👁🗨 Il est temps de mettre fin à la persécution de Julian Assange.
Promulguée pour encourager un bain de sang - la Première Guerre mondiale, l'Espionage Act a permis d'arrêter les Rosenberg & plus tard, Daniel Ellsberg, pour avoir divulgué les “Pentagon Papers".
👁🗨 Il est temps de mettre fin à la persécution de Julian Assange.
Par Eve Ottenberg / CounterPunch, le 9 octobre 2023
Promulguée pour encourager un bain de sang inutile - la Première Guerre mondiale, l'Espionage Act a été invoquée pour arrêter les Rosenberg & plus tard, Daniel Ellsberg, pour avoir divulgué les “Pentagon Papers”.
Il est grand temps que les États-Unis et le Royaume-Uni libèrent Julian Assange. Son incarcération, d'une injustice flagrante, est un scandale planétaire, et le monde entier en est profondément indigné. En effet, le 19 septembre, aux Nations unies, des chefs d'État ont dénoncé ces poursuites fictives pour ce qu'elles sont : une fraude et un subterfuge, une atteinte à la liberté de la presse et une atteinte à la personne de Julian Assange, qui pratique le journalisme. Depuis plus de quatre ans, cet éditeur est abandonné dans un cachot de la tristement célèbre prison britannique de haute sécurité, Belmarsh. Pour quelle raison ? Eh bien, bien qu’ils ne l'admettent peut-être pas, les dirigeants américains veulent le broyer pour les avoir humiliés en révélant la criminalité meurtrière de l'armée américaine en Irak et ailleurs.
Périodiquement, un dirigeant mondial lance un cri de protestation. “Il est essentiel de préserver la liberté de la presse. Un journaliste comme Julian Assange ne peut être puni pour avoir informé la société de manière transparente et légitime”, a déclaré le président brésilien Luis Inacio Lula da Silva devant les diplomates de l'ONU. La présidente du Honduras, Xiomara Castro, a également dénoncé les mauvais traitements infligés à Julian Assange par les autorités. Le 20 septembre, une délégation d'hommes politiques australiens a adressé une lettre aux autorités de Washington, exigeant que les États-Unis renoncent aux poursuites scandaleuses dont Assange fait l'objet.
Ce n'est pas la première fois que des chefs d'État ou d'autres personnalités politiques exhortent le président américain Joe Biden à mettre fin au calvaire d'Assange. Le président mexicain Andres Manuel Lopez Obrador a écrit deux fois à M. Biden, l'implorant de libérer M. Assange et fustigeant à juste titre les dommages infligés à la presse libre du fait de l'incarcération de M. Assange. Fin 2022, les dirigeants nicaraguayens et vénézuéliens ont appelé à la libération de l'éditeur. Le président colombien Gustavo Petro s'est engagé sur les réseaux sociaux à “appeler le président Biden [...] à ne pas inculper un journaliste pour avoir dit la vérité”. Le premier ministre australien, Anthony Albanese, a également adressé une pétition aux États-Unis au nom de M. Assange, élu de Canberra. Pour l'instant, M. Biden ne semble pas ému.
Mais il n'est peut-être pas raisonnable de s'attendre à ce qu'un personnage politique comme M. Biden, issu du régime Obama, se montre sous un autre jour que dans la traque enragée des lanceurs d'alerte. Tel un vampire, Obama s'est attaqué aux lanceurs d'alerte avec une haine particulièrement extrême, plus que tous les présidents précédents réunis, et la façon dont son gouvernement s'est attaqué au pirate informatique de la NSA Edward Snowden a dépassé l'entendement. Forcer l'avion d'un président étranger - le Bolivien Evo Morales - à atterrir à Vienne pour qu'il puisse être fouillé à la recherche de Snowden, supposément caché sous un siège ? L'entourage d'Obama a été pris d'hystérie à propos des fuites, et il ne fait aucun doute que Assange était l’un des motifs de cette bouffée délirante. Cette histoire a dû marquer M. Biden. Il n'est donc pas surprenant qu'il semble hermétique au regard du reste du monde, car ses idées sur la question ont sans doute été formées dans un environnement pour le moins particulier.
Les États-Unis sont donc une exception dans l'univers de l'opinion publique. C'est à cause du traitement réservé à Assange sur l'ordre d'Américains comme une Hillary Clinton “Can't We Just Drone Assange ?” [Ne pourrait-on pas ‘droner’ Assange?], un Mike Pompeo “We Lied, We Cheated, We Stole” [Nous avons menti, triché, volé], un Donald Trump “No Pardon for Assange” [Pas de grâce pour Assange], et un Joe Biden “Prefers Napping to Pardons” [Préfère la sieste aux amnisties] s'est montré si cruel et abusif que, selon le rapporteur spécial de l'ONU, Nils Melzer, ces souffrances progressivement sévères infligées à Assange constituent des actes de torture. Et pour l'amour du ciel, la CIA a même esquissé des plans pour l'enlever et l'assassiner, alors qu'il s'était réfugié, pendant près de sept ans jusqu'en 2019, dans l'ambassade d'Équateur à Londres. Plus tard, ils ont essayé de le briser à Belmarsh, en l’assommant avec des psychotropes, tout en espérant sans doute qu'il attrape le COVID-19, et qu'il en meure. Mais il n'en est rien. Assange a été mis à rude épreuve, mais miraculeusement, il est toujours parmi nous. Et pour cela, les ingrats des médias ne lui témoignent pas la reconnaissance qu'il mérite. L'extrême ténacité d'Assange peut peut-être encore nous faire regagner les libertés de la presse que sa disparition - condamnation à de multiples peines d'emprisonnement à vie ou à la mort en prison - détruirait pour de bon.
Comment la résilience et l'endurance d'Assange pourraient-elles permettre d'atteindre cet objectif ? Certains signes indiquent déjà que les ennemis jurés d'une presse libre, l'élite de Washington, aimeraient que cette tache sur leur réputation collective se dissipe. L'ambassadrice de la bande à Biden en Australie, Caroline Kennedy, a fait allusion le 14 août à une issue à ce qu'ils considèrent sans doute comme leur terrible dilemme : si seulement Assange plaidait coupable d'une accusation moins grave (mais pourquoi diable plaiderait-il coupable de quoi que ce soit ? vous demandez-vous tout naturellement), alors tout ce gâchis pourrait être résolu sans délai. Cet aveu surprenant de la part d'un diplomate signifie que nos dirigeants impériaux en ont peut-être assez de cette persécution devenue un fiasco en matière de relations internationales. Il existe, bien sûr, une solution beaucoup plus simple : ils pourraient libérer Assange avant que les deux juges britanniques qui décideront de son sort ne se réunissent. Ou, s'ils ne le libèrent pas d'ici là, ces juges pourraient se prononcer en sa faveur, contre l'extradition.
“Ce n'est pas vraiment une question de diplomatie”, a déclaré M. Kennedy, “mais je pense qu'il est vraiment possible de trouver une solution”. Cela concernerait les 17 chefs d'accusation de la loi sur l'espionnage, le chef d'accusation de complot en vue de commettre un piratage informatique et les potentiels 175 ans de prison planant au-dessus d'Assange telle une épée de Damoclès, s'il est extradé vers les États-Unis. Tony Blinken considèrent qu'Assange est accusé d'un “délit criminel très grave”. Qui sait donc si Madame Kennedy a parlé en son nom propre ou s'il s'agit d'un appel lancé par des esprits plus sensés au sein de la bande à Biden ? Mais on pourrait supposer que tout homme politique doté d'une once d'instinct de conservation s'empresserait de se démarquer de l'ignominie de ces poursuites scandaleusement injustes et révoltantes sur le plan politique.
En effet, le 11 avril dernier, sept membres démocrates libéraux du Congrès ont écrit au procureur général Merrick Garland pour l'inviter à abandonner les poursuites. “Les poursuites engagées contre M. Assange, ont-ils écrit, constituent une première dans l'histoire des États-Unis : un éditeur d'informations authentifiées a été inculpé en vertu de l'Espionage Act”. Cette mise en accusation devrait inciter tout défenseur de la liberté de la presse à abroger cette loi. Aujourd'hui, avec Assange comme par le passé, elle a pour principal objectif de museler la liberté d'expression. Promulguée à l'instigation de l'un des présidents américains les plus médiocres (pour ne pas dire plus), Woodrow Wilson, qui l'a utilisée pour encourager un bain de sang inutile, à savoir la Première Guerre mondiale (qui n'est pas sans rappeler la Troisième Guerre mondiale avec laquelle Biden est en train de flirter), l'Espionage Act a été promptement invoquée pour arrêter le socialiste Eugene Debs parce qu'il avait protesté contre la guerre. Plus tard, lors de la chasse aux sorcières anticommunistes menée par McCarthy, cette loi a permis d'arrêter les Rosenberg et, plus tard encore, pendant les années de la guerre du Viêt Nam, Daniel Ellsberg, pour avoir divulgué les “Pentagon Papers”.
La loi sur l'espionnage est source d'embarras et de honte pour un pays libre. Il en va de même pour les accusations portées contre Julian Assange. Cette loi comme les poursuites engagées contre Julian Assange doivent être abandonnées.
https://scheerpost.com/2023/10/09/past-time-to-end-the-persecution-of-julian-assange/