đâđš France, rĂ©forme des retraites : crise politique et sociale
Des voix sâĂ©lĂšvent pour dire « on ne lĂąche rien », avec une dĂ©termination exacerbĂ©e par lâutilisation du 49 -3. La colĂšre gronde.
đâđš France, rĂ©forme des retraites : crise politique et sociale
Par Gabrielle Negrel, le 16 mars 2023
La rĂ©forme des retraites voulue par Emmanuel Macron (deuxiĂšme mandat de prĂ©sident de la rĂ©publique depuis mai 2022), avec entre autre le report de lâĂąge lĂ©gal de 62 ans Ă 64 ans, vient dâembraser les dĂ©putĂ©s de lâAssemblĂ©e Nationale.
Une rĂ©forme prĂ©sentĂ©e comme indispensable Ă©conomiquement alors que le rapport du COR (Conseil dâorientation des retraites) rĂ©fute les arguments du gouvernement : « Les dĂ©penses de retraites sont globalement stabilisĂ©es et mĂȘme Ă trĂšs long terme, elles diminuent dans trois hypothĂšses sur quatre. Dans lâhypothĂšse la plus dĂ©favorable, elles augmentent sans augmenter de maniĂšre trĂšs trĂšs importante [âŠ]. Donc les dĂ©penses de retraites ne dĂ©rapent pas, elles sont relativement maĂźtrisĂ©es. Dans la plupart des hypothĂšses, elles diminuent plutĂŽt Ă terme et dans lâhypothĂšse retenue par le gouvernement, elles diminuent trĂšs trĂšs peu mais un peu Ă terme » ; « les dĂ©penses de retraites ne dĂ©rapent pas mais elles ne sont pas compatibles avec les objectifs de politique Ă©conomique et de finances publiques du gouvernement », câest-Ă -dire rĂ©aliser des Ă©conomies et rĂ©duire le dĂ©ficit selon la trajectoire budgĂ©taire du gouvernement transmise Ă la Commission europĂ©enne (ramener notamment le dĂ©ficit public sous la barre des 3 % dâici 5 ans : 5 % en 2023, 4,5 % en 2024, 4 % en 2025, 3,4 % en 2026, 2,9 % en 2027). «
Un prĂ©sident qui refuse de taxer les supers profits mais veut faire des Ă©conomies budgĂ©taires sur le dos des travailleurs pour notamment conserver une bonne note des agences de notations financiĂšres qui imposent aux Etats câest Ă dire aux finances publiques les critĂšres du secteur financier.
Lâopposition de la majoritĂ© des français, lâunitĂ© des syndicats dans la lutte contre cette rĂ©forme, les manifestations, les grĂšves, les blocages qui depuis deux mois font vibrer les rues de France pour demander le retrait de cette rĂ©forme nâa pas Ă©tĂ© entendue. Le prĂ©sident Macron, 12 minutes avant le vote final de cette rĂ©forme Ă lâAssemblĂ©e Nationale, a fait le choix du 49-3, un recours qui lui permet de passer en force sa rĂ©forme sans le vote des dĂ©putĂ©-e-s. La PremiĂšre Ministre Elisabeth Borne lâa annoncĂ©e dans lâhĂ©micycle de lâAssemblĂ©e Nationale engageant son gouvernement. De fait cette rĂ©forme est adoptĂ©e.
AdoptĂ©e ? mais par qui ? Par une minoritĂ© prĂ©sidentielle qui nâa pas la majoritĂ© Ă lâAssemblĂ©e Nationale, qui nâa pas la confiance du peuple. Seul le SĂ©nat a votĂ© pour cette rĂ©forme. Une procĂ©dure dĂ©mocratique en demi-teinte avec un PrĂ©sident, un gouvernement sourd, aveugle, contre le peuple. Un PrĂ©sident en Ă©chec, qui perd pied, retranchĂ© dans son arrogance et son mĂ©pris.
Rien nâest encore jouĂ©. Pour contrer le 49-3, plusieurs groupes Ă lâAssemblĂ©e Nationale vont dĂ©poser chacun une motion de censure votĂ©e au plus tard lundi. Si une motion passe, le gouvernement sera dans lâobligation de dĂ©missionner et son texte rejetĂ©. Les dĂ©putĂ©-e-s vont-ils se mettre dâaccord pour protĂ©ger les français dâune rĂ©forme antisociale, et non pas sauvegarder leurs intĂ©rĂȘts partisans et personnels ? Nous le saurons au plus tard lundi.
Un rassemblement spontanĂ© Place de La Concorde Ă Paris sâest constituĂ©, rejoint par une manifestation Ă©tudiante sous un dispositif policier trĂšs important. MĂȘme phĂ©nomĂšne dans dâautres villes en France, cette envie dâĂȘtre ensemble dans la rue pour protester. Lâintersyndicale se rĂ©unit ce soir pour la suite Ă donner au mouvement de contestation sociale. Des voix sâĂ©lĂšvent pour dire « on ne lĂąche rien », avec une dĂ©termination exacerbĂ©e par lâutilisation du 49 -3.
En 2010 a Ă©tĂ© votĂ© une rĂ©forme passant lâĂąge de dĂ©part de 60 ans Ă 62 ans, et maintenant une nouvelle rĂ©forme veut lâimposer jusquâĂ 64 ans, et demain 65, 67 etc. Les français nâen veulent pas, nâen peuvent plus. Le travail au centre de nos vies, comme valeur centrale est dĂ©passĂ©. Il est temps de repenser la notion de travail, ses conditions, sa durĂ©e et son sens. Si notre espĂ©rance de vie a progressĂ© câest aussi parce quâau fil de notre histoire le temps et la durĂ©e de travail a baissĂ©.
La colĂšre gronde.
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