đâđš Howard Lisnoff: Julian, Harry, Meghan, et les autres.
Assange ne se livrait pas Ă de l'espionnage, mais du journalisme lorsque le Royaume-Uni & l'Ăquateur l'ont abandonnĂ©. Joe Biden doit mettre fin Ă cette folie. Charles III & William doivent sâexprimer.
đâđš Julian, Harry, Meghan, et les autres.
Par Howard Lisnoff, le 4 janvier 2023
Assange ne s'est pas livrĂ© Ă l'espionnage, mais Ă du journalisme lorsque leRoyaume-Uni & l'Ăquateur l'ont abandonnĂ©. Joe Biden doit mettre fin Ă cette folie. Charles III & William doivent sâexprimer.
La sĂ©rie Netflix "Harry et Meghan" est aussi prenante qu'un film bien ficelĂ©, bien qu'il s'agisse d'un documentaire. Deux personnes intelligentes se battent contre la monarchie en Grande-Bretagne (Royaume-Uni) alors que leur autonomie et l'hĂ©ritage de Meghan (duchesse de Sussex) sont dynamitĂ©s partout dans les tabloĂŻds britanniques. Les trolls de l'internet ont portĂ© les attaques contre Meghan Ă un tel niveau que dans l'Ă©pisode 5 de la sĂ©rie, elle est au bord des larmes face aux attaques menĂ©es contre elle, Harry et leur enfant, Archie. Juste avant que Meghan Markle n'Ă©pouse le prince Harry, le pĂšre mĂȘme de Meghan intervenant dans des interviews Ă©tait censĂ© troubler la rĂšgle de la famille royale selon laquelle elle ne doit crĂ©er aucune controverse, susceptible de modifier la façon dont la monarchie est perçue par le public britannique, et de menacer potentiellement son soutien et son financement.
Bien que les mĂ©dias grand public soient plus ou moins prĂ©sents aux Ătats-Unis sous forme de tabloĂŻds, les extrĂȘmes de la tactique du chien d'attaque dans la presse Ă©crite impliquent surtout ici une prĂ©sence en ligne sur Internet. Les lecteurs se souviennent des assauts quotidiens contre la vĂ©ritĂ© et la civilitĂ© sous l'administration Trump, oĂč chaque jour apportait son lot d'horreurs ou de violations de la dĂ©cence commune. Le rĂŽle servile et orwellien de Trump dans la crĂ©ation de l'aura des "fake news" pourrait Ă lui seul remplir une bibliothĂšque entiĂšre. Sa haine envers les immigrants est monumentale dans une nation d'immigrants. La presse tabloĂŻd en ligne est donc une sorte de presse Ă scandale.
Quand j'Ă©tais enfant et que je travaillais dans la petite entreprise familiale de restauration, j'adorais les pauses au comptoir pour lire les derniers gros titres du National Enquirer. DĂšs ma premiĂšre adolescence, j'ai su qu'il n'y avait pas de "chien savant" Ă proximitĂ©, comme le rapportait l'Enquirer, et je prĂ©fĂ©rais lire des articles plus sĂ©rieux, mais j'admets que ces bĂȘtises Ă©taient amusantes Ă lire quand j'Ă©tais enfant.
Lorsque Harry et Meghan ont cherchĂ© Ă se rĂ©fugier loin de la laideur de leur combat contre le pouvoir et les tabloĂŻds britanniques, j'ai pensĂ© Ă la bataille que Julian Assange mĂšne et a menĂ©e pour mettre en lumiĂšre les pĂ©chĂ©s de l'empire, en publiant des informations trĂšs concrĂštes, et en particulier celles relatives aux guerres amĂ©ricaines et aux machinations du parti dĂ©mocrate, alors que ce parti politique cherchait Ă Ă©carter Bernie Sanders de la course Ă la nomination dĂ©mocrate pour la prĂ©sidence en 2016 contre son adversaire, la nĂ©olibĂ©rale Hillary Clinton. Les Ătats-Unis n'ont pas de monarchie, mais ils ont certainement des centres de pouvoir dans leurs systĂšmes politiques et Ă©conomiques, et Hillary Clinton en est un exemple. La libertĂ© de Julian Assange a pris fin lorsqu'il est entrĂ© dans l'ambassade d'Ăquateur pour y chercher refuge en juin 2012. Si le cas de Chelsea Manning, qui a fourni des informations sur les guerres amĂ©ricaines, et son emprisonnement sont une indication du traitement auquel Julian Assange peut s'attendre, alors les conditions que Manning a connues avant 2013, et entre 2013-2017, sont rĂ©vĂ©latrices.
Pour comprendre la monarchie en Grande-Bretagne et son refus de venir en aide et d'empĂȘcher l'emprisonnement et la torture continus du journaliste Julian Assange, il faut prendre en compte le rĂŽle de filiation de la Grande-Bretagne aux Ătats-Unis. AprĂšs la Seconde Guerre mondiale et son combat hĂ©roĂŻque contre le fascisme, la Grande-Bretagne s'est dĂ©barrassĂ©e de ses colonies, mais pas de ses intĂ©rĂȘts Ă©conomiques, et a cĂ©dĂ© son rĂŽle de superpuissance mondiale aux Ătats-Unis. Ce n'Ă©tait pas vraiment mauvais puisque les Ătats-Unis pouvaient dĂ©sormais devenir le pourvoyeur mondial de la puissance militaire et Ă©conomique, tandis que la Grande-Bretagne pouvait se faire oublier tout en continuant Ă profiter de son rĂŽle mondial. Le soi-disant parti travailliste pouvait produire des caniches comme l'ancien Premier ministre Tony Blair, et la risible image miroir de Trump en Boris Johnson, et continuer Ă prendre part Ă des guerres prĂ©ventives comme en Irak en 2003. La Grande-Bretagne avait dĂ©jĂ vu la Margaret Thatcher d'extrĂȘme droite des conservateurs danser une valse mĂ©taphorique avec son Ă©quivalent aux Ătats-Unis, Ronald Reagan, alors que les deux entitĂ©s cherchaient Ă dĂ©pouiller les citoyens ordinaires de leur niveau de vie. Il n'y avait rien de comparable Ă leur austĂ©ritĂ© transatlantique, et Ă l'arnaque du citoyen moyen ! La classe ouvriĂšre en a pris pour son grade dans les deux pays.
C'est alors que Julian Assange a fait son entrĂ©e dans l'histoire des deux nations, des dĂ©cennies plus tard, en dĂ©masquant les guerres sans fin en Afghanistan et en Irak, et en publiant la vidĂ©o de l'attaque d'hĂ©licoptĂšres en Irak en 2007, intitulĂ©e " Collateral Murder ". Rappelons que le prince Harry Ă©tait pilote d'hĂ©licoptĂšre en Afghanistan, comme on l'attendait de la part de la royautĂ©. Ce dernier point n'est pas un jugement sur le temps passĂ© par le prince Harry Ă combattre en Afghanistan, mais une illustration de la maniĂšre dont ces mondes apparemment disparates se heurtent, et dont les intĂ©rĂȘts politiques, Ă©conomiques et sociaux se complĂštent.
La sĂ©rie Netflix "Harry et Meghan" repose, en partie, sur les 100 millions de dollars versĂ©s au couple. Il peut ĂȘtre difficile pour les lecteurs de se faire une idĂ©e de ce chiffre, mais il place certainement Harry et Meghan dans une classe Ă part, sans toutefois justifier en aucune façon la haine dont ils font l'objet, ou les menaces qu'ils reçoivent. Le racisme est si prolifique aux Ătats-Unis, en Grande-Bretagne et ailleurs qu'il est hors de question de minimiser ou de rationaliser la haine. La haine a pris une dimension internationale, pas si diffĂ©rente de celle des annĂ©es 30.
Voici ce que la défunte reine, Elizabeth II, avait à dire au sujet de Julian Assange, comme le rapporte l'Express ("Royal shock : Queen finally responds to demand to help Julian Assange in prosecution row", 18 février 2020) :
'Je dois vous dire, cependant, qu'en tant que souveraine constitutionnelle, Sa Majesté [sic] agit [sic] selon les conseils de ses ministres et reste strictement apolitique à tout moment.'
Il ne s'agit donc pas d'une affaire dans laquelle la Reine aurait dĂ» intervenir.
Le fondateur de WikiLeaks se trouve Ă la prison de Belmarsh depuis avril 2019, Ă la suite de son Ă©viction de l'ambassade d'Ăquateur Ă Londres.
La torture et l'emprisonnement d'un journaliste sont Ă©voquĂ©s comme une "querelle" dans la presse britannique. Ceci de la part d'une nation oĂč la Magna Carta a accordĂ© des droits Ă son peuple, et qui a combattu hĂ©roĂŻquement les forces du fascisme pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce qu'il faut ici, c'est une dĂ©claration de soutien de Harry et Meghan et une demande de libĂ©ration immĂ©diate d'Assange. Ceux qui ont souffert d'une grave adversitĂ© et de la haine sont capables de la percevoir ailleurs. Julian Assange faisait le travail d'un journaliste lorsque la Grande-Bretagne et l'Ăquateur l'ont abandonnĂ©. Joe Biden doit mettre fin Ă cette folie. Le roi Charles III doit ĂȘtre entendu sur cette question, tout comme le prince William. Assange ne s'est pas livrĂ© Ă l'espionnage; il a travaillĂ© en qualitĂ© de journaliste.
* Howard Lisnoff est un écrivain indépendant. Il est l'auteur de Against the Wall : Memoir of a Vietnam-Era War Resister (2017).
https://www.counterpunch.org/2023/01/04/julian-harry-meghan-et-al/