đâđš IsraĂ«l saccage les camps de rĂ©fugiĂ©s de Cisjordanie
LâarmĂ©e israĂ©lienne a dĂ©placĂ© 40 000 Palestiniens de quatre camps de rĂ©fugiĂ©s dans le cadre de la plus grande opĂ©ration militaire menĂ©e en Cisjordanie depuis la seconde Intifada.

đâđš IsraĂ«l saccage les camps de rĂ©fugiĂ©s de Cisjordanie
Par Wahaj Bani Moufleh*, le 12 février 2025
Le 21 janvier, deux jours seulement aprĂšs l'entrĂ©e en vigueur du cessez-le-feu Ă Gaza, IsraĂ«l a lancĂ© une nouvelle opĂ©ration militaire d'envergure en Cisjordanie occupĂ©e. ConcentrĂ©e Ă l'origine sur le camp de rĂ©fugiĂ©s de JĂ©nine, l'opĂ©ration âIron Wallâ s'est depuis Ă©tendue Ă trois autres camps dans le nord de la Cisjordanie : Tulkarem, Nur Shams et Al-Far'a.
Ces incursions, soutenues par les forces aĂ©riennes, visent Ă rĂ©primer la rĂ©sistance armĂ©e palestinienne, qui s'est renforcĂ©e dans les camps de rĂ©fugiĂ©s au cours des derniĂšres annĂ©es. Mais les forces israĂ©liennes ont Ă©galement causĂ© des destructions extrĂȘmes sur les infrastructures civiles, en dĂ©truisant des routes au bulldozer, en rasant des quartiers rĂ©sidentiels entiers et en dĂ©plaçant de force 40 000 personnes de leurs foyers. En termes d'intensitĂ© et d'Ă©chelle, c'est la plus grande opĂ©ration militaire israĂ©lienne en Cisjordanie depuis la seconde Intifada, qui s'est achevĂ©e il y a vingt ans.


Au cours des trois derniÚres semaines, Israël affirme avoir tué plus de 50 militants palestiniens, tandis que des soldats israéliens ont également tué plusieurs civils. Il s'agit notamment d'une fillette de deux ans prÚs de Jénine, de deux femmes d'une vingtaine d'années dans le camp de Nur Shams, dont l'une était enceinte de huit mois, et d'un garçon de dix ans dans le camp de Tulkarem.
Saddam Hussein Iyad Rajab, l'enfant de 10 ans, venait du village de Kafr Al-Labad rendre visite à des parents dans le camp de Tulkarem le 28 janvier lorsqu'un soldat israélien lui a tiré une balle dans l'abdomen.
âSaddam se tenait devant la maison alors que nous nous prĂ©parions Ă prierâ, a dĂ©clarĂ© son pĂšre, Iyad, Ă +972. âIl n'y avait pas de camions de l'armĂ©e, pas de snipers et pas de combattants de la RĂ©sistance Ă proximitĂ©. Il est sorti avant moi, pour parler Ă sa mĂšre. Vingt secondes plus tard, j'ai entendu ses crisâ.


En raison d'un accident de travail survenu il y a deux ans et qui a limitĂ© sa mobilitĂ©, Iyad a eu du mal Ă atteindre son fils rapidement. âIl m'a fallu du temps pour le mettre Ă l'abri et l'emmener Ă l'hĂŽpitalâ, raconte-t-il. Une semaine et demie plus tard, Rajab succombait Ă ses blessures.
âAprĂšs avoir Ă©tĂ© blessĂ©, je l'ai considĂ©rĂ© comme l'homme de la maisonâ, a dĂ©clarĂ© Iyad. âIl m'a aidĂ© pour tout, qu'il s'agisse de m'accompagner Ă l'hĂŽpital ou de m'emmener Ă la mosquĂ©e. Que Dieu le bĂ©nisseâ.


Depuis qu'Israël a intensifié son assaut sur le camp de Tulkarem le 27 janvier, la grande majorité des résidents a été déplacée de force. Ces familles sont désormais dispersées entre les maisons de leurs proches, les écoles et les installations publiques, et dépendent du soutien local des autorités municipales et des villages environnants.
Ahmed Al-Dosh, qui travaille pour le ministĂšre de l'Education Ă Tulkarem, est handicapĂ© et se dĂ©place en fauteuil roulant. La destruction des infrastructures du camp a compliquĂ© son dĂ©part. âQuatre jeunes hommes m'ont portĂ© dans mon fauteuil roulant pour m'aider Ă sortirâ, a-t-il dĂ©clarĂ© Ă +972.


Aujourd'hui, lui et sa famille sont hébergés au Centre culturel de Tulkarem, avec une cinquantaine d'autres personnes déplacées de tous ùges. L'espace est divisé en trois parties : une zone pour les réserves de nourriture, une autre pour les femmes et les enfants, et la derniÚre pour les hommes.
Alors que ces familles tentent de s'adapter Ă leur nouvelle rĂ©alitĂ©, leurs cĆurs restent au camp - oĂč la plupart de leurs maisons sont aujourd'hui en ruines, et leur avenir est incertain. M. Al-Dosh a Ă©tĂ© bouleversĂ© dâavoir dĂ» laisser au camp ses oiseaux et son chat. âJe suis sĂ»r que je ne les retrouverai pas vivants, et je pense Ă eux Ă chaque repas que je prends iciâ, a-t-il ajoutĂ©.


Plus de 20 000 Palestiniens ont Ă©tĂ© dĂ©placĂ©s du seul camp de JĂ©nine. Au cours de la semaine Ă©coulĂ©e, certains d'entre eux ont risquĂ© leur vie pour tenter de rejoindre leurs maisons et de rĂ©cupĂ©rer des effets personnels malgrĂ© les opĂ©rations militaires israĂ©liennes en cours dans le camp, notamment des vĂȘtements, des vivres et des documents officiels. Si certains ont rĂ©ussi, d'autres ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s par des soldats israĂ©liens, se sont vu confisquer leurs biens ou ont mĂȘme essuyĂ© des tirs Ă balles rĂ©elles.
Ces photos donnent un aperçu de la destruction de certains quartiers périphériques du camp assiégé, les habitants signalant une dévastation encore plus grave à l'intérieur du camp. Les histoires de déplacement et de mort se répÚtent, et l'occupation continue de déraciner les Palestiniens, leur infligeant des blessures sans fin.


* Wahaj Bani Moufleh est un photographe de la ville palestinienne de Beita, en Cisjordanie, et membre du collectif Activestills. Il a passé des années à documenter les manifestations organisées dans son propre village contre la colonisation et l'occupation israéliennes. Son travail a été publié par plusieurs médias et exposé à l'échelle internationale, notamment lors d'une exposition individuelle au musée WORM de Rotterdam, aux Pays-Bas.
https://www.972mag.com/west-bank-refugee-camps-israel-iron-wall/