👁🗨 Gaza, tombeau des droits de l'homme
Je m'excuse auprès de mes enfants, mes collègues, amis & tous ceux qui ne sont plus parmi nous, d'avoir promu ces droits de l'homme qui ont été bafoués quand on les a massacrés et mis en pièces.
👁🗨 Gaza, tombeau des droits de l'homme
Par Khalil Abu Shammala / The Electronic Intifada, le 8 novembre 2023
Le temps est venu de présenter des excuses.
J'en suis arrivé à cette conclusion, en tant que témoin de cet holocauste en Palestine.
Le massacre d'enfants, de femmes et d'hommes innocents.
Une désolation qu'aucun esprit humain ne peut concevoir.
J'en suis arrivé à cette conclusion après avoir constaté l'incapacité ou le refus de la “communauté internationale” d'aider les enfants et les habitants de Gaza.
L'absence d'aide constitue un échec de l'humanité elle-même.
Je présente mes excuses pour tous ces concepts, valeurs et principes des droits de l'homme que j'ai travaillé dur à promouvoir au cours de ces 25 dernières années.
J'espérais que ces principes jouissaient d'un certain respect de la part des gouvernements.
Je pensais que les gouvernements et institutions internationales étaient dotés de sens moral.
Je croyais que les gouvernements et les institutions internationales s'efforceraient de protéger les innocents quand ils appellent le monde à l'aide, pour mettre fin à l'injustice dont ils sont victimes et aux massacres prémédités de sang-froid qui leur sont infligés.
Les Palestiniens ne sont coupables d'aucun crime - sauf si être Palestinien est un crime en soi.
L’extermination de la vie à Gaza se déroule au vu et au su de tous.
Elle marquera de sa disgrâce le front des représentants de la “communauté internationale”, et de tous ceux qui travaillent pour cette “communauté”.
Je suis certain que chaque fonctionnaire de ces institutions internationales éprouvera de la honte, et que tous seront hantés par cette vision chaque fois qu'ils se regarderont dans un miroir.
Pas de réponses
Je reconnais m'être trompé.
Je pensais que le droit prévaudrait éternellement.
La réalité de terrain prouve le contraire. Dans ce monde injuste, seule prévaut la loi de la jungle.
Nous avons été poignardés dans le dos par la “communauté internationale”.
Nous devrons nous détourner de nos enfants lorsqu'ils nous questionneront.
Ne nous aviez-vous pas dit que le droit international triomphe pour les opprimés ?
Ne nous aviez-vous pas dit que la Quatrième Convention de Genève est contraignante, qu'elle oblige les États à protéger les peuples en temps de guerre ?
Ne nous aviez-vous pas parlé des droits de l'enfant ?
Ne nous aviez-vous pas parlé de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes ?
Alors pourquoi voyons-nous des enfants et des femmes se faire déchiqueter ?
Pourquoi des missiles lourds sont-ils largués au-dessus de leurs têtes ?
Ce monde ne nous appartient pas, à nous habitants de Gaza.
Le droit international semble nous avoir exclus de ses dispositions.
Je présente mes excuses à mes enfants, Nour, Muhammad et Nessma.
Je présente mes excuses à mes amis et collègues qui défendent les droits de l'homme, et les principes qui les sous-tendent.
Je présente mes excuses à tous les enfants, femmes et hommes victimes à Gaza.
Je n'ai pas encore de réponses à leurs questions.
Et je ne pense pas pouvoir jamais y répondre.
Je m'excuse auprès de tous ceux qui ne sont plus parmi nous.
Les droits de l'homme ont été bafoués lorsqu'on les a massacrés et mis en pièces.
J'ai promu les droits de l'homme, et j'y ai sincèrement cru.
J'ai eu tort.
Gaza est désormais le tombeau des droits de l'homme.
* Khalil Abu Shammala est un militant des droits de l'homme à Gaza.
https://electronicintifada.net/content/gaza-graveyard-human-rights/40191