đâđš IsraĂ«l court-il Ă la guerre civile ?
Depuis dĂ©but 2023, des manifestations massives ont lieu pour empĂȘcher Netanyahu de modifier la politique des 75 derniĂšres annĂ©es. Ces exigences sont devenues lâappel collectif au changement de rĂ©gime.
đâđš IsraĂ«l court-il Ă la guerre civile ?
Par Ramzy Baroud, le 28 juillet 2024
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré le 18 juin qu'il n'y aurait pas de guerre civile en Israël. Mais cette affirmation pourrait bien s'avérer inexacte.
La déclaration de Netanyahu intervient dans un contexte de protestations populaires croissantes en Israël, notamment aprÚs la démission de plusieurs ministres du cabinet de guerre israélien, dont Benny Gantz et Gadi Eisenkot, tous deux anciens chefs d'état-major de l'armée israélienne.
Ces dĂ©missions n'ont pas vraiment isolĂ© Netanyahu, dont le soutien provient principalement des factions de droite et d'extrĂȘme-droite. NĂ©anmoins, cette dĂ©cision met en lumiĂšre les divisions croissantes de la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne, qui pourraient passer de l'agitation politique Ă une guerre civile potentielle.
Les divisions en IsraĂ«l ne peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©es de la mĂȘme maniĂšre que les divers clivages politiques qui affectent actuellement les dĂ©mocraties occidentales. Cette affirmation n'est pas nĂ©cessairement liĂ©e Ă l'opinion lĂ©gitime selon laquelle, au fond, IsraĂ«l n'est pas une vĂ©ritable dĂ©mocratie, mais plutĂŽt au fait que la formation politique d'IsraĂ«l est unique.
L'histoire a commencé bien avant l'actuelle guerre de Gaza.
En fĂ©vrier 2019, les dirigeants de trois partis israĂ©liens ont formĂ© une coalition, Kahol Lavan, ou âBlue and Whiteâ. Deux des fondateurs de Kahol Lavan, Gantz et Moshe Ya'alon, Ă©taient Ă©galement des militaires trĂšs Ă©coutĂ©s au sein du puissant establishment militaire et de la sociĂ©tĂ© du pays. MalgrĂ© leurs succĂšs Ă©lectoraux relatifs, ils n'ont toujours pas rĂ©ussi Ă dĂ©loger Netanyahu de son poste. Ils sont donc descendus dans la rue.
La dĂ©cision de porter le conflit dans les rues de Tel Aviv et d'autres villes israĂ©liennes n'a pas Ă©tĂ© prise Ă la lĂ©gĂšre. Elle a fait suite Ă l'effondrement d'une Ă©trange coalition gouvernementale constituĂ©e par tous les ennemis de Netanyahu. Elle s'est unifiĂ©e autour d'un seul objectif : mettre fin au rĂšgne de la droite et de l'extrĂȘme droite sur le pays. L'Ă©chec de Naftali Bennet, le leader de la coalition, a Ă©tĂ© la goutte d'eau qui a fait dĂ©border le vase.
Les termes âdroiteâ et âextrĂȘme droiteâ peuvent donner l'impression que le conflit politique en IsraĂ«l est essentiellement idĂ©ologique. Bien que l'idĂ©ologie joue un rĂŽle dans la politique israĂ©lienne, la colĂšre contre Netanyahu et ses alliĂ©s est largement motivĂ©e par le sentiment que la nouvelle droite en IsraĂ«l tente de reconfigurer la nature politique mĂȘme du pays.
Ainsi, Ă partir de janvier 2023, des centaines de milliers de citoyens ont organisĂ© des manifestations de masse sans prĂ©cĂ©dent qui se sont poursuivies jusqu'au dĂ©but de la guerre israĂ©lienne contre la bande de Gaza. La revendication collective initiale des manifestants, soutenue par Gantz et le who's who des Ă©lites militaires et libĂ©rales israĂ©liennes, Ă©tait d'empĂȘcher Netanyahu de modifier les Ă©quilibres politiques qui ont rĂ©gi la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne au cours des 75 derniĂšres annĂ©es. Cependant, avec le temps, ces exigences sont devenues lâappel collectif pour un changement de rĂ©gime.
Bien que la question ait été largement débattue dans les médias comme un clivage politique résultant de la volonté de Netanyahu de marginaliser l'institution judiciaire israélienne pour des raisons personnelles, les racines du phénomÚne, qui menaçait d'entraßner une guerre civile, étaient bien différentes.
L'histoire de la potentielle guerre civile israĂ©lienne est aussi vieille que l'Ătat israĂ©lien lui-mĂȘme, et les rĂ©cents commentaires de Netanyahu suggĂ©rant le contraire sont encore une fois une assertion mensongĂšre du Premier ministre.
En effet, le 16 juin, Netanyahu s'en est pris aux gĂ©nĂ©raux militaires rebelles, dĂ©clarant: âNous avons un pays avec une armĂ©e et non une armĂ©e avec un pays.â En rĂ©alitĂ©, IsraĂ«l a Ă©tĂ© fondĂ© par la guerre, et s'est perpĂ©tuĂ© par la guerre.
Cela signifie que l'armĂ©e israĂ©lienne a eu, dĂšs le dĂ©part, un statut spĂ©cial dans la sociĂ©tĂ© israĂ©lienne, un contrat tacite accordant aux gĂ©nĂ©raux de l'armĂ©e un statut privilĂ©giĂ© et souvent central dans le processus dĂ©cisionnel politique d'IsraĂ«l. Des personnalitĂ©s comme Ariel Sharon, Itzhak Rabin, Ehud Barak et d'autres, y compris le fondateur mĂȘme d'IsraĂ«l, David Ben Gurion, ont tous accĂ©dĂ© Ă la tĂȘte de la politique israĂ©lienne, prĂ©cisĂ©ment en raison de leur affiliation Ă l'armĂ©e.
Mais Netanyahu a bouleversé la donne lorsqu'il a commencé à restructurer activement les institutions politiques d'Israël afin de maintenir l'armée dans une position marginale et de la priver de tout pouvoir politique. Ce faisant, il a violé le principal pilier de l'équilibre politique d'Israël, depuis 1948.
Avant mĂȘme qu'IsraĂ«l n'ait achevĂ© le nettoyage ethnique du peuple palestinien lors de la Nakba, le pays naissant est presque immĂ©diatement entrĂ© en guerre civile. Alors que Ben Gourion Ă©mettait un dĂ©cret concernant la formation des Forces de dĂ©fense israĂ©liennes (FDI) le 26 mai 1948, certaines milices sionistes, dont l'Irgoun et le Lehi - le Groupe Stern [Le Groupe Stern naquit d'une scission Ă l'intĂ©rieur de l'Irgoun, elle-mĂȘme nĂ©e d'une dissidence par rapport Ă la Haganah - la milice d'autodĂ©fense juive contre les Arabes, principale organisation paramilitaire de la population juive en Palestine mandataire entre 1920 et 1948] - s'est battue pour prĂ©server une certaine indĂ©pendance politique.
Ce fut le dĂ©but de l'affaire dite d'Altalena, lorsque les FDI dominĂ©es par la Haganah tentĂšrent de bloquer une cargaison d'armes destinĂ©e Ă l'Irgoun, alors dirigĂ©e par Menachem Begin, qui devint en 1967 le premier ministre d'IsraĂ«l. L'affrontement a Ă©tĂ© meurtrier. Elle s'est soldĂ©e par la mort de nombreux membres de l'Irgoun, des arrestations massives et le bombardement du navire lui-mĂȘme.
La rĂ©fĂ©rence Ă l' affaire Altalena est assez frĂ©quente dans les dĂ©bats des mĂ©dias israĂ©liens ces jours-ci, alors que la guerre israĂ©lienne contre Gaza divise une sociĂ©tĂ© qui l'est dĂ©jĂ . Ces divergences obligent les militaires Ă renoncer Ă l'Ă©quilibre historique atteint Ă la suite de cette mini-guerre civile, qui aurait pu mettre fin Ă l'avenir d'IsraĂ«l en tant qu'Ătat quelques jours seulement aprĂšs sa formation.
Le conflit interne israĂ©lien sur Gaza ne concerne pas seulement Gaza, le Hamas ou le Hezbollah, mais l'avenir d'IsraĂ«l lui-mĂȘme. Si l'armĂ©e israĂ©lienne se voit dĂ©signĂ©e comme bouc Ă©missaire pour le 7 octobre et les campagnes militaires catastrophiques qui ont suivi, elle devra faire un choix entre accepter une marginalisation indĂ©finie ou entrer en conflit avec l'institution politique.
Dans le second cas, une guerre civile peut devenir une réelle probabilité.
Ramzy Baroud est journaliste, auteur et rédacteur en chef de The Palestine Chronicle. Il est l'auteur de six livres. Son dernier ouvrage, coédité avec Ilan Pappé, s'intitule « Our Vision for Liberation: Engaged Palestinian Leaders and Intellectuals Speak Out » (Notre vision de la libération : des dirigeants et des intellectuels palestiniens engagés s'expriment). Parmi ses autres ouvrages figurent « My Father was a Freedom Fighter » (Mon pÚre était un combattant de la liberté) et « The Last Earth » (La derniÚre terre). M. Baroud est chercheur principal non résident au Center for Islam and Global Affairs (CIGA). Son site web est le suivant: www.ramzybaroud.net
https://www.mintpressnews.com/is-israel-heading-towards-a-civil-war/287734/
Une guerre civile ? Je n'y crois pas du tout ! HĂ©las ! La peur d'ĂȘtre pris en sandwich par les pays qui entourent IsraĂ«l (ou Palestine occupĂ©e) leur fait serrer les coudes quand la tension va monter. J'ai notĂ© sur les rĂ©seaux sociaux, que les habitants de Tel-Aviv, qui reprĂ©sentent quand mĂȘme une large proportion de la population juive ont Ă©tĂ© abasourdis par la facilitĂ© avec laquelle le drone kamikaze est entrĂ© dans la capitale...Ils ont peur aussi du Hezbollah qui progressivement augmente la pression. Ceux qui manifestent rĂ©guliĂšrement dans les rues ne sont pas des colons, c'est la diffĂ©rence, ils voient surtout l'impasse dabs laquelle le gouvernement actuel les conduit ....une impasse Ă©conomique catastrophique surtout. La majoritĂ© des IsraĂ©liens se foutent totalement du genocide actuel car ils sont conditionnĂ©s depuis leur naissance Ă les ignorer mais leur niveau de vie relatif Ă celui des USA est primordial. Il n'y a guĂšre que les colons, Ă©ternels revanchards, derniĂšrs arrivĂ©s comptables de l'aide gĂ©nĂ©reuse des sponsors d'IsraĂ«l qui ont tout intĂ©rĂȘt Ă ce que la guerre continue puisqu' elle leur octroie la terre qui va les faire vivre et prospĂ©rer....
La société israélienne est factice, une somme de contradiction issue du mélange de mentalités anglo-saxones, slaves, et derniÚrement sépharades (les pires).
Il n'y aura pas de guerre civile mais Ă©puisement et drainage de la classe moyenne surtout. Les avions partent plein et reviennent vides... N