👁🗨 Julian Assange : Cette parcelle de liberté qui nous manque à tous
Une bonne part de cette planète aura les yeux rivés sur l'exigence de justice que requiert l'affaire Assange. Assange a levé de nombreux voiles, tel est son crime - telle est aussi sa grande réussite.
👁🗨 Julian Assange : Cette parcelle de liberté qui nous manque à tous
Par Xavier Lasso le 11 juin 2023.
Près de dix ans se sont écoulés depuis les mésaventures d'Edward Snowden dans sa quête pour rejoindre l'Équateur. Edward Snowden avait choisi l'Équateur en raison de la présence de Julian Assange à l'ambassade de Londres, où il était l'un des illustres invités. L'Équateur de l'époque était différent, il avait des rêves souverains, des propositions de Patria Grande, celle de Nestor Kirschner, de Chavez, d'Evo, de Lula, de Lugo aussi, et Rafael Correa dirigeait mon pays.
Julian Assange commençait à se faire connaître pour sa vision différente du journalisme, refusant de se conformer aux diktats imposés par un certain establishment journalistique, celui des grands médias.
En 2010, Chelsea Manning a transmis à Assange de nombreuses informations sur la barbarie des "gringos" en Afghanistan, en Irak et à Guantanamo. Manning avait auparavant contacté le Guardian britannique et d'autres médias qui ne lui ont pas accordé la moindre attention. C'est pourquoi elle s'est finalement tournée vers WikiLeaks, et a permis à Julian Assange de se forger une renommée mondiale. Ce dernier n'a pas hésité à mettre en pratique d'autres principes de ce qu'il nomme lui-même le journalisme scientifique : vous avez des preuves irréfutables prouvant votre hypothèse, vous les obtenez, vous les vérifiez, et vous les publiez.
C'est ce qu'a fait Assange et, en outre, utilisant ce que l'on appelle aujourd'hui, face à la multiplicité des sources, une "boîte aux lettres sécurisée" : personne ne doit savoir d'où vient ce que vous publiez. Plus encore, en offrant l'anonymat à votre source, vous obtiendrez la vérité.
Aujourd'hui, Assange endure des conditions plus que difficiles, l’impactant mentalement et physiquement, et on le fait mourir à petit feu avec tant de tortures psychologiques, et la menace de l'extradition qui semble maintenant avoir été validée par les tribunaux britanniques pour l'expédier aux États-Unis, pays qui a retenu 18 chefs d'accusation contre lui, l'accusant d'avoir fait connaître le nom des personnes mentionnées dans les câbles publiés par WikiLeaks.
Le gouvernement équatorien du traître Lenín Moreno, pétri de bassesses, comme le ministre des affaires étrangères de l'époque, José Valencia, qui a remis Assange à la police britannique depuis notre ambassade (ce qui revenait en fait à le livrer aux États-Unis), a permis à celle-ci de pénétrer dans l'ambassade d'un pays souverain et d'en expulser l'Australien de force. Ils ont ce faisant balayé les notions de dignité que nous avions forgées dans le principe d’une politique étrangère libre, rejetant le caractère centralisateur des intérêts de l'Europe et des États-Unis. Moreno s'est incliné et s'est subordonné aux idées du système mondial, bâti sur le capitalisme le plus impitoyable. Il n'a jamais pensé au tort qu'il portait au journalisme libre, celui qui tente lentement de construire une autre histoire, une histoire qui tienne également compte de nos visions, de nos contributions, de notre façon de comprendre ce même monde.
L'indifférence du consortium médiatique, qui prétend défendre la liberté d'expression, et a pourtant allègrement accueilli les premières contributions de WikiLeaks : The Guardian, LeMonde, Der Spiegel, El País et le New York Times, reprenant quantité d'informations, est choquante.
Stella Morris, l'avocate et partenaire d'Assange, craint le pire, y compris sa mort, et lance un appel au monde pour un peu plus de justice, nous confrontant aux différentes acceptions de la liberté d'expression. Son mari n'est pas un "hacker", c'est un journaliste particulièrement intelligent qui aujourd'hui, face à notre indifférence quasi-totale, crève dans une prison de haute sécurité à Londres. Deux visites hebdomadaires sont insuffisantes, forgeant à ses deux enfants une image bien triste de leur père, envahie de zones d'ombre, car comme dans les grottes, on ne peut qu’imaginer ce qu'on ne peut voir en pleine lumière.
Assange doit être libéré, nous avons tous besoin de cette petite parcelle de liberté qui nous manque à tous. Les États-Unis doivent être conscients qu'une bonne partie de la planète aura les yeux rivés sur l’impératif de justice que requiert l'affaire Assange. Nous serons des millions, des foules de citoyens à affronter ce pouvoir qui se déchaîne dangereusement quand on le prend en flagrant délit. Assange a levé de nombreux voiles, là est son crime - là est aussi sa grande réussite.
https://resumen-english.org/2023/06/julian-assange-that-piece-of-freedom-we-are-missing/