đ© Jessica Corbett: L'Ă©limination des armes nuclĂ©aires "n'est pas seulement possible, elle est nĂ©cessaire", dĂ©clare de Chef de l'ONU
"Ne prenons pas le risque d'oublier les terribles leçons d'Hiroshima, de Nagasaki et de la guerre froide, et de provoquer un Armageddon humanitaire".
Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a été interviewé par Alan Bulkaty, un correspondant du média russe RIA Novosti, le 16 septembre 2022. (Photo : Eskinder Debebe/U.N.)
đ© L'Ă©limination des armes nuclĂ©aires "n'est pas seulement possible, elle est nĂ©cessaire" : Chef de l'ONU
đ°Â By Jessica Corbett, le 26 septembre 2022
"En cette Journée internationale pour l'élimination totale des armes nucléaires, nous rejetons l'affirmation selon laquelle le désarmement nucléaire est une utopie impossible."
"Engageons-nous à forger un nouveau consensus autour du désamorçage définitif de la menace nucléaire et de la réalisation de notre objectif commun de paix."
C'est ainsi que le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a commencé lundi sa déclaration marquant la neuviÚme journée annuelle dédiée à la destruction des armes de destruction massive.
"L'élimination de ces engins de mort n'est pas seulement possible, elle est nécessaire", a souligné António Guterres. "à un moment de division géopolitique croissante, de méfiance et d'agression pure et simple, nous risquons d'oublier les terribles leçons d'Hiroshima, de Nagasaki et de la guerre froide, et d'inciter à un Armageddon humanitaire."
L'avertissement de M. Guterres intervient dans un contexte de craintes accrues d'une catastrophe ou d'une guerre nuclĂ©aire liĂ©e Ă l'invasion de l'Ukraine par la Russie - qui possĂšde le plus grand stock nuclĂ©aire au monde - soutenue par les pays de l'OTAN, dont les Ătats-Unis, le pays qui possĂšde le deuxiĂšme plus grand nombre d'armes nuclĂ©aires.
Le conseiller à la sécurité nationale du président américain Joe Biden, Jake Sullivan, a déclaré lors d'une interview dimanche dans l'émission "Meet the Press" de NBC que l'administration avait engagé des discussions de haut niveau sur les menaces nucléaires du président russe Vladimir Poutine, notamment dans un discours prononcé la semaine derniÚre.
"Si la Russie franchit cette ligne, il y aura des consĂ©quences catastrophiques pour elle. Les Ătats-Unis rĂ©pondront de maniĂšre dĂ©cisive", a dĂ©clarĂ© M. Sullivan. "Maintenant, via des canaux privĂ©s, nous avons expliquĂ© plus en dĂ©tail ce que cela signifierait exactement, mais nous voulons ĂȘtre en mesure d'avoir la crĂ©dibilitĂ© de parler directement aux hauts dirigeants de la Russie et de leur expliquer quelles seraient les consĂ©quences sans entrer dans un tit for tat rhĂ©torique publiquement."
Répondant aux remarques de Sullivan dans une série de tweets lundi, la Campagne internationale pour l'abolition des armes nucléaires (ICAN), lauréate du prix Nobel, a souligné que l'utilisation de telles armes serait effectivement catastrophique "pour la planÚte entiÚre."
"Donc non, ce n'est pas le moment de déterminer si l'une des parties 'bluffe' ou non", a déclaré ICAN. "Ce n'est pas un jeu de cartes, le risque de guerre nucléaire augmente à chaque menace. Utiliser des armes nucléaires ou menacer d'utiliser des armes nucléaires est inacceptable et cela doit cesser maintenant."
"Il est temps pour tous les pays de condamner toutes les menaces d'utilisation d'armes nucléaires, et il est temps d'éliminer définitivement ces armes de destruction massive", a ajouté le groupe. "Le traité d'interdiction nucléaire est notre voie la plus claire pour y parvenir".
Pas plus tard que la semaine derniÚre, cinq nations supplémentaires ont signé le traité d'interdiction des armes nucléaires (TPNW) - qui a valu à ICAN le prix Nobel - et deux autres pays ont ratifié l'accord.
La Barbade, le Burkina Faso, la GuinĂ©e Ă©quatoriale, HaĂŻti et la Sierra Leone ont portĂ© le nombre total de signataires du traitĂ© Ă 91, tandis que le Congo et la RĂ©publique dominicaine ont dĂ©posĂ© leurs instruments de ratification auprĂšs de M. Guterres, portant ainsi le nombre d'Ătats parties Ă 68.
"Avec de plus en plus de pays qui rejoignent le traitĂ© d'interdiction nuclĂ©aire, nous faisons des pas importants vers l'abolition de ces armes", a dĂ©clarĂ© Beatrice Fihn, directrice exĂ©cutive de l'ICAN, lors d'une cĂ©rĂ©monie au siĂšge des Nations unies jeudi dernier. "Au fur et Ă mesure que le nombre de pays signant et ratifiant le TPNW augmente, la pression sur les neuf Ătats dotĂ©s de l'arme nuclĂ©aire et leurs partisans pour qu'ils rejoignent le traitĂ© s'accroĂźt."
"Le renforcement du traitĂ© est particuliĂšrement bienvenu en cette pĂ©riode oĂč la guerre en Ukraine a vu le risque d'utilisation d'armes nuclĂ©aires augmenter, et oĂč l'un des plus grands Ătats nuclĂ©aires du monde a menacĂ© de maniĂšre non dĂ©guisĂ©e d'utiliser son arsenal avec toute la dĂ©vastation que cela implique", a-t-elle ajoutĂ©.
Tout en félicitant les pays qui ont "fait le choix courageux de signer ou de ratifier ce traité historique", Peter Maurer, président du Comité international de la Croix-Rouge, a également replacé les développements dans le contexte de la guerre de la Russie contre l'Ukraine lors d'un discours prononcé à l'occasion de l'événement.
"Ă l'heure oĂč, sur fond de conflit en Ukraine, les thĂ©ories de la dissuasion nuclĂ©aire semblent retrouver de la vigueur, il est essentiel de recentrer le dĂ©bat sur le coĂ»t humain des armes nuclĂ©aires", a-t-il dĂ©clarĂ©. "C'est la rĂ©fĂ©rence Ă partir de laquelle l'acceptabilitĂ© morale, Ă©thique et juridique d'une arme doit ĂȘtre jugĂ©e, et les thĂ©ories de dissuasion doivent ĂȘtre Ă©valuĂ©es."
Outre la Russie et les Ătats-Unis, les pays connus pour possĂ©der des armes nuclĂ©aires sont la Chine, la France, l'Inde, IsraĂ«l, la CorĂ©e du Nord, le Pakistan et le Royaume-Uni.
Bien qu'aucune de ces nations n'ait soutenu le TPNW, certaines soutiennent le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), pour lequel un sommet mondial a eu lieu en août.
Au cours de cet Ă©vĂ©nement, les parties au TNP "ont Ă©tĂ© proches d'un consensus sur un rĂ©sultat substantiel", a notĂ© M. Guterres lundi. "Bien que ce moment unique n'ait pas abouti au rĂ©sultat dont nous avons si dĂ©sespĂ©rĂ©ment besoin, nous exhortons tous les Ătats Ă utiliser toutes les voies du dialogue, de la diplomatie et de la nĂ©gociation pour apaiser les tensions et rĂ©duire les risques.
"Plus généralement, nous avons besoin d'une nouvelle vision du désarmement et de la non-prolifération nucléaires", a-t-il poursuivi. "Le nouvel agenda pour la paix que je propose appelle à un désarmement significatif et à l'élaboration d'une compréhension commune des multiples menaces qui pÚsent sur nous afin que nous puissions mettre fin à la menace nucléaire, une fois pour toutes."
"L'élimination des armes nucléaires serait le plus beau cadeau que nous puissions faire aux générations futures", a conclu le chef de l'ONU. "En ce jour important, engageons-nous à forger un nouveau consensus autour du désamorçage définitif de la menace nucléaire et à atteindre notre objectif commun de paix."
https://www.commondreams.org/news/2022/09/26/eliminating-nuclear-weapons-not-only-possible-it-necessary-un-chief