👁‍🗨 Gordon Dimmack : Le journalisme est toujours en prison

Julian Assange restera en prison jusqu'à ce qu'un nombre suffisant de personnes se soucient de la vérité. Si vous vous souciez de la vérité, quelle qu'elle soit, vous devez exiger sa libération.

Photo : Ambassade d'Équateur à Londres

👁‍🗨 Le journalisme est toujours en prison

Mon reportage sur l'action Assange du week-end dernier à Londres.

Par Gordon Dimmack, le 19 avril 2023

La semaine dernière a marqué le quatrième anniversaire de l'arrestation de Julian Assange par la police métropolitaine pour violation des conditions de sa libération sous caution dans le cadre d'une enquête sur une allégation de viol en Suède.

Dès son arrestation, un acte d'accusation émanant des États-Unis d'Amérique a été immédiatement dévoilé. L'acte d'accusation initial portait sur un délit de "conspiration en vue de commettre une intrusion informatique".

Selon l'acte d'accusation, M. Assange aurait cherché à aider Chelsea Manning à déchiffrer un mot de passe afin que celle-ci puisse utiliser un nom d'utilisateur différent pour télécharger des documents classifiés. Cela "aurait rendu plus difficile pour les enquêteurs d'identifier Manning comme la source des divulgations d'informations classifiées".

Chelsea Manning avait déjà accès aux documents qu'elle a divulgués. Elle n'a pas eu besoin de pirater quoi que ce soit pour accéder aux documents, et aucun mot de passe n'a jamais été piraté.

En fait, il n'est pas certain que la personne à qui Manning a parlé en ligne lors de cet incident soit même Julian Assange. Quelqu'un d'autre ayant des connaissances approfondies a récemment affirmé sur Twitter être la personne en question.

Que Manning ait ou non parlé à Assange lors de cet incident, le hachage du mot de passe n'a jamais été piraté.

Quelques semaines après son arrestation, M. Assange a été inculpé de 17 nouveaux chefs d'accusation liés à la loi sur l'espionnage de 1917, un texte législatif rédigé à l'origine pour punir les objecteurs de conscience pendant la Première Guerre mondiale, utilisé plus récemment pour poursuivre les journalistes dénonçant les crimes commis par les États-Unis.

Barack OBama a utilisé cette loi sur l'espionnage pour poursuivre des journalistes plus que tous les autres présidents réunis au cours de ses huit années dans le bureau ovale.

Le tribunal chargé de juger toutes les affaires d'espionnage aux États-Unis, connu sous le nom de "tribunal de l'espionnage", se trouve en Virginie. Le siège de la CIA se trouve également en Virginie. Il en va de même pour le Pentagone, Quantico (où sont formées toutes les recrues du FBI) et une soixantaine d'autres agences fédérales.

Selon vous, quelles sont les chances pour Assange d'obtenir un procès équitable devant le "tribunal d'espionnage" de Virginie, dont les jurés sont choisis parmi les familles des régions environnantes, sans aucune possibilité de présenter une défense d'intérêt public ?

Les autres accusations retenues contre Assange sont liées à l'obtention et à la publication de documents. L'un de ces chefs d'accusation repose sur le témoignage d'un pédophile et fraudeur condamné qui a admis que ce qui est écrit dans l'acte d'accusation du FBI est faux, et qui a bénéficié de l'immunité dans le but de témoigner.

Les autres accusations portent sur la mise en danger de personnes par la publication d'informations non expurgées, une allégation dont aucune preuve n'a pu être produite dans les procédures à l’encontre d’Assange et de Manning, ET qui ne pourrait de toute façon pas être adaptée à Assange puisque les informations en ligne n'ont été mises à disposition que parce que Luke Harding, journaliste à The Guardian, a publié le mot de passe des documents dans l'un de ses livres.

L'affirmation selon laquelle Assange a publié des informations non expurgées qui ont mis des personnes en danger est fausse. Comment Assange peut-il avoir mis quelqu'un en danger en publiant des informations non expurgées, si vous ne pouvez pas présenter de preuve que quelqu'un a été mis en danger, et alors que le fait est qu'il n'est pas celui qui a publié les documents non expurgés en premier lieu ?

Assange a toujours affirmé qu'il avait demandé l'asile à l'ambassade de l'Équateur pour éviter l'extradition vers les États-Unis, et non vers la Suède. Six mois après l'arrestation d'Assange pour violation des conditions de sa libération sous caution, l'"enquête sur une allégation de viol" en Suède a été entièrement abandonnée.

Aucune accusation n'a jamais été retenue par les procureurs suédois. L'"enquête sur une allégation de viol", une allégation qu'AUCUNE des femmes en Suède n'a formulée, soit dit en passant, a finalement été entièrement abandonnée, après avoir été ouverte et fermée plus de fois que je ne peux m'en souvenir.

Assange aurait dû être libéré de la prison de Belmarsh le 22 septembre 2019, mais il lui a été notifié qu'il serait maintenu en prison dans l’attente d’une audience pour déterminer s'il serait extradé vers les États-Unis.

Depuis, il est incarcéré à la prison de Belmarsh, où il ne purge aucune peine pour aucun crime commis dans ce pays, en attendant que la justice britannique décide de ce qu'il convient de faire.

En janvier 2020, un tribunal de première instance a rejeté la demande d'extradition au motif que M. Assange présenterait un risque de suicide et ne survivrait pas au système pénitentiaire américain, mais le juge Baraitser a rejeté les allégations de M. Assange selon lesquelles les accusations portées contre lui étaient motivées par des considérations politiques, et qu'il ne bénéficierait pas d'un procès équitable aux États-Unis.

La nouvelle administration américaine de M. Biden a fait appel du jugement, et M. Assange est resté en prison.

Une longue audience à l'Old Bailey a suivi, et la décision de refuser l'extradition a été annulée par la Cour royale de justice, les États-Unis ayant offert des garantis spécifiant qu'Assange ne serait pas soumis à des mesures sévères dans une prison américaine. Des assurances qu'Amnesty International a qualifiées d'"intrinsèquement peu fiables".

Priti Patel a signé l'extradition, et l'équipe juridique d'Assange a dans un premier temps déposé un recours auprès de la Cour européenne des droits de l'homme, qui a été rejeté.

À l'heure actuelle, la procédure juridique est tellement alambiquée que les avocats d'Assange font appel de la décision initiale du juge Baraitser devant la Magistrates Court, qui nie que les accusations portées contre lui soient politiquement motivées, ou qu'Assange puisse un jour bénéficier d'un procès équitable aux États-Unis sur la base d'informations datant des années qui ont suivi cette décision, selon lesquelles la CIA espionnait Assange 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pendant son asile à l'ambassade, et aurait même élaboré des plans pour kidnapper et tuer Assange dans le centre de Londres.

Si ce recours est rejeté, un appel sera interjeté devant la Cour suprême de l'Union européenne. Julian Assange attendra en prison.

Si ce recours est gagné, un autre procès en appel débutera quelque temps plus tard, et Julian Assange attendra en prison.

Si ce procès en appel est gagné, les États-Unis feront appel de cette décision, et un autre procès s'ouvrira quelque temps plus tard, et Julian Assange attendra en prison.

Si l'appel est rejeté, les avocats de Julian Assange feront vraisemblablement appel de cette décision, et une autre audience débutera quelque temps plus tard. Et Julian Assange attendra en prison.

Avez-vous conscience de ce qui se produit là ?

Que les avocats de Julian Assange gagnent ou perdent devant un tribunal britannique n'a aucune importance. Julian Assange reste en prison.

À l'heure où j'écris ces lignes, 1469 jours se sont écoulés, et Julian Assange est toujours en prison.

Julian Assange restera en prison jusqu'à ce qu'un nombre suffisant de personnes se soucient de la vérité. Si vous vous souciez de la vérité, quelle qu'elle soit, vous devez exiger la libération de Julian Assange.

Ci-dessus, le flux en direct depuis l'extérieur de l'ambassade d'Équateur. Je suis vraiment désolé d'avoir réagi à l'idiot dans le taxi qui nous criait des injures. Certaines personnes n'ont pas de cerveau, et clairement, ce chauffeur de taxi n'en avait pas non plus.

Je n'aurais pas dû réagir ainsi.

La vidéo en direct ci-dessus est diffusée à l'extérieur du tribunal de Westminster.

Mon ami Joe Brack de EF Press a couvert l'action et les discours depuis l'extérieur de la prison de Belmarsh plus tard dans la journée :

Ma prise de parole dimanche :

Journalism is Still in Jail