👁🗨 Joe Biden soutient Israël dans sa guerre pour “éliminer” Gaza
L'ampleur de la complicité américaine dans ce carnage s'accroît de jour en jour, l'administration Biden s’affranchissant des contrôles déjà laxistes sur le soutien militaire américain à Israël.
👁🗨 Joe Biden soutient Israël dans sa guerre pour “éliminer” Gaza
Par Aaron Maté, le 25 novembre 2023
Au beau milieu du “carnage total” à Gaza, la Maison Blanche insiste sur l’“objectif légitime” du gouvernement israélien.
La trêve temporaire entre Israël et le Hamas a ralenti l'assaut de l'armée israélienne sur Gaza et permis la libération de civils retenus prisonniers par les deux camps. L'administration Biden a clairement exprimé qu'elle soutiendrait la poursuite des opérations militaires d'Israël à l'expiration officielle de la trêve, c'est-à-dire dès mardi. L'objectif déclaré d'Israël de “tenter d'éliminer le Hamas”, a déclaré le président Biden vendredi, “est l'objectif légitime... et je ne sais pas combien de temps cela prendra”.
En approuvant la prochaine phase des opérations militaires israéliennes, la Maison Blanche reconnaît que la brève accalmie pose un nouveau défi. Selon Politico,
“l'administration s'inquiétait d'une conséquence indésirable de la trêve, à savoir permettre aux journalistes un accès plus large à Gaza et mieux mettre en lumière la dévastation du pays et retourner l'opinion publique contre Israël”.
L'inquiétude de l'équipe Biden est compréhensible : la dévastation qu'elle a soutenue à Gaza est sans précédent dans l'histoire récente.
Le principal responsable de l'aide des Nations unies, Martin Griffith, décrit Gaza comme la crise la plus grave qu'il ait jamais connue.
“Je ne pense pas avoir vu quelque chose de semblable auparavant”, a déclaré M. Griffith. “C'est un véritable carnage”. Marc Garlasco, ancien analyste principal du Pentagone, décrit également Gaza comme étant “au-delà de tout ce que j'ai pu voir au cours de ma carrière”. Avec autant de bombes de grande taille frappant une petite zone densément peuplée, un précédent historique ne peut être trouvé qu'en remontant “au Viêt Nam ou à la Seconde Guerre mondiale”, déclare Garlasco. Comme le note le New York Times, après avoir ordonné à des centaines de milliers de Palestiniens de quitter leurs maisons dans le nord de la bande de Gaza pour se réfugier soi-disant dans le sud, “Israël a continué à mener des frappes aériennes dans le sud avec de grosses munitions : des bombes d’une demi-tonne. à une tonne”.
L'ampleur de la complicité américaine dans ce carnage s'accroît de jour en jour. En plus de fournir des armes et une couverture diplomatique, les États-Unis ont communiqué à Israël les coordonnées GPS des installations médicales et des groupes humanitaires que les forces israéliennes ont fini par bombarder, selon Politico. Les États-Unis affirment que ces données de localisation ont été partagées pour aider Israël à éviter de frapper ces sites. Mais il semble qu'Israël les ait pris pour cibles. Les responsables de l'aide humanitaire signalent également qu'Israël abandonne les pratiques de déconfliction auparavant utilisées pour protéger les groupes humanitaires. Malgré cela, l'administration Biden est en train de s’affranchir des contrôles déjà laxistes sur le soutien militaire américain à Israël, selon The Intercept.
Sous l'assaut israélo-américain, le bilan officiel des morts palestiniens à Gaza est sans aucun doute largement sous-estimé. Il est devenu impossible de comptabiliser toutes les victimes, un nombre inconnu d'entre elles étant enfouies sous les décombres. Selon les Nations unies, on estime que 67 % des personnes tuées à Gaza sont des femmes et des enfants. En moins de deux mois, ce bilan représente déjà plus du double du nombre de femmes et d'enfants tués en Ukraine au cours des deux années qui ont suivi l'invasion russe. Parmi les morts, on compte également des dizaines de journalistes palestiniens, désormais empêchés à jamais d'éclairer la spoliation et la dévastation de leur terre par Israël.
Pour justifier son soutien incessant à l'agression israélienne, M. Biden s'est fait l'écho du gouvernement de M. Netanyahu, qui affirme que ses attaques ont forcé le Hamas à négocier la libération des captifs. “Je ne fais confiance au Hamas en rien”, a déclaré M. Biden à la presse pendant ses vacances de Thanksgiving. “Je ne me fie au Hamas que pour réagir à la pression”.
Les preuves attestent du contraire. Comme le note Mohammad Alsaafin, les milliers de Palestiniens - et un nombre inconnu de prisonniers israéliens et étrangers - tués par les bombardements israéliens
“n'avaient pas à mourir, non seulement parce qu'Israël aurait pu s'abstenir de cibler les civils, ce qu'il a clairement refusé de faire, mais aussi parce que les modalités de l'accord annoncé mercredi étaient sur la table depuis des semaines”.
Le 26 octobre, Ali Barakeh, responsable du Hamas, a exposé les conditions d'un échange d'otages similaire à celui conclu cette semaine. “Nous sommes prêts à les laisser tous partir”, a déclaré Barakeh au Washington Post. Le même jour, Mohmmed al Khulaifi, négociateur principal du Qatar, a déclaré qu'il pensait que “l’ensemble des otages civils” pourraient être libérés si Israël interrompait ses bombardements sur Gaza.
Plutôt que d'accepter ces propositions, Israël a lancé une invasion terrestre dès le lendemain. Selon des responsables occidentaux et arabes interviewés par le New York Times, l'invasion terrestre israélienne du 27 octobre a empêché la libération d'une cinquantaine de captifs en échange d'une pause des bombardements. Les pourparlers ont en outre été “bloqués” par la décision d'Israël de couper le réseau de télécommunications de Gaza, ce qui signifie que les responsables qataris et le Hamas “ont eu du mal à établir un contact rapide et cohérent”. Un autre obstacle a été le refus initial d'Israël d'accéder à la demande du Hamas de libérer des prisons israéliennes “les femmes et les mineurs palestiniens détenus sans inculpation”, c'est-à-dire les captifs dont le public occidental n'est pas censé se préoccuper.
Après avoir compromis l'accord sur les otages par son invasion terrestre de la bande de Gaza, Israël a laissé passer une nouvelle occasion en attaquant l'hôpital Al-Shifa la semaine dernière. Le 14 novembre, Israël a transmis son accord à une offre similaire à celle du Hamas. Mais quelques heures plus tard, après que les forces israéliennes ont pris d'assaut Al-Shifa, le Hamas a clairement indiqué que “l'accord n'est plus d'actualité”, selon le Times. “En fin de la journée, nous nous rapprochions de l'objectif, mais tout s'est bloqué”, a déclaré un haut fonctionnaire américain au Washington Post. Selon une source au fait des pourparlers, le Hamas “se souciait de l’évacuation de patients, y compris de bébés prématurés, et des attaques contre d'autres hôpitaux”.
Selon le correspondant militaire israélien Amos Harel de Haaretz, la décision d'Israël d'accepter un accord cette semaine n'est pas seulement due aux termes de l'accord en progrès, mais aussi à un impératif plus important : poursuivre l'assaut de Gaza sur le long terme. L’“establishment sécuritaire” israélien, écrit Harel, a compris que les appels des familles des otages suscitent un large soutien de l'opinion publique, et qu'il sera difficile de poursuivre une manœuvre terrestre dans le sud de la bande de Gaza si la colère de l'opinion publique s’accroît face à ce qui sera perçu comme l’abandon de femmes et d'enfants otages.
En d'autres termes, pour continuer à tuer les femmes et les enfants palestiniens enfermés dans la bande de Gaza, Israël a décidé qu'il devait enfin cesser d'abandonner les femmes et les enfants israéliens retenus en otage dans la bande de Gaza.
La décision d'Israël de donner la priorité à l'attaque d'Al-Shifa au détriment d'un accord sur les otages a été justifiée par la prétendue localisation d’un “centre de commandement et de contrôle” souterrain du Hamas, qu'un responsable israélien a décrit comme étant le “principal centre d'activité du Hamas”. Le gouvernement israélien a publié une animation en 3D qui prétend montrer les activités du prétendu quartier général du Hamas sous l’hôpital Al-Shifa. Dans un aveu minimisé par les médias occidentaux, l'armée israélienne a discrètement reconnu que la vidéo “était une illustration hypothétique” et “non une représentation concrète de ce qui se trouvait sous l'hôpital”, a rapporté le Wall Street Journal.
Des responsables américains anonymes ont donné de la crédibilité aux affirmations d'Israël, déclarant au New York Times
qu’“ils sont convaincus que le Hamas a utilisé des réseaux de tunnels sous les hôpitaux, en particulier Al Shifa, pour des zones de commandement et de contrôle ainsi que pour le stockage d'armes”.
Fait révélateur, l'administration Biden a utilisé une formulation différente de celle de ses homologues israéliens, faisant référence à Al-Shifa comme hébergeant “un nœud de commandement et de contrôle”, plutôt qu'un “centre”.
Depuis qu'il a pris le contrôle d'Al-Shifa, arrêté des médecins - dont le directeur Mohammad Abu Salmiya - et expulsé des milliers de personnes, y compris des bébés prématurés, Israël n'a pas réussi à convaincre même les fidèles sténographes des médias américains de ses affirmations initiales. Des tunnels ont été découverts sous l'hôpital, mais ce n'est pas une surprise, les autorités israéliennes ayant elles-mêmes admis qu'elles les avaient construits il y a quarante ans. Et comme le relève Gareth Porter, un article passé sous silence dans le Jerusalem Post un jour avant l'attaque d'Al-Shifan a révélé que les forces israéliennes avaient déjà découvert un centre de commandement souterrain du Hamas à des kilomètres de là.
Les médias américains reprenant les justifications israéliennes de la guerre contre Gaza et des attaques contre des cibles civiles comme Al-Shifa ont également choisi de minimiser ou d'ignorer la propension des responsables israéliens à clairement exprimer une intention génocidaire. Ils ont notamment admis qu'Israël “met l'accent sur les dégâts et non sur la précision”, que “Gaza finira par devenir une ville de tentes” et qu’“Israël n'a pas d'autre choix que de faire de Gaza un endroit temporairement ou définitivement impropre à la vie”.
En détruisant les maisons, les hôpitaux, les écoles et toutes les autres facettes de la vie civile palestinienne à Gaza, Israël poursuit ses objectifs ouvertement déclarés de longue date. La guerre israélienne actuelle contre Gaza est sans doute la phase la plus barbare de ce que le socialiste israélien Baruch Kimmerling, aujourd'hui décédé, a appelé une campagne “politicide” d’après 1948. Kimmerling a défini cette campagne comme étant
un “processus dont le but ultime est de dissoudre l'existence du peuple palestinien en tant qu'entité sociale, politique et économique légitime et indépendante”, y compris, a-t-il averti, “le nettoyage ethnique progressif, partiel ou complet, de la terre d'Israël ou de la Palestine historique”.
Comme le montre clairement le carnage à Gaza, il s'agit de la campagne israélienne “légitime” que l'administration Biden continue de soutenir au nom de la tentative d'“élimination du Hamas”.