đâđš Jessica Corbett - Daniel Ellsberg: "Allons jusqu'Ă la Cour suprĂȘme"
J'imagine que les USA veulent Ă©viter un procĂšs devant la CEDH pour avoir essayĂ© d'extrader un Ă©diteur d'Europe alors quâils exigent de l'Europe de faire tant de sacrifices pour le conflit ukrainien.
đâđš Daniel Ellsberg: "Allons jusqu'Ă la Cour suprĂȘme"
đ° Par Jessica Corbett, le 7 dĂ©cembre 2022
"J'imagine que les Ătats-Unis veulent Ă©viter" un procĂšs devant la CEDH pour avoir "essayĂ© d'extrader un Ă©diteur d'Europe alors quâils exigent de l'Europe de faire tant de sacrifices pour la guerre en Ukraine".
Révélant qu'il avait lui aussi des fuites de Manning, Ellsberg défie le DOJ de le poursuivre comme Assange
"Allons jusqu'Ă la Cour suprĂȘme", dĂ©clare le lanceur dâalerte des "Pentagon Papers", s'en prenant Ă ce qu'il considĂšre comme une utilisation inconstitutionnelle de l'Espionage Act.
Le lanceur d'alerte des Pentagon Papers, Daniel Ellsberg, a défié mardi les procureurs américains de s'en prendre à lui comme ils l'ont fait à Julian Assange, en révélant dans une interview à BBC News que l'éditeur de WikiLeaks lui a envoyé une sauvegarde des documents divulgués par l'ancienne analyste militaire Chelsea Manning.
"Laissez-moi vous dire un secret. J'étais en possession de toutes les informations de Chelsea Manning avant qu'elles ne soient divulguées dans la presse", a déclaré Ellsberg à Stephen Sackur de la BBC dans l'interview face caméra. "Je ne l'ai jamais dit publiquement."
Assange lui avait envoyĂ© les documents - qui comprennent des preuves de crimes de guerre amĂ©ricains - au cas oĂč "ils l'auraient attrapĂ© et auraient mis la main sur le matĂ©riau", a expliquĂ© l'homme de 91 ans. "Il pouvait compter sur moi pour trouver un moyen de le faire sortir".
M. Assange, qui est nĂ© en Australie, est actuellement dĂ©tenu Ă Londres et se bat devant les tribunaux britanniques et europĂ©ens contre son extradition vers les Ătats-Unis, oĂč il pourrait passer le reste de sa vie en prison s'il Ă©tait condamnĂ© en vertu de l'Espionage Act.
Invitant le ministÚre américain de la Justice (DOJ) à agir, Ellsberg a déclaré : "Je suis maintenant aussi inculpable que Julian Assange et que tous ceux qui ont diffusé ces informations - les journaux, tous ceux qui les ont traitées."
"Oui, j'en avais des copies et je ne les ai pas données à une personne autorisée. Donc, s'ils veulent m'inculper pour cela, je serai intéressé de plaider cette question devant les tribunaux - pour savoir si cette loi est constitutionnelle", a-t-il poursuivi, faisant référence à l'Espionage Act.
Soulignant que la plus haute juridiction amĂ©ricaine n'a jamais jugĂ© qu'il Ă©tait constitutionnel d'utiliser l'Espionage Act comme s'il s'agissait d'une loi britannique sur les secrets officiels, Ellsberg a dĂ©clarĂ© : "Je serais heureux de porter cette question devant la Cour suprĂȘme".
L'Espionage Act, "utilisĂ© contre les lanceurs dâalerte, est inconstitutionnel", a-t-il affirmĂ©. "C'est une violation claire du Premier Amendement."
La confession publique d'Ellsberg intervient aprÚs que les rédacteurs en chef et les éditeurs de cinq grands médias qui ont collaboré avec WikiLeaks en 2010 pour des articles basés sur des cùbles diplomatiques de Manning ont publié une lettre à la fin du mois dernier dans laquelle ils affirment qu'"il est temps que le gouvernement américain mette fin à ses poursuites contre Julian Assange pour avoir publié des secrets".
"Cette mise en accusation crĂ©e un dangereux prĂ©cĂ©dent et menace de saper le Premier Amendement de l'AmĂ©rique et la libertĂ© de la presse", indique la lettre. "Obtenir et divulguer des informations sensibles lorsque cela est nĂ©cessaire dans l'intĂ©rĂȘt du public est une partie essentielle du travail quotidien des journalistes. Si ce travail est criminalisĂ©, notre discours public et nos dĂ©mocraties s'en trouvent considĂ©rablement affaiblis."
La nouvelle interview d'Ellsberg fait Ă©galement suite Ă la confirmation par la Cour europĂ©enne des droits de l'homme (CEDH), au dĂ©but du mois, qu'Assange, 51 ans, a demandĂ© au tribunal de bloquer son extradition vers les Ătats-Unis.
Le frĂšre d'Assange, Gabriel Shipton, a dĂ©clarĂ© Ă Reuters la semaine derniĂšre que "J'imagine que les Ătats-Unis veulent Ă©viter" un procĂšs devant la CEDH pour avoir "essayĂ© d'extrader un Ă©diteur d'Europe au motif dâavoir publiĂ© des rĂ©vĂ©lations de guerre amĂ©ricaines alors que les Ătats-Unis demandent Ă l'Europe de faire toutes sortes de sacrifices pour la guerre en Ukraine".