đâđš IsraĂ«l ordonne aux gens d'Ă©vacuer, mais les arrĂȘte ensuite
âLes soldats nous harcelaient. Ils nous ordonnaient de nous mettre Ă genoux & puis de nous relever. Puis ils nous disaient dâavancer. Et il fallait Ă nouveau se mettre Ă genoux. C'Ă©tait sans finâ.
đâđš IsraĂ«l ordonne aux gens d'Ă©vacuer, mais les arrĂȘte ensuite
Par Aseel Mousa, le 2 décembre 2023
Samira est assise à la lumiÚre des bougies dans une maison du camp de réfugiés de Maghazi, au centre de Gaza.
MÚre de cinq fils et de deux filles, elle vivait avec sa famille dans la zone de Jabaliya, au nord de la bande de Gaza. Quand Jabaliya a fait l'objet d'une attaque israélienne majeure au cours des derniÚres semaines, la famille a été contrainte de quitter sa maison.
âLes bombardements Ă©taient Ă la fois terrifiants et chaotiquesâ, raconte Samira. âLe ciblage semblait alĂ©atoire, l'occupation israĂ©lienne bombardant des maisons oĂč se trouvaient encore des habitants. Nous n'avons jamais eu l'intention de quitter nos maisons. Mais lorsque l'occupation a bombardĂ© la maison de nos voisins et que la nĂŽtre a Ă©tĂ© gravement endommagĂ©e, nous n'avons pas eu d'autre choix que de partir.â
âLa situation Ă Jabaliya Ă©tait dĂ©sastreuseâ, a-t-elle ajoutĂ©. âNous manquions d'Ă©lectricitĂ©, d'eau et de gaz domestique. Et nous n'avions plus accĂšs aux communications et Ă internetâ.
Samira a quitté Jabaliya avec son mari, ses deux fils, sa belle-fille et son petit-fils Adam, ùgé de 3 ans.
Ils ont d'abord voyagé en voiture, puis à dos d'ùne et en charrette, et enfin à pied jusqu'à Netzarim, l'une des anciennes colonies israéliennes de Gaza. Les forces israéliennes qui mÚnent actuellement une guerre génocidaire y ont installé un point de contrÎle.
âLa panique a gagnĂ© beaucoup de mondeâ, raconte Samira. âDes chars de l'occupant nous encerclaient et les soldats pointaient leurs armes sur nous. Les soldats nous insultaient. Ils employaient des termes insultantsâ.
La scĂšne Ă©tait trĂšs choquante.
âJ'ai vu des corps le long de la routeâ, raconte Wissam, la belle-fille de Samira. âIls dĂ©gageaient des odeurs nausĂ©abondesâ.
âNous avons vu les affaires des personnes dĂ©placĂ©es - sacs, matelas et couvertures - jetĂ©es Ă mĂȘme la route. Les forces armĂ©es ont forcĂ© les gens Ă laisser leurs biens derriĂšre euxâ.
âSubmergĂ©s par la terreurâ
Avant de partir, Muhammad, le mari de Wissam, lui a dit de toujours rester à ses cÎtés, pensant que cela lui assurerait un certain degré de sécurité.
âMalheureusement, les soldats de l'occupation ont arrĂȘtĂ© Muhammadâ, raconte Wissam.
Lorsqu'un soldat a emmenĂ© Muhammad, âj'ai Ă©tĂ© submergĂ©e par la terreurâ, raconte Wissam. âJ'ai failli m'Ă©vanouir de peurâ.
Alors que Muhammad était emmené par les forces israéliennes, Wissam tenait leur fils Adam dans ses bras.
âMuhammad m'a exhortĂ©e Ă ne pas pleurer, malgrĂ© lâĂ©norme pressionâ, a dĂ©clarĂ© Wissam. âJe ne pouvais pas dire ce que je ressentais, car j'avais peur que le soldat israĂ©lien ne tire sur mon fils ou moiâ.
Wissam a racontĂ© qu'elle a vu âde jeunes Palestiniens se faire arrĂȘter par les forces d'occupation sans raison apparente, qu'on les a forcĂ©s Ă se dĂ©shabiller.â
La détention de Muhammad aggrave les souffrances de la famille.
âJe ne trouve pas les mots pour dĂ©crire ce que j'ai ressenti lorsque j'ai appris que mon fils avait Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©â, a dĂ©clarĂ© Samira. âJe n'arrĂȘte pas de me poser des questions Ă son sujet. A-t-il peur ? Est-il capable de trouver un peu de chaleur maintenant quâil fait plus froid ?â
Beaucoup dâautres hommes ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s par les IsraĂ©liens alors qu'ils se dĂ©plaçaient vers le sud avec leur famille
Samira a fait de son mieux pour lâaider, avec ses deux enfants trĂšs jeunes.
âJ'ai portĂ© son plus jeune fils et son sac Ă dosâ, raconte Samira. âElle s'est effondrĂ©e. Elle Ă©tait en pleursâ.
âL'armĂ©e nous harcelait constamment. Ils nous ordonnaient de nous mettre Ă genoux, puis au bout d'une minute, ils nous ordonnaient de nous lever. Puis ils nous disaient dâavancer. Et il fallait Ă nouveau se mettre Ă genoux. CâĂ©tait sans finâ.
Lorsque Samira et sa famille ont fini par franchir le poste de contrÎle, ils ont rejoint une zone située au sud de Wadi Gaza. De là , ils ont été transportés sur une charrette tirée par un ùne jusqu'à la maison d'un parent dans le camp de réfugiés de Maghazi.
En plus de l'arrestation de Muhammad, Samira n'a plus de contact avec Kamal, un autre de ses fils. Il travaille comme infirmier à l'hÎpital indonésien, au nord de Gaza.
âCe sont les jours les plus sombres de ma vieâ, a dĂ©clarĂ© Samira.
Chaque fois que Wissam entend frapper Ă la porte de la maison oĂč elle vit Ă Maghazi, - âjâespĂšre que c'est mon mari Muhammad qui rentre chez nous aprĂšs avoir Ă©tĂ© libĂ©rĂ©â.
âMon fils Adam me demande toujours des nouvelles de son pĂšreâ, dit-elle. â Je n'ai plus de motsâ.
* Aseel Mousa est une journaliste basée à Gaza.
https://electronicintifada.net/content/israel-orders-people-evacuate-then-arrests-them/42101