🚩 Jake Johnson: Le sabotage apparent des pipelines Nord Stream risque de provoquer un cauchemar climatique sans précédent

"Toutes les informations disponibles indiquent que ces fuites sont le résultat d'un acte délibéré, et soulignent à quel point il est dangereux de dépendre du gaz fossile".

Une image de la Défense danoise montre le gaz qui fuit du gazoduc Nord Stream 2, le 27 septembre 2022. (Photo : Danish Defence/Anadolu Agency via Getty Images)

🚩 Le sabotage apparent des pipelines Nord Stream risque de provoquer un cauchemar climatique sans précédent

📰 Par Jake Johnson, le 28 septembre 2022

Bien que l'on ne sache pas qui est responsable des dégâts, Greenpeace U.E. a déclaré que "ce qui est certain, c'est que c'est une terrible nouvelle pour le climat et que la dépendance de l'Europe au gaz doit cesser."

Alors que les questions et les accusations continuent de tourbillonner à la suite du sabotage présumé du réseau de gazoducs Nord Stream, les écologistes et les scientifiques commencent à appréhender l'impact climatique dévastateur de l'incident, qui a fait remonter du gaz à la surface de la mer Baltique et libéré une quantité encore inconnue d'émissions de méthane dans l'atmosphère.

Selon une première estimation de Jean-François Gauthier, vice-président chargé des mesures au sein de la société de satellites GHGSat, les gazoducs russes rejetaient plus de 500 tonnes de méthane par heure lorsqu'ils ont été endommagés.

Mercredi matin, le gaz continuait de s'écouler de Nord Stream 1 et Nord Stream 2 environ 48 heures après la première détection des trois fuites par les autorités danoises.

Bien que ni le Nord Stream 1 ni le Nord Stream 2 n'aient été en service au moment des dégâts, ils contenaient tous deux une quantité importante de gaz dont le principal composant est le méthane, un puissant polluant dont le pouvoir calorifique est plus de 80 fois supérieur à celui du dioxyde de carbone.

Le Nord Stream 2, dont l'Allemagne, soutenue par les États-Unis, a interdit le démarrage des opérations commerciales en réponse à l'attaque de la Russie contre l'Ukraine, contenait 177 millions de mètres cubes de gaz au moment de l'attaque apparente, qui a suscité un torrent de spéculations et d'accusations parmi les puissances mondiales, tandis que les autorités européennes s'engageaient à enquêter.

Andrew Baxter, directeur de la transition énergétique au Fonds de défense de l'environnement, a noté que, sur la base des estimations du contenu gazeux du gazoduc, les dommages causés à Nord Stream 2 pourraient rejeter 115 000 tonnes de méthane dans l'atmosphère, soit à peu près "le même impact climatique que les émissions annuelles de 2 millions de voitures à essence".

Greenpeace E.U. a averti que le gaz combiné des deux pipelines Nord Stream qui fuient "pourrait avoir le même potentiel de destruction du climat que 30 millions de tonnes de dioxyde de carbone."

"Cette fuite souligne à quel point il est dangereux de dépendre du gaz fossile", a fait valoir le groupe. "Nous ne savons pas exactement quelle quantité de gaz se trouvait dans les gazoducs, quelle quantité a fui, et quelle quantité est absorbée par l'eau plutôt que par l'air. Mais ce qui est certain, c'est que c'est une terrible nouvelle pour le climat, et que la dépendance de l'Europe au gaz doit cesser."

Photo de la fuite du Nord Stream 2

Bloomberg a rapporté mercredi que "les scientifiques s'efforcent de déterminer la quantité de méthane, l'un des plus puissants gaz à effet de serre, qui s'est échappée dans l'atmosphère" et que "l'on craint qu'il s'agisse de l'un des pires rejets jamais enregistrés".

David McCabe, un scientifique principal de Clean Air Task Force, a déclaré au média que "le potentiel d'un événement d'émission massif et très dommageable est très inquiétant."

"Il existe un certain nombre d'incertitudes", a ajouté M. McCabe, "mais, si ces pipelines tombent en panne, l'impact sur le climat sera désastreux et pourrait même être sans précédent."

Bloomberg souligne que "le plus grand rejet connu aux États-Unis s'est produit dans une installation de stockage de gaz à Aliso Canyon, à Los Angeles, en 2015, où l'on estime que 97 100 tonnes métriques de méthane ont été émises sur plusieurs mois."

Le commandement de la défense du Danemark, qui a capturé des images aériennes de la fuite dans la mer Baltique, a déclaré que la plus importante des trois fuites a entraîné une perturbation de surface de plus d'un demi-mile de diamètre sur une période de plusieurs heures, renforçant les craintes d'une catastrophe climatique alors que les autorités se sont précipitées pour atténuer les dommages et déterminer qui était responsable.

"Les fuites NSI et NSII risquent de devenir une catastrophe climatique et écologique", a tweeté Stefano Grassi, le chef de cabinet du commissaire européen à l'énergie. "Nous sommes en contact avec [les États membres] pour examiner ce qui s'est passé et trouver le moyen le plus rapide d'arrêter les fuites et d'éviter des dommages plus graves."

Josep Borrell, le haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a déclaré mercredi dans une déclaration au nom du bloc que "les préoccupations en matière de sécurité et d'environnement sont de la plus haute priorité."

"Ces incidents ne sont pas une coïncidence et nous affectent tous", a poursuivi Borrell. "Toutes les informations disponibles indiquent que ces fuites sont le résultat d'un acte délibéré. Nous soutiendrons toute enquête visant à faire toute la lumière sur ce qui s'est passé et pourquoi, et nous prendrons de nouvelles mesures pour accroître notre résilience en matière de sécurité énergétique."

"Toute perturbation délibérée de l'infrastructure énergétique européenne est totalement inacceptable", a-t-il ajouté, "et fera l'objet d'une réponse vigoureuse et unie."

https://www.commondreams.org/news/2022/09/28/apparent-sabotage-nord-stream-pipelines-risks-unprecedented-climate-nightmare