đâđš Il faut mettre Netanyahu hors dâĂ©tat de nuire avant quâil ne nous mette tous Ă mort
La guerre d'Israël contre l'Iran est l'ultime étape d'une stratégie de plusieurs décennies. Nous assistons à l'aboutissement des manipulations du sionisme extrémiste de la politique étrangÚre US.

đâđš Il faut mettre Netanyahu hors dâĂ©tat de nuire avant quâil ne nous mette tous Ă mort
Par Jeffrey D. Sachs & Sybil Fares, le 17 juin 2025
Depuis prĂšs de 30 ans, le Premier ministre israĂ©lien Benjamin Netanyahu plonge le Moyen-Orient dans la guerre et la destruction. Cet homme est une poudriĂšre. Tout au long des guerres qu'il a menĂ©es, Netanyahu a toujours rĂȘvĂ© de la grande victoire : vaincre et renverser le gouvernement iranien. La guerre qu'il convoite depuis longtemps, et qui vient d'ĂȘtre lancĂ©e, pourrait bien nous tuer tous dans un Armageddon nuclĂ©aire, Ă moins de mette Netanyahu hors d'Ă©tat de nuire.
L'obsession de Netanyahu pour la guerre remonte Ă ses mentors extrĂ©mistes, Ze'ev Jabotinsky, Yitzhak Shamir et Menachem Begin. La gĂ©nĂ©ration prĂ©cĂ©dente estimait que les sionistes devaient recourir Ă toutes les formes de violence nĂ©cessaires â guerres, assassinats, terrorisme â pour atteindre leur objectif, Ă savoir Ă©liminer toute revendication palestinienne Ă une patrie.
Les fondateurs du mouvement politique de Netanyahu, le Likoud, ont appelĂ© Ă un contrĂŽle sioniste exclusif sur tout ce qui constituait l'ancien mandat britannique de Palestine. Au dĂ©but du mandat britannique, dans les annĂ©es 1920, les Arabes musulmans et chrĂ©tiens reprĂ©sentaient environ 87 % de la population et possĂ©daient dix fois plus de terres que la population juive. En 1948, les Arabes Ă©taient encore environ deux fois plus nombreux que les Juifs. Pourtant, la charte fondatrice du Likoud (1977) dĂ©clarait qu'âentre la mer et le Jourdain, seule la souverainetĂ© israĂ©lienne peut existerâ . Le slogan dĂ©sormais tristement cĂ©lĂšbre âdu fleuve Ă la merâ, qualifiĂ© d'antisĂ©mite, s'avĂšre ĂȘtre le cri de ralliement anti-palestinien du Likoud.
Le dĂ©fi du Likoud consiste Ă poursuivre ses objectifs maximalistes malgrĂ© leur illĂ©galitĂ© flagrante au regard du droit international et de la morale, qui appellent Ă une solution Ă deux Ătats.
En 1996, Netanyahu et ses conseillers amĂ©ricains ont Ă©laborĂ© une stratĂ©gie de ârupture francheâ. Ils ont prĂ©conisĂ© le maintien par IsraĂ«l du contrĂŽle des territoires palestiniens conquis lors de la guerre de 1967 en Ă©change de la paix dans la rĂ©gion. En contrepartie, IsraĂ«l se chargerait de remodeler le Moyen-Orient Ă sa guise. Cette stratĂ©gie prĂ©voyait notamment que les Ătats-Unis seraient la principale puissance chargĂ©e d'atteindre ces objectifs, en menant des guerres dans la rĂ©gion pour dĂ©manteler les gouvernements opposĂ©s Ă la domination d'IsraĂ«l sur la Palestine. Les Ătats-Unis avaient pour mission de mener des guerres au nom d'IsraĂ«l.
La stratĂ©gie de ârupture francheâ a Ă©tĂ© mise en Ćuvre avec efficacitĂ© par les Ătats-Unis et IsraĂ«l aprĂšs le 11 septembre. Comme l'a rĂ©vĂ©lĂ© le gĂ©nĂ©ral Wesley Clark, commandant suprĂȘme de l'OTAN, peu aprĂšs le 11 septembre, les Ătats-Unis prĂ©voyaient
âd'attaquer et de dĂ©truire les gouvernements de sept pays en cinq ans, en commençant par l'Irak, puis la Syrie, le Liban, la Libye, la Somalie, le Soudan et l'Iranâ.
La premiĂšre de ces guerres, dĂ©but 2003, devait renverser le gouvernement irakien. Les plans pour d'autres guerres ont Ă©tĂ© retardĂ©s lorsque les Ătats-Unis se sont enlisĂ©s en Irak. Les Ătats-Unis ont nĂ©anmoins soutenu la scission du Soudan en 2005, l'invasion du Liban par IsraĂ«l en 2006 et l'incursion de l'Ăthiopie en Somalie la mĂȘme annĂ©e. En 2011, l'administration Obama a lancĂ© l'opĂ©ration Timber Sycamore de la CIA contre la Syrie et, avec le Royaume-Uni et la France, a renversĂ© le gouvernement libyen lors d'une campagne de bombardements. Aujourd'hui, ces pays sont en ruines et sont pour la plupart en proie Ă des guerres civiles.
Netanyahu a été l'un des principaux instigateurs de ces guerres délibérées, que ce soit en public ou en coulisses, avec ses alliés néoconservateurs au sein du gouvernement américain, notamment Paul Wolfowitz, Douglas Feith, Victoria Nuland, Hillary Clinton, Joe Biden, Richard Perle, Elliott Abrams et d'autres.
Témoignant devant le CongrÚs américain en 2002, Netanyahu a plaidé en faveur de la guerre désastreuse en Irak, déclarant :
âSi vous Ă©liminez Saddam, le rĂ©gime de Saddam, je vous garantis que cela aura d'Ă©normes rĂ©percussions positives sur la rĂ©gionâ. Il a poursuivi : âEt je pense que ceux qui vivent Ă notre porte, en Iran, les jeunes et beaucoup d'autres, diront que le temps de ces rĂ©gimes, de ces despotes, est rĂ©voluâ.
Il a également déclaré mensongÚrement au CongrÚs
quââil ne fait aucun doute que Saddam cherche, Ćuvre et progresse vers la mise au point d'armes nuclĂ©airesâ.
Le slogan ârĂ©inventer le Moyen-Orientâ sert de prĂ©texte Ă ces guerres. Initialement formulĂ© en 1996 dans le document âClean Breakâ, il a Ă©tĂ© popularisĂ© par la secrĂ©taire d'Ătat Condoleezza Rice en 2006. Alors qu'IsraĂ«l bombardait violemment le Liban, Rice a dĂ©clarĂ© :
âCe que nous voyons ici, en quelque sorte, c'est la naissance d'un nouveau Moyen-Orient, et quoi que nous fassions, nous il nous faudra aller de l'avant vers ce nouveau Moyen-Orient, et ne pas revenir Ă l'ancienâ.
En septembre 2023, Netanyahu a prĂ©sentĂ© Ă l'AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale des Nations unies une carte du âNouveau Moyen-Orientâ oĂč l'Ătat palestinien avait complĂštement disparu. En septembre 2024, il a dĂ©veloppĂ© ce plan en montrant deux cartes : une partie du Moyen-Orient, âbĂ©nieâ, et l'autre, comprenant le Liban, la Syrie, l'Irak et l'Iran, âmauditeâ, pour laquelle il prĂŽnait un changement de rĂ©gime.
La guerre d'Israël contre l'Iran est la derniÚre étape d'une stratégie de plusieurs décennies. Nous assistons à l'aboutissement de nombreuses années de manipulations du sionisme extrémiste de la politique étrangÚre américaine.
La prémisse de l'attaque d'Israël contre l'Iran est l'affirmation selon laquelle l'Iran serait sur le point d'acquérir l'arme nucléaire. Une telle affirmation est grotesque, car l'Iran a appelé à plusieurs reprises à des négociations précisément pour éliminer l'option nucléaire en échange de la fin des sanctions américaines qui durent depuis des décennies.
Depuis 1992, Netanyahu et ses soutiens affirment que l'Iran deviendrait une puissance nuclĂ©aire âdans quelques annĂ©esâ. En 1995, des responsables israĂ©liens et leurs soutiens amĂ©ricains ont annoncĂ© un dĂ©lai de cinq ans. En 2003, le directeur des services du renseignement militaire israĂ©liens a dĂ©clarĂ© que l'Iran sera une puissance nuclĂ©aire âd'ici l'Ă©tĂ© 2004â. En 2005, le chef du Mossad a dĂ©clarĂ© que l'Iran pourrait fabriquer l'arme atomique en moins de trois ans. En 2012, Netanyahu a affirmĂ© devant les Nations unies
qu'âil ne reste que quelques mois, voire quelques semaines, avant que l'Iran dispose de suffisamment d'uranium enrichi pour fabriquer sa premiĂšre bombeâ.
Et ainsi de suite.
Ce scĂ©nario de report des Ă©chĂ©ances, qui dure depuis plus de 30 ans, tĂ©moigne d'une stratĂ©gie dĂ©libĂ©rĂ©e et non d'un Ă©chec des prophĂ©ties. Ces affirmations relĂšvent de la propagande. On invoque toujours une âmenace existentielleâ. Plus important encore, Netanyahu prĂ©tend Ă tort que les nĂ©gociations avec l'Iran sont inutiles.
L'Iran a rĂ©pĂ©tĂ© Ă maintes reprises ne pas vouloir se doter de l'arme nuclĂ©aire et ĂȘtre disposĂ© depuis longtemps Ă nĂ©gocier. En octobre 2003, le guide suprĂȘme, l'ayatollah Ali Khamenei, a Ă©mis une fatwa interdisant la production et l'utilisation d'armes nuclĂ©aires, une dĂ©cision ensuite officiellement mentionnĂ©e par l'Iran lors d'une rĂ©union de l'AIEA Ă Vienne en aoĂ»t 2005, et citĂ©e depuis comme un obstacle religieux et juridique Ă la poursuite d'un programme d'armement nuclĂ©aire.
MĂȘme pour les sceptiques sur les intentions de l'Iran, ce pays a toujours plaidĂ© en faveur d'un accord nĂ©gociĂ© et soutenu par une vĂ©rification internationale indĂ©pendante. En revanche, le lobby sioniste s'est opposĂ© Ă tout rĂšglement de ce type, appelant les Ătats-Unis Ă maintenir les sanctions et Ă rejeter tout accord permettant une surveillance stricte de l'AIEA en Ă©change de la levĂ©e des sanctions.
En 2016, l'administration Obama, en collaboration avec le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne, la Chine et la Russie, a conclu avec l'Iran le Plan d'action global conjoint (JCPOA), un accord historique visant Ă surveiller strictement le programme nuclĂ©aire iranien en Ă©change d'un allĂšgement des sanctions. Cependant, sous la pression incessante de Netanyahu et du lobby sioniste, le prĂ©sident Trump s'est retirĂ© de l'accord en 2018. Comme on pouvait s'y attendre, lorsque l'Iran a rĂ©agi en augmentant son enrichissement d'uranium, il a Ă©tĂ© accusĂ© de violer un accord que les Ătats-Unis eux-mĂȘmes avaient dĂ©noncĂ©. Difficile de ne pas relever le double standard et la propagande.
Le 11 avril 2021, le Mossad israélien a attaqué les installations nucléaires iraniennes à Natanz. AprÚs l'attaque, le 16 avril, l'Iran a annoncé une nouvelle augmentation de son enrichissement d'uranium, afin de renforcer son pouvoir de négociation, tout en appelant à plusieurs reprises à la reprise des négociations sur un accord similaire au JCPOA. L'administration Biden a rejeté toute négociation de ce type.
Au début de son second mandat, Trump a accepté d'ouvrir un nouveau cycle de négociations avec l'Iran. L'Iran s'est engagé à renoncer aux armes nucléaires et à se soumettre aux inspections de l'AIEA, mais s'est réservé le droit d'enrichir de l'uranium à des fins civiles. L'administration Trump a apparemment accepté ce point, mais est ensuite revenue sur sa décision. Depuis, cinq séries de négociations ont eu lieu, les deux parties rapportant à chaque fois des signes de progrÚs.
La sixiĂšme sĂ©rie devait officiellement dĂ©buter le dimanche 15 juin. Mais IsraĂ«l a lancĂ© une offensive prĂ©ventive contre l'Iran le 12 juin. Trump a confirmĂ© que les Ătats-Unis Ă©taient au courant de cette attaque, alors mĂȘme que son administration parlait publiquement des nĂ©gociations Ă venir.
L'attaque israĂ©lienne a eu lieu non seulement alors que les nĂ©gociations progressaient, mais aussi quelques jours avant la tenue prĂ©vue d'une confĂ©rence de l'ONU sur la Palestine qui aurait fait avancer la cause de la solution Ă deux Ătats. Cette confĂ©rence a dĂ©sormais Ă©tĂ© reportĂ©e.
L'attaque d'IsraĂ«l contre l'Iran menace dĂ©sormais de dĂ©gĂ©nĂ©rer en une guerre totale impliquant les Ătats-Unis et l'Europe aux cĂŽtĂ©s d'IsraĂ«l, et probablement la Russie et peut-ĂȘtre le Pakistan aux cĂŽtĂ©s de l'Iran. Nous pourrions bientĂŽt voir plusieurs puissances nuclĂ©aires s'affronter et entraĂźner le monde vers l'anĂ©antissement nuclĂ©aire. L'horloge de l'apocalypse n'est plus qu'Ă 89 secondes avant minuit, soit le niveau le plus proche de l'Armageddon nuclĂ©aire depuis sa crĂ©ation en 1947.
Au cours des 30 derniĂšres annĂ©es, Netanyahu et ses soutiens amĂ©ricains ont dĂ©truit ou dĂ©stabilisĂ© une zone de 4 000 km de long s'Ă©tendant de l'Afrique du Nord Ă la Corne de l'Afrique, en passant par l'est de la MĂ©diterranĂ©e et l'Asie occidentale. Leur objectif est d'empĂȘcher la crĂ©ation d'un Ătat palestinien en renversant les gouvernements favorables Ă la cause palestinienne. Le monde mĂ©rite mieux que cet extrĂ©misme. Plus de 180 pays membres de l'ONU ont appelĂ© Ă la solution Ă deux Ătats et Ă la stabilitĂ© rĂ©gionale. Une position plus sensĂ©e que celle d'IsraĂ«l, qui, pour servir ses objectifs illĂ©gaux et extrĂ©mistes, conduit le monde au bord d'un Armageddon nuclĂ©aire.
Traduit par Spirit of Free Speech
https://www.unz.com/article/stop-netanyahu-before-he-gets-us-all-killed/