đâđš IsraĂ«l pris en flagrant dĂ©lit de mensonge, et pourtant, nous n'apprenons jamais rien
Ceux qui tentent de voir clair dans ce pays noyĂ© dans la noirceur se voient taxĂ©s d'antisĂ©mitisme, comme si ĂȘtre sensible aux souffrances palestiniennes ne pouvait ĂȘtre dĂ» qu'Ă la haine des Juifs.

đâđš IsraĂ«l pris en flagrant dĂ©lit de mensonge. Et pourtant, nous n'apprenons jamais rien
Par Jonathan Cook, le 23 octobre 2023
La désinformation autour de l'explosion de l'hÎpital al-Ahli de Gaza a fonctionné comme prévu, détournant l'attention des victimes, et augmentant la pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques.
Les hommes politiques et les médias occidentaux agissent comme s'ils étaient ensorcelés à jamais, acceptant avec bienveillance les dénégations les plus invraisemblables d'Israël, qui nie avoir commis des crimes de guerre.
Comme l'a fait remarquer LĂ©nine : âUn mensonge rĂ©pĂ©tĂ© suffisamment souvent devient une vĂ©ritĂ©â.
Nous pouvons pousser le raisonnement plus loin. Le nombre de fois oĂč IsraĂ«l est pris en flagrant dĂ©lit de mensonge n'a pas d'importance, car son prochain mensonge bĂ©nĂ©ficiera du bĂ©nĂ©fice du doute. Les mĂ©dias occidentaux refusent de tirer les leçons du passĂ©.
L'armée israélienne a une longue tradition de fabrication compulsive de mensonges pour sauver la face - une désinformation qui vilipende le peuple palestinien qu'elle opprime depuis des décennies.
Le dernier exemple en date remonte Ă quelques jours.
Israël a fait un battage énergique pour masquer sa responsabilité dans la frappe de l'hÎpital baptiste al-Ahli dans la ville de Gaza mardi dernier, tuant plusieurs centaines de Palestiniens qui s'abritaient dans son enceinte. Face à la campagne de bombardements incessante d'Israël, les familles avaient supposé qu'elles seraient plus en sécurité à proximité d'une institution chrétienne.
Fort de son expérience passée, Israël suppose à juste titre que lorsque le calme sera revenu - et que la vérité émergera - le monde sera passé à autre chose. Le mensonge demeurera.
Camouflage du contexte
La tùche d'Israël est considérablement facilitée par les médias, dont la couverture des atrocités israéliennes est invariablement dépourvue de tout contexte pertinent.
Lorsque Israël a commencé à pilonner Gaza il y a plus de deux semaines avec des milliers de bombes explosives, ses dirigeants ont clairement indiqué quelle était leur intention.
Qualifiant les habitants de Gaza dââanimauxâ, le ministre de la dĂ©fense Yoav Gallant a promis de âtout Ă©liminerâ. Un responsable militaire israĂ©lien a expliquĂ© que âl'accent est mis sur les dĂ©gĂąts, pas sur la prĂ©cisionâ. Un autre a dĂ©clarĂ© que Gaza serait rĂ©duite Ă âune ville de toileâ... Aucun Ă©difice nâen rĂ©chappera.
Pendant ce temps, le prĂ©sident Isaac Herzog a accusĂ© l'ensemble de la population de Gaza d'ĂȘtre responsable de l'attaque du Hamas, privant ainsi chaque homme, femme et enfant de son statut de civil et les dĂ©signant tous comme des terroristes. Il a ajoutĂ© : âNous allons les briserâ.
Israël a exigé des Palestiniens qu'ils quittent la moitié nord de la minuscule bande de Gaza pour procéder à un nettoyage ethnique. Il a indiqué que la zone libérée serait traitée comme une zone de tir libre.
Selon les Nations unies, en moins de deux semaines, un quart des maisons de Gaza ont été réduites en ruines, et 600 000 Palestiniens se sont retrouvés sans abri.
Pour s'assurer que les Palestiniens font ce qu'il leur demande de faire, Israël a pris pour cible les structures et les principales institutions du nord de la bande de Gaza dont dépendent les gens ordinaires. Mosquées, écoles, bùtiments des Nations unies et hÎpitaux ont été touchés.
Dans les jours qui ont précédé l'attaque de l'hÎpital al-Ahli, 23 autres centres médicaux du nord de la bande de Gaza ont reçu l'ordre d'évacuer immédiatement. Selon l'Organisation mondiale de la santé, des dizaines d'entre eux ont été touchés.
Ces menaces ont Ă©tĂ© ignorĂ©es, parce que les hĂŽpitaux dĂ©bordent dĂ©jĂ de patients trop atteints par les bombardements israĂ©liens pour ĂȘtre dĂ©placĂ©s, et parce qu'il n'y a pas d'installations pour les traiter ailleurs.
Apparemment irritĂ© par ce dĂ©fi, IsraĂ«l a bombardĂ© l'hĂŽpital al-Ahli avec deux obus trois jours avant la frappe la plus importante. C'est ce que l'armĂ©e israĂ©lienne appelle la procĂ©dure du âcoup sur le toitâ : tirer une petite munition sur un bĂątiment en guise d'avertissement d'Ă©vacuation avant une frappe beaucoup plus importante.
Opération mensonge
IsraĂ«l nous avait dit prĂ©cisĂ©ment ce qu'il allait faire. Mais lorsqu'il est passĂ© Ă l'acte, IsraĂ«l a enclenchĂ© son opĂ©ration mensonge, dĂ©sormais bien connue. Il a niĂ© ĂȘtre le coupable, accusant un groupe militant palestinien, le Djihad islamique, de crime de guerre.
Il a déclaré qu'une roquette palestinienne s'était mal déclenchée et était tombée sur l'hÎpital.
L'affirmation d'Israël est ridicule. Sur la vidéo de la frappe, on peut entendre le sifflement puissant d'un missile ou d'un obus à grande vitesse en approche, quelques instants avant qu'il n'explose. Les groupes palestiniens de Gaza ne disposent que de roquettes primitives qui progressent lentement dans le ciel. Si l'une d'entre elles échoue, elle tombe en chute libre, et non à une vitesse quasi supersonique.
Le nombre de victimes prouve à lui seul qu'il s'agit d'un missile israélien. Aucune roquette palestinienne n'a jamais tué plus d'une poignée de personnes, et non des centaines comme ce fut le cas.
Mais IsraĂ«l Ă©tait prĂȘt Ă mener une campagne de mensonges et de dĂ©sinformation.
Un conseiller du Premier ministre israĂ©lien Benjamin Netanyahu a publiĂ© sur les rĂ©seaux sociaux un message se fĂ©licitant qu'IsraĂ«l ait frappĂ© une supposĂ©e âbase terroristeâ dans l'hĂŽpital. Ce message a Ă©tĂ© rapidement effacĂ©.
Au lieu de cela, Israël a diffusé des images d'une roquette palestinienne tombant à proximité. Cependant, Israël a également dû retirer cette vidéo lorsque les journalistes ont remarqué qu'elle était datée de 40 minutes aprÚs l'explosion d'Al-Ahli.
Ensuite, IsraĂ«l a produit un enregistrement audio risible et inepte, censĂ© reprĂ©senter deux combattants du Hamas discutant - dans un mauvais dialecte - pour savoir si eux ou leurs rivaux du Jihad islamique Ă©taient Ă lâorigine de la roquette vagabonde.
IsraĂ«l dispose d'une unitĂ© de âmistaravimâ composĂ©e d'IsraĂ©liens qui camouflĂ©s en Palestiniens pour opĂ©rer sous couverture dans les communautĂ©s palestiniennes. Il exploite Ă©galement des rĂ©seaux de collaborateurs palestiniens qu'il menace ou qu'il soudoie. Fabriquer un enregistrement audio serait un jeu d'enfant pour IsraĂ«l.
Quoi qu'il en soit, dans l'enregistrement, les deux hommes citent un cimetiÚre proche de l'hÎpital comme étant le site de leur supposé tir de roquette raté. Mais cela contredit d'autres affirmations de l'armée israélienne selon lesquelles la roquette aurait été tirée d'un endroit totalement différent.
Le week-end dernier, Forensic Architecture, une équipe de recherche basée à l'université de Londres, a publié ses conclusions préliminaires.
L'analyse du site a démontré, d'aprÚs la configuration des dommages causés par la frappe et les variations de la signature sonore du projectile lors de son déplacement dans l'air, que sa trajectoire allait d'Israël vers Gaza, et non pas de Gaza vers l'extérieur. D'autres analyses ont montré que le fichier audio des deux agents du Hamas avait été trafiqué.
Les compétences d'Israël en matiÚre de désinformation semblent presque aussi dilettantes que ses opérations de renseignement tant vantées, qui n'ont pas permis de déceler des mois de planification par le Hamas en vue de sa percée du 7 octobre.
Le nombre de victimes prouve à lui seul qu'il s'agit d'un missile israélien. Aucune roquette palestinienne n'a jamais tué plus d'une poignée de personnes, et non des centaines comme ce fut le cas avec cette roquette
Semer le doute
Comme toujours, l'objectif n'était pas de produire des preuves, mais de gagner la bataille de la propagande par le biais d'une désinformation, en semant le doute que les politiques et les médias occidentaux pourraient ensuite exploiter pour brouiller les pistes aux yeux de leur public.
Au lieu d'accorder aux victimes l'attention qu'elles méritent, au lieu de galvaniser enfin la colÚre contre le meurtre gratuit par Israël de milliers de civils palestiniens en deux semaines, les médias se sont cantonnés à une formule prévisible. Ils ont examiné les revendications et les contre-revendications concernant l'attaque de l'hÎpital, ont publié des articles sur le Djihad islamique et - le plus important pour Israël - ils ont adopté une approche attentiste, sans se presser de porter un jugement.
Le déclic qui aurait pu déboucher sur une pression diplomatique concertée sur Israël pour qu'il mette fin à son déchaßnement, et négocie un cessez-le-feu, s'est transformé en une série de querelles dans lesquelles les victimes de l'hÎpital ont complÚtement disparu de la scÚne.
Lorsque des observateurs extérieurs entreront à Gaza et effectueront des tests médico-légaux, à supposer qu'ils puissent le faire, l'histoire ne sera plus d'actualité. Personne ne s'en souciera plus, et Israël ne sera pas tenu de rendre de comptes, que ce soit sur le plan moral, diplomatique ou juridique.
Cette situation n'est que trop familiÚre à tous ceux qui ont suivi pendant des décennies la couverture médiatique sans cesse indulgente, lorsqu'elle est pertinente, de l'occupation et de la colonisation illégale de la patrie historique des Palestiniens par Israël.
Le brouillard qui a instantanément enveloppé l'histoire de l'hÎpital al-Ahli n'est qu'une répétition - à une échelle bien plus grande - de ce qui s'est passé l'été dernier lorsque cinq adolescents palestiniens ont été tués lors d'une frappe aérienne sur le camp de réfugiés de Jabaliya.
Comme pour le massacre de l'hĂŽpital, IsraĂ«l a immĂ©diatement niĂ© ĂȘtre responsable, affirmant qu'il n'avait pas effectuĂ© de frappes aĂ©riennes sur Jabaliya Ă l'Ă©poque. Il a imputĂ© au Djihad islamique la responsabilitĂ© d'un tir de roquette erronĂ©.
âNous dĂ©tenons des vidĂ©os qui prouvent sans l'ombre d'un doute qu'il ne s'agit pas d'une attaque israĂ©lienneâ, a affirmĂ© avec assurance un responsable israĂ©lien.
Oded Bassuk, chef de la direction des opĂ©rations de l'armĂ©e, a qualifiĂ© la mort des enfants de âblessure auto-infligĂ©e. Nous avons pu voir que la roquette avait touchĂ© une maison palestinienneâ.
Comme pour l'histoire de l'hÎpital, l'armée a diffusé des images vidéo censées montrer la roquette mal tirée.
Mais ce n'était qu'une supercherie. Plus tard, une fois l'histoire oubliée, l'armée israélienne a discrÚtement admis qu'elle était responsable de la mort des enfants.
Les garçons sur la plage
L'assassinat d'enfants par IsraĂ«l n'est pas un Ă©vĂ©nement rare. Mais c'est aussi le moment oĂč l'on peut s'attendre Ă ce qu'IsraĂ«l concocte ses plus gros mensonges - pour la raison Ă©vidente que des meurtres d'enfants reprĂ©sentent une occasion pour le monde de s'Ă©veiller briĂšvement aux souffrances des Palestiniens - avant de s'Ă©teindre Ă nouveau.
Comme pour la frappe sur l'hÎpital, un événement potentiellement décisif s'est produit en 2014, lors d'une autre série d'attaques répétées d'Israël à Gaza. Une série de frappes israéliennes a tué quatre jeunes garçons de la famille Bakr qui jouaient au football sur une plage.
Ă l'Ă©poque, IsraĂ«l a affirmĂ© que les enfants avaient Ă©tĂ© tuĂ©s accidentellement, parce qu'ils s'Ă©taient Ă©garĂ©s dans un âcomplexe en bord de mer appartenant Ă la police navale et Ă la Force navale du Hamas (y compris les commandos navals), et qui Ă©tait utilisĂ© exclusivement par des militantsâ.
Le massacre des enfants par IsraĂ«l a Ă©tĂ© oubliĂ©. En l'absence de pression, la Cour suprĂȘme d'IsraĂ«l, toujours aussi docile, a dĂ©cidĂ© l'annĂ©e derniĂšre qu'il n'Ă©tait pas nĂ©cessaire de poursuivre l'enquĂȘte
L'argument d'Israël, repris par les médias, consiste à dire que les garçons ont été victimes de dommages collatéraux lors d'une attaque de drone contre des militants palestiniens.
Malheureusement pour Israël, cette affirmation a été aisément réfutée. Plusieurs journalistes occidentaux, qui à l'époque osaient s'aventurer à Gaza, ont assisté à la frappe parce que la plage était proche de leur hÎtel. L'idée que des militants du Hamas puissent se trouver sur une plage à cÎté d'un hÎtel connu pour accueillir des journalistes occidentaux était d'emblée absurde.
Ces journalistes ont confirmĂ© lâabsence de militants dans la zone Ă ce moment-lĂ , et que les enfants auraient dĂ» ĂȘtre perçus comme tels par les opĂ©rateurs de drones.
Les journalistes ont notĂ© que la plage Ă©tait rĂ©guliĂšrement frĂ©quentĂ©e par des pĂȘcheurs et des familles venues sây baigner. L'examen d'un petit conteneur d'expĂ©dition, dĂ©truit la veille par un missile israĂ©lien, n'a pas non plus permis d'Ă©tayer l'affirmation d'IsraĂ«l selon laquelle du matĂ©riel militaire y aurait Ă©tĂ© stockĂ©.
Une enquĂȘte ultĂ©rieure a rĂ©vĂ©lĂ© que les opĂ©rateurs de drones avaient tirĂ© sans faire la distinction entre les enfants et les militants.
Tout cela n'a rien changĂ©. Le massacre des enfants par IsraĂ«l a Ă©tĂ© oubliĂ©. En l'absence de pression, la Cour suprĂȘme d'IsraĂ«l, toujours aussi docile, a dĂ©cidĂ© l'annĂ©e derniĂšre qu'aucune enquĂȘte supplĂ©mentaire n'Ă©tait nĂ©cessaire. L'affaire a Ă©tĂ© classĂ©e.
Exécution par un sniper
La campagne de désinformation la plus connue d'Israël s'est déroulée il y a 18 mois, à l'occasion de l'assassinat de la journaliste d'Al Jazeera, Shireen Abu Akleh.
Son meurtre, alors qu'elle portait un gilet pare-balles portant l'inscription âPressâ pendant l'invasion israĂ©lienne de la ville de JĂ©nine, en Cisjordanie, a suscitĂ© une vague d'indignation internationale.
Il s'agissait d'un moment particuliĂšrement dĂ©licat pour IsraĂ«l. Les mĂ©dias ont manifestĂ© un intĂ©rĂȘt inhabituel parce qu'Abu Akhleh Ă©tait une journaliste de premier plan qui avait travaillĂ© avec un grand nombre de ceux qui ont parlĂ© de son assassinat. Elle Ă©tait en outre de nationalitĂ© amĂ©ricaine.
Une fois de plus, IsraĂ«l a accusĂ© les Palestiniens d'ĂȘtre responsables de la mort de l'un des leurs. Il a produit une vidĂ©o censĂ©e montrer un Ă©change de tirs avec des tireurs palestiniens Ă proximitĂ© de l'endroit oĂč se trouvait Abu Akleh lorsqu'elle a Ă©tĂ© tuĂ©e d'une balle dans la tĂȘte.
Mais une enquĂȘte menĂ©e par le groupe israĂ©lien de dĂ©fense des droits de l'homme B'Tselem a prouvĂ© que la vidĂ©o avait Ă©tĂ© prise dans un tout autre quartier de JĂ©nine.
Les principaux mĂ©dias amĂ©ricains ont menĂ© leurs propres enquĂȘtes, montrant qu'IsraĂ«l avait menti. Il n'y avait pas eu d'Ă©change de coups de feu prĂšs de l'endroit oĂč se trouve Abu Akleh. L'explication la plus plausible est qu'un sniper israĂ©lien a dĂ©cidĂ© de l'exĂ©cuter, en visant l'Ă©troite zone de chair exposĂ©e entre son casque et le col de son gilet pare-balles.
Tardivement, alors que l'histoire refusait de disparaßtre, Israël a admis que l'un de ses soldats était trÚs probablement responsable du meurtre de la jeune femme.
IsraĂ«l ne se contente pas de mentir activement lorsque son armĂ©e assassine. L'une de ses tromperies les plus cyniques a eu lieu en 2021, lorsqu'il a dĂ©signĂ© six groupes palestiniens respectĂ©s de dĂ©fense des droits de l'homme et d'aide sociale en Cisjordanie comme des âorganisations terroristesâ.
Il a exigĂ© que l'Union europĂ©enne cesse immĂ©diatement de les financer. Leurs bureaux ont fait l'objet d'une descente, le matĂ©riel a Ă©tĂ© confisquĂ© et dĂ©truit, et leurs portes ont Ă©tĂ© condamnĂ©es. Le personnel a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©.
L'objectif d'Israël était clair : fermer les organisations qui fournissent des structures de soutien aux Palestiniens ordinaires, et défendent la cause palestinienne dans les forums internationaux en documentant les crimes israéliens. C'est d'autant plus essentiel que les médias étrangers, à court d'argent, ont fermé leurs propres bureaux dans la région.
Le mensonge Ă©tait si scandaleux que mĂȘme certains mĂ©dias habituellement bien disposĂ©s Ă l'Ă©gard d'IsraĂ«l ont eu du mal Ă l'avaler. Quelques mois plus tard, des fuites d'un rapport hautement confidentiel de la CIA ont rĂ©vĂ©lĂ© que les accusations israĂ©liennes Ă©taient dĂ©nuĂ©es de tout fondement.
La culture du mensonge
La liste de ces tromperies et de ces campagnes de désinformation est longue.
Il suffit de citer les noms de Muhammad al-Durrah, Rachel Corrie, James Miller, Tom Hurndall, Iain Hook. Israël a menti sur tous ces meurtres trÚs médiatisés perpétrés par ses soldats.
MĂȘme une recherche superficielle montre qu'IsraĂ«l a menti sur son utilisation d'armes Ă fragmentation au Liban en 2006, ainsi que sur le massacre de civils dans le village libanais de Cana au cours de la mĂȘme guerre - exactement 20 ans aprĂšs avoir menti sur sa responsabilitĂ© dans le meurtre de plus de 100 civils dans un complexe des Nations unies situĂ© dans le mĂȘme village.
Israël a menti sur sa surveillance du massacre de Palestiniens dans le camp de réfugiés de Sabra et Chatila au Liban en 1982 par ses alliés phalangistes chrétiens.
Rien de tout cela ne devrait surprendre. La culture du mensonge prévaut depuis la création d'Israël en 1948. DÚs sa création, le mouvement sioniste a promu le mensonge selon lequel la Palestine était un territoire inhabité.
Pour perpĂ©tuer ce mythe fondamental, IsraĂ«l a menti sur ses opĂ©rations de nettoyage ethnique Ă grande Ă©chelle en 1948 - l'une d'entre elles, dans le nord, s'appelait la âBroom Operationâ - qui a chassĂ© quelque 750 000 Palestiniens de leurs maisons et les a placĂ©s dans des camps de rĂ©fugiĂ©s. Elle a prĂ©tendu Ă tort que les Ătats arabes voisins lui en avaient donnĂ© l'ordre.
Les autorités israéliennes ont dissimulé les preuves archivées des massacres de civils palestiniens perpétrés par leurs forces, comme à Tantura et Dawayimah, et ont dénigré tous ceux qui ont tenté d'attirer l'attention sur ces massacres.
De mĂȘme, ils ont menti en disant qu'ils offraient aux rĂ©fugiĂ©s une chance de rentrer chez eux.
Par ailleurs, le gouvernement israĂ©lien a dĂ©truit des centaines de villages palestiniens pour empĂȘcher les rĂ©fugiĂ©s de rentrer chez eux, puis a cherchĂ© Ă dissimuler ces crimes en plantant des forĂȘts Ă la place.
DÚs sa création, le mouvement sioniste a promu le mensonge selon lequel la Palestine était une terre inhabitée
La fabrique du mensonge
Les armées mentent en temps de guerre, car elles commettent inévitablement des crimes qu'elles souhaitent dissimuler.
La diffĂ©rence avec IsraĂ«l, c'est que ses mensonges font partie intĂ©grante de son identitĂ© depuis des dĂ©cennies en tant qu'Ătat dĂ©possĂ©dant et colonisant la patrie d'un autre peuple. Il doit masquer son systĂšme d'apartheid et les crimes inhĂ©rents Ă de tels rĂ©gimes de privilĂšges et d'assujettissement.
Israël est en guerre permanente avec les Palestiniens et l'ensemble de la région, il doit donc mentir de maniÚre compulsive et continue. Chaque mensonge s'appuie sur les précédents. Si l'un d'entre eux est découvert, c'est tout l'édifice qui risque de s'écrouler.
C'est pourquoi dĂ©mĂȘler ces mensonges est une tĂąche si ardue et ingrate.
La nĂ©cessitĂ© de s'engager dans de longues batailles judiciaires contre IsraĂ«l et ses nombreux apologistes pour dĂ©masquer chaque mensonge dĂ©tourne l'attention des supercheries encore plus flagrantes de l'Ătat hĂ©breu. Cela occulte le contexte.
Se battre pour qu'IsraĂ«l rende compte de la mort de centaines de personnes Ă l'hĂŽpital al-Ahli a pour consĂ©quence de faire oublier lâopĂ©ration de nettoyage ethnique Ă Gaza.
Lutter contre un mensonge, c'est laisser d'autres mensonges - souvent des mensonges par omission - se frayer un chemin dans la conscience du public.
Ces difficultĂ©s sont aggravĂ©es par la volontĂ© des mĂ©dias de se complaire dans la dĂ©sinformation israĂ©lienne - comme ils le font depuis la crĂ©ation d'un Ătat juif autoproclamĂ© - parce qu'IsraĂ«l est un atout stratĂ©gique important. En tant qu'alliĂ© fidĂšle, il est destinĂ© Ă projeter la puissance occidentale dans un Moyen-Orient riche en hydrocarbures.
Ceux qui cherchent Ă faire la lumiĂšre sur un sujet noyĂ© dans tant de noirceur se voient taxĂ©s d'antisĂ©mitisme, comme si la solidaritĂ© avec la souffrance des Palestiniens ne pouvait ĂȘtre motivĂ©e que par la haine des Juifs.
C'est pourquoi IsraĂ«l peut s'accommoder des querelles sur l'identitĂ© de l'auteur de l'attentat contre l'hĂŽpital al-Ahli. Parce que la tempĂȘte passera bientĂŽt, et que les victimes palestiniennes ne ressusciteront pas.
Les opinions exprimées dans cet article appartiennent à l'auteur et ne reflÚtent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.
* Jonathan Cook est l'auteur de trois livres sur le conflit israélo-palestinien et lauréat du Martha Gellhorn Special Prize for Journalism. Son site web et son blog se trouvent à l'adresse suivante : www.jonathan-cook.net
Middle East Eye offre une couverture et une analyse indépendantes et inégalées du Moyen-Orient, de l'Afrique du Nord et au-delà . Pour en savoir plus sur la republication de ce contenu et les frais associés, veuillez remplir ce formulaire. Pour en savoir plus sur MEE, cliquez ici.
https://www.middleeasteye.net/opinion/israel-palestine-war-lying-time-again-never-learn