👁‍🗨 Israël expulse une Belge militante des droits de l'homme qui enquêtait sur les démolitions de maisons palestiniennes

Le verdict rendu, assorti d’une rhétorique nationaliste enflammée, arguant que “la terreur du Hamas a plusieurs visages. Certains manient fusils & bombes, d'autres utilisent un clavier d'ordinateur".

Alison Russell (Photo : Mouvement de solidarité internationale)

👁‍🗨 Israël expulse une Belge défenseuse des droits de l'homme qui enquêtait sur les démolitions de maisons palestiniennes

Par International Solidarity Movement, le 26 novembre 2023

Alison Russell a été arrêtée le 22 novembre par les forces israéliennes alors qu'elle documentait les démolitions de maisons à Masafer Yatta, en Cisjordanie occupée. Elle a été expulsée à l'issue d'une audience sommaire au cours de laquelle la police israélienne l'a accusée de “soutenir le terrorisme”.

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Alison Russell, citoyenne belge d'origine écossaise et militante des droits de l'homme pour l’association International Solidarity Movement, a été arrêtée par les autorités d'occupation israéliennes alors qu'elle documentait la démolition d'une maison à Masafer Yatta, dans les collines du sud d'Hébron, en Cisjordanie occupée.

Elle a été expulsée samedi après une procédure très expéditive devant le tribunal de première instance de Jérusalem. La police israélienne a déclaré publiquement qu'Alison “soutenait une organisation terroriste”. Son avocat a souligné que cette allégation n'était pas fondée. Néanmoins, le président du tribunal a rendu un verdict rédigé dans une rhétorique nationaliste enflammée, affirmant que

“la terreur du Hamas a plusieurs visages. Il y a différents types de terroristes. Certains terroristes manient des fusils et des bombes, tandis que d'autres utilisent un clavier d'ordinateur”.

Elle a été emmenée à l'aéroport Ben Gurion et expulsée, avec un décret interdisant son retour sur le territoire. Itamar Ben-Gvir, le ministre de la police du gouvernement Netanyahu, lié au parti Kahane Chai, a publié une déclaration personnelle célébrant “l'expulsion de la militante belge du terrorisme qui avait soutenu les nazis du Hamas” et “félicitant la police de Judée et de Samarie pour son bon travail”.

Depuis un mois et demi, l'accusation de “soutien à une organisation terroriste” est devenue le prétexte d'une vaste campagne de persécution politique à l'encontre de tous ceux qui osent afficher une quelconque réaction au génocide en cours dans la bande de Gaza. Cette campagne a touché des Palestiniens qui ont la citoyenneté israélienne, ainsi que des Juifs israéliens, comme l'enseignant Meir Baruchin, qui a été détenu pendant près d'une semaine sur la base d'accusations totalement infondées. Dans la bande de Gaza, une procédure bien plus brutale est mise en œuvre pour les mêmes allégations. Un journaliste ou un militant politique gazaoui accusé de “soutenir le Hamas” peut s'attendre à être pris pour cible et/ou à voir sa famille visée par un missile d'un avion de guerre israélien. Tel a été, par exemple, le sort d'Ahmed Abu Artema et d'innombrables autres militants et journalistes palestiniens.

Aujourd'hui, en Israël, il suffit d'exprimer son chagrin et sa douleur face à la mort d'enfants dans les bombardements de la bande de Gaza pour être accusé de “soutien au terrorisme”. Le procureur Amit Isman a vivement critiqué ces pratiques, mais la police israélienne, contrôlée par Ben-Gvir, persiste à procéder à de telles arrestations.

Dans le cas de la militante des droits de l'homme Alison Russell, les accusations farfelues de “soutien au terrorisme” ou de “terrorisme du clavier” dissimulent la véritable raison de sa détention et de son expulsion. Devant le tribunal, l'État a affirmé qu’“elle avait à maintes reprises perturbé les activités des troupes de Tsahal, chaque fois qu'elle était en contact avec elles”. En effet, il est très dérangeant pour les troupes d'avoir des observateurs et des témoins extérieurs présents lors d'actes d'oppression qui constituent souvent des violations flagrantes du droit international.

Ce n'est pas pour rien que les soldats confisquent régulièrement les téléphones portables des militants, et même les images des équipes de télévision internationales. Alison, comme les autres défenseurs des droits de l'homme qui viennent du monde entier pour exprimer leur solidarité au le peuple palestinien dans les moments difficiles qu'il traverse, ainsi que les Israéliens de conscience, luttent pour endiguer la vague de nettoyage ethnique en cours dans toute la Cisjordanie, pendant que l’attention est focalisée sur Gaza.

Les communautés de bergers, la composante la plus vulnérable de la société palestinienne, sont devenues la cible d'attaques brutales de la part des milices de colons fanatiques, et déjà seize de ces communautés ont été contraintes de quitter leurs terres sous l'effet d'attaques violentes et de menaces explicites de meurtre.

Les minuscules villages de Masafer Yatta, dans les collines du sud de l'Hébron, sont attaqués par les colons d'un côté et l'armée de l'autre : les colons attaquent les villages, détruisent tout ce qui se trouve à portée de main et menacent des communautés entières de meurtre, et pour ces actes criminels, bénéficient d'une immunité totale de la part de la police et de l'armée. De son côté, l'armée arrive pour détruire les maisons des villageois, maisons déclarées “illégales” par la Cour suprême. Alison a été arrêtée et expulsée en tentant de montrer la destruction de l'une de ces maisons.

La police a déclaré qu'un “ordre d'expulsion d'Israël” avait été délivré à l’encontre Alison, ainsi qu'un décret visant à “l'empêcher d'entrer en Israël” à l'avenir. Nous tenons à souligner qu'Alison n'a jamais voulu “entrer en Israël”. Elle voulait se rendre en Cisjordanie, un territoire palestinien occupé par Israël, sur invitation expresse des résidents palestiniens, afin de documenter les violations des droits de l'homme, et d'intervenir à ce sujet pour contribuer à mettre un terme à la nakba en cours.

Selon Alison elle-même,

“les Nations unies, créées à l'époque où le monde disait ‘Nie wieder Faschismus’, ont abandonné la Palestine. Mais en ce moment même, ici même, dans un tout petit coin de la Palestine, une douzaine de villages est directement et immédiatement menacée. Quand les quelques personnes déterminées présentes ici parviennent à organiser une équipe pour dormir dans les hameaux, nous retardons leur expulsion... Je suis ici parce que je pense vraiment que notre action est efficace. S'il vous plaît, rendez-la encore plus efficace en vous impliquant, vous aussi.”

https://mondoweiss.net/2023/11/israel-deports-human-rights-defender-documenting-palestinian-home-demolitions/