đâđš IsraĂ«l tue & blesse plus de 600 Palestiniens prĂšs des sites dâaide depuis le 27 mai dans lâindiffĂ©rence gĂ©nĂ©rale
Il est inconcevable que lâentitĂ© accusĂ©e de commettre un gĂ©nocide depuis prĂšs de 20 mois puisse ĂȘtre chargĂ©e d'amĂ©liorer les conditions humanitaires de la population qu'elle cible.

đâđš IsraĂ«l tue & blesse plus de 600 Palestiniens prĂšs des sites dâaide depuis le 27 mai dans lâindiffĂ©rence gĂ©nĂ©rale
Par Euro Med Human Rights Monitor, le 3 juin 2025
Territoires palestiniens - L'armée israélienne a tué et blessé plus de 600 Palestiniens prÚs de trois centres de distribution d'aide qu'elle a établis dans des zones sous son contrÎle dans la bande de Gaza, le tout en une semaine. Cet incident prouve clairement que ces sites servent de zones de mise à mort, utilisées pour cibler et exécuter délibérément des civils sur le terrain.
Le silence mondial face Ă l'escalade de la campagne gĂ©nocidaire d'IsraĂ«l dans la bande de Gaza, qui dure maintenant depuis prĂšs de 20 mois, est Ă la fois scandaleux et extrĂȘmement grave. Ces derniers mois, IsraĂ«l a non seulement affamĂ© les civils, mais a Ă©galement Ă©tabli des centres prĂ©tendument humanitaires, Ă proximitĂ© desquels il a tuĂ© des civils qui tentaient dĂ©sespĂ©rĂ©ment d'accĂ©der Ă de maigres rations dans des conditions dĂ©gradantes. Ă ce jour, il n'y a eu ni responsabilitĂ© ni enquĂȘte crĂ©dible et indĂ©pendante sur ces graves violations.
L'équipe de terrain d'Euro-Med Monitor a documenté les tirs de l'armée israélienne sur des milliers de civils rassemblés à l'aube du mardi 3 juin prÚs d'un centre de distribution d'aide humanitaire à Tel al-Sultan, à Rafah, dans le sud de Gaza. Au moins 27 civils ont été tués et 90 blessés. Le bilan devrait s'alourdir en raison du nombre élevé de blessés graves, et de l'effondrement des services de santé causé par le blocus et les attaques répétées de l'armée israélienne contre les installations médicales.
Les tirs Ă©taient intenses et alĂ©atoires. Tout le monde Ă©tait allongĂ© au sol, les balles sifflaient au-dessus de nos tĂȘtes, personne n'osait se lever, car se lever revenait Ă mourir. â A. B., survivant de l'incident
Selon les tĂ©moignages et les informations recueillis par les enquĂȘteurs d'Euro-Med Monitor sur le terrain, les tireurs d'Ă©lite de l'armĂ©e israĂ©lienne ont dĂ©libĂ©rĂ©ment pris pour cible des civils affamĂ©s, principalement Ă la tĂȘte, alors qu'ils ne reprĂ©sentaient aucune menace pour les forces israĂ©liennes.
Dans son témoignage à Euro-Med Monitor, un survivant qui a souhaité rester anonyme a déclaré :
âVers 3 h 50 ce matin, un quadricoptĂšre israĂ©lien a survolĂ© la foule de civils et a pris des photos. Puis, l'armĂ©e a ouvert le feu depuis une grue dans la zone. J'ai personnellement transportĂ© trois personnes touchĂ©es Ă la tĂȘte. La plupart des blessĂ©s ont Ă©tĂ© touchĂ©s Ă la tĂȘte. Les gens venaient chercher de quoi manger pour apaiser leur faim, mais ils ont Ă©tĂ© tuĂ©s ou blessĂ©sâ.
Dans un autre témoignage, A. B., 38 ans, a déclaré à Euro-Med Monitor :
âJe suis allĂ© vers 3 heures du matin dans la zone prĂšs d'Al-Alam Ă Rafah et j'ai attendu prĂšs d'une cafĂ©tĂ©ria en bord de mer. Les tirs Ă©taient intenses et alĂ©atoires. Tout le monde Ă©tait allongĂ© au sol, les balles sifflaient au-dessus de nos tĂȘtes ; personne n'osait se lever, car se lever revenait Ă mourir.
âVers 5 heures du matin, les gens ont commencĂ© Ă s'approcher de la route menant au centre d'aide, et des coups de feu ont Ă©clatĂ© depuis un drone quadricoptĂšre, de vĂ©hicules derriĂšre les dunes et de bateaux de la marineâ, a-t-il ajoutĂ©.
Il a poursuivi : âIl y a eu de nombreux blessĂ©s et morts. Vers 5 h 45, nous avons rĂ©ussi Ă entrer dans le centre et j'ai pu obtenir un colis d'aide. En sortant, j'ai rencontrĂ© une femme d'une quarantaine d'annĂ©es qui m'a dit qu'elle n'arrivait plus Ă avancer et que ses enfants et elle souffraient de la faim et de la pauvretĂ©. Je lui ai donnĂ© mon colis et je suis retournĂ© en chercher un autre, mais il n'y en avait plus. Un quadricoptĂšre survolait la zone et diffusait des insultes : âBande d'animaux, fichez le camp, il n'y a plus rien Ă distribuerâ.
âAlors que je partais et que j'approchais d'une sortie, j'ai vu un enfant qui criait trĂšs fort : âMaman, lĂšve-toi, maman, lĂšve-toiâ. Je me suis approchĂ© et j'ai trouvĂ© la femme Ă qui j'avais donnĂ© mon colis, gisant dans une mare de sang. Elle est morteâ, a-t-il dit. âAvec un groupe de jeunes hommes, nous l'avons transportĂ©e dehors et placĂ©e dans une ambulance. J'ai accompagnĂ© son fils Ă l'hĂŽpital. Sur le chemin, le long de la route cĂŽtiĂšre, j'ai vu sept corps gisant sur le bord de la route.
âQuand je suis retournĂ© Ă ma tente, j'ai jurĂ© devant Dieu, ma femme et mes enfants que je n'irai plus jamais dans un centre de distribution d'aide, mĂȘme si la vie devient trop difficile, mĂȘme si je dois manger du sableâ.
Dans l'un des cas d'exécution sommaire de civils documentés par Euro-Med Monitor, l'armée israélienne a tué Khaled Ahmed Abu Sweilem, 41 ans, alors qu'il tentait d'atteindre un centre de distribution d'aide humanitaire à l'ouest de Rafah mardi matin pour obtenir de la nourriture.
AprĂšs avoir rĂ©ussi Ă obtenir un colis d'aide, il a Ă©tĂ© abattu dans le dos alors qu'il quittait le centre. La balle l'a touchĂ© derriĂšre l'oreille droite et s'est logĂ©e dans sa tĂȘte, le tuant sur le coup. Son corps a d'abord Ă©tĂ© transfĂ©rĂ© Ă un hĂŽpital de campagne, puis Ă l'hĂŽpital Nasser de Khan Yunis, dans le sud de Gaza.
L'armĂ©e israĂ©lienne, en collaboration avec l'organisation soutenue par les Ătats-Unis qui gĂšre les centres de distribution de l'aide, ordonne aux Palestiniens de venir chercher l'aide dans des sites dĂ©signĂ©s, leur enjoignant d'attendre leur tour aprĂšs avoir Ă©tĂ© soumis Ă des contrĂŽles et Ă diverses humiliations. Une fois sur place, ils sont exposĂ©s aux tirs directs des snipers, des drones quadricoptĂšres, des hĂ©licoptĂšres et parfois des obus de chars, sous prĂ©texte que les forces israĂ©liennes stationnĂ©es Ă quelques centaines de mĂštres seraient menacĂ©es.
Les incidents sur le terrain montrent que l'armée israélienne a délibérément placé les centres de distribution de l'aide dans des zones dangereuses et militarisées sous son contrÎle, sans prévoir de couloirs sécurisés. C'est un piÚge mortel pour des milliers de civils affamés qui, aprÚs plus de trois mois de fermeture des frontiÚres, risquent leur vie pour obtenir un peu de nourriture. Beaucoup reviennent blessés, quand ils reviennent.
L'armĂ©e israĂ©lienne nie gĂ©nĂ©ralement toute responsabilitĂ© dans ces crimes graves ou tente de justifier son recours aux tirs Ă balles rĂ©elles en affirmant que des âsuspectsâ se sont approchĂ©s des zones oĂč ses forces sont dĂ©ployĂ©es. Ces affirmations sont avancĂ©es sans la moindre preuve et contredisent souvent des rĂ©cits antĂ©rieurs, rĂ©vĂ©lant un mĂ©pris total pour la vie des civils affamĂ©s. Ce comportement est la consĂ©quence directe de l'impunitĂ© dont IsraĂ«l jouit depuis trop longtemps.
La communauté internationale doit prendre des mesures immédiates et décisives pour contraindre Israël à mettre fin à son dispositif inhumain de distribution de l'aide dans la bande de Gaza. En seulement huit jours, ce dispositif a permis des massacres quotidiens qui ont fait 102 morts et prÚs de 500 blessés parmi les Palestiniens, dont beaucoup dans un état critique.
Le chaos qui rĂšgne dans les centres de distribution de l'aide humanitaire renforce les inquiĂ©tudes soulevĂ©es prĂ©cĂ©demment quant Ă l'incapacitĂ© du dispositif israĂ©lien Ă acheminer efficacement l'aide humanitaire. Les centaines de centres existants ne peuvent ĂȘtre remplacĂ©s par seulement quatre sites qui ressemblent Ă des centres de dĂ©tention militaires et ne disposent mĂȘme pas des infrastructures de base nĂ©cessaires pour accueillir les civils et distribuer l'aide de maniĂšre sĂ»re et efficace.
Ces incidents ne doivent pas ĂȘtre minimisĂ©s comme Ă©tant de simples problĂšmes de procĂ©dure pouvant ĂȘtre rĂ©solus par des ajustements opĂ©rationnels. Ils doivent ĂȘtre replacĂ©s dans le contexte plus large et plus grave du contrĂŽle exercĂ© par l'armĂ©e israĂ©lienne sur l'aide humanitaire. Il est inconcevable que lâentitĂ© accusĂ©e de commettre un gĂ©nocide depuis prĂšs de 20 mois puisse ĂȘtre chargĂ©e d'amĂ©liorer les conditions humanitaires de la population qu'elle cible.
Il est essentiel de mettre immédiatement fin au dispositif israélien de distribution de l'aide dans la bande de Gaza, car il est devenu le théùtre d'exécutions sommaires et ne respecte aucune des normes humanitaires les plus élémentaires. Euro-Med Monitor souligne la nécessité de rétablir le dispositif précédemment mis en place par les Nations unies afin de garantir la distribution sûre et efficace de l'aide à la population de Gaza.
Tous les Ătats et les acteurs concernĂ©s doivent exercer une pression maximale sur IsraĂ«l pour l'empĂȘcher de contourner ou de compromettre l'Ćuvre des agences expĂ©rimentĂ©es de l'ONU dans la bande de Gaza.
Euro-Med Monitor souligne le rÎle crucial et impartial que jouent ces agences dans l'acheminement de l'aide humanitaire et la coordination de la réponse apportée à plus de 2,2 millions de Palestiniens confrontés à la mort et à la famine.
Traduit par Spirit of Free Speech