đâđš John Bolton* explique involontairement pourquoi la politique amĂ©ricaine concernant la Russie et la Chine est une erreur
Si vous voulez que les USA dominent chaque cm2 de cette planĂšte, ne me dites pas que vous vous souciez du sort des peuples. Ne me pissez pas sur la jambe en disant quâil pleut. Soyez juste honnĂȘte.
đâđš John Bolton* explique involontairement pourquoi la politique amĂ©ricaine concernant la Russie et la Chine est une erreur
Si vous voulez vraiment que les USA dominent chaque cm2 de cette planĂšte, ne me dites pas que vous vous souciez du sort des peuples. Ne me pissez pas sur la jambe en disant quâil pleut. Soyez juste honnĂȘte sur ce qui vous motive.
Par Caitlin Johnstone, le 8 juillet 2023
â
* [John Bolton, haut fonctionnaire & homme politique amĂ©ricain conservateur, a Ă©tĂ© conseiller Ă la sĂ©curitĂ© nationale sous lâadministration de Donald Trump entre 2018 et 2019].
Le psychopathe professionnel John Bolton a publiĂ© un article dans The Hill intitulĂ© « LâAmĂ©rique ne peut pas permettre lâexpansion militaire chinoise Ă Cuba« qui, par inadvertance, explique exactement ce qui ne va pas avec la façon dont lâempire amĂ©ricain continue Ă amasser des troupes par procuration lourdement armĂ©es aux frontiĂšres de ses grands ennemis asiatiques.
Citant un reportage du Wall Street Journal du mois dernier dans lequel des fonctionnaires amĂ©ricains anonymes affirment que La Havane a entamĂ© des nĂ©gociations avec PĂ©kin en vue dâun Ă©ventuel futur centre dâentraĂźnement militaire commun Ă Cuba, Bolton affirme que les Ătats-Unis doivent recourir Ă tous les moyens dâagression nĂ©cessaires pour empĂȘcher la construction de ce centre, y compris lâinterventionnisme en vue dâun changement de rĂ©gime.
« LâĂ©ventualitĂ© que la Chine dispose dâimportantes installations Ă Cuba constitue une menace pour lâAmĂ©rique », Ă©crit M. Bolton, qui estime que de telles activitĂ©s « pourraient bien camoufler des armes offensives, des systĂšmes de lancement ou dâautres dispositifs menaçants ».
« Par exemple, les missiles de croisiĂšre hypersoniques, dĂ©jĂ plus difficiles Ă dĂ©tecter, Ă suivre et Ă dĂ©truire que les missiles balistiques, sont des candidats naturels Ă lâinstallation Ă Cuba, une perspective que nous ne pouvons tolĂ©rer, tout comme de nombreux autres risques, tels quâune base de sous-marins chinois », ajoute-t-il.
Autant dâarguments que la Russie et la Chine pourraient faire valoir, pratiquement mot pour mot, sur la façon dont les Ătats-Unis menacent leurs impĂ©ratifs de sĂ©curitĂ© en installant des engins de guerre dans leur voisinage immĂ©diat.
Soutenant que les Ătats-Unis ne sont « liĂ©s par aucun engagement qui limite notre recours Ă la force », M. Bolton prĂ©conise « la rĂ©vocation des relations diplomatiques avec Cuba, lâaugmentation des sanctions Ă©conomiques contre la Chine et Cuba, et une mise en Ćuvre beaucoup plus stricte des sanctions existantes » comme rĂ©ponse immĂ©diate Ă ce dĂ©veloppement rapportĂ©, prĂ©conisant un interventionnisme de changement de rĂ©gime comme solution ultime au comportement indisciplinĂ© de Cuba.
« Si les présidents Eisenhower ou Kennedy avaient agi plus fermement et plus efficacement contre Castro, nous aurions pu éviter de nombreuses crises graves liées à la guerre froide, nous épargnant ainsi des décennies de préoccupations stratégiques, sans parler de la répression du peuple cubain », écrit M. Bolton, qui ajoute : « Avec la menace croissante de Pékin, nous ne devrions pas rater le moment présent sans reconsidérer sérieusement la maniÚre de remettre cette ßle stratégiquement cruciale entre des mains plus amicales pour son propre peuple. »
M. Bolton note que Guantanamo Bay « reste entiĂšrement Ă notre disposition aujourdâhui » pour toute opĂ©ration que les Ătats-Unis choisiraient de mettre en Ćuvre pour renverser La Havane.
Il sâagit du mĂȘme John Bolton qui, en 2002, a faussement accusĂ© Cuba dâavoir un programme dâarmes biologiques dans le but dâentraĂźner lâĂźle dans la mĂȘme dynamique de guerre post-11 septembre que celle que les Etats-Unis construisaient contre lâIrak avec une extrĂȘme agressivitĂ©.
Chaque fois que le moindre souffle dâune puissance Ă©trangĂšre envisage dâĂ©tablir une prĂ©sence militaire dans la rĂ©gion de Washington, les faucons commencent immĂ©diatement Ă faire rĂ©sonner les tambours de guerre et dĂ©masquer lâhypocrisie de lâempire amĂ©ricain cramponnĂ© Ă son droit de former des alliances militaires et dâamasser des contingents par procuration aux portes de ses rivaux gĂ©opolitiques. Les apologistes de lâempire rejettent toujours les affirmations de la Russie et de la Chine selon lesquelles les intrusions militaires amĂ©ricaines dans leur environnement constituent un risque inacceptable pour la sĂ©curitĂ© et disent quâaucune nation nâa le droit dâavoir une « sphĂšre dâinfluence » dans laquelle ses ennemis nâont pas le droit de pĂ©nĂ©trer.
Au dĂ©but de lâannĂ©e, le sĂ©nateur Josh Hawley a posĂ© une question inquiĂ©tante Ă son auditoire : « Imaginez un monde oĂč les navires de guerre chinois patrouillent dans les eaux hawaĂŻennes, et oĂč les sous-marins chinois rĂŽdent le long des cĂŽtes californiennes. Un monde oĂč lâArmĂ©e populaire de libĂ©ration dispose de bases militaires en AmĂ©rique centrale et en AmĂ©rique du Sud. Un monde oĂč les forces chinoises opĂšrent librement dans le golfe du Mexique et lâocĂ©an Atlantique ». Câest pourtant exactement ce que lâarmĂ©e amĂ©ricaine fait subir Ă la Chine.
La chose la plus stupide que lâempire centralisĂ© amĂ©ricain nous demande de croire est que lâencerclement militaire de ses deux principaux rivaux gĂ©opolitiques est une action dĂ©fensive, plutĂŽt quâun acte dâagression extrĂȘme. Penser que lâencerclement militaire de la Russie et de la Chine par les Ătats-Unis est un acte de dĂ©fense plutĂŽt que dâagression est si manifestement grotesque que quiconque y rĂ©flĂ©chit de maniĂšre un tant soit peu critique rejettera immĂ©diatement cette idĂ©e pour lâabsurditĂ© Ă©cervelĂ©e quâelle reprĂ©sente, et pourtant, grĂące Ă la propagande, câest le discours dominant du monde occidental, et des millions de personnes lâacceptent comme Ă©tant juste.
Mettre en Ă©vidence lâhypocrisie nâa pas pour but de faire de lâhypocrisie un crime en soi, mais de montrer que lâhypocrite rĂ©vĂšle des motivations et un comportement mensongers, et dĂ©monte les arguments invoquĂ©s pour dĂ©fendre ces positions. Si les Ătats-Unis interprĂštent une prĂ©sence militaire chinoise Ă Cuba comme une provocation incendiaire, alors logiquement la prĂ©sence militaire bien plus massive amassĂ©e par les Ătats-Unis aux frontiĂšres de la Russie et de la Chine constitue une provocation bien plus sĂ©rieuse selon le mĂȘme raisonnement, et les Ătats-Unis le savent. Aucun argument ne permet dâaffirmer le contraire sans sâappuyer sur des affirmations sans fondement du type « mais câest diffĂ©rent quand câest nous qui le faisons ».
Exiger que la Russie et la Chine tolĂšrent de la part des Ătats-Unis un comportement que les Ătats-Unis ne tolĂ©reraient jamais de la part de la Russie ou de la Chine, revient Ă exiger que le monde se soumette Ă lâempire amĂ©ricain. Ceux qui affirment que la Russie aurait dĂ» tolĂ©rer que lâUkraine devienne un atout pour lâOTAN ou que la Chine devrait accepter un encerclement militaire amĂ©ricain au nom de la libertĂ© et de la dĂ©mocratie ne font en rĂ©alitĂ© quâaffirmer que les Ătats-Unis sont autorisĂ©s Ă rĂ©gner sans partage sur le moindre centimĂštre carrĂ© de la planĂšte.
Si vous voulez vraiment que les Ătats-Unis dominent chaque centimĂštre carrĂ© de cette planĂšte de maniĂšre inconstestĂ©e, nâessayez pas de me dire que vous vous prĂ©occupez des peuples dâUkraine, de TaĂŻwan ou du reste. Ne me pissez pas sur la jambe en me disant quâil pleut. Soyez juste honnĂȘte sur vos convictions, et sur ce qui vous motive.