đâđš Julian Assange a dĂ©clenchĂ© une rĂ©volution dans le journalisme
La persĂ©cution d'Assange montre le pouvoir de propagande qui lâa transformĂ© en l'homme le plus dangereux du monde & a envoyĂ© son ordre de Dalek aux journalistes du monde : obĂ©ir, ou ĂȘtre Ă©radiquĂ©s.
đâđš Julian Assange a dĂ©clenchĂ© une rĂ©volution dans le journalisme
Par John Jiggens | 17 mai 2023
Malgré les critiques, le travail accompli par Julian Assange pour exposer la vérité confirme son statut d'un des journalistes majeurs de notre temps, écrit le Dr John Jiggens.
La persĂ©cution de Julian Assange montre le pouvoir de propagande qui lâa transformĂ© en l'homme le plus dangereux du monde, et a envoyĂ© son ordre de Dalek aux journalistes du monde entier : obĂ©ir, ou ĂȘtre exterminĂ©s !
Suelette Dreyfus estime que Julian Assange, fondateur de WikiLeaks, est la voix la plus originale du journalisme du XXIe siÚcle. Elle justifie cette affirmation en se référant à l'invention de la boßte de dépÎt numérique anonyme dont WikiLeaks et Assange ont été les pionniers et qui a permis aux dénonciateurs de transmettre des informations au public tout en préservant leur anonymat.
Cette invention a été largement imitée par des imitateurs comme le New York Times et ABC, qui n'ont jamais défendu Assange ou son journalisme, et ont traité sa persécution scandaleuse comme l'aboutissement normal d'un systÚme judiciaire.
Le prix Walkley décerné à WikiLeaks en 2011 pour sa "contribution exceptionnelle au journalisme" citait l'invention de la boßte de dépÎt numérique.
Les juges ont déclaré :
âCette innovation aurait tout aussi bien pu ĂȘtre dĂ©veloppĂ©e et entretenue par l'un des principaux Ă©diteurs mondiaux, mais ce n'est pas le cas.
Pourtant, nombreux sont ceux qui se sont empressĂ©s de profiter des cĂąbles secrets pour crĂ©er plus de scoops en un an que la plupart des journalistes ne pourraient l'imaginer en une vie.â
Outre la boßte de dépÎt numérique, WikiLeaks a été le premier à analyser de vastes ensembles de données de maniÚre collaborative avec les énormes dossiers du Cablegate, en travaillant avec une coalition mondiale comprenant 89 publications majeures, dont le New York Times, le Guardian, Le Monde et La Republica.
Pourtant, alors que ce cĂ©lĂšbre journaliste australien est torturĂ© Ă mort, lentement crucifiĂ© par les gouvernements du Royaume-Uni et des Ătats-Unis, et qu'il risque la punition absurdement vengeresse de 175 ans de prison lorsqu'il sera extradĂ© vers les Ătats-Unis, aucun cri de soutien n'est Ă©mis par nos mĂ©dias. Pendant plus d'une dĂ©cennie, aucun soutien.
Au lieu de cela, il fait l'objet d'insultes ridicules, comme l'affirmation aberrante qu'il ne serait pas vraiment un journaliste.
Julian Assange a remporté 24 prix majeurs pour son journalisme et son activisme social, et a reçu les éloges des journalistes les plus éminents du monde.
Julian Assange a redonnĂ© au journalisme son idĂ©al le plus noble, un idĂ©al de plus en plus perverti et avili par les mĂ©dias d'entreprise dans leur quĂȘte de pouvoir : l'idĂ©e que les journalistes constituent un quatriĂšme pouvoir.
Au XVIIIe siÚcle, le gouvernement anglais reposait sur trois pouvoirs : le clergé, la Chambre des lords, et la Chambre des communes.
L'idĂ©e que les journalistes constituent un quatriĂšme pouvoir, en jouant le rĂŽle de chien de garde et en informant les citoyens sur leur gouvernement, est apparue Ă l'Ă©poque rĂ©volutionnaire, lors du passage de la monarchie Ă la dĂ©mocratie, lorsque des journalistes comme Thomas Paine ont inspirĂ© la rĂ©volution amĂ©ricaine en exhortant les 13 colonies Ă se dĂ©tacher de l'empire britannique, et Ă se gouverner elles-mĂȘmes.
L'héritage de ces journalistes courageux est le Premier Amendement de la Constitution américaine, qui garantit le droit à la liberté d'expression et à la liberté de la presse, une garantie qui subit sa plus grande attaque avec la persécution de Julian Assange, qui est brutalement puni pour le crime de journalisme.
Le jury du prix Walkley a reconnu l'extraordinaire rĂ©ussite de Julian Assange dans le domaine du journalisme d'intĂ©rĂȘt public, en dĂ©clenchant ce qu'il a dĂ©crit comme "une avalanche de vĂ©ritĂ©s dĂ©rangeantes dans le cadre d'un coup d'Ătat Ă©ditorial mondial".
Le prix se lit comme suit :
âLe laurĂ©at de cette annĂ©e a fait preuve d'un engagement courageux et controversĂ© envers les meilleures traditions du journalisme : la justice par la transparence.
WikiLeaks a utilisĂ© les nouvelles technologies pour pĂ©nĂ©trer les rouages du gouvernement et rĂ©vĂ©ler une avalanche de vĂ©ritĂ©s dĂ©rangeantes dans le cadre d'un coup d'Ătat Ă©ditorial mondial.
Ses rĂ©vĂ©lations, qu'il s'agisse de la maniĂšre dont la guerre contre le terrorisme Ă©tait menĂ©e, de la bĂątardise diplomatique, du marchandage de haut niveau ou de l'ingĂ©rence dans les affaires intĂ©rieures des nations, ont eu un impact indĂ©niable.â
Les grands mĂ©dias Ă©vitent de condamner la persĂ©cution d'Assange, en partie par jalousie, mais surtout parce qu'ils sont furieux d'ĂȘtre mis en lumiĂšre comme des bellicistes corrompus, gravement malhonnĂȘtes, et massivement compromis.
Au cours des siÚcles qui nous séparent de Thomas Paine et de la révolution américaine, le journalisme a été dominé par des entreprises géantes et des dynasties familiales telles que les Packers et les Murdoch.
Ces barons de la presse ont abusé de leur pouvoir médiatique pour déformer l'information et devenir de puissants acteurs politiques, partisans des politiciens et des politiques qu'ils ont choisis. Ce qui compte pour les journalistes qu'ils emploient n'est pas la vérité, mais le récit qu'exige l'agenda de l'entreprise.
La presse Murdoch est devenue le parti politique le plus puissant d'Australie, selon l'ancien Premier ministre Malcolm Turnbull. Un autre ancien Premier ministre, Kevin Rudd, l'a dĂ©crite comme un cancer qui ronge le cĆur de la dĂ©mocratie australienne. L'empire Murdoch dĂ©tient un quasi-monopole dans le Queensland, contrĂŽlant non seulement le Courier Mail, mais aussi tous les journaux de la rĂ©gion du Queensland.
La PremiĂšre Guerre mondiale a encore dĂ©formĂ© le journalisme d'entreprise, car l'Ătat a exploitĂ© le pouvoir de propagande des mĂ©dias d'entreprise pour convaincre les jeunes hommes du monde entier de se massacrer les uns les autres Ă une Ă©chelle industrielle.
Les journalistes de cette époque ont été baptisés les "sténographes du pouvoir", qui rapportaient sans sourciller les diktats des promoteurs et des faiseurs de guerre.
La Seconde Guerre mondiale a intensifiĂ© ce mariage entre l'Ătat profond et les grands mĂ©dias. Lorsque l'alliĂ© de la Grande-Bretagne contre l'Allemagne hitlĂ©rienne Ă©tait l'Union soviĂ©tique de Staline, la presse britannique a encensĂ© le dictateur soviĂ©tique Joseph Staline et l'a baptisĂ© "Oncle Joe". AlarmĂ© par la valorisation de Staline, un conservateur s'est adressĂ© Ă Churchill.
"Ne vous inquiĂ©tez pas", lui rĂ©pond Churchill : "Nous pouvons l'ouvrir et le fermer comme un robinet.â
Et c'est ce qu'ils ont fait. L'oncle Joe est devenu le nouvel Hitler, puis le président Mao, l'oncle Ho, Saddam Hussein, Oussama ben Laden, le colonel Kadhafi et le Syrien Bachar el-Assad au fil des guerres sans fin.
En 2003, tous les journaux australiens ont fait campagne pour la guerre en Irak, un crime d'agression militaire contre une nation souveraine, qui constitue le crime de guerre ultime. Leurs journalistes intĂ©grĂ©s ont rapportĂ© la guerre du point de vue de l'armĂ©e amĂ©ricaine, jusqu'Ă ce que WikiLeaks rĂ©vĂšle leurs mensonges avec la vidĂ©o Collateral Murder et les journaux de la guerre d'Irak. Ces rĂ©vĂ©lations ont rendu WikiLeaks cĂ©lĂšbre, et ont fait d'Assange la cible des Five Eyes [Five Eyes dĂ©signe l'alliance des services de renseignement de l'Australie, du Canada, de la Nouvelle-ZĂ©lande, du Royaume-Uni et des Ătats-Unis].
Au cours de l'annĂ©e Ă©coulĂ©e, nos mĂ©dias ont imprudemment fait campagne en faveur d'une guerre avec la Chine. Selon les faucons chinois, 2027 est l'annĂ©e prĂ©vue pour cette guerre. Cette bande de vautours rĂŽde autour de notre planĂšte, criant Ă tue-tĂȘte le cĂ©lĂšbre paradoxe d'Orwell selon lequel "la guerre, c'est la paix".
En 2006, Julian Assange a dĂ©clenchĂ© sa rĂ©volution journalistique en adoptant l'idĂ©al du quatriĂšme pouvoir que les grands mĂ©dias avaient abandonnĂ©. Au lieu de provoquer des guerres, WikiLeaks les a arrĂȘtĂ©es.
La persĂ©cution de Julian Assange montre l'extraordinaire pouvoir de propagande des Five Eyes. Pour avoir rĂ©vĂ©lĂ© leurs crimes, Assange, hĂ©ros de la vĂ©ritĂ©, a Ă©tĂ© transformĂ© en l'homme le plus dangereux du monde, et l'affreuse persĂ©cution dont il a fait l'objet - ouvertement, lĂ©galement - a envoyĂ© son ordre de Dalek [sorte d'extraterrestres de la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e britannique de science-fiction Doctor Who, qui ne quittent jamais leurs armures] aux journalistes du monde entier : obĂ©ir, ou ĂȘtre exterminĂ©s !
* John Jiggens est Ă©crivain et journaliste et travaille actuellement dans la salle de presse communautaire de Bay-FM Ă Byron Bay.