👁🗨 Je suis déjà contre la prochaine guerre
“La paix par la force”, une forme bien précise de pouvoir exprimée en kilotonnes et mégatonnes d'explosifs, en nombre de victimes, et en volume de production militaire.
👁🗨 Je suis déjà contre la prochaine guerre
Réflexions sur le Vietnam, l’Irak & l’Afghanistan
Par Bill Astore, le 20 mars 2025
J'ai lu les mémoires de John Ketwig “Et ce fut le déluge : l'histoire vraie d'un GI pendant la guerre du Vietnam”, et cela me rappelle à quel point les guerres américaines ont été stupides, destructrices et hypocrites depuis la Seconde Guerre mondiale.
Les guerres de l'Amérique sont toujours justifiées par une cause essentielle, voire prétendument noble. Au Vietnam, il fallait stopper le communisme et empêcher l'effet domino. En Irak, il était question d'armes de destruction massive et d'arrêter Saddam Hussein, “le prochain Hitler”. En Afghanistan, le but était de venger le 11 septembre, puis d'instaurer la démocratie, et même d'aider les femmes. (Pourquoi pas aider les femmes en Amérique ? Mais peu importe.)
Le Vietnam est aujourd'hui théoriquement communiste, mais c'est aussi un important partenaire commercial des États-Unis et une sorte d'allié contre la Chine. Les dominos ne sont pas tombés. Il n'y avait pas d'armes de destruction massive en Irak et Saddam Hussein n'était pas le prochain Hitler : c'était simplement un homme fort de la région et un ancien allié des États-Unis devenu un peu trop arrogant, surtout vis-à-vis d'Israël. L'Afghanistan devait être une guerre aux objectifs clairs et réalisables. Après vingt ans et près de 2 000 milliards de dollars de dépenses, les États-Unis ont remplacé les talibans par... les talibans. (C'est Norman Finkelstein qui l'a dit le premier.)
On nous répète toujours la même version du mensonge : nous devons les combattre là-bas pour ne pas avoir à les combattre chez nous. Il fallait faire reculer le communisme au Vietnam, sinon les cocos auraient débarqué à Manhattan. Il fallait pilonner l'Irak et renverser Saddam avant que les ADM n'atterrissent à Boston. Il fallait pacifier et moderniser l'Afghanistan avant que les talibans n'imposent la charia à Biloxi.
Mais tout était faux. Les États-Unis auraient été parfaitement en sécurité sans avoir envoyé de troupes au Vietnam, en Irak et en Afghanistan. En fait, ils s'en seraient bien mieux portés si ces guerres n'avaient jamais eu lieu. Et le Vietnam, l'Irak et l'Afghanistan donc, s'ils n'avaient jamais été des cibles privilégiées des munitions américaines (dont l'agent orange au Vietnam et, plus récemment, l'uranium appauvri et autres substances toxiques en Irak et en Afghanistan).
Aujourd'hui, on parle d'une possible guerre des États-Unis contre l'Iran, soi-disant pour empêcher ce pays de se doter de l'arme atomique. Il est tout à fait logique que les États-Unis disposent de plus de 5 000 ogives nucléaires et Israël d'environ 200, mais pour des raisons inavouables, il serait anormal que l'Iran en détienne ne serait-ce qu'une.
L'armée américaine, pourtant imposante et animée par un désir de domination mondiale, a toujours besoin d'ennemis. Bien sûr, l'armée n'est pas seule en cause, c'est tout le complexe militaro-industriel, le MICIMATT*, qui a besoin de guerres et de conflits pour se nourrir.
J'ai lu récemment American War, un roman percutant d'Omar El Akkad. Il imagine une seconde guerre civile américaine dans les cinquante prochaines années. C'est un livre fascinant, qui mérite d'être lu car il restitue l'horreur de la guerre, avec toutes ses atrocités, ses massacres, ses crimes de guerre et les profondes souffrances qu'elle inflige même aux survivants les plus résilients. Le livre de John Ketwig est du même ordre, évoquant les peurs et les horreurs de son année au Vietnam, et les luttes personnelles endurées pour surmonter ce qu'il a vu et enduré.
Alors, comptez-moi parmi ceux qui sont déjà contre la prochaine guerre, que ce soit contre l'Iran, la Chine ou tout autre pays, d'ailleurs. Bien sûr, j'estime que l'Amérique doit pouvoir se défendre, je ne crois pas à l'avènement spontané de la paix dans le monde. Mais je sais pertinemment que se livrer à des guerres incessantes n'est pas gage de paix et de prospérité. Bien au contraire.
Si vous voulez savoir de quoi sont capables ces survivants de guerre désespérés et profondément meurtris, lisez American War. Si vous voulez savoir de quoi sont capables des troupes désespérées et profondément désorientées, lisez “… Et ce fut le déluge”. Et surtout, réfléchissez à la propagande sans fin de la “bonne guerre”, aux exploits des combattants et aux slogans récurrents tels que “la paix par la force”, une forme bien précise de pouvoir exprimée en kilotonnes et mégatonnes d'explosifs, en nombre de victimes, et en volume de production militaire.
Demandez-vous si c'est cela, être “fort”. Les guerres à répétition sont-elles vraiment la voie vers la paix ? Comment pouvons-nous être assez stupides pour y croire ?
* MICIMATT : Military-Industrial-Congressional-Intelligence-Media-Academia-Think-Tank : groupe de réflexion sur le complexe militaro-industriel-congressif-du renseignement-médiatique-académique. Il fait travailler des millions de personnes et coûte plus de mille milliards de dollars par an. C'est un adversaire difficile à affronter, à contenir et plus encore à endiguer.
Et c’est pour cette ignoble fabrique (le MICIMATT) que l’ukraine sera toujours en guerre pendant des lustres malgré les hypothétiques cessez-le-feu et autres négociations bidons...Mais qui pourra enrayer un jour cette machine à sous diabolique? ....