👁🗨 Israël interdit la mer aux habitants de Gaza
“Nous avions besoin de la mer juste pour nous sentir à nouveau humains, même pour quelques minutes. Et ils le savaient. Voilà pourquoi ils l'ont interdite”.
👁🗨 Israël interdit la mer aux habitants de Gaza
Par Brett Wilkins pour Common Dreams, le 14 juillet 2025
“Il ne s'agit pas de sécurité”, a déclaré le chef du syndicat des pêcheurs de Gaza. “C'est une guerre économique, sociale et psychologique, une arme d’asphyxie lente et délibérée”.
Israël a averti les habitants de Gaza de ne pas s'approcher de la côte sous peine d'être tués, invoquant des restrictions de guerre qui, selon les critiques, ne servent aucun objectif de sécurité et ne sont qu'une manière de priver les Palestiniens d'une source de subsistance essentielle et d'un répit face à l'horreur de 21 mois de mort et de destruction constantes.
“Des restrictions de sécurité strictes ont été imposées dans la zone maritime adjacente à Gaza — l'accès à la mer est interdit”,
a écrit samedi Avichay Adraee, le porte-parole en langue arabe des Forces de défense israéliennes (FDI), sur le réseau social X.
“Cet appel s'adresse aux pêcheurs, aux nageurs et aux plongeurs : abstenez-vous de vous aventurer en mer. Toute intrusion sur la plage ou dans les eaux de la bande de Gaza met votre vie en danger”.
Alors qu'Israël impose un blocus maritime sur Gaza depuis 2007, après la victoire du Hamas aux élections législatives et sa prise de contrôle de l'enclave côtière, les restrictions ont été renforcées après l'attaque du 7 octobre 2023. Dans le cadre de ce “blocus total”, une famine meurtrière s'est abattue sur toute la bande de Gaza, où l'offensive israélienne, soutenue par les États-Unis, durant 646 jours, a fait plus de 211 000 morts, blessés ou disparus, selon le ministère de la Santé de Gaza.
Cependant, l'armée israélienne n'avait pas appliqué l'interdiction d'accès à la mer imposée aux nageurs et aux baigneurs après le 7 octobre. Seuls les pêcheurs palestiniens ont été pris pour cible, avec plus de 210 morts depuis octobre 2023, selon les données de l'ONU.
“Nous vivons de la mer. Si nous ne pouvons pas pêcher, nous ne mangeons pas”,
a déclaré lundi Munthir Ayash, un pêcheur de 52 ans de la ville de Gaza, au média émirati The National.
“Mes cinq fils, leurs familles et moi-même, soit 45 personnes au total, dépendons entièrement de la mer. Si elle est interdite, nous sommes condamnés à mourir de faim”.
L'armée israélienne a émis cet avertissement samedi, alors que des alertes canicule ont été lancées en raison de températures dépassant les 30 °C. Avec des infrastructures détruites par 21 mois d'offensive israélienne et une eau potable très rare, la mer Méditerranée offrait un moyen de se rafraîchir et de se laver.
“J'y allais tous les jours. Je m'y baignais, je m'y détendais, j'y oubliais l'horreur de la guerre”,
a déclaré Ibrahim Dawla, un Palestinien de 26 ans déplacé de force du quartier de Zaytun, dans la ville de Gaza, au journal The National. “Maintenant, nous n'y avons même plus accès”.
Rajaa Qudeih, une mère de deux enfants âgée de 31 ans originaire de Deir al-Balah, a déclaré dimanche au journal israélien Haaretz :
“Je suis littéralement assommée par la faim, la soif et la chaleur. Gaza traverse la pire des famines, nous n'avons rien mangé, même pas un bout de pain”.
“La mer était notre seul exutoire. Si quelqu'un nous tue pour avoir voulu y aller, ce sera peut-être moins dur que cette mort à petit feu”, a-t-elle poursuivi. “Mais j'ai peur pour mes enfants. L'aîné a 9 ans. Comment lui faire comprendre que nager dans la mer peut lui coûter la vie ?”
“Nous vivons dans une tente en bord de mer”, a ajouté Mme Qudeih. “Où pouvons-nous aller ? Vont-ils nous priver d'air ?”
L'armée israélienne affirme que ce blocus maritime est une mesure de sécurité pour empêcher la contrebande d'armes vers Gaza.
Cependant, Zakaria Bakr, chef du syndicat des pêcheurs palestiniens à Gaza, et de nombreux autres habitants de l'enclave assiégée, estiment toutefois que la raison est tout autre.
“Ça n’a rien à voir avec notre sécurité. C'est une guerre économique, sociale et psychologique ; une arme d'asphyxie lente et délibérée”,
a-t-il déclaré au journal The National.
Dawla a déclaré que
“ici, les gens meurent un million de fois par heure. Nous avions besoin de la mer juste pour nous sentir à nouveau humains, même pour quelques minutes. Et ils le savaient. Voilà pourquoi ils l'ont interdite”.
“C’était notre dernier espace de liberté. Nous savions que c'était dangereux, mais la mer est le seul endroit où nous pouvions encore aller”, a-t-il ajouté. “Je n'y suis pas allé depuis deux jours. Aucun de mes amis n'y est allé non plus. Nous avons tous peur d'être abattus pour le simple fait d'être là”.
Ayash a déclaré à propos d'Israël : “Ils veulent s'emparer de tout. Ils veulent nous effacer”.
“Mais la mer est à nous”, a-t-il ajouté.
“Cette terre est la nôtre. Quels que soient leurs manœuvres, elle restera nôtre”.
Les défenseurs de la Palestine à travers le monde ont également condamné la politique de l'armée israélienne.
“La seule raison valable d'empêcher les habitants de Gaza d'accéder à la mer est de céder au sadisme brutal de l'armée israélienne”,
a déclaré le journaliste et commentateur australien Mike Carlton.
Traduit par Spirit of Free Speech
* Brett Wilkins est rédacteur pour Common Dreams.
https://consortiumnews.com/2025/07/14/israel-bans-gazans-from-entering-sea-under-pain-of-death/
Auschwitz 2.0