đâđš Je nâai jamais condamnĂ© les enchaĂźnĂ©s
Si ma présence dérange vos conférences, amphithéùtres, tables rondes aseptisées, tant mieux. Ma voix n'est pas là pour rassurer, mais pour dénoncer. à voix haute. Sans remords. Pour briser le silence.
đâđš Je nâai jamais condamnĂ© les enchaĂźnĂ©s
Par Story Ember leGaĂŻe, le 20 mai 2025
Vous confondez le sang et la lame. Vous confondez les cris et les coups.
Note aux lecteurs : Cet article rejette le concept de génocide politiquement correct. Il ne s'excuse pas de prendre le parti des enchaßnés, des affamés, des bombardés et des irréductibles. Si cela vous dérange, demandez-vous pourquoi parler ouvertement de génocide est plus violent qu'un génocide perpétré en silence.
Ils nous demandent de condamner la rĂ©sistance en sirotant des cocktails aux cĂŽtĂ©s des faiseurs d'anĂ©antissement. Ils trinquent Ă la âpaixâ, mais seulement aprĂšs la derniĂšre roquette, le dernier rĂ©fugiĂ© mort de faim, le dernier enfant rayĂ© de tous les recensements, de tous les berceaux.
Et, si nous ne nous mettons pas Ă genoux si nous osons dire ânonâ, si nous refusons le rĂŽle du colon docile, si nous refusons de condamner le feu qui dĂ©vore les chaĂźnes ils nous traitent de radicaux.
Qu'ils le fassent.
âChaque gĂ©nĂ©ration doit, dans une relative opacitĂ©, affronter sa mission : la remplir ou la trahirâ.
â Frantz Fanon
Je n'ai jamais condamnĂ© le Hamas. Je condamne ceux qui imposent le silence sous le joug de l'occupation. Je condamne les missiles baptisĂ©s âmisĂ©ricordeâ, les blocus maquillĂ©s en âmesures de sĂ©curitĂ©â, les protocoles de famine camouflĂ©s en diplomatie.
Je condamne la patience du sniper embusquĂ©, pas l'enfant qui apprend Ă marcher sous le feu des drones. Je condamne l'Ătat qui enterre les malades sous les dĂ©combres et ose encore parler de dĂ©fense.
Les libérations ne sont jamais le fruit du hasard. Pas de résistance sans funérailles murmurées dans la poussiÚre. On peut toujours creuser des tombes mais ce ne sont jamais celles de l'empire.
Je n'ai jamais condamné le Hezbollah. Je condamne les cartes redessinées dans les QG par des hommes qui jamais n'ont goûté à la fumée et marchandent les frontiÚres comme des coups de poker chaque frontiÚre une chaßne, chaque checkpoint une cicatrice sur l'histoire.
Le Hezbollah n'est pas né d'une victoire. Il est né de salons bombardés, de traités trahis par des empires trop blasés pour tenir parole.
Vous les traitez d'extrémistes car jamais vous n'avez enterré de frÚre sous l'acier américain. jamais vous n'avez vu votre mÚre pleurer en silence sous le poids des éternels débats occidentaux sur le droit de votre peuple à respirer.
Je ne cĂ©lĂšbre pas les drapeaux. Mais je sais une chose : ceux qui rĂ©sistent ne sont pas ceux qui ont construit la cage. Et si vous n'avez jamais marchĂ© pieds nus dans les ruines des âfrappes chirurgicalesâ, vous n'ĂȘtes pas en droit de porter un jugement sur ce que les cendres apprennent des cendres.
Je n'ai jamais condamné l'Iran. Je condamne les parlements fantÎmes, l'illusion de démocratie trafiquée par des mains noires de pétrole.
Je condamne IsraĂ«l. La Grande-Bretagne. Les Ătats-Unis. L'Arabie saoudite.
L'axe froid de l'exploitation, oĂč le sang vaut de l'or et le gaz l'Ă©vangile.
Ils craignent l'Iran, non pour ses qualités, parce qu'il se souvient. Parce qu'il résiste. Parce qu'il ne plie pas et ne se met pas à genoux. Parce qu'il se souvient du Shah. Parce qu'il sait l'impérialisme et ses costumes sur mesure et ses bruissements d'aide étrangÚre.
Il n'est pas question d'armes nucléaires. Il s'agit de savoir qui a le droit de parler. Et qui doit mourir en silence.
âIl n'y a pas vraiment de âsans voixâ. Il n'y a que ceux qu'on rĂ©duit au silence, ou ceux qu'on prĂ©fĂšre ne pas entendreâ.
â Arundhati Roy
Vous voulez mon verdict ? Le voici.
Je ne condamne Pas ceux qui creusent à mains nues pour retrouver leurs proches sous les décombres. Pas les familles qui se passent d'adieu et savent le génocide qui frappe à 3 heures du matin.
Je ne condamne pas les colonisĂ©s pour avoir refusĂ© de mourir poliment. Je ne draperai pas l'Ă©puration ethnique de âcomplexitĂ©â. Je n'endormirai pas vos consciences qui financent les charniers.
Je condamne le sionisme. Résolument. Sans hésiter. Sans honte.
Le sionisme n'est pas le judaïsme. C'est la militarisation du deuil pour justifier l'anéantissement d'un peuple.
C'est un bulldozer lĂ oĂč Ă©tait une maison. C'est une balle en caoutchouc dans l'Ćil d'un enfant. C'est du phosphore blanc sur Gaza illuminant le ciel comme l'aveu du menteur.
Le sionisme, c'est l'apartheid avec communiqué de presse. Un génocide en direct. Un mensonge qui se prétend sacralité.
Je n'ai jamais condamnĂ© ceux qui luttent pour respirer. Je condamne ceux qui font des oliviers des cibles, interdisent les drapeaux, les livres, mĂȘme le pain.
Je condamne ceux qui bombardent Ă©coles et boulangeries, puis reprochent aux cadavres d'ĂȘtre lĂ . Je condamne ceux qui font de la victimisation une arme en Ă©crasant sous leurs bottes des gĂ©nĂ©rations entiĂšres.
Ceux qui crient à l'antisémitisme non pour la sécurité des Juifs, mais pour protéger l'empire qu'ils drapent d'une étoile de David pour mieux frapper.
La résistance n'est pas belle.
Elle n'est pas orchestrée pour les réseaux sociaux.
Elle n'est pas embellie par les filtres ou excuses scénarisées.
Elle naßt dans les barbelés et les berceuses chuchotées,
avec les mĂšres et leurs chansons de sang dans la nuit
alors que les bombes reviennent comme les saisons.
Quand vous dites terreur, je parle séquelles. Quand vous dites radical, je parle d'instinct. Ce que vous qualifiez d'inexcusable, je le nomme inévitable.
Vous confondez le sang versĂ© et la lame. Vous confondez les cris et les coups. Vous qualifiez de violents ceux qui suffoquent quand l'Ătat asphyxie des gĂ©nĂ©rations entiĂšres et nomme ça de âlâordreâ.
Telle est la cruautĂ© de l'empire â il exige des victimes l'expression un peu de dignitĂ© quand elles sont dĂ©membrĂ©es.
Il assassine, puis pleure sur son sort. Il fait l'éloge funÚbre de ses propres balles.
Et vous â les diplomates, aseptisĂ©s, dĂ©sengagĂ©s â qui demandez aux massacrĂ©s d'ĂȘtre conciliants.
Vous exigez des opprimĂ©s quelque puretĂ© morale â portant un toast aux oppresseurs. Vous appelez au calme tandis que pleuvent les bombes. Vous parlez de âdeux campsâ alors qu'un camp dort sous des dĂŽmes et l'autre sous des drones.
Je n'ai jamais condamnĂ© ceux qui brĂ»lent leurs chaĂźnes. Je condamne les geĂŽliers. Les prĂ©sentateurs de JT brouillant la frontiĂšre entre massacre et âbavureâ. Ces universitaires qualifiant le gĂ©nocide de âconflitâ. Cette neutralitĂ© feinte perpĂ©tuant l'occupation.
Ne dites pas que c'est âcompliquĂ©â parce que vous aussi avez les mains sales.
Cessez de pleurer pour les âotagesâ et jamais sur les kidnappĂ©s.
Pas de clémence pour le colon qui déshumanise la terre volée.
Les Palestiniens ne sont pas des métaphores.
Pas des sauvages.
Pas les victimes idéales.
Ce sont des ĂȘtres humains â affamĂ©s, terrorisĂ©s, mutilĂ©s â qui inscrivent encore leur nom dans le sable avant le retour des bombes.
Qui se blottissent dans le noir. Qui continuent d'aimer. Qui résistent encore.
Et moi Je ne condamnerai jamais cette force-lĂ . Je ne condamnerai jamais ces survivants-lĂ . Je ne condamnerai que les systĂšmes qui ont voulu les effacer.
â... ĂȘtre relativement conscient, c'est ĂȘtre presque tout le temps en colĂšreâ.
â James Baldwin
Je ne suis pas là pour me faire l'écho de l'empire. Je n'ai pas été élevée pour pleurer l'ego meurtri de l'oppresseur quand les opprimés enterrent leurs enfants dans des sacs plastique.
Je ne m'excuserai pas de refuser de chanter au banquet du génocide.
Si ma présence dérange vos conférences, vos amphithéùtres, vos tables rondes aseptisées,
Tant mieux.
Ma voix n'est pas là pour rassurer. Elle est là pour dénoncer.
Ă voix haute. Sans remords. Jusqu'Ă briser le silence.
Ce texte a été écrit durant le vingtiÚme mois du blocus génocidaire imposé par Israël à Gaza. Plus de 140 000 Palestiniens ont été tués directement et plus de 500 000 indirectement, sous le regard passif du monde. Je ne tempérerai pas la vérité pour les complices de cet effacement. Ce texte ne s'adresse pas aux puissants. Il est destiné aux silencieux. Aux résistants. à ceux qui ne sont pas encore morts.
Traduit par Spirit of Free Speech