qu'ils choisissent de ne pas remettre en question le rĂ©cit de Trump. Mais la rĂ©alitĂ© est bien diffĂ©rente de leurs reportages : en bref, les attaques ont Ă©tĂ© un Ă©chec total Ă tous Ă©gards et ont surtout permis Ă l'Iran de reconstruire une partie de son armĂ©e dĂ©truite, y compris sa hiĂ©rarchie militaire, et d'en sortir plus fort et plus dĂ©terminĂ© que jamais.
Loin de se rĂ©jouir, l'Ă©lite israĂ©lienne s'est arrachĂ© les cheveux de frustration, car une fois de plus, on ne nous dit pas la vĂ©ritĂ© sur ce petit pays et sur ce que l'Iran lui a infligĂ©. Actuellement, ses deux plus grands ports sont dĂ©truits et sa principale raffinerie de pĂ©trole est Ă©galement hors service. Pouvez-vous imaginer les commentaires des mĂ©dias si l'attaque d'IsraĂ«l contre l'Iran avait dĂ©truit tous ses ports et menĂ© Ă l'arrĂȘt de la production de diesel pour l'Ă©conomie ? En fait, l'Iran a Ă©galement dĂ©truit un certain nombre de bases militaires israĂ©liennes, une importante centrale Ă©lectrique et quelques investissements colossaux, sans parler de son principal aĂ©roport international. Pas mal pour dix jours de bombardements sur lâIran par IsraĂ«l.
La vĂ©ritĂ© est bien sĂ»r difficile Ă digĂ©rer, dâoĂč lâabsence de couverture des mĂ©dias occidentaux. Mais les implications de l'entourloupe de Trump sont bien pires que nous le pensons. Si la caricature politique perfide qui circule parmi les conseillers de Trump, lui demandant âQu'y avait-il de si atroce dans l'accord d'Obama avec les Iraniens ?â, Ă laquelle il rĂ©pondait âIl est signĂ© par Obamaâ, est on ne peut plus proche de la vĂ©ritĂ©, ce que les mĂ©dias traditionnels ne disent pas est choquant.
Les Iraniens ont Ă©tĂ© dupĂ©s plus d'une fois ces derniĂšres annĂ©es, et ils ne se laisseront plus berner. Depuis les bombardements de Trump, la nouvelle donne rĂ©vĂšle que la stratĂ©gie d'IsraĂ«l et de Trump n'est qu'un exercice d'autodestruction Ă grande Ă©chelle. DĂ©sormais, l'Iran n'a plus aucune raison valable de limiter l'enrichissement de l'uranium, car le peu de confiance en Trump s'est volatilisĂ©. L'Iran ne peut plus faire confiance Ă Trump, qui voit les nĂ©gociations comme une ruse destinĂ©e Ă nuire au rĂ©gime. Refuser Ă l'Iran le droit de produire de l'Ă©lectricitĂ© Ă trĂšs bas prix n'est rien d'autre qu'une manĆuvre visant Ă changer de rĂ©gime. L'Iran serait aujourd'hui d'une naĂŻvetĂ© coupable s'il continuait Ă dialoguer avec l'Occident et Ă accorder du crĂ©dit Ă ses exigences, alors qu'il a Ă©tĂ© constamment bernĂ©.
Les Iraniens, pour leur part, ont tirĂ© un certain nombre d'enseignements grĂące aux bombardements anti-bunker. Il ne fait aucun doute qu'ils doivent rĂ©agir Ă l'infiltration d'agents israĂ©liens au sein de leurs services de renseignement. Mais le plus grand des enseignements concerne les agences internationales prĂ©tendument neutres qui opĂ©raient en Iran et ne servaient en rĂ©alitĂ© que de prolongement aux rĂ©seaux de la CIA, du MI6 et du Mossad. L'AIEA a perdu toute crĂ©dibilitĂ© en matiĂšre de neutralitĂ© et si TĂ©hĂ©ran l'a expulsĂ©e du pays, ce n'est pas pour envoyer un message Ă Trump ou Ă IsraĂ«l, mais pour l'empĂȘcher d'espionner pour le compte d'IsraĂ«l. Les Iraniens se sont rendus compte que les scientifiques massacrĂ©s chez eux, sous les yeux de leur famille, ne l'ont Ă©tĂ© que parce que les inspecteurs de l'AIEA disposaient de leurs adresses. Ces derniers ont transmis l'information au Mossad, avec des consĂ©quences dĂ©sastreuses pour un certain nombre d'organisations soi-disant neutres actives dans le domaine de la prĂ©vention des conflits, car nul ne pourra plus jamais se fier Ă elles. Cette trahison a Ă©tĂ© prise en compte par les pays du Sud, qui sont conscients qu'on ne peut plus faire confiance aux Ătats-Unis. La crĂ©dibilitĂ© de l'administration Trump a ainsi Ă©tĂ© grandement entachĂ©e, et l'on se demande dĂ©sormais s'il lui sera possible de conclure un accord de paix en Ukraine. Qui peut encore croire en lui aprĂšs cette affaire en Iran ?
Traduit par Spirit of Free Speech