👁🗨 Israël, la chute
Israël est en passe de ne plus pouvoir se maintenir, sur le plan conceptuel (le monde se lasse de la réalité génocidaire du sionisme) comme sur le plan pratique (débâcle économique & démographique).
👁🗨 Israël, la chute
Par Scott Ritter, Spécial Consortium News, le 8 octobre 2024
Il y a un an, Israël était en position de force. Aujourd'hui, il est confronté à sa perte.
J'ai déjà écrit sur l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, la qualifiant de “raid militaire le plus réussi du siècle”.
J'ai décrit l'action du Hamas comme une opération militaire, alors qu'Israël et ses alliés l'ont qualifiée d'action terroriste à l'échelle de ce qui s'est passé contre les États-Unis le 11 septembre 2001.
“La différence entre les deux visions”, ai-je noté, “c’est comparer le jour et la nuit”.
“En qualifiant les événements du 7 octobre d'actes terroristes, Israël rejette la responsabilité des pertes énormes infligées à ses militaires, à ses services de sécurité et de renseignement, et sur le Hamas. Si Israël devait cependant reconnaître que ce que le Hamas a accompli était en fait un raid - une opération militaire - la compétence de l'armée, de la sécurité et des services de renseignement israéliens serait remise en question ainsi que les dirigeants politiques responsables de la supervision et de la direction de leurs opérations”.
Le terrorisme utilise des stratégies qui visent à obtenir la victoire par l'usure et l'intimidation, afin d'épuiser l'ennemi et de lui inspirer un sentiment d'impuissance. Par nature, les terroristes évitent les conflits existentiels décisifs, mais poursuivent plutôt des combats asymétriques qui opposent leurs forces aux faiblesses de leurs ennemis.
La guerre qui sévit au Levant depuis le 7 octobre 2023 n'est pas une opération antiterroriste classique. Le conflit entre le Hamas et Israël s'est transformé en un conflit entre Israël et ce que l'on appelle l'Axe de la résistance, qui regroupe le Hamas, le Hezbollah, Ansarullah (les Houthis du Yémen), les Forces de mobilisation populaire, c'est-à-dire les milices d'Irak, de Syrie et d'Iran. Il s'agit en tout point d'une guerre régionale qui doit être appréhendée comme telle.
Le stratège prussien Carl von Clausewitz a noté dans son ouvrage classique, On War, que
“la guerre n'est pas simplement un acte politique, mais un véritable instrument politique, un prolongement des rapports politiques, une réalisation de ces mêmes rapports par d'autres moyens.”
D'un point de vue purement militaire, le raid du Hamas sur Israël le 7 octobre 2023 a été un engagement relativement mineur, impliquant quelques milliers de combattants de part et d'autre.
En revanche, en tant qu'événement géopolitique mondial, il n'a pas d'équivalent contemporain.
Le raid du Hamas a déclenché un certain nombre de réactions variées, dont certaines étaient intentionnelles, comme le fait d'attirer à Gaza l'armée israélienne, qui s'est retrouvée piégée dans une guerre sans fin impossible à gagner, déclenchant la double doctrine israélienne en vigueur pour la gestion des prises d'otages, la “doctrine Hannibal”, et la pratique israélienne de la punition collective, la “doctrine Dahiya”.
Ces deux doctrines exposent au monde entier l'armée israélienne comme l'antithèse de “l'armée la plus morale du monde” en exposant l'intention meurtrière ancrée dans l'ADN de Tsahal, une propension à la violence contre les innocents qui définit le mode de guerre israélien et, par extension, la nation israélienne.
Avant le 7 octobre 2023, Israël était en mesure de dissimuler sa véritable nature au monde extérieur, en convainquant tout le monde, à l'exception d'une poignée d'activistes, que ses actions contre les “terroristes” étaient proportionnées et humaines.
Aujourd'hui, le monde sait qu'Israël est l'État d'apartheid génocidaire par excellence.
Les conséquences de ce constat global sont manifestes.
Transformer la physionomie du Moyen-Orient
Le président Joe Biden, le 9 septembre 2023, lors du sommet du G20 en Inde, a annoncé une initiative politique majeure, le corridor économique Inde-Moyen-Orient-Europe, ou IMEC, un projet de couloir ferroviaire, maritime, de pipeline et de câble numérique reliant l'Europe, le Moyen-Orient et l'Inde.
Benjamin Netanyahu, le Premier ministre israélien, commentant l'annonce de M. Biden, a qualifié l'IMEC de
“projet de coopération le plus important de notre histoire” qui “nous fait entrer dans une nouvelle ère d'intégration et de coopération régionale et mondiale, sans précédent et unique par son ampleur”, ajoutant qu'il “concrétisera une vision de plusieurs années qui changera la physionomie du Moyen-Orient et d'Israël.”
Le plus grand projet de coopération de l'histoire d'Israël, qui aurait changé la donne au Moyen-Orient, n'aboutira probablement jamais.
D'une part, l'Arabie saoudite, acteur clé du projet, qui y a investi 20 milliards de dollars, déclare qu'elle ne normalisera pas ses relations avec Israël, condition préalable au projet, tant que les guerres n'auront pas pris fin et qu'un État palestinien n'aura pas été reconnu par Israël, mesure que la Knesset a votée au début de l'année et qui ne se sera jamais appliquée.
La disparition de l'IMEC ne représente qu'une partie des 67 milliards de dollars de pertes économiques subies par Israël depuis le début du conflit à Gaza.
Le tourisme a chuté de 80 %. Le port d'Eilat, dans le sud du pays, ne fonctionne plus en raison de la campagne anti-navires menée par les Houthis en mer Rouge et dans le golfe d'Aden. La stabilité des effectifs a été perturbée par le déplacement de dizaines de milliers d'Israéliens de chez eux en raison des offensives du Hamas et du Hezbollah, ainsi que par la mobilisation de plus de 300 000 réservistes. Tout cela se combine pour engendrer un véritable chaos économique, qui malmènera Israël tant que le conflit perdurera.
En définitive, si rien n'est fait, Israël risque l'effondrement économique. Les investissements chutent, l'économie se contracte et la confiance en un avenir économique s'est envolée. En bref, Israël n'est plus l'endroit idéal pour prendre sa retraite, élever sa famille, travailler... ou tout simplement vivre. Le “pays biblique où coulent le lait et le miel”, s'il a jamais existé, n'est plus.
Pour Israël, ce problème est existentiel.
Pour qu'une “patrie juive” soit viable, la démographie exige une majorité juive visible en Israël. Israël compte un peu moins de 10 millions d'habitants. Environ 7,3 millions sont des Juifs, 2,1 millions sont des Arabes (les Druzes et d'autres minorités non arabes constituent le reste).
Quelque 5,1 millions de Palestiniens subissent l'occupation, soit une répartition à peu près égale entre Arabes et Juifs. On estime à 350 000 le nombre d'Israéliens possédant la double nationalité avec un pays de l'UE, et à plus de 200 000 le nombre d'Israéliens possédant la double nationalité avec les États-Unis.
De même, de nombreux Israéliens d'origine européenne peuvent facilement obtenir un passeport en montrant qu'eux-mêmes, leurs parents ou même leurs grands-parents ont résidé dans tel ou tel pays européen. Un million et demi d'Israéliens supplémentaires sont d'origine russe, et nombre d'entre eux possèdent un passeport russe en cours de validité.
Si les principales raisons de conserver ce statut de double citoyen sont d'ordre pratique et économique, nombreux sont ceux qui considèrent le second passeport comme une sorte de “police d'assurance”, un lieu où se réfugier si la vie en Israël devient intenable.
La vie en Israël est sur le point de devenir intenable.
Fuir Israël
Israël a déjà souffert d'un problème d'émigration croissant issu du mécontentement à l'égard des politiques du gouvernement Netanyahu - quelque 34 000 Israéliens ont définitivement quitté Israël entre juillet et octobre 2023, principalement pour protester contre les réformes judiciaires promulguées par Netanyahu.
Bien qu'il y ait eu un pic d'émigration immédiatement après les attaques du 7 octobre 2023 (quelque 12 300 Israéliens ont émigré de façon permanente au cours du mois suivant l'attaque du Hamas), le nombre d'émigrants permanents en 2024 était d'environ 30 000, en recul par rapport à l'année précédente.
Aujourd'hui, Israël est bombardé presque quotidiennement par des drones longue portée, des roquettes et des missiles tirés par le Hezbollah, les milices en Irak et les Houthis au Yémen. L'attaque de missiles balistiques iraniens du 1er octobre a démontré de manière éclatante à tous les Israéliens qu'il n'existe aucune défense viable contre ces attaques.
En outre, si le conflit israélo-iranien continue de s'intensifier (et Israël a promis des représailles d'une ampleur considérable), l'Iran a indiqué qu'il détruirait les infrastructures essentielles d'Israël - centrales électriques, usines de dessalement de l'eau, centres de production et de distribution d'énergie - bref, qu'Israël cesserait de pouvoir fonctionner en tant qu'État-nation moderne.
À ce stade, les contrats d'assurance seront liquidés lorsque des centaines de milliers d'Israéliens détenteurs d'un double passeport choisiront de quitter le pays. La Russie a déjà demandé à ses citoyens de partir. Et si des millions d'autres Israéliens pouvant prétendre à un passeport européen choisissent cette option, Israël sera confronté à son ultime cauchemar : une chute vertigineuse de la population juive qui fera pencher l'équilibre démographique de manière décisive vers les non-Juifs, rendant ainsi caduque la notion de patrie juive exclusive.
Israël est en passe de ne plus pouvoir se maintenir, tant sur le plan conceptuel (le monde se lasse rapidement de la réalité génocidaire du sionisme) que sur le plan pratique (c'est-à-dire l'effondrement économique et démographique).
Nouvelle perspective américaine
Telle est la réalité actuelle d'Israël - en un an, il passe de “changer la physionomie du Moyen-Orient” au statut de paria intenable dont la seule planche de salut repose sur le soutien fidèle des États-Unis, qui l’entretiennent militairement, économiquement et diplomatiquement.
Et c'est là que le bât blesse.
La raison pour laquelle Israël intéressait les États-Unis - l'avantage stratégique d'une enclave juive pro-américaine dans un océan d'incertitude arabe - n'est plus aussi convaincante que par le passé. La guerre froide est terminée depuis longtemps et les avantages géopolitiques de la relation américano-israélienne ne sont plus aussi évidents.
L'ère de l'unilatéralisme américain touche à sa fin et est rapidement remplacée par une multipolarité dont le centre de gravité se trouve à Moscou, Pékin et New Delhi. En s'adaptant à cette nouvelle réalité, les États-Unis se trouvent engagés dans une lutte pour gagner les cœurs et les esprits du “Sud global”, c'est-à-dire le reste du monde en dehors de l'UE, de l'OTAN et d'une poignée de nations pro-occidentales du Pacifique.
La vision morale que les dirigeants américains tentent d'apporter sur la scène mondiale est considérablement assombrie par le soutien indiscutable qu'ils apportent à Israël.
Dans ses actions postérieures au 7 octobre 2023, Israël s'est identifié comme un État génocidaire totalement incompatible avec toute notion de droit international ou avec les préceptes fondamentaux de l'humanité.
Même certains survivants de l'Holocauste reconnaissent que l'Israël d'aujourd'hui est devenu la manifestation vivante du mal même qui a présidé à sa création - l'idéologie brutalement raciste de l'Allemagne nazie.
Israël est un anathème pour tout ce que la civilisation moderne représente.
Le monde s'éveille progressivement à cette réalité.
Il en va de même pour les États-Unis.
Pour l'instant, le lobby pro-israélien mène un combat d'arrière-garde, pesant de tout son poids sur les candidats politiques dans une tentative désespérée d'acheter le soutien durable de leurs bienfaiteurs américains.
Mais la réalité géopolitique veut que les États-Unis refusent de se suicider au nom d'un État israélien qui a perdu toute légitimité morale aux yeux de la plupart des pays du monde.
Le soutien américain à Israël a des conséquences économiques, notamment en raison de l'attraction gravitationnelle accrue du forum des BRICS, dont la liste croissante des membres et de ceux qui cherchent à y adhérer ressemble à un véritable “who's who” des nations fondamentalement opposées à l'État israélien.
La crise sociale et économique qui sévit aujourd'hui aux États-Unis va créer une nouvelle réalité politique qui contraindra les dirigeants américains, en raison des réalités électorales, à s'attaquer aux problèmes présents sur le sol américain.
Le jour où le Congrès peut allouer des milliards de dollars sans soulever d'objections à des guerres extérieures, y compris celles impliquant Israël, touche à sa fin.
Le célèbre adage de l'agent politique James Carville, “C'est l'économie qui compte, idiot”, a autant de résonance aujourd'hui que lorsqu'il l'a écrit en 1992. Pour survivre économiquement, l'Amérique devra revoir ses priorités nationales et internationales, en se conformant non seulement à la volonté du peuple américain, mais aussi à un nouvel ordre international fondé sur le droit, qui rejette en grande partie le génocide israélien en cours.
Hormis les sionistes purs et durs qui résisteront au sein de l'“establishment” non élu de la fonction publique, des universités et des médias, les Américains se tourneront vers une nouvelle réalité politique dans laquelle le soutien inconditionnel à Israël n'est plus admis.
Et pour Israël, ce sera la goutte d'eau qui fera déborder le vase.
La parfaite conjonction du rejet mondial du génocide, de la résistance soutenue de l'“Axe de la résistance” dirigé par l'Iran, de l'effondrement économique et de la réorientation des priorités américaines entraînera la disparition d'Israël en tant qu'entité politique viable. La chronologie de cette disparition sera fonction du degré d'effondrement de la société israélienne : cela pourrait se produire dans un an ou au cours de la prochaine décennie.
Mais elle se produira.
La fin d'Israël.
Et tout a commencé le 7 octobre 2023 - le jour qui a changé le monde.
* Scott Ritter est un ancien officier de renseignement du corps des marines américains qui a servi dans l'ex-Union soviétique pour mettre en œuvre les traités de contrôle des armements, dans le golfe Persique pendant l'opération Tempête du désert et en Irak pour superviser le désarmement des armes de destruction massive (ADM). Son dernier ouvrage est Disarmament in the Time of Perestroika, publié par Clarity Press.
https://consortiumnews.com/2024/10/08/scott-ritter-the-fall-of-israel/
Je ne serais pas aussi optimiste que Scott Ritter...la bête immonde est largement nourrie via son cordon ombilical avec son créateur yankee. Si la société civile israélienne est en déliquescence, son appareil militaire est intact et largement entretenu par ses partenaires et soutiens occidentaux ! l'Arabie Saoudite et l'Égypte pourtant bien équipés pourraient menacer d'entrer en guerre et gêner les plans americains de morcellement du Moyen-Orient. Mais la solidarité n'est pas à la mode en ce moment chez les Arabes. La pression diplomatique et financière de Washington est trop forte. La preuve: un simple embargo pétrolier agité comme épouvantail amènerait immédiatement les ricains a ralentir les livraisons de munitions....Mais non, on tergiverse, on parle de Brics,d'IMEC, de je ne sais quoi dans les cercles affairistes de Dubaï, du Quatar ou à Ryad tout en utilisant la carte Plestinienne ou celle du Hezbollah pour juste négocier une affaire juteuse en cours... Pendant ce temps alors que Dubaï a cassé un gros contrat d'achat de 80 avions Rafales pour faire pression sur la France juste pour un milliardaire, les émiratis ne bronchent pas devant le massacre quotidien d'autres Arabes !
Israël a encore de beaux jours devant lui et son fanatisme n'a pas besoin de touristes ou d'import/export florissant pour mener son programme odieux jusqu'au bout....