👁🗨 Israël détruit Gaza pour contrôler la plus importante voie maritime du monde - Part. II
Pourquoi les dirigeants occidentaux ne veulent-ils même pas appeler à un cessez-le-feu ? Parce que ce génocide à Gaza est aussi leur projet.
👁🗨 Israël détruit Gaza pour contrôler la plus importante voie maritime du monde - Part. II
Par Richard Medhurst, le 1er décembre 2023 - Lisez aussi la Partie I.
Israël et les États-Unis projettent depuis des décennies de construire le “canal Ben Gourion”, un rival du tristement célèbre canal de Suez en Égypte. Ce canal Ben Gurion commencerait à Eilat pour aboutir juste à côté, voire directement à travers Gaza.
Un document déclassifié dans les années 1990 a montré que quelques années seulement après la crise de Suez, les Américains ont élaboré un plan secret en 1963 pour faire exploser 520 bombes nucléaires dans le désert d'al-Naqab afin d'aider Israël à construire le “canal Ben Gourion”.
Le canal de Suez est un atout géostratégique dans tous les sens du terme : il se trouve à l'intersection de trois continents et de deux masses d'eau.
Il permet de réduire les délais et les coûts de transport, à tel point qu'aujourd'hui, 12 % du commerce mondial et 30 % du trafic mondial de conteneurs passent par le canal de Suez.
Ces dernières semaines, le président égyptien El-Sisi s'est entendu dire que s'il acceptait le plan d’Israël de déplacer les Palestiniens de Gaza dans le désert du Sinaï, ce qu’Israël paierait, les États-Unis effaceraient la dette nationale de l'Égypte.
C'est la raison pour laquelle Israël est en train d'anéantir Gaza - ils veulent s'emparer de Gaza pour s'y installer et éliminer tous les Palestiniens et la Résistance.
Le Nil
En plus d'offrir un allègement de la dette, les États-Unis et Israël ont prévu une autre mesure incitative pour l'Égypte.
L'Égypte souffre d'une grave pénurie d'eau depuis que son voisin, l'Éthiopie, a construit le barrage dit de la Renaissance en 2011, coupant l'eau du Nil dont le Soudan et l'Égypte ont tant besoin. Ce barrage est à l'origine d'un énorme différend qui n'a toujours pas été résolu.
L'Éthiopie compte une importante population juive. Les États-Unis et Israël pourraient théoriquement se tourner vers l'Éthiopie, comme ils l'ont déjà fait, et faire pression sur elle pour qu'elle ne remplisse pas ses réservoirs, ce qui serait préjudiciable à l'Égypte et inciterait El-Sisi à accueillir les Palestiniens de Gaza.
Bien que fuir la guerre soit une réaction humaine naturelle, les Palestiniens ont refusé d'abandonner leurs maisons à Gaza pour une très bonne raison : ils savent que s'ils partent, ils ne les reverront plus jamais. La plupart des habitants de Gaza sont originaires d'autres régions de la Palestine. Ils ont déjà perdu leurs maisons une fois au profit des colons israéliens à partir de 1948, et ils ne sont pas disposés à les perdre à nouveau.
Ainsi, malgré l'attrait que représente le déplacement des habitants de Gaza vers la “sécurité” supposée du Sinaï, il s'agirait d'une trahison de la cause palestinienne et de la cession d'encore plus de terres à l'occupation sioniste. Les Israéliens construiraient alors leur “canal Ben Gourion”, renforçant ainsi le contrôle de Washington et de Tel Aviv sur la voie de navigation la plus importante du monde, et sur le commerce maritime mondial.
1. La mer Rouge
La mer Rouge, qui alimenterait le “canal Ben Gourion”, compte déjà une énorme présence de troupes américaines et israéliennes. Saviez-vous que la plus grande base militaire israélienne est située en mer Rouge, sur l'île de Dahlak, en Érythrée ?
Cette base a été frappée par le Yémen ces dernières semaines, en soutien à Gaza, car le Yémen fait partie intégrante de l'Axe de la Résistance.
2. Le golfe d'Aden et le détroit de Bab el-Mandab
Le Yémen est situé près de l'Érythrée, dans une zone stratégique : le golfe d'Aden et le détroit de Bab el-Mandab. Des dizaines de milliers de navires passent par là chaque année, dont une majeure partie des transporteurs de pétrole du monde entier.
Depuis des décennies, les États-Unis tentent de contrôler cette importante voie de navigation en stationnant des troupes juste en face du Yémen, à l'intérieur de Djibouti, de la Somalie et de la région connue sous le nom de “Corne de l'Afrique”.
Les États-Unis ont également tenté de contrôler cette zone en attaquant le Yémen par l'arrière, en utilisant l'Arabie saoudite et d'autres pays du Golfe, et en procédant à leurs propres frappes de drones. Cette guerre dure depuis 8 ans, elle a dévasté le Yémen et les médias en ont à peine parlé.
3. L'île de Socotra
Venons-en ensuite à l'île yéménite de Socotra. Pour rappel, cette zone est stratégique car située entre la Corne de l'Afrique, le Golfe d'Aden, la Mer d'Arabie et l'Océan Indien.
Les Émirats arabes unis, après avoir normalisé leurs relations avec Israël, l'ont aidé à établir une présence militaire et des bases d'espionnage sur Socotra.
L'importance du détroit de Bab al-Mandab réside en ceci que l'Iran et la Chine dépendent tous deux de cette voie maritime, l'Iran pour exporter du carburant et la Chine en tant que première économie mondiale et premier partenaire commercial de la plupart des pays.
4. Le détroit d'Ormuz
En remontant la côte arabe, on arrive à un autre détroit vital : le détroit d'Ormuz.
Une guerre froide de facto s'y déroule : la guerre des pétroliers.
Les États-Unis et Israël tentent constamment de couler les navires-citernes iraniens, et l'Iran répond en frappant les navires appartenant à Israël. La Grande-Bretagne a également tenté de jouer à ce petit jeu dans le détroit de Gibraltar en détournant un navire iranien. Ce n'est que lorsque l'Iran a administré à la Grande-Bretagne un avant-goût de leur façon de penser que les Britanniques ont compris le message, et ont laissé partir le navire iranien.
Les États-Unis sont même allés jusqu'à voler des pétroliers iraniens et à vendre leur cargaison - une pratique communément appelée piraterie.
Les États-Unis et Israël veulent contrôler cette partie vitale du globe, pour pouvoir attaquer les navires iraniens et chinois dans le détroit de Bab al-Mandab, jusqu'à la mer Rouge et, bien sûr, en doublant le canal de Suez via le “canal Ben Gourion”.
Cette dernière pièce du puzzle permettrait aux États-Unis et à Israël de dominer le commerce maritime mondial.
Ils peuvent l'utiliser non seulement au profit de leurs propres structures économiques, mais aussi pour nuire et attaquer les économies d'autres pays, comme celles de la Chine, de l'Iran, de l'Égypte, de la Syrie et du Liban. Il s'agit littéralement d'une autoroute du brigandage en haute mer.
Et le “canal Ben Gourion” est la clé de tout cela.
Où sont les Arabes et les musulmans ?
L'Égypte pourrait mettre fin à la guerre à Gaza dès maintenant en fermant le canal de Suez. Si le défunt président égyptien Gamal Abdel Nasser était encore là, il n'y aurait même pas réfléchi à deux fois.
Il est ahurissant que l'Égypte ne bloque pas le canal de Suez - si ce n'est pour Gaza, du moins pour elle-même. Car c'est l'économie égyptienne et le canal de Suez qui souffriront si Israël parvient à mener à bien son génocide à Gaza et à construire son “canal Ben Gourion”.
Pourquoi l'Arabie saoudite ne menace-t-elle pas de réduire sa production de pétrole pendant une semaine - ou ne serait-ce qu'une journée - pour tenter d'arrêter la guerre ? Ou ont-il aussi intérêt à remplacer Gaza par un canal ?
Où sont les Arabes ? Où sont les musulmans ? Pourquoi les royaumes du Golfe n'utilisent-ils pas leurs richesses et leurs ressources pour aider Gaza ?
Il suffit de se pencher sur une carte pour constater que les pays de l'Union européenne n'ont rien d'autre en commun que la géographie. Ils parlent plus de 24 langues. En revanche, le monde arabe actuel, du Maroc à Oman, a une langue commune, une géographie commune, une religion commune, une histoire commune et une culture commune.
Ce qui fait automatiquement des Arabes une superpuissance mondiale - sans parler de l'énorme richesse en ressources naturelles, de la masse continentale géographique et de la population, des critères essentiels du “pouvoir fort”.
Il ne s'agit pas seulement de la taille du monde arabe, mais aussi des détroits : tous les passages vitaux et les voies de navigation sont situés dans des pays arabes : le détroit de Gibraltar (à l'origine Jabal Ṭāriq), le canal de Suez, le détroit de Bab al-Mandob et le détroit d'Ormuz entre l'Iran et Oman.
Les puissances coloniales européennes ont compris depuis longtemps à quel point les pays arabes étaient puissants, et elles ont donc planté Israël au beau milieu pour créer le chaos. Ensuite, elles se sont efforcées de rallier les royaumes arabes à leur cause, et les ont amenés à normaliser leurs relations avec Israël.
Toutes ces frontières au Moyen-Orient n'existaient même pas jusqu'à ce que la Grande-Bretagne et la France - les mêmes puissances européennes qui ont créé et soutiennent Israël aujourd'hui - les aient tracées.
La politique étrangère de l'Europe à l'égard du Moyen-Orient est une stratégie de division et de conquête. Il s'agit de colonialisme et de vol. Il s'agit de diviser le monde arabe, de créer l'instabilité, et de contrôler les ressources et les détroits.
Les puissances coloniales européennes jouent toujours la carte du sectarisme pour y parvenir : elles ont dressé les sunnites contre les chiites en Irak et au Liban. Aujourd'hui, elles tentent de faire de même entre les Arabes et l'Iran. En Palestine, elles mentent à nouveau en disant que la lutte oppose “Juifs et Musulmans”. Il n'en a jamais été question. Cette guerre n'a rien à voir avec le Hamas ou la religion. Il a toujours été question de colonialisme parce que l'Occident a peur de l'unité entre les Arabes et les pays musulmans.
Le monde entier n'arrive pas à croire qu’Israël puisse massacrer des Palestiniens comme ça, à la vue de tous, et s'en tirer à bon compte. Comment se fait-il que le soi-disant “Occident civilisé” soutienne ce comportement ? Pourquoi les dirigeants occidentaux n'appellent-ils même pas à un cessez-le-feu ? La réponse est que ce génocide à Gaza est aussi leur projet. Israël lui-même est un projet impérialiste européen et américain, et ces “leaders” en sont tous complices.
Le vol des ressources arabes et le contrôle des détroits et des voies navigables auront en fin de compte un impact négatif sur tous les habitants du Moyen-Orient, sans parler de toutes les souffrances que les Palestiniens auront dû endurer. C'est précisément la raison pour laquelle l'ensemble de l'axe de la résistance - Palestine, Yémen, Iran, Irak, Syrie, Liban - est impliqué dans cette lutte sur de multiples fronts. Il est grand temps que les autres pays arabes et musulmans fassent eux aussi leur part pour Gaza : coupez tous les liens avec Israël, imposez un embargo pétrolier à l'Occident, et fermez le canal de Suez. Le monde entier vous observe.
Lire la première partie : Les enjeux cachés de la guerre contre Gaza