👁🗨 Je veux que cet enfer prenne fin : Message d'un enfant de Gaza
Rien ne tient plus debout. Personne n'est à l'abri dans cette guerre. Je me répète chaque fois qu'une bombe explose : je ne veux pas mourir. J'ai peut-être un avenir. Mais tant d'autres n'en ont plus.
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👁🗨 Je veux que cet enfer prenne fin : Message d'un enfant de Gaza
Abdallah Ayman, The Electronic Intifada 2 novembre 2023
Je me répète la même chose chaque fois qu'une bombe explose.
Je me dis : “Je suis encore jeune et je voudrais faire beaucoup de choses. Je ne veux pas mourir”.
J'ai peut-être un avenir. Mais tant d'autres enfants, de mon âge ou plus jeunes, n'en ont plus.
Malgré toutes les destructions et le nombre de civils victimes de cette guerre sanglante, Gaza et sa population sont toujours là, tenant bon face à une occupation israélienne malveillante et impitoyable, tandis que le monde regarde tranquillement sa télévision.
Cela fait 75 ans, depuis 1948, qu'Israël commet crime sur crime contre les Palestiniens pourtant censés être protégés par le droit international.
Mais non. Israël trouve des excuses et ment au monde entier pour pouvoir continuer à tuer froidement les Palestiniens avec le soutien de nations puissantes.
Le quartier d'al-Rimal est réputé pour ses marchés qui vendent toutes sortes de produits. C'est l'un de mes endroits préférés à Gaza.
J'y allais avec ma mère le week-end. Aujourd'hui, ce n'est plus qu'un empilement triste et déprimant de pierres et de décombres.
Rien ne tient plus debout.
Il y a aussi les armes interdites qui ont été utilisées contre des enfants terrifiés comme moi - ou contre ce qu'Israël présente comme des “terroristes” - comme les bombes au phosphore blanc.
Personne n'est à l'abri dans cette guerre. On a demandé aux civils d'évacuer et de quitter leurs maisons sans aucune raison.
Ceux qui refusent ces ordres sont condamnés à mourir sous les décombres de leur maison. Israël n'a pas de cibles, alors il en invente pour montrer une image “victorieuse” au monde entier.
Cette guerre m'a détruit psychologiquement en tant qu'enfant de 13 ans. Mais je dois me montrer optimiste : d'autres enfants comme moi ont été physiquement démolis, ou ont été définitivement rayés de la carte de ce monde injuste.
J'ai peur et je stresse en pensant à ce qui va se passer. Est-ce que je vais mourir ?
J'essaie aussi de penser à des scénarios positifs, mais c'est plus difficile.
Par chance, ma famille et moi avons évacué dès le début de la guerre pour aller vivre chez ma sœur à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza. Mais d'autres ont été contraints d'évacuer en raison des dangers qui pesaient sur les zones où ils vivaient, n'emportant que leurs principaux biens et abandonnant tout le reste.
Tous les humains ne sont-ils pas égaux ?
L'un des pires scénarios que je crains est que ma famille soit tuée et que je survive - comme d'autres enfants qui ont perdu leur famille dans ce génocide.
Ma mère, que Dieu la bénisse, ne va pas bien et je comprends ce qu'elle ressent. Ses larmes font chavirer mon cœur.
Je passe le plus clair de mon temps à la calmer autant que je le peux, tout comme mes sœurs.
Internet est restreint, l'électricité est complètement coupée, l'eau est répartie entre les quartiers, et les boulangeries sont pleines de gens qui essaient de dénicher quelque chose pour se nourrir et nourrir leurs proches.
Si la situation perdure, certains risquent de mourir, non pas à cause des bombardements, mais à cause de la famine.
Personne ne sait ce qui se passe autour de nous. La meilleure source d'information est la radio.
Nous sommes tous assis autour de la radio et nous l'écoutons en silence. Un jour, tout d'un coup, un grand boum a retenti, tout le monde a crié et la maison a tremblé à cause de l'explosion.
“Est-ce que c'est la fin ?” me suis-je demandé.
Votre cœur bat très vite à cause du stress ambiant.
Tout ce que je peux dire, c'est que cette fois-là, Dieu nous a accordé une chance de survivre.
Les enfants du monde entier passent leurs journées à jouer en toute sécurité, à profiter de la vie, à être correctement nourris et éduqués. Mais pas nous.
Les enfants palestiniens soumis au blocus ne peuvent pas penser aux mêmes choses que les autres enfants. Ce que nous voyons, entendons et ressentons est différent de ce que vivent les autres.
Tous les êtres humains ne sont-ils pas égaux ? Si c'est le cas, pourquoi n’avons-nous pas les mêmes droits ?
Comme les autres enfants, j'ai le droit de jouer, le droit à la sécurité, à l'éducation et le droit de vivre mon enfance.
Je souhaite que cet enfer sur terre prenne fin rapidement et que le monde ouvre les yeux sur les crimes de l'occupation israélienne.
Que Dieu bénisse tous les hommes et mon pays, la bande de Gaza.
* Abdallah Ayman est un garçon de 13 ans vivant à Gaza.
https://electronicintifada.net/content/i-want-hell-end-message-child-gaza/39576