đâđš John Jiggens: LibĂ©rer Assange ?
Le jour de l'An 2023, un rédacteur en chef australien, a fait l'extraordinaire prédiction que Julian Assange serait libéré dans les deux mois, prédiction audacieuse, parvenue par quel canal?
đâđš LibĂ©rer Assange ?
Par John Jiggens, le 29 janvier 2023
Une prédiction aussi audacieuse et courageuse, à moins qu'elle ne lui ait été communiquée par une personne qu'il considÚre comme une source crédible proche du gouvernement.
Le jour de l'An 2023, John Lyons, rĂ©dacteur en chef des affaires mondiales dâABC, a fait l'extraordinaire prĂ©diction que Julian Assange serait libĂ©rĂ© dans les deux mois.
Lyons n'a pas donnĂ© d'autres dĂ©tails, et le gouvernement Albanese a Ă©ludĂ© les demandes rĂ©itĂ©rĂ©es de confirmation de cette affirmation remarquable, en maintenant le mantra selon lequel ces questions dĂ©pendent de nĂ©gociations prudentes entre les Ătats, devant ĂȘtre traitĂ©es par une "diplomatie discrĂšte".
Toutefois, il est peu probable qu'un journaliste de haut niveau du radiodiffuseur national australien fasse une prédiction aussi audacieuse et courageuse, à moins qu'elle ne lui ait été communiquée par une personne qu'il considÚre comme une source crédible proche du gouvernement.
Qui pourrait ĂȘtre l'auteur de la fuite ?
Le candidat Ă©vident est le gouvernement Albanese .
Le problÚme de la diplomatie discrÚte est que les gens peuvent facilement la confondre avec l'absence de diplomatie, et la nommer ainsi. Le gouvernement devait prouver à ses détracteurs qu'il cherchait à obtenir la libération d'Assange, et la fuite a largement atteint cet objectif.
La famille et les partisans d'Assange se sont clairement rĂ©jouis de la prĂ©diction, bien que les plus sceptiques aient eu du mal Ă croire que la longue persĂ©cution pouvait toucher Ă sa fin. Le pĂšre d'Assange, John Shipton, a citĂ© la rĂ©ponse parlementaire d'Albanese Ă la dĂ©putĂ©e indĂ©pendante de Kooyong, Monique Ryan, le 30 novembre, qui demandait si le gouvernement allait intervenir pour ramener Assange au pays. La rĂ©ponse d'Albanese Ă©tait la suivante : "Trop, câest trop. Il est temps que cette affaire soit menĂ©e Ă son terme".
John Shipton a fait référence à cette déclaration d'Albanese dans sa réponse :
"En politique, les mots sont des actes, donc le Premier ministre Albanese a augmentĂ© l'intensitĂ© de ses dĂ©clarations, dĂ©clarant maintenant qu'il faut mettre un terme Ă cette affaire, ce qui met Ă l'Ă©preuve sa rĂ©putation et celle du gouvernement travailliste, ainsi que le poids de l'Australie dans ses relations avec les Ătats-Unis. S'il existe une relation sincĂšre entre l'Australie et les Ătats-Unis, alors Julian sera de retour dans deux mois."
Rien n'est venu contredire la fuite cÎté américain, ni de la part du président, ni de la part de la CIA qui avait engagé des poursuites au titre de l'Espionage Act, ni de la part d'aucune branche de la Sécurité nationale : le silence de ces "agneaux" fut remarquable.
Qu'est-ce qui a donc changĂ© du cĂŽtĂ© des Ătats-Unis ? Ils auront Ă©tĂ© consultĂ©s au sujet de la rĂ©vĂ©lation de la fuite, et on peut donc supposer qu'ils sont heureux qu'elle leur permette de sauver la face.
L'Ă©quipe juridique amĂ©ricaine a remportĂ© la bataille judiciaire pour extrader Assange. Elle souhaite donc peut-ĂȘtre abandonner tant qu'elle gagne, avec le prĂ©cĂ©dent juridique Ă©tabli pour l'extradition en vertu de la loi sur l'espionnage, plutĂŽt que de faire face Ă la possibilitĂ© d'une contestation rĂ©ussie de l'Ă©quipe juridique d'Assange. AprĂšs avoir sĂ©questrĂ© et torturĂ© Assange pendant treize ans, les Ătats-Unis pourraient aisĂ©ment convenir avec Albanese que "trop, c'est trop", et que la leçon donnĂ©e Ă Assange (et aux journalistes du monde entier) Ă©tait suffisamment glaçante.
En libĂ©rant Assange, l'administration Biden pourrait mĂȘme se poser en championne du journalisme et en dĂ©fenseur du Premier Amendement en abandonnant les accusations relatives Ă l'Espionage Act portĂ©es contre Assange, comme l'ont rĂ©cemment demandĂ© The Times, The Guardian, Le Monde, Der Spiegel et El PaĂs (tous partenaires de WikiLeaks dans la publication des documents), en raison de la menace qu'il reprĂ©sente pour une presse libre et pour toute la profession Elle prĂ©sente Ă©galement l'avantage d'offrir Ă Anthony Albanese et Ă son gouvernement un Ă©norme cadeau en termes de relations publiques : le retour d'un citoyen australien quelque peu traumatisĂ©, Julian Assange.
Cette annĂ©e, l'Australie sera le tĂ©moin d'une offensive de charme amĂ©ricaine sans prĂ©cĂ©dent. En mars, l'ancien prĂ©sident Obama va entreprendre une tournĂ©e dans deux villes australiennes. En mai, Biden lui-mĂȘme sera Ă Sydney pour la rĂ©union QUAD afin d'engager l'Australie dans la guerre Ă venir avec la Chine. Cela impliquera l'achat de quantitĂ©s massives de matĂ©riel amĂ©ricain extraordinairement coĂ»teux. Des rues remplies de partisans d'Assange en colĂšre n'enverraient pas le message nĂ©cessaire du soutien australien aux ambitions mondiales des Ătats-Unis.
Aussi respectueux soit-il envers le gouvernement Albanese, John Shipton a porté un jugement cinglant sur les gouvernements précédents :
"Ă mon avis, que l'Australie ait acquiescĂ© Ă la persĂ©cution de Julian Assange par le Royaume-Uni, le gouvernement suĂ©dois et les Ătats-Unis s'est transformĂ©e au fil du temps en complicitĂ©", a-t-il dĂ©clarĂ©. "Ils Ă©taient complices, parce qu'ils ne disaient rien. Et comme nous le savons tous, Julian Assange est un citoyen australien."
John Shipton a critiqué le rÎle du ministÚre des Affaires étrangÚres et du Commerce (DFAT), qui comprend également l'ASIS [Australian Secret Intelligence Service], et il s'est réjoui que leur influence ait été supplantée par le ministÚre du Premier ministre et du Cabinet dans la hiérarchie de l'administration à Canberra.
"Je reste convaincu qu'elle (la persĂ©cution) est institutionnelle, car cela fait 13 ans, cinq premiers ministres, cinq gouvernements, quatre ministres des Affaires Ă©trangĂšres, que la mĂȘme approche publique et privĂ©e est adoptĂ©e Ă l'Ă©gard de Julian Assange", a dĂ©clarĂ© John Shipton.
"Elle est institutionnelle au sein du ministĂšre des Affaires Ă©trangĂšres et du Commerce. Cette approche institutionnelle Ă l'Ă©gard du citoyen Julian Assange a Ă©tĂ© similaire Ă celle du Foreign Office, du MI6, du FBI et du DĂ©partement d'Ătat aux Ătats-Unis. Il n'y a pas eu de diffĂ©rence significative entre ces organisations institutionnelles Ă l'Ă©gard de Julian Assange et de sa persĂ©cution."
* Le Dr John Jiggens est un journaliste citoyen. Il a été le rédacteur fondateur du Westender et du Cane Toad Times et travaille actuellement dans la salle de presse communautaire de Bay-FM à Byron Bay. Son doctorat portait sur Marijuana Australiana : Cannabis use, popular culture and the Americanisation of drug policy in Australia. Il a publié plusieurs ouvrages sur l'histoire de la prohibition du cannabis.