đâđš Gabriel Shipton: "Je tenais Ă raconter l'expĂ©rience de notre famille face Ă la persĂ©cution de Julian. "
Je suis allĂ© voir Julian en prison avec mon pĂšre, et John Pilger en 2019. Ce fut un choc, j'ai pensĂ© que je ne je reverrais peut-ĂȘtre jamais. Et lĂ , je me suis dit que je devais faire quelque chose...
đâđš "Je tenais Ă raconter l'expĂ©rience de notre famille face Ă la persĂ©cution de Julian. "
đ Par EXBERLINER, le 24 octobre 2022
Gabriel Shipton sur son frÚre Julian Assange, et la production d'un film sur le combat d'une famille pour libérer le prisonnier politique le plus célÚbre du monde occidental.
EXB se rend dans les coulisses de l'un des documentaires politiques les plus brûlants du moment : Ithaka. Le film, qui a été présenté en avant-premiÚre au Festival du film sur les droits de l'homme de Berlin, sera projeté en exclusivité lors de notre rendez-vous mensuel au Lichtblick Kino. Nous avons rencontré le producteur Gabriel Shipton.
đ Vous et Julian partagez le mĂȘme pĂšre, John Shipton, mais nous comprenons Ă travers le film que vous n'avez pas grandi ensemble. Quand vous ĂȘtes-vous rencontrĂ©s pour la premiĂšre fois ?
đŁ C'Ă©tait vers la fin de mon adolescence - peut-ĂȘtre 16 ou 17 ans. Il Ă©tudiait les maths Ă l'universitĂ© de Melbourne. Je vivais Ă Sydney, et il venait faire des choses Ă l'UniversitĂ© de New South Wales et restait avec moi ou notre pĂšre, John.
đ Vous ĂȘtes son cadet d'une bonne dĂ©cennie. Qu'est-ce que ça vous a fait d'avoir pour frĂšre un gĂ©nie de l'informatique... Vous l'admiriez ?
đŁ Il avait 11 ans de plus et, en tant que petit frĂšre, oui, je l'admirais. J'ai lu le livre Underground, qui traite de ses dĂ©buts dans le militantisme Ă l'adolescence. AprĂšs cela, je l'ai bien sĂ»r admirĂ©. C'Ă©tait tout simplement cool de pouvoir communiquer avec mon frĂšre Ă ce moment-lĂ .
đ Avez-vous suivi son travail ? WikiLeaks a Ă©tĂ© crĂ©Ă© en 2006, n'est-ce pas ?
đŁ Oui. Quand WikiLeaks a Ă©tĂ© crĂ©Ă©, c'Ă©tait une sorte de curiositĂ© pour moi, et je l'ai suivi jusqu'au bout, Ă©videmment. C'Ă©tait le truc de Julian et il nous en parlait. C'Ă©tait un peu obscur Ă l'Ă©poque, mais important pour ces diffĂ©rentes communautĂ©s. Mais je me suis vraiment rendu compte de la puissance de WikiLeaks - ou de ce que Julian a crĂ©Ă© - lorsqu'ils ont publiĂ© le rapport de corruption sur le gouvernement kenyan en 2007.
đ Le rapport sur la corruption au Kenya a Ă©tĂ© l'un des premiers scoops mondiaux de WikiLeaks, rĂ©vĂ©lĂ© plus tard dans The Guardian. Il a attirĂ© l'attention de Julian dans le monde entier et lui a mĂȘme valu quelques rĂ©compenses et distinctions journalistiques... Que s'est-il passĂ© ensuite ?
đŁ Ă cette Ă©poque, Julian Ă©tait au Kenya et, eh bien, certains de ses amis ont Ă©tĂ© assassinĂ©s Ă cause de cette publication. (Deux avocats impliquĂ©s dans l'enquĂȘte sur les exĂ©cutions extrajudiciaires ont Ă©tĂ© tuĂ©s par la suite). Mais le gouvernement du Kenya a alors changĂ© grĂące Ă cette publication...
Je suis allĂ© voir Julian en prison avec mon pĂšre... Ce fut un choc: je suis parti ce jour-lĂ en pensant que je ne le reverrais peut-ĂȘtre jamais.
đ C'est donc ainsi que vous avez rĂ©alisĂ© l'impact du travail de votre frĂšre, mais aussi les risques ?
đŁEh bien, cela m'a fait prendre conscience du prix Ă payer pour apporter ce genre d'informations aux gens. Cela pouvait les aider Ă prendre des dĂ©cisions sur leur vie, sur leur gouvernement; mais bien sĂ»r, ce type de donnĂ©es Ă©tait vraiment menaçant pour les gouvernements qui Ă©taient prĂȘts Ă tout pour les dissimuler - mĂȘme Ă tuer des gens. C'est Ă ce moment-lĂ que nous avons compris le pouvoir de ce site web non censurable - un site web qui n'utilisait pas les filtres traditionnels des anciens mĂ©dias.
đ Je suppose qu'Ă cette Ă©poque, vous n'avez jamais soupçonnĂ© que les Ătats-Unis pouvaient devenir aussi menaçants et vindicatifs que le gouvernement kĂ©nyan de l'Ă©poque.
đŁ Disons que j'ai toujours Ă©tĂ© sceptique Ă l'Ă©gard de tout gouvernement. Mais c'est Ă ce moment-lĂ que nous avons rĂ©alisĂ© que WikiLeaks Ă©tait un outil puissant... Et puis, Ă©videmment, l'annĂ©e 2010 est arrivĂ©e et c'est lĂ qu'elle est devenue stratosphĂ©rique, totalement hors normes.
đ Vous voulez parler de cette vidĂ©o publiĂ©e par WikiLeaks montrant un hĂ©licoptĂšre Apache amĂ©ricain tirant et tuant 18 personnes - dont deux journalistes de Reuters - Ă Bagdad. Vous souvenez-vous de ce qui s'est passĂ© lorsque "Meurtre collatĂ©ral" est devenu viral ? En avez-vous discutĂ© Ă la maison avec votre pĂšre ?
đŁ Oui, nous en avons discutĂ©. Est-ce que je m'en souviens ? Non, je ne m'en souviens pas. Je suppose que tout se rĂ©sume en quelque sorte en un tout pour moi. Pendant toute cette pĂ©riode, les fuites se succĂ©daient. Je n'ai jamais Ă©tĂ© impliquĂ© dans WikiLeaks, j'essayais de me forger une carriĂšre dans le cinĂ©ma, mais j'ai suivi l'affaire et je m'en suis tenu informĂ© de loin. On n'a pas beaucoup vu Julian aprĂšs ça, car il Ă©tait coincĂ© Ă Londres. Je ne le voyais donc que lorsque j'allais en Europe. Je m'assurais d'aller Ă Londres pour le voir, que ce soit en rĂ©sidence surveillĂ©e ou Ă l'ambassade d'Ăquateur, et j'emmenais ma fille.
đ Avez-vous Ă©tĂ© Ă©tonnĂ© lorsque toutes ces accusations ont Ă©tĂ© portĂ©es contre lui - notamment de viol ? Avez-vous eu des doutes Ă un moment donnĂ© ?
đŁ Non. Je connaissais Julian, et je savais que ces gens au pouvoir avaient peur de Wikileaks. Je savais jusqu'oĂč ils Ă©taient prĂȘts Ă aller pour l'attaquer et faire taire les sources. Mais j'ai Ă©tĂ© choquĂ© qu'ils enfreignent leurs propres lois pour retenir Julian dans l'ambassade de l'Ăquateur pendant sept ans, ou qu'ils commettent tous les abus de procĂ©dure qui se sont produits dans l'affaire suĂ©doise. Je n'avais jamais creusĂ© dans le dĂ©tail et je ne l'aurais probablement pas fait si Julian n'avait pas Ă©tĂ© touchĂ©. Mais c'est incroyable d'entrer dans les dĂ©tails de toute cette saga et de voir tous les abus de procĂ©dure Ă tous les niveaux. Tout est documentĂ©, maintenant.
đ Ăa fait maintenant trois ans qu'il est emprisonnĂ© Ă Belmarsh, en attendant de savoir si Londres le livrera aux Ătats-Unis. Ă quel moment avez-vous dĂ©cidĂ© de vous impliquer personnellement et de faire ce film ?
đŁ En 2019. En aoĂ»t de cette annĂ©e-lĂ , je suis allĂ© voir Julian en prison avec John, mon pĂšre, et John Pilger, le journaliste. Ce fut un choc: je n'avais jamais vu Julian comme ça auparavant. Je suis parti ce jour-lĂ en pensant que je ne le reverrais peut-ĂȘtre jamais. C'est alors que je me suis dit que je devais faire quelque chose...
đ Le rapporteur des Nations Unies sur la torture, Nils Melzer, a dĂ©clarĂ© que les conditions de sa dĂ©tention s'apparentaient Ă de la torture psychologique...
đŁ Je ne suis pas un professionnel. Tout ce que je peux dire, c'est que je connais Julian depuis des annĂ©es et que je n'avais jamais eu ce genre de sentiment auparavant. Nils Melzer a fait appel Ă deux experts qui ont conclu qu'il Ă©tait torturĂ©. Ă cette Ă©poque, il Ă©tait dĂ©tenu dans l'aile des soins de santĂ© de la prison, que les prisonniers appellent en fait "l'aile de l'enfer".
đ Donc, l'aile des soins est considĂ©rĂ©e comme l'aile de l'enfer Ă Belmarsh ?!
đŁ Oui. C'est lĂ qu'ils gardent les plus suicidaires, les cliniquement dĂ©primĂ©s mais aussi les malades en phase terminale, les dĂ©tenus sans bras et sans jambes... les dĂ©tenus en train de mourir... Donc, vous pouvez imaginer que ce n'est pas un endroit trĂšs agrĂ©able.
đ Et avait-il accĂšs Ă un ordinateur ? Ou pouvait-il lire ?
đŁ A cette Ă©poque, non. Il Ă©tait soumis Ă une surveillance rapprochĂ©e (suicide watch), ce qui n'est pas trĂšs agrĂ©able, vous savez. Ils ne vous laissent pas dormir, il y a ces diffĂ©rentes procĂ©dures, ils vous surveillent tout le temps... Je suis parti ce jour-lĂ en me disant que je devais faire quelque chose. Et nous avons commencĂ© Ă rĂ©flĂ©chir Ă la façon de raconter notre version de l'histoire. Je voulais raconter l'expĂ©rience familiale de la persĂ©cution de Julian. C'est lĂ qu'on a commencĂ©. Ă l'Ă©poque, John voyageait en Europe et nous avons commencĂ© Ă le suivre. J'ai une formation cinĂ©matographique dans le domaine du drame narratif; je produis gĂ©nĂ©ralement des films dramatiques scĂ©narisĂ©s.
đ Comment avez-vous choisi Ben Lawrence pour rĂ©aliser le documentaire ?
đŁ Ben m'a Ă©tĂ© recommandĂ© par deux vieux amis et nous Ă©tions sur la mĂȘme longueur d'onde dĂšs le dĂ©but sur la façon de raconter cette histoire. J'ai regardĂ© des films de Ben et j'ai senti de sa part une rĂ©elle compassion pour les protagonistes de ses films dramatiques et documentaires. Cela m'a vraiment frappĂ©; j'ai senti que c'Ă©tait le regard que nous devions porter sur mon pĂšre et Stella. Ben a fait un excellent travail Ă cet Ă©gard dans le film, en traitant leur histoire avec respect et compassion.
đ Le film est surtout centrĂ© sur votre pĂšre, John, et son combat pour son fils aĂźnĂ©. Mais il y a aussi un grand rĂŽle donnĂ© Ă la femme de Julian, Stella. Comment est-elle entrĂ©e dans le projet? Ce n'est que plus tard, non ?
đŁ Oui, car Stella Ă©tait encore la famille secrĂšte de Julian lorsque nous avons commencĂ© Ă tourner. Et ce n'est que six mois environ aprĂšs le dĂ©but du tournage que des documents juridiques ont rĂ©vĂ©lĂ© le nom de Stella. Elle a donc dĂ©cidĂ© de sortir de l'ombre et de se manifester. Et c'est la premiĂšre avocate de Julian maintenant. Elle est incroyable, infatigable et extraordinaire. Nous avons dĂ©cidĂ© de retracer le parcours de Stella et avons commencĂ© Ă la suivre Ă©galement, comme vous le voyez dans le film. Vous avez un petit aperçu de son parcours: elle est passĂ©e d'une famille secrĂšte au statut de conseillĂšre juridique de Julian et de membre de son Ă©quipe juridique, pour devenir l'un des principaux dĂ©fenseurs de Julian et maintenant, l'une des voix de Julian.
đ Dans le film, on a ce sentiment rĂ©confortant d'une famille au sens large qui se rassemble.
đŁ La situation est dĂ©sastreuse, mais elle a donnĂ© lieu Ă quelque chose de beau: la famille de Julian, son mariage avec Stella et leurs deux enfants... MĂȘme dans toute cette pagaille et parmi tout ce traitement grotesque infligĂ© Ă Julian, il peut encore y avoir de l'amour. Les enfants et la famille sont aussi le fruit du mariage. C'est quelque chose qui me semble trĂšs beau. Quand Stella et Julian se sont mariĂ©s en prison, c'Ă©tait vraiment touchant. Quoi qu'il arrive, ces deux personnes peuvent encore vivre cet amour ensemble.
đ Vous Ă©tiez lĂ quand Julian et Stella se sont mariĂ©s Ă Belmarsh ?
đŁ Oui. Il n'y avait que notre famille: moi, John, Stella, la maman de Stella, son frĂšre et les deux enfants. C'Ă©tait trĂšs Ă©mouvant, et j'ai eu l'impression que les murs de la prison Ă©taient tombĂ©s pendant quelques heures ce jour-lĂ .
đ Pourquoi les mĂ©dias n'en ont ils pas parlĂ© ? Pourquoi n'en font-ils pas une campagne pour la libertĂ© d'information ?
đŁ Le film est sorti au Royaume-Uni quelques semaines seulement aprĂšs que la mauvaise nouvelle du juge autorisant son extradition vers les Ătats-Unis...
đ Comment les gens ont-ils rĂ©agi ?
đŁ Les gens sont trĂšs Ă©mus par le film. TrĂšs Ă©mus. Beaucoup de gens ne se rendent pas compte de ce qui se passe. Alors quand ils voient le film, ils comprennent mieux...
đ Ne pensez-vous pas que c'est un peu fou que les gens ne sachent toujours pas ce qui s'est passĂ© ? Il n'y a pas de procĂ©dure judiciaire rĂ©guliĂšre, et le genre de persĂ©cution politique va Ă l'encontre de tout ce que l'on peut attendre d'un pays dĂ©mocratique. Et trĂšs peu de gens en sont conscients. Comment cela se fait-il ?
đŁ Je pense que ça commence Ă bouger doucement et que le soutien augmente. Il y a eu cet Ă©norme rassemblement Ă Londres - entre 10 et 12 000 personnes se sont dĂ©placĂ©es pour cela.
đ Mais les journalistes en ont Ă peine parlĂ©... Encore moins les journaux comme The Guardian. Ils ont pourtant beaucoup travaillĂ© avec Assange dans le passĂ© !
đŁ C'est le problĂšme. Les mĂ©dias traditionnels ne nous soutiennent pas. Le soutien vient de ce que nous faisons, comme les voyages. Nous avons projetĂ© 30 fois Ithaka au Royaume-Uni en un mois, parfois nous en faisions deux par jour. Quand la presse ne nous couvre pas, nous devons agir en consĂ©quence.
đ Ne vous sentez-vous pas abandonnĂ© par ces grands mĂ©dias progressistes - The Guardian au Royaume-Uni, Le Monde en France, Der Spiegel ici - qui doivent Ă Julian certains de leurs meilleurs scoops, et qui sont maintenant si silencieux..... Que s'est-il passĂ© ?
đŁ Je pense qu'il faut revenir en arriĂšre et regarder WikiLeaks - l'un des problĂšmes qu'il essayait de rĂ©soudre Ă©tait la façon dont les anciens mĂ©dias corporatifs se comportaient. Quand un journal dĂ©couvrait une fuite, c'Ă©tait Ă lui de dĂ©cider s'il voulait la publier ou non - personne n'aurait su s'il ne l'avait pas fait. Mais avec Wikileaks, vous pouviez aller consulter la fuite, et le reportage. Ils n'avaient donc plus la mĂȘme libertĂ© qu'auparavant de raconter une histoire qui convenait Ă leurs sponsors, quels qu'ils soient, ou Ă ce que Rupert Murdoch, le gouvernement ou autre voulait qu'ils disent.
đ Vous pensez donc que les mĂ©dias traditionnels ont Ă©tĂ© menacĂ©s par une plateforme comme Wikileaks dans le sens oĂč ils perdaient leur monopole sur l'information, les fuites Ă©tant accessibles Ă tous ?
đŁ Oui, parce que Julian leur a fait honte. Imaginez la plus grande fuite de l'histoire et qu'aucun d'entre eux n'en parle. Ils seraient instantanĂ©ment dĂ©signĂ©s pour ce qu'ils sont. Et c'est en partie ce qui se passe en ce moment, Ă cause de la persĂ©cution de Julian: pourquoi n'en parlent-ils pas ? Pourquoi n'en font-ils pas plus ? Pourquoi n'en font-ils pas une campagne pour la libertĂ© d'information - chose Ă laquelle ils devraient participer, et qui les concerne ?
đ Julian Assange fait maintenant appel de son extradition vers les Ătats-Unis, oĂč il risque une peine de prison Ă vie en vertu de la loi sur la trahison... Que pensez-vous qu'il puisse arriver maintenant ?
đŁ Je suis - pas "optimiste", car je suppose que ce n'est pas le bon mot, mais je crois que les gens ordinaires vont se rendre compte de ce qu'il en est maintenant. Il suffit de leur montrer l'injustice et ils peuvent facilement comprendre que cela les affecte, ainsi que leur droit de savoir ce que leurs gouvernements font en leur nom et celui de leurs droits dĂ©mocratiques. Je pense donc que c'est la raison pour laquelle nous assistons Ă un mouvement qui s'amplifie dans le monde entier.
Des manifestations ont lieu dans le monde entier - elles sont minimisĂ©es, mais elles sont bien rĂ©elles. Elles sont toujours prĂ©sentes. Et ce soutien de la base remonte jusqu'aux politiques. Vous avez maintenant des groupes politiques dans le monde entier - il y en a beaucoup Ă Berlin, Ă©galement au Bundestag; des chefs d'Ătat en Colombie, en Argentine, au Chili, en Australie... Le prĂ©sident mexicain appelle souvent Joe Biden Ă abandonner les poursuites. Un mouvement politique est en train de naĂźtre au sein de la population. C'est donc qu'il y a de l'espoir.
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